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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 8, part. 2, Fj-Fris.djvu/313

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Le tableau suivant indique le mouvement du commerce d’importation et d’exportation pendant l’année 1866.
nature des marchandises. importation. exportation.
Objets de consommation.
Millions.
Millions.
Céréales
49     
178     
Riz
10     
۰     
Œufs, gibier
۰     
38     
Viandes salées et viandes fraîches
5     
7     
Poissons de mer
22     
21     
Fruits de table
21     
23     
Fromages et beurres
20     
72     
Légumes secs et farines
2     
۰     
Huile d’olive
26     
4     
Sels de marais ou de salines
۰     
۰     
Sucre raffiné
۰     
70     
      des colonies françaises
54     
۰     
      de l’étranger
40     
۰     
Poivre et piment
۰     
۰     
Girofle
۰     
۰     
Café
79     
۰     
Cacao
12     
۰     
Vins
4     
258     
Eaux-de-vie, esprits et liqueurs
6     
81     
Tabac en feuilles
20     
۰     
Médicaments
۰     
12     
Objets d’usage domestique.
Linge, habillements et confection
۰     
119     
Tissus de soie et de fleuret
13     
467     
Tissus de laine
42     
301     
Tissus de coton
23     
86     
Tissus de lin, de chanvre, de poil
20     
31     
Modes, fleurs artificielles, articles de Paris et plumes
2     
41     
Chapeaux de paille, d’écorce, de feutre
8     
9     
Nattes
8     
۰     
Savons et parfumerie
۰     
23     
Poterie, verres et cristaux
۰     
36     
Papier et ses applications
۰     
35     
Tabletterie, bimbeloterie, mercerie, parapluies, meubles divers et instruments de musique
۰     
210     
Horlogerie
2     
8     
Orfèvrerie et bijouterie
۰     
16     
Armes et coutellerie
۰     
3     
Produits agricoles.
Graines à ensemencer
25     
27     
Bestiaux
80     
۰     
Chevaux, mules et mulets
12     
81     
Instruments aratoires, limes, râpes et scies
۰     
۰     
Guano et autres engrais
20     
۰     
Œufs de vers à soie
8     
۰     
Houblon
6     
۰     
Matières premières.
Suif brut, saindoux
22     
8     
Peaux ouvrées, tannées, corroyées, maroquinées
۰     
162     
Peaux brutes, pelleteries et poils de toute sorte
133     
33     
Soies et bourres de soie
307     
107     
Coton en balles
426     
68     
Laines en masse
245     
33     
Chanvre, jutes et lin
80     
۰     
Fils de coton, de laine
26     
25     
Fils de lin ou de chanvre
9     
8     
Bois communs
180     
32     
Bois exotiques
11     
۰     
Arachides, noix, graines oléagineuses, tourteaux, huiles volatiles
68     
155     
Couleurs, indigo, cochenille, safran, garance, garancin
23     
40     
Fers, fonte brute, aciers
11     
1     
Machines et mécaniques
15     
8     
Outils et ouvrages en métaux
7     
39     
Or battu, tiré, laminé, filé, cendres et regrets
2     
3     
Cuivre
48     
7     
Plomb
16     
۰     
Zinc
19     
۰     
Etain brut
19     
۰     
Soufre
9     
۰     
Nitrates de potasse et da soude
5     
۰     
Potasses
5     
۰     
Stéarines, produits chimiques
Minerais de toute sorte
18     
8     
Houille crue
146     
۰     
Divers
302     
227     
Totaux
2,793     
3,180     
Moyenne quinquennale
2,517     
2,815     

On voit par ce tableau que les importations exercent une grande influence sur nos exportations ; car la plupart des marchandises importées servent d’aliment au travail national.

Le commerce intérieur et extérieur est favorisé par de nombreuses institutions de crédit, par une grande quantité de voies de communication et par une navigation très-active. Au 1er janvier 1869, l’effectif de la marine marchande était de 15,002 navires, jaugeant 983,996 tonneaux. D’après leur tonnage, les navires à voiles et à vapeur se classaient ainsi :

noms des ports. nombre de navires. tonnage.
Dunkerque
297
33,984
Le Havre
441
112,032
Nantes
679
112,046
Bordeaux
428
123,672
Marseille
850
155,625
Autres ports
12,370
446,637
Totaux
15,065
983,996

La navigation côtière d’un port français à un autre port français se nomme cabotage. Le cabotage français a transporté, en 1866, 2,141,000 tonnes.

Nous ne ferons qu’énuméner ici les principales institutions de crédit (banques et compagnies financières) auxquelles le Grand Dictionnaire consacre des articles spéciaux. Il y a trois catégories d’établissements financiers : 1o ceux de la haute banque ; 2o les maisons d’escompte et de recouvrement ; 3o les maisons de simple spéculation. La Bourse est une des grandes forces de l’État et du monde entier. La plupart des grandes villes de France possèdent un marché de valeurs mobilières ; La Banque de France a pour mission de remplacer, dans le mouvement des échanges, l’étalon métal par l’étalon papier. Elle a des succursales dans la plupart des villes un peu importantes de la province.

Parmi les diverses sociétés financières qui abondent à Paris, nous citerons : le Crédit foncier, la Société des dépôts et comptes courants, la Société pour le développement du commerce et de l’industrie, etc. Signalons aussi les caisses d’épargne, la Caisse des retraites pour la vieillesse et de nombreuses sociétés d’assurances contre l’incendie, la grêle, les assurances maritimes, etc.,

Colonies. Les possessions coloniales de la France étaient autrefois plus considérables que de nos jours. Elles comprenaient : dans l’Amérique septentrionale, la Nouvelle-France, qui se composait de la plus grande partie du bassin du fleuve Saint-Laurent et se divisait ainsi : 1o Acadie ou Nouvelle-Écosse et île de Terre-Neuve, cédées à l’Angleterre, en 1713, par la paix d’Utrecht, avec la réserve du droit de pêche, dont la France jouit encore sur les bancs de Terre-Neuve ; 2o Canada, cédé à l’Angleterre par le traité de Paris, en 1763. La Louisiane, qui comprend la plus grande partie du bassin du Mississipi, fut cédée à l’Espagne en 1763, rétrocédée à la France en 1801 et définitivement vendue aux États-Unis en 1803. Aux Antilles, la France possédait, en 1789, la partie occidentale d’Haïti ou Saint-Domingue ; l’est lui fut cédé par l’Espagne à la paix de Bàle, en 1795 ; mais déjà la révolte des noirs avait réduit à néant l’autorité de la métropole ; l’expédition que Bonaparte y envoya, en 1802, échoua, et, en 1825, Charles X reconnut l’indépendance d’Haïti.. Sainte-Lucie a été cédée à l’Angleterre en 1814 ; la Dominique, Saint-Vincent, Tabago furent cédés par la paix de Paris à la même puissance, en 1763 ; Saint-Barthélémy fut abandonné à la Suède en 1784. En Asie, Dupleix avait étendu la domination de la France dans l’Indoustan, depuis les rives de la Krishna au N. jusqu’au cap Comorin au S., c’est-à-dire sur 800 kilom. environ du littoral de la côte de Coromandel et 250 kilom. dans l’intérieur. La paix de Paris, en 1763, sacrifia ces magnifiques conquêtes. En Afrique, dans l’océan Indien, l’île de France ou île Maurice a été cédée à l’Apgleterre en 1814. A Madagascar, la France avait formé divers établissements : Fort-Dauphin, Louisbourg, Foulpoint, Tamatave, Tintingue, abandonnés aujourd’hui.

Actuellement, les colonies françaises sont : 1o en Afrique, au N., l’Algérie ; à l’O., sur le fleuve du Sénégal, l’île Saint-Louis et les îles voisines ; les postes militaires de Lampsar, de Richard-Tol, de Merinaghen et de Dragoua ; enfin les postes de Podor, de Bakel, de Makana et de Senou-Debou ; sur la côte, l’île de Gorée- ; dans la Gambie, le comptoir de Sedhiou ; sur la côte de Guinée, les comptoirs d’Assinie, du Dabou et du Grand-Bassam ; les escales des Darmoukours, du Désert du Coq ; à l’E., dans l’océan Indien, les îles de la Réunion, Sainte-Marie, Madagascar, et, dans le groupe des Comores, les îles Mayotte, Nossi-Bé, Nossi-Cumba, Nossi-Tassi et Nossi-Mitsiou ; 2o en Asie, dans l’Indoustan, le territoire de Pondichéry, de Karikal, d’Yanaou, de Chandernagor, de Mahé ; 3o dans l’Amérique septentrionale, les îles Saint-Pierre et Miquelon ; 4o aux Antilles, la Martinique, la Guadeloupe et ses dépendances, Marie-Galante, les Saintes, la Désirade, la moitié de l’île Saint-Martin (l’autre partie appartient aux Hollandais) ; 5o dans l’Amérique méridionale, la Guyane ; 6o en Océanie, les îles Marquises, la Nouvelle-Calédonie, l’île de Chappertow et deux archipels placés seulement sous la protection de la France ; les îles Taïti, ou archipel de la Société, et les îles Gambier, dans l’archipel Dangereux. Les colonies françaises, non compris l’Algérie, comptent environ 820,000 habitants, dont 120,000 Européens.

Histoire. Indiquer les points culminants, citer les dates principales des fastes de la France, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, mentionner les personnages importants, exposer aussi brièvement que possible les faits saillants qui ont concouru à la formation de l’unité française, tel est le but que nous nous proposons ici. Cette manière de procéder ressort du cadre même de notre ouvrage, où chacun des grands faits et des personnages de notre histoire fait l’objet d’un article spécial.

Lorsque Jules César fit la conquête de la Gaule, ce pays n’était point plongé dans la barbarie, comme le prétendent quelques auteurs. Les cités importantes que les Romains trouvèrent dans cette contrée, sa situation agricole et manufacturière, son organisation religieuse et politique, prouvent qu’une civilisation assez avancée régnait au milieu de la grande fédération gauloise. Pour tout ce qui concerne la France jusqu’au règne de Clovis, nous renverrons le lecteur au mot Gaule. Pharamond, le premier roi de nos annales, est peut-être un personnage fabuleux. Ce qui est certain, c’est que Mérovée donne son nom à la première dynastie des rois francs (448). Childéric, son successeur (458), est le père de Clovis ou Clodovech. A l’avènement de Clovis, la Gaule était divisée en plusieurs Etats. Ce prince, à la tête des guerriers de sa tribu, résolut de faire la conquête de toute la contrée. Avec l’aide d’un autre chef franc, il défit Syagrius à Soissons (486) et mit fin à la domination romaine, qui avait duré six siècles dans la Gaule. Il soumit ensuite divers peuples belges et s’unit aux Bourguignons en épousant Clotilde, nièce de leur roi (493). Des bandes d’Alamans ravageaient sans trêve la rive gauche du Rhin ; Clovis marcha contre ces hordes, et, après les avoir complètement défaites à Tolbiac, il s’empara de leur territoire. A la suite de cette victoire, où il avait cru voir l’intervention divine, cédant aux pressantes sollicitations de Clotilde, qui était chrétienne, il se fit baptiser en grande pompe à Reims, avec 3,000 de ses guerriers. Clovis, quelque temps après, soumit les Bretons, mais il leur laissa leurs rois ou comtes particuliers, rendit tributaires les Bourguignons et défit les Visigoths près de Poitiers. Après avoir ravagé plutôt que conquis toute l’Aquitaine, Clovis massacre les chefs francs, saliens ou ripuaires, étend son autorité du Rhin au Rhône, aux Pyrénées et à l’Océan, substitue la France à la Gaule et établit sa résidence à Paris. A sa mort (511), ses quatre fils se partagèrent ses États : Thierry eut la France orientale (Austrasie), entre la Meuse et le Rhin, sans compter les provinces d’Allemagne ; il résidait à Metz. Clotaire obtint la France occidentale (Neustrie) ; Soissons était sa résidence. Childebert fut élu roi de Paris, avec les provinces occidentales, depuis Amiens, y compris la Bretagne, Poitiers, Bordeaux, jusqu’aux Pyrénées. A Clodomir, roi d’Orléans, échurent les provinces de la Loire (le Maine, l’Anjou, la Touraine, le Berry). Ce partage est des plus bizarres. Pour obéir aux sollicitations de Clotilde, leur mère, qui avait à cœur de venger d’anciens malheurs, les quatre fils de Clovis attaquèrent les Bourguignons et les vainquirent à Vézéronce, près de Vienne. Clodomir succomba dans cette guerre, et la Bourgogne fut conquise ou rendue tributaire (534). La Provence fut aussi enlevée aux Ostrogoths. La mort de ses frères laissa Clotaire seul roi de France (558). Son autorité s’étendait sur toute l’ancienne Gaule et une grande partie de l’Allemagne occidentale. Ses quatre fils se partagèrent ses États ; mais, dans ce partage, les divisions géographiques ne furent pas plus respectées qu’elles na l’avaient été à la mort de Clovis ; chacun voulut demeurer au nord de la Loire, et pourtant avoir sa part des riches villes romaines du Midi. Caribert, roi de Paris, posséda Tours, Chartres et la plus grande partie de l’Aquitaine, plusieurs villes de Provence, notamment Marseille. Gontran, roi d’Orléans, commanda principalement à la Bourgogne et à la moitié de la Provence. Le roi de Neustrie, Chilpéric, avait aussi sa part de l’Aquitaine et de la Provence, ainsi que Sigebert, roi d’Austrasie. « Caribert, dit M. Artaud, après un règne de six années, n’a laissé dans l’histoire que le souvenir de son incestueuse polygamie. Il est inutile de raconter ici la querelle de Sigebert et de Chilpéric, les luttes acharnées de Brunehaut et de Frédégonde, guerres sanglantes, causées autant par la jalousie des nations cis et trans-rhénanes que par l’antipathie des frères et la haine de leurs épouses. La mort de Sigebert (575) et de Chilpéric (584) transmit leurs couronnes à deux enfants mineurs, Childebert et Clotaire, sous la protection de leur oncle Gontran. Mais autant Frédégonde inspirait d’aversion au Bourguignon, autant il sentait d’affection pour le fils de Brunehaut ; privé d’enfants, il s’accoutume à voir en lui son successeur. Cependant, comme Gontran est l’ennemi prononcé de cette haute aristocratie terrienne qu’il voyait déjà tendre à une entière indépendance, les barons d’Austrasie lui suscitent un rival : c’est Gondovald, fils naturel du vieux Clotaire ; Gontran renouvelle son alliance avec Childebert II. Il présente son neveu aux comices de Bourgogne et le proclame son successeur. Gondovald se retire vers les Pyrénées, afin de s’appuyer sur l’Espagne ; il se renferme dans Comminges ; mais la trahison l’en arrache, et tous les outrages sont prodigués à son cadavre. » Sous l’influence de Frédégonde et de Brunehaut, la Neustrie ou France romaine et l’Austrasie ou France barbare engagèrent une lutte où la victoire resta à la barbarie. Aidés des hordes germaniques, les Austrasiens de Brunehaut ravagèrent la Neustrie ; ils allaient triompher quand Frédégonde fit assassiner Sigebert (575) dans son camp, près de Vitry (Pas-de-Calais) ; Brunehaut fut même un instant sa prisonnière. Plus tard, elle envoya assassiner son propre époux, Chilpéric, à Chelles, et lutta heureusement contre es Austrasiens, sur lesquels elle gagna la grande victoire de Leucofao (597). Elle mourut tranquille et glorieuse, jouissant du fruit de ses crimes et de ses victoires. Plus tard, avec Brunehaut, succomba la civilisation romaine. Cette femme supérieure, respectée des empereurs, des évêques, qui voyaient en elle la protectrice éclairée des arts et de la civilisation, fut livrée par les leudes austrasiens à Clotaire II, fils de Frédégonde, qui la condamna à une mort horrible (613). On sait que cette reine infortunée fut attachée par les cheveux à la queue d’un cheval indompté.

Dans la lutte de l’Austrasie et de la Neustrie, l’assassinat des deux rois avait laissé l’empire mérovingien à de jeunes enfants ; les leudes leur avaient choisi pour tuteurs des chefs puissants qui, sous le nom de maires du palais, s’élevèrent plus tard à la royauté. Clotaire II, l’assassin de Brunehaut, était devenu maître de l’héritage de Clovis. Mais là, rien n’était homogène : dans le Nord, la vieille race gauloise n’aimait pas les Francs ; dans le Midi, au delà de la Loire, la population, toute romaine, avait en horreur le joug des Francs demi-sauvages ; les Bretons étaient toujours en révolte ; les Gascons quittaient sans cesse les Pyrénées et ravageaient les possessions franques ; les Visigoths d’Espagne possédaient toujours la Septimanie ; les Lombards d’Italie avaient attaqué la Provence ; les Bourguignons étaient toujours tributaires ;