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ment où le mot tactique soit sous-entendu, et où le mot exercice soit mentionné. Cet exercice était le papegeai. (Bardin, Dictionnaire de l’armée de terre.) Nous trouvons encore, dans l’ouvrage du même auteur, la manière dont on choisissait ce franc-archer par paroisse : « Sur 60 hommes valides et d’un âge convenable, la paroisse en tirait un au sort ; elle lui faisait prêter serment ; elle l’armait, l’habillait, l’équipait aux frais des cinquante-neuf paroissiens que le sort n’avait pas atteints. Telle est l’origine du tirage à la milice. » Charles VII avait donc à son service, et accourant à son appel, une armée entretenue par le peuple.

Charles VII ne put tirer parti des francs-archers : il les abolit. Louis XI les rétablit (1466) en corps de 14,000 ou 16,000 hommes, divisé en 28 compagnies de 500 hommes, sous les ordres, chacune, d’un capitaine. Quatre capitaines généraux commandaient chacun un corps de sept compagnies. Ces francs-archers, nommés aussi soldats à gages ménagers, et ceux qui étaient nourris par les villafges, francs-taupins ou francs-taupiers, suivirent Louis XI dans toutes ses guerres, mais n’assistèrent qu’à une seule grande bataille, où ils furent battus, à Guinegatte, en 1479. Malgré leur médiocrité comme soldats, leur peu d’instruction, leur indiscipline, les francs-archers, n’étant pas des hommes taillables, prétendaient être nobles, et ils constituèrent la noblesse archère. Louis XI les abolit en 1480 ; Charles VIII les rétablit en 1485, mais Louis XII les supprima définitivement en 1509. Leur existence, comme on le voit, avait été courte. Il faut pourtant dire que l’institution ne disparut pas néanmoins entièrement. Quelques villes continuèrent à avoir des francs-archers pour leur garde particulière, et l’ordonnance du 11 août 1578 reconnut quatre francs-archers par bande. « L’armure complète d’un franc-archer se composait de la salade ou casque léger, de la jacque, vêtement rembourré de coton ; de la brigandine, corselet garni de lames de fer ; de la vouge, épieu de la longueur d’une hallebarde, et dont le fer ressemblait à un carreau ; de la rondelle, bouclier rond ; de la trousse, espèce de carquois rempli de flèches, au nombre d’au moins dix-huit ; de la dague (long poignard), et enfin d’une épée. » (Le comte de Chesnel, Encyclopédie militaire et maritime.)

La France et ses rois ne furent pas les seuls à avoir des francs-archers ; la Bretagne et ses ducs eurent aussi des corps portant le même nom.

FRANCASTEL (***), député suppléant de l’Eure à la Convention nationale, où il ne siégea qu’après le procès du roi. Il prit place à la Montagne, fut adjoint en juillet 1793 au comité de Salut public, et envoyé, en octobre suivant, en mission près de l’armée de l’Ouest. Sa correspondance officielle donne l’idée d’un proconsul implacable ; mais il paraît qu’il versait plus d’encre que de sang, et qu’il n’était furieux que sur le papier, comme quelques autres représentants en mission, dont c’était la tactique. Il dut accomplir des actes de rigueur, conformément aux décrets formels de l’Assemblée ; mais ses adversaires conviennent que son caractère était fort doux. C’était, d’ailleurs, un patriote très-ardent et très-énergique. A Nantes, il organisa, avec Carrier, la compagnie Marat, et concourut à une partie de ses opérations de défense, mais non pas aux noyades. Ceci ressort, de cette circonstance qu’après le 9 thermidor il accusa Carrier, ainsi que le général Turreau, d’avoir dévasté la Vendée, tandis que lui-même ne fut jamais formellement accusé. Nous avons eu sous les yeux un mémoire adressé par lui au comité de législation, le 6 brumaire an III, dans lequel, en son nom comme au nom de son collègue Heutz, il répond, relativement à leur mission commune dans la Vendée, aux imputations produites devant le tribunal révolutionnaire par Vial, ci-devant procureur-syndic du département de Maine-et-Loire. Ces dénonciations n’eurent aucun effet, et cependant, à cette époque de réaction furieuse, on saisissait tous les prétextes pour frapper les débris de la Montagne. Il faut bien croire qu’on jugea que Francastel ne pouvait être sérieusement attaqué. Après la session, il remplit quelques fonctions administratives, et acheva ses jours dans l’obscurité.

FRANCATU s. m. (fran-ka-tu). Hortic. Espèce de pomme de garde.

FRANCAVILLA, ville d’Italie, province de Lecce, à 30 kilom. O. de Brindisi ; 15,943 hab. Filature de coton ; fabriques d’étoffes de laine ; poterie, commerce assez important. Cette ville, qui remonte au xvie siècle et doit son nom aux immunités dont elle jouissait, possède une belle église collégiale, des couvents, des hôpitaux, etc. || Ville d’Italie (Sicile), prov. et à 55 kilom. S.-O. de Messine ; 3,510 hab. Importante fabrication de soieries et de toiles. Dans les environs, exploitation de mines de cuivre, de plomb, d’argent et d’antimoine. || Autre ville d’Italie, prov. et à 12 kilom. N.-E. de Chieti, près de la mer Adriatique, 4,282 hab. || Bourg d’Italie, prov. de la Basilicate, district et à 39 kilom. E. de Lagonegro ; 2,959 hab.

FRANC-BÂTIR s. m. Dr. coût. Droit de quelques communautés de prendre gratuitement du bois, pour leurs constructions, dans certaines forêts.

FRANC-BORD s. m. Mar. Bordage extérieur de la coque, depuis la quille jusqu’à la première préceinte. || Pl. francs-bords.

— P. et chauss. Espace de terrain qui borde une rivière ou un canal, au delà des digues ou du chemin de halage.

FRANC-BOURGAGE s. m. Féod. Héritage roturier qui ne devait aucun droit seigneurial ou coutumier, à moins de titre suffisant.

FRANC-BOURGEOIS s. m. Homme exempt de certaines redevances par rapport à son seigneur.

Argot. Filou qui quête pour de prétendues œuvres charitables.

Encycl. Argot. On a désigné sous ce nom, jusqu’à la fin du xviiie siècle, une catégorie de pauvres honteux, d’une physionomie particulière. « Ils étaient, dit Mercier, toujours endimanchés, complètement vêtus de noir et coiffés d’une grosse perruque très-poudrée. » Le tableau que ce spirituel observateur a tracé de leurs manières obséquieuses mérite d’être rapporté. « Ils vous accostent dans les églises et aux promenades, dit-il, et vous content à voix basse leur prétendue misère. Ils ont le don des larmes et l’art de la persuasion. Plusieurs se contentent de soupirer avec un geste suppliant, et ce geste muet et expressif vous touche plus que toutes les paroles. Si vous les refusez, ils n’insistent pas et vous quittent avec un véritable signe de douleur ; vous êtes ému malgré vous, vous revenez sur leurs pas et leur donnez quelque chose... Il est de ces francs - bourgeois qui, depuis vingt ans, ne subsistent que par le rôle journalier d’indigents, et ils s’en acquittent de manière à tromper les gens les plus clairvoyants. » (Mercier, t. V, p. 180.)

À l’origine, on désignait simplement sous ce nom les pauvres qui, vu leur misère, étaient exemptés de taxes et d’impositions. Une maison fondée au Marais, en leur faveur, a donné son nom à l’une des rues historiques du vieux Paris. V. l’art, suivant.

Francs-Bourgeois (rue des). Deux rues, d’une importance historique inégale, ont conservé ce nom : la rue des Francs-bourgeois, au Marais, et la rue des Francs-Bourgeois-Saint-Marcel, dans le quartier du Luxembourg. Ces appellations avaient une étymologie différente.

La première de ces rues, la plus connue et la plus importante, s’appelait plus anciennement encore rue des Viez-Poulies, d’un jeu alors en usage (le jeu des poulies), tenu par un sieur Jean Gennis et sa femme ; cet établissement leur rapportait, paraît-il, 20 sols parisis de rente, qu’ils abandonnèrent aux templiers. La rue des Viez-Poulies prit le nom de rue des Francs-Bourgeois par suite de la fondation d’un hôpital destiné à recevoir des pauvres. (V. l’art, précédent.) Vers 1350, le bourgeois Jean Roussel et Alix, sa femme, firent construire cette maison et y logèrent vingt-quatre « pôvres borjois. » En 1415, Pierre Le Mazurier et sa femme, fille de Jean Roussel, fondateur, firent don de l’immeuble au grand prieur de France, et y joignirent une rente de 70 livres, à la charge par lui de loger quarante-huit pauvres au lieu de vingt-quatre, soit deux par chambre. Cette fondation a depuis longtemps disparu.

La rue des Francs-Bourgeois, au Marais, a encore d’autres souvenirs historiques. Le célèbre Michel Le Tellier, père du marquis de Louvois, chancelier de Louis XIV, y habita ; le trop fameux comte de Charolais, celui qui tirait à balle sur les couvreurs, ni plus ni moins que sur des pigeons, y avait également son hôtel ; au nº 5 est l’ancien hôtel d’Albret ; au nº 12, l’hôtel de Roquelaure ; au nº 14, l’hôtel de Gabrielle d’Estrées. La rue des Francs-Bourgeois n’a, de nos jours, d’autre titre à la célébrité que d’être le centre du commerce de la chapellerie française, dont les fabriques sont agglomérées dans ce quartier.

La rue des Francs-Bourgeois-Saint-Marcel (quartier du Luxembourg) allait de la place Saint-Michel à la rue des Fossés-Monsieur-le-Prince, et s’appelait ainsi, d’après Vaillot et la plupart des auteurs, parce que les habitants de la ville de Saint-Marcel étaient exempts de payer les taxes auxquelles étaient imposés les bourgeois de Paris, en exécution d’un arrêt du Parlement de Paris, rendu au mois de novembre 1296, qui déclarait que le territoire de Saint-Marcel ne faisait point partie des faubourgs de Paris. On s’explique facilement que cet arrêt ait été rendu en 1296, un an après l’ordonnance de Philippe le Bel sur les conditions voulues pour avoir le droit de bourgeoisie, c’est-à-dire à une époque où la délimitation de Paris et des faubourgs n’était pas encore parfaitement fixée, et où les tailles et les impôts étaient devenus considérables, ce qui n’engageait pas les habitants des bourgs voisins à devenir Parisiens, les charges dépassant de beaucoup les avantages.

La rue des Francs-Bourgeois-Saint-Marcel, qui n’était dans l’origine qu’un chemin étroit, sinueux et inégal, avait conservé toutes ses défectuosités en devenant plus tard voie publique enclavée dans les faubourgs de Paris. Il en résultait de fréquents accidents ; aussi le corps municipal, dans sa séance du 9 nivôse an II, décidait-il, sur le rapport des administrateurs des travaux publics, que la moindre largeur de cette rue serait fixée à 30 pieds ; le ministre Chaptal porta cette largeur à 10 mètres, par décision du 8 ventôse an IX.

Rappelons ici que, lorsque, en 1793, le cimetière de Clamart fut fermé, on en ouvrit un dont l’entrée donnait près de la rue des Francs-Bourgeois, presque à l’encoignure des fossés Saint-Marcel. C’est dans ce cimetière que furent inhumés Luce de Lancival et Pichegru. Sur le tombeau de ce dernier était gravée l’inscription suivante, dans laquelle on ne retrouve aucun souvenir de la mort violente de ce général : « Ici reposent les cendres de Charles Pichegru, général en chef des armées françaises, né à Arbois, département du Jura, le 14 février 1761, mort à Paris le 5 avril 1804. » C’est là également que furent jetés les restes de Mirabeau, exhumés du Panthéon (en 1793) par la populace, deux ans après la cérémonie célèbre à la suite de laquelle on les y avait placés.

La rue des Francs-Bourgeois a été atteinte par le percement du boulevard Saint-Marcel (1868).

FRANC-CANTON s. va. Blas. Pièce carrée, un peu plus grande que le canton, qui se place ordinairement à l’angle destre du chef : De Lamoignon : Lasangé d’argent et de sable, au franc-canton d’hermine.Grinwuard, en Poitou : D’argent frellé de gueules, au franceanton d’azur.

FRANC-COMTOIS, OISE s. et adj. (fran-kon-toi, oi-ze). Géogr. Habitant de la Franche-Comté ; qui appartient à ce pays ou à ses habitants : Un Franc-Comtois. La population franc-Comtoise.

— s. m. Linguist. Patois de la Franche-Comté.

Encycl. Linguist. Le langage rustique de l’ancienne Séquanie procède des dialectes de la langue d’oil, et en particulier du dialecte bourguignon, qui, au xiiie siècle, était en usage dans les provinces de l’est et du centre de la France actuelle. On retrouve dans le franc-comtois les mêmes éléments de composition que dans la langue française, c’est-à-dire du celtique, du germanique, du grec et du latin. On doit retrouver, dit Désiré Monnier, le plus de celtique dans les hameaux les plus écartés, le plus de latin dans les villages les plus rapprochés des voies romaines, le plus de tudesque dans les localités les mieux fortifiées. Mais tous ces lieux s’isolent, même en s’entremêlant, et tel dialecte qui, dans le principe, y domine, a dû se corrompre par des échanges continuels, inévitable résultat de la fréquentation. Toutefois, il y a des expressions qui ne sont usitées que chez les habitants de tel canton, de tel arrondissement. Il y en a qui appartiennent exclusivement à la montagne, d’autres au vignoble, d’autres enfin à la plaine. Le génie du langage rustique de la Franche-Comté présente des différences caractéristiques suivant ces trois régions principales : la basse, la moyenne et la haute. Ainsi, les locutions employées par l’habitant du pays bas ont beaucoup moins de coloris que celles du vigneron, et ces dernières moins d’énergie que celles du montagnard. Partout le langage paraît se ressentir de la nature du sol : dépourvu d’images au sein des campagnes nivelées et monotones, riche et varié sur de fertiles coteaux, il est rude et sévère au milieu des rochers et des frimas.

Voici les remarques principales qui ont été faites sur le franc-comtois :

Le c suivi d’une voyelle muette, dans un mot français, se prononce ts ou tz en patois. Exemple : force, patience, font foalsa, pachientza. Le g, dans le même cas, et le j consonne, se changent en dz : le venandze, les vendanges ; lou dzardinié, le jardinier.

Précédé d’un c ou d’un p, le l permute avec l’î voyelle : piu kia, plus clair. La même chose a lieu dans le patois bourguignon, et elle se retrouve aussi dans l’italien.

S se change en ge ; mageon, prigeon, maison, prison ; où il s’adoucit en z ou dz. Exemple : tseuzou, chose, mot que l’on substitue à celui qui échappe à la mémoire au moment de l’exprimer.

En composition, la syllabe française che se prononce tse : tseviau, cheval.

Tous les mots terminés en al et ceux qui finissent en el dans le français ont leur terminaison en au et eau. Ainsi, aval fait avau, autel, auteau.

Or devient oa ou ouê : cor se dit coa en patois. Er et ert se changent en a long : ver,  ; Philibert, Phlibâ ; eur en oux ou en ioux  : causeur, caousioux. L’e ouvert ou joint à l’i permute avec la diphthongue oi : chandelle, chandoila ; bouteille, boutoilla ; reine, roina. En revanche, oi se convertit en e ouvert pour le mot roi, qui se dit ,

Théo devient kio : Théodule, Théophile, Kiodul, Kiofil.

Gli se prononce comme en italien : i gli dezi, il lui dit.

Dans son Histoire de l’idiome bourguignon (Dijon, 1856, in-8º), M. Mignard met en relief les nuances du dialecte franc-comtois qui tranchent sur cet idiome. Les principales sont das pour de (des) ; ot pour è (est) ; o pour a : je m’en ollai pour je m’en allai ; et pour oo : voret pour vorroo (verrait) ; y crayet pour je croyoo (je croyais) ; a pour ai : enchairiouta pour enchaiboutai (emmêler). Enfin, une des grandes anomalies de ce dialecte, c’est la forme en ans ou ant pour celle en ons. Ainsi, on dît : nous ollans, nous venans, nous ant vu, pour nous allons, nous venons, nous avons vu. Mais il est une nuance que M. Mignard a oublié de signaler, c’est l’accent prosodique, lequel est plus riche dans le patois de la Franche-Comté que dans le patois bourguignon et que dans la langue française : cet accent est non-seulement grave, aigu et circonflexe, mais, de plus, il a conservé la quantité latine. C’est ce que Désiré Monnier a très-bien fait remarquer dans une étude sur le patois jurassien, publiée dans les tomes V et VI des Mémoires de la Société des antiquaires de France. Nous empruntons à ce recueil deux poésies qui donneront une idée plus juste du langage franc-comtois ; l’une est recueillie dans la plaine, l’autre dans les montagnes.

chanson de la plaine

Quin dz’ez’amo de ma Liaudin-na,
Dzin ne minyov’a mina desis ;
Sa poiti-na fase bin ma poin-na.
Sens piaisis eran mins piaisis.
No se diaiens sovin l’ion l’atrou,
Que no se n’amçriens torzous ;
Né vour-indret, l’in ame n’atrou,
Liaudin-na eubli neutis amous.

Dret lou malin a la prélia
No menovano neules mautons ;
Dz’era chelo prés du ma min ;
Le commincha’na chinchon.
Api d’aprè çan no dinckovan,
In no tegnant les douve mans.
 Alliegrous leus maoutons salovan ;
Mé no ne vons po mais iusan.

La lou pia megnon, les mans blincè,
Lou pe lorzou bin trenato ;
Lè tota prin-ma su les hinré,
Et, ma fion, bravamin mendo.
Le revoillia commin na ratta,
El chintou coumm’on reussigneu.
Oh mé, ce a villaina satta !
D’eun alrou le fa lou bonhcu.

Quand j’étais aimé de ma Claudine,
Rien ne manquait à mes désirs ;
Sa peine faisait bien ma peine,
Ses plaisirs étaient mes plaisirs.
Nous nous disions souvent l’un à l’autre,
Que nous nous aimerions toujours.
Mais, à présent, elle en aime un autre,
Claudine oublie nos amours.

Dès le matin, à la prairie,
Nous menions nos moutons ;
J’étais assis près de ma mie ;
Elle entonnait une chanson.
Puis ensuite nous dansions
En nous tenant les deux mains.
Joyeux, les moutons sautaient ;
Mais nous n’allons plus ensemble.

Elle a le pied mignon, les mains blanches,
Les cheveux toujours bien tressés :
Elle est toute mince sur les hanches,
Et, ma foi, joliment mise.
Elle est réveillée comme une souris,
Et chante comme un rossignol.
Oh ! mais cette cruelle traîtresse
D’un autre elle fait le bonheur.


chanson de la montagne

Une jeune bergère des montagnes de Suint-Claude exprime avec ingénuité le désir d’avoir un amant comme sa sœur aînée, et ses vœux sont accomplis.

Vini çai, pitet maouton,
Vini, que dze tu canssa !
Que n’é-te berdzi megnon,
Per que seye la metressa !
Va cumin ma grand seraou,
On gli det nom ma gnalleta ;
Ma per ma, quin na doulou,
D’etrou tourdz truet piteta !
Cou pou dari min bosson,
I soutchi per la feilleta.
On drolou das piu megnon.
Que gli dezi ma gneilleta.
Rota n’emaillia de çan,
Le resti bin intredeta,
Quind le visa, quaqu’efan.
Que n’era truct piteta.

Viens à moi, petit mouton,
Viens que je te caresse !
Que n’es-tu berger mignon.
Pour que je sois ta maîtresse !
Vois comment ma grande sceur,
On lui dit nom ma poulette !
Mais pour moi, quelle douleur
D’être toujours trop petite !
Caché derrière un buisson,
Il sortit pour la fillette
Un berger des plus mignons.
Qui lui dit ma poulette.
Tout émerveillée de ça,
Elle resta bien interdite,
Quand elle vit, quoique enfant,
Qu’elle n’était pas trop petite.


On a publié en patois de Besançon : la Jacguemardade, poëme héroï-comique (Dôle, 1753, in-12), Arrivée d’une dame en l’autre monde (s. d., in-8º), et un Recueil de noëls anciens, par Fr. Gauthier (Besançon, 1773, in-12) ; nouvelle édition, corrigée par Th. Belamy (Besançon, 1842, in-8º). Il y a aussi un Recueil de noëls en palois de Vesoul (1741, in-12). Ce volume est très-rare. Le patois de la Franche-Comté a été l’objet de Recherches, par Gustave Fallot (Montbéliard, 1823, in-12), et d’un Essai de dictionnaire, par Mme  Brun et Petit-Benoist (Besançon, 1753, in-8º).