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d’Elbe, on songea enfin à lui, mais il n’était pas homme à s’embarquer sur un vaisseau qui sombrait. Il refusa le pouvoir. Alors la cour voulut le faire arrêter ; mais il glissa entre les mains des sbires et attendit dans une retraite sûre l’aigle qui s’avançait rapidement vers Paris.

Le lendemain de la rentrée de l’empereur aux Tuileries, il fut rappelé au ministère de la police, et il est juste de dire qu’il s’efforça d’arracher à Napoléon la plus de concessions libérales qu’il put. Mais, en même temps, ce prodigieux acteur, qui ne croyait nullement au succès de la restauration napoléonienne, tendait ses fils de tous les côtés et se tenait prêt pour toutes les combinaisons. Il correspondait avec Metternich, avec les Bourbons, sous le prétexte de réclamer les diamants de la couronne, avec Wellington ; il offrait ses services à Louis XVIII ; il caressait La Fayette et les patriotes ; il ménageait les royalistes et les faisait renoncer à leur prise d armes intempestive dans la Vendée, etc.

Napoléon, qui se défiait toujours de lui, et qui avait de bonnes raisons pour cela, crut un moment avoir surpris ses manœuvres, et ne parlait de rien moins que de le faire fusiller ; mais il rencontra une résistance énergique dans son conseil, et Fouché sut encore se jouer de lui et dérouter toutes poursuites.

On assure que lorsque l’empereur partit pour la Belgique, le ministre de la police envoya le plan de la campagne à Wellington, mais qu’il s’y prit de manière que son émissaire arrivât trop tard, en lui suscitant des obstacles sur sa route. Cett e duplicité même dans la trahison serait assez bien dans sa manière, car il était surtout préoccupé de se mettre en règle pour toutes les éventualités.

Après Waterloo, il agit avec une habileté diabolique, et sur la Chambre et sur les hommes influents de tous les partis, pour arracher l’abdication de l’empereur. Par suite de ses manœuvres, il ne fut tenu aucun compte de Napoléon II, et la Chambre des représentants. nomma un gouvernement provisoire (23 juin 1815) qui choisit pour président Fouché lui-même. Placé ainsi à la tête de la nation, il était au comble de ses vœux. Dans cette crise effrayante, cet homme singulier éprouvait surtout la jouissance d’être en quelque sorte l’arbitre de la France, et il se jouait avec sang-froid au milieu des mille difficultés du moment. Au centre des intrigues, il était comme dans son élément. Sceptique, sans passion d’idées, sans scrupules, il était d’autant plus à l’aise, qu’il n’avait de parti pris exclusif pour aucune solution, et qu’il se croyait assuré, comme on dit, de retomber toujours sur ses pieds, quelle que fût l’issue de la tragédie.

Il fit d’abord tous ses efforts pour activer le départ de Napoléon ; c’était déjà liquider un péril. Des plénipotentiaires furent envoyés pour traiter de la paix avec les alliés. En même temps, Fouché, toujours prévoyant, expédiait des émissaires à Wellington, à Louis XVIII et au duc d’Orléans. Il se serait volontiers accommodé de ce dernier comme roi, en vue de sauvegarder les intérêts créés par la Révolution, qui étaient les siens ; mais il était en mesure pour le cas d’une nouvelle restauration des Bourbons. Quand il vit que ceux-ci l’emportaient décidément dans les conseils des alliés, il s’arrangea pour exploiter la combinaison. Soupçonné par ses collègues et par la Chambre, car il trompait tout le monde à la fois, il était pressé de brusquer la solution et il se prononça (d’ailleurs avec le conseil de guerre) pour la reddition de Paris. La comédie militaire lui paraissait terminée et il ne croyait pas la résistance possible. En outre, la résistance n’était pas dans son jeu.

On sait ce qui arriva : Paris fut livré, et il n’était guère défendable en effet. Louis XVIII rentra à la suite des alliés, et Fouché, maudit comme un traître par le gouvernement provisoire, par les patriotes, par les bonapartistes, mais imperturbable au milieu de ces clameurs, reprit possession du ministère de la police, par ordonnance du roi.

Pour un régicide, c’était une fin vraiment éclatante, et cette âme toujours tourmentée par les ambitions et les satiétés de la fortune, sans être jamais assouvie, dut éprouver une jouissance suprême de ce couronnement d’une vie d’orages et d’aventure. Peu de temps après, l’ancien terroriste épousa une jeune personne de la vieille aristocratie, Mlle  de Castellane. Cela terminait le roman bigarré de son existence.

Sa position dans le gouvernement de Louis XVIII devint de jour en jour plus difficile. Il essaya de jouer le rôle de modérateur, mais n’en fut pas moins obligé de prendre part aux premières mesures de proscription, tout en s’efforçant de diminuer le nombre des victimes. Malgré ces concessions, il ne put garder le pouvoir, surtout après la nomination de la Chambre introuvable (où cependant il avait été élu par deux collèges). Sa démission lui fut demandée (17 septembre 1815) ; mais on colora sa disgrâce en le nommant ambassadeur auprès de la petite cour de Saxe. Il était à son poste lorsqu’il fut compris, par la loi du 6 janvier 1816, dans la mesure de bannissement contre les conventionnels régicides.

Il était décidément au bout de sa carrière. Il vécut depuis à Prague, puis à Lintz, enfin à Trieste, où il mourut de phthisie le 25 décembre 1820. Il n’avait que cinquante-sept ans.

Comme homme privé, Fouché avait laissé les meilleurs souvenirs : ami sûr et dévoué, bon père de famille, charitable et bienveillant, il a fait encore plus d’ingrats qu’il ne s’est suscité d’ennemis. Ses principaux écrits politiques sont deux Rapports au roi, des Notes aux ministres étrangers (1815) et une Lettre au duc de Wellington. Les Mémoires publiés sous son nom en 1824 (2 vol. in-8o) ont été judiciairement déclarés apocryphes ; mais nous savons de source certaine que le rédacteur, Alphonse de Beauchamp, a travaillé sur des documents authentiques et sur des notes autographes.

Nous allons donner ici l’opinion fort juste formulée par Lamartine sur cet homme célèbre :

« Génie plus brouillon que pervers, mais véritable génie de l’intrigue, poursuivant sa trame à travers des révolutions si diverses ; terroriste d’attitude et de langage plus que de cœur et de main sous la Convention, suspect à Robespierre, menacé quelques jours avant le triomphe de la modération, reniant, un des premiers, la Révolution aussitôt qu’elle décroît, et s’offrant à Bonaparte comme un médiateur nécessaire entre le jacobinisme et lui ; se servant de la puissance sous l’Empire pour se faire, par l’indulgence, des amis des royalistes et des républicains, cherchant à modérer le despotisme de Napoléon pour le faire durer à son profit, l’abandonnant dès qu’il décline pour se faire pardonner des Bourbons, les congédiant d’une main, les ramenant de l’autre après le retour de l’Île d’Elbe, avec une audace et une duplicité qui ne furent jamais égalées ; ne trahissant pas Napoléon, mais le laissant trahir par son génie et par les événements ; se préparant à le congédier de la scène et à l’empêcher d’incendier une troisième fois la France ; dominant en ce moment, par son interposition, une des transitions les plus compliquées et les plus hardies de l’histoire ; sauvant de grands malheurs à son pays, des flots de sang à l’Europe, peut-être le démembrement à la France ; triomphant deux jours et forçant la cour des Bourbons à implorer la main d’un régicide ; dupe ensuite de sa propre habileté et englouti dans son triomphe par la colère des royalistes qu’il avait servis : tel fut Fouché... Acteur consommé sous les deux visages de l’homme de ruse ou de l’homme d’audace, il ne lui manque rien en habileté, peu en bon sens, tout en vertu. Ce mot le définit, mais ce mot le juge. On le regardera éternellement, on l’admirera quelquefois, on ne l’estimera jamais. »

Nous donnons ci-dessous une liste d’écrits à consulter ; plusieurs sont des pamphlets.

— Bibliogr. : Liébaud (du Jura), Quelques mots sur deux ex-ministres [Talleyrand et Fouché] (1815, in-8o) ; Mémoire sur Fouché (de Nantes), maintenant duc d’Otrante, par un Anglais (Paris, 1815, in-8o) ; Sept mois de la vie de Fouché de Nantes [1793-1794] (Paris, 1816, in-12) ; Aus dem leben J. Fouccé, herzogs von Otranto (Leipzig et Altembourg, 1816, in-8o) ; Notice sur le duc d’Otrante (Leipzig, 1816, in-8o : extr. et trad. de l’ouvr. allem. intitulé : Zeitgenossen, c’est-à-dire Nos contemporains célèbres. Cette notice a aussi été publiée à Londres [1816, in-8o] sous le titre de : Précis de la vie publique du duc d’Otrante) ; A sketch of the public live of the duke of Otranto (Londres, Leipzig et Amsterdam, 1816, in-8o) ; Fouché (de Nantes), sa vie privée, politique et morale, depuis son entrée à la Convention jusqu’à ce jour, par Sérieys (Paris, 1816, in-12, portr. ; trad. en holland., Zalt-Bomm, 1820, in-8o, portr. ; réimpr. en 1821, in-12, sous le titre de Vie de Fouché, depuis son entrée à la Convention nationale jusqu’à sa mort, avec son portr.) ; Notice biographique sur le général Carnot et le duc d’Otrante, par Th. Mandar (Paris, 1818, in-4o) ; Mémoires de la vie publique de M. Fouché, duc d’Otrante, contenant sa correspondance avec Napoléon, Murat, le comte d’Artois, le duc de Wellington, le prince Blücher, S. M. Louis XVIII, le comte de Blacas, etc. (Paris, 1819, in-8o) ; Denkwûrdigkeiten aus dem öffentlichen leben J. Fouché, herzogs von Otranto (Gotha, 1819, in-8o) ; le Duc d’Otrante, mémoire écrit à L*** (Lintz), en janvier 1820, par M. F*** (Fouché) (Paris, 1820, in-8o) ; Portefeuille de Fouché, Lettre de Fouché à Napoléon (Paris, 1821, in-8o) ; Mémoires sur la Révolution, matériaux pour servir à la vie publique et privée de Joseph Fouché, dit le duc d’Otrante, recueillis par M. N*"* (Paris, 1821, in-8o) ; Mémoires de J. Fouché, duc d’Otrante, par A. de Beauchamp (Paris, 1824, 2 vol. in-8o ; Bruxelles, 1825,2 vol. in-8o, portr. ; trad. en allem. par G. Dambmann, 1825, 2 vol. in-12) ; Joseph Fouché,... jugé par ses Mémoires (Paris, 1825, in-8o, extr. de l’Aristarque) ; J. Sarrazin, Examen des Mémoires de Fouché, duc d’Otrante (Bruxelles, 1844, in-8o) ; Desmarest, Témoignages historiques ou Quinze ans de la haute police sous Napoléon (Paris, 1833, in-8o) ; Galerie historique des contemporains (Bruxelles, 1817-1820) ; Michaud, Biographie des hommes vivants ; Mahul, Annuaire nécrologique (année 1820, p. 89, avec portr.) ; Rabbe, Boisjolin, etc., Biographie universelle et portraits des contemporains ; P.-A. Vieillard, dans l’Encyclopédie des gens du monde.


FOUCHER (Simon), philosophe français, né à Dijon (Côte-d’Or) en 1044, mort à Paris, le 27 avril 1696. Il entra de bonne heure dans l’Église, et ses connaissances le firent bientôt arriver à la dignité de chanoine do la Sainte-Chapelle de Dijon. Comme cette carrière ne suffisait point a son ambition, il résolut de venir à Paris, où il trouva, en effet, le meilleur accueil parmi les savants de l’époque, tels que Ménage, Rohault, Baillet, etc. Il avait pris ses grades en Sorbonne et acquis quelque réputation. Pendant le séjour de Leibnitz en France, il avait eu l’occasion de se lier avec’ l’illustre philosophe et d’entretenir même avec lui une correspondance qui ne fut pas étrangère à sa considération dans le monde. C’était plutôt un érudit qu’un philosophe, quoiqu’on l’ait surnommé le Restaurateur de la philosophie académicienne. Il avait cultivé les lettres classiques et surtout la philosophie platonicienne. À ce titre, il peut être considéré comme un des préeur-seurs de l’école éclectique. Il mourut d’un excès de travail. On a de lui : Nouvelle façon d’hygromètres (Paris, 1672, in-12) ; Dissertation sur la recherche de la vérité ou sur la philosophie des académiciens, son meilleur ouvrage (Paris, 1673) ; Critique de la recherche de la vérité (Paris, 1G75). C’est un examen du livre de Malebranche intitulé : Recherche de la vérité ; Réponse pour la Critique de la recherche de la vérité et Réponse pour la critique de la Critique de la recherche de la vérité sur la philosophie des académiciens ; De. la sagesse des anciens (Paris, 1683, l vol. in-12) ; ÏVaitB des hygromètres (Paris, 1GS0) ; Dialogues entre Empiriasire et Philolèlhe, opuscule suivi ào l’Apologie des académiciens, d’une Lettre sur la morale de Confucius, d’un Livre des principes, d’un Liore des dogmes et de quelques Dissertations et Lettres insérées dans le Journal des savants. 11 a aussi laissé quelques poésies qui sont : des Stances sur la mort d’Anne d’Autriche (Paris, 1606, broch. iii-4»), et une tragédie resiée manuscrite et intitulée : l’Empereur Léonce.


FOUCHER (Paul), érudit français, né à Tours en 1704, mort à Paris en 1778. Il se livra d’abord à son goût pour la poésie, puis entra chez les oratoriens, où il étudia la théologie et les langues anciennes. Des revers de fortune éprouvés par son père contraignirent Foucher à devenir successivement précepteur des enfants du comte de Chatolux et do la duchesse de La Trémoille. L’Académie des inscriptions le reçut, en 1753, au nombre de ses membres. Outre plusieurs ouvrages manuscrits et une Géométrie métaphysique ou Essai d’analyse sur les éléments de l’étendue bornée (1758, in-8o), on a de Foucher des travaux sur les religions anciennes. Ils forment deux grands ouvrages ; l’un, intitulé : Traité historique de la religion des Perses, se compose de douze mémoires et d’un supplément, insérés dans les volumes XXV, XXVII, XXIX, XXXI et XXXIX des Mémoires de l’Académie des inscriptions. Il a été traduit en allemand par Kleuker (Riga, 1781-1783, 2 vol. in-4o) ; l’autre, sous le titre de : Recherches sur l’origine et la nature de l’hellénisme ou religion des Grecs, comprend neuf mémoires et un supplément publiés dans les volumes XXXIV, XXXV, XXXVI, XXXVIII et XXXIX du même recueil. Les recherches faites ultérieurement sur ces matières ont enlevé aux travaux de Foucher la plus grande partie de leur importance.


FOUCHER (Victor-Adrien), magistrat français, né à Paris le 1er  juin 1802, mort en 1866. Il était frère du journaliste Paul Foucher et beau-frère de Victor Hugo. Après avoir étudié le droit à Paris, il entra dans la magistrature, sous la Restauration, et débuta en 1823 comme substitut du procureur du roi à Alençon. Deux ans après, il commençait la publication de la longue série d’ouvrages qui font de lui un de nos principaux jurisconsultes. En 1825, parut son premier ouvrage : De l’administration de la justice militaire en France et en Angleterre ; en 1827, il donna une Traduction de l’acte du Parlement d’Angleterre du 22 juin 1825, qui formait un code nouveau des diverses lois sur le jury. Il fut, la même année, envoyé comme procureur du roi à Argentan ; en 1827, il devenait avocat général près la cour royale de Rennes. En 1830, il publiait une brochure : Du pouvoir accordé aux cours et tribunaux de connaître du compte rendu de leurs séances. En 1834, il donna un de ses meilleurs livres, qui eut rapidement plusieurs éditions : Législation en matière d’interprétation des lois en France. En 1839, il commença la publication d’un travail très-considérable et très-savant ; c’est une édition des Assises du royaume de Jérusalem, avec des annotations marquant la conférence de ce texte avec le droit romain, les lois franques et autres législations, même barbares. Il en a donné deux volumes, texte français et italien. La même année, il publia un opuscule : Commentaire des lois des 25 mai et 11 avril 1838 relatives aux justices de paix et aux tribunaux de 1re instance. En 1842, M. Victor Foucher fut nommé premier avocat général à Rennes. Mais, en 1845, il quitta la magistrature, entra au conseil d’État avec le titre de maître des requêtes, et fut nommé directeur général des affaires civiles en Algérie. Il conserva moins de deux ans ces fonctions. À ce changement de carrière, il gagna de rentrer, en 1847, dans la magistrature, mais, cette fois, comme conseiller à la cour de Paris. La révolution de 1848, loin de lui nuire, vint, au contraire, le favoriser. En 1849, il fut nommé procureur de la République près le tribunal de la Seine, et, en 1850. conseiller à la cour de cassation. En 1851, il publia une brochure qui eut un certain retentissement : le Suffrage universel et la loi du 31 mai 1850, inspirée par le prince Louis-Napoléon. Cet écrit paraissait en octobre 1851 ; le coup d’État et l’appel au suffrage universel eurent lieu en décembre de la même année, et, au mois de juin 1852, M. Victor Foucher était nommé grand officier de la Légion d’honneur. Jusqu’à la fin de sa vie, il resta en grande faveur auprès du gouvernement impérial. En 1858, il publia une autre brochure : les Bureaux arabes en Algérie ; et, en 1859, une autre encore sous ce titre : Congrès de la propriété littéraire et artistique tenu à Bruxelles en 1858. En 1861 ; il fut appelé à faire partie du comité pour les affaires contentieuses de la maison de l’empereur ; puis il devint membre du comité consultatif de l’Algérie, membre du conseil municipal de Paris, membre du conseil de la Légion d’honneur.

Cette accumulation de mandats de toutes sortes n’empêchait pas M. Victor Foucher d’être un des conseillers les plus actifs de la cour de cassation et de conserver la direction d’un vaste répertoire de jurisprudence comparée qui a pour titre : Collection des lois civiles et criminelles des États modernes. Il avait, depuis 1833, la direction de ce recueil, qui comprend les Codes de l’Autriche, de la Russie, de l’Espagne, la législation pénale du royaume des Deux-Siciles, les lois commerciales de Hollande, etc., etc. On peut enfin retrouver de nombreux écrits de M. Victor Foucher épars dans les divers journaux et recueils judiciaires.


FOUCHER (Paul-Henri), auteur dramatique et littérateur, frère du précédent, né à Paris le 21 avril 1810. Après avoir reçu une excellente éducation, il passa quelques années dans les bureaux d’un ministère ; mais son penchant décidé pour la littérature l’emportant enfin sur les considérations d’intérêt, il donna sa démission afin de pouvoir consacrer tout son temps aux travaux du l’esprit ; Victor Hugo venait d’épouser la sœur de M. Paul Foucher ; on devine l’influence que l’auteur d’Hernani devait exercer sur un jeune homme impatient de prendre rang parmi les romantiques. Le 13 février 1828, le théâtre de l’Odéon donnait la première représentation d’Amy Robsart, drame en cinq actes et en prose de MM. Victor Hugo et Paul Foucher. Ce dernier composa seul ensuite un drame en vers intitulé : Yseult Raimbaud, qui fut représenté à l’Odéon le 17 novembre 1830, avec un certain succès.

Dès lors, M. Paul Foucher resta sur la brèche, combattant vaillamment, dans la mesure de ses moyens, pour faire triompher la cause du romantisme. Doué d’une imagination vive et d’une rare facilité, il a abordé tous les genres : roman, drame, opéra, etc., et il a publié, dans divers journaux et revues, des articles, des nouvelles et des romans.

Très-oublié maintenant comme auteur dramatique, très-peu apprécié à ce titre par la génération nouvelle, qui ne connaît de lui que ses chutes au théâtre Beaumarchais et ailleurs, M. Paul Foucher a conservé toute sa notoriété comme journaliste. Il est, depuis 1848, le correspondant parisien de l’Indépendance belge. La première des deux ou trois correspondances envoyées de Paris à ce journal est la sienne, et, pendant longtemps, elles ont eu une large part dans le succès de l’Indépendance. Encore aujourd’hui, M. Foucher continue son labeur de correspondant avec une régularité invariable. On peut le voir tous les jours, en toute saison, trottinant dans Paris, allant de journal en journal, de ministère en ambassade, interrogeant, écrivant, cherchant des nouvelles du jour, rapportant, fort souvent, les plus fausses, qu’il expédie à Bruxelles avec ponctualité, et recommençant le lendemain, sans se troubler des inexactitudes de la veille ni de celles qu’il enverra le jour suivant ; D’ailleurs, bon, obligeant ; un type très-connu dans tous les journaux de Paris.

En 1865, M. Paul Foucher est entré à la rédaction du journal la France, où il a fait la revue dramatique avec une incontestable expérience du sujet. Ses principaux articles ont été réunis en un volume qui a pour titre : Entre cour et jardin.

Voici la liste des principaux travaux de M. Paul Foucher : Saynètes (1831, in-8o) ; la Misère dans l’amour (1832, in-8o), histoire contemporaine ; les Passions dans le monde (1833, in-8o), contes nouveaux ; Tout ou rien (1834, in-8o) ; Yseult Raimbaud, drame en quatre actes et en vers (Odéon, 1830) ; Juanita, drame en trois actes, avec Paul Duport (théâtre de la Porte-Saint-Martin, 1833), succès contesté ; Caravage, drame en trois actes, avec Charles Desnoyer et Alboize (Ambigu-Comique, 1834), œuvre remarquable qui resta longtemps au répertoire ; Marguerite de Quélus, drame en trois actes, avec Charles Desnoyer et Alexandre de Lavergne (Ambigu, 1835) ; le Transfuge, drame en trois ac-