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faites sur la religion. On put alors juger ses titres littéraires, comme on avait jugé le ministre pur ses mesures, et l’on vit leur peu de valeur. Froides copies des maîtres, ces conférences, que l’on réédite pourtant, encore n’offrent qu’une banale répétition de tout ce qui a été écrit en faveur du christianisme ; le style en est froid et sans relief ; on n’y rencontre rien de ce qui fait l’orateur ou même le dialecticien puissant, moins encore l’onction pénétrante du vrai croyant. Quant au ministre, avons-nous besoin de rappeler que c’est h lui qu’on doit l’envahissement des écoles publiques par les ordres religieux et surtout par lus jésuites, que proscrivaient cependant les h>is du royaume ? Les destitutions de professeurs, d’employés, de maîtres d’école, se sont multipliées sous son ministère dans une incroyable proportion ; la persécution dirigée contre renseignement mutuel, la désorganisation du collège de Sorrèze, une de nos plus belles institutions, ont complété son œuvre néfaste.

I/évêque d’Hermopolis attachait une importance extrême à la pompe extérieure, et en étalait autant que pouvait en comporter son caractère-épiscopaf. Les habits somptueux, les nombreux valets galonnés, les brillants équipages étaient fort du goût du petit abbé rouerguois, devenu l’un des grands dignitaires de l’Église. Comme grand maître de l’Université, il apportait dans 1 exercioede ses fonctions officielles une solennité luxueuse ; il avait un train de prince pour aller présider à la Sorbonne, ce qui a l’ait dire a un satirique du temps :

. L’héritier de Kontana

De licteurs à cheval entoure sa soutane, Et galope avec eux vers le pays latin !...

Lors de la révolution ministérielle qui eut lieu au commencement de 182S et renversa M. de Villële, b’rayssinous conserva la moitié de son portefeuille, celle des affaires ecclésiastiques, dont on sépara complètement l’instruction publique pour en former un ministère particulier, auquel on appelai !. deVatimesnil. Le roi lui demanda son avis sur les ordonnances de 1830, qu’on préparait, et il s’y opposa. Plus tard, Charles X voulut solliciter pour lui du pupe le chapeau de cardinal ; l’abbé refusa, disant qu’il n’en était pas digne. Après la révolution, il ne voulut accepter aucune dignité, et il se retira à Rome, C’est de là qu’il partit pour Prague, oit la famille royale l’attendait pour guider l’éducation du duc de Bordeaux. Ce n’est qu’en 1833 qu’il revint à Paris, faible, languissant. Il retourna dans le Rouergue, où il mourut. Le duc de Bordeaux lui fit élever un monument funèbre, souvenir affectueux des leçons du précepteur.

Fi-nyanluoua (CONI’ÉRUÎÎCES Dli). V. CONFÉ-RENCES Uli FllAYSSINOUS.

FRAYURE s. f. (frè-iu-re — rad. frayer). Vôner. Action du cerf qui frotte son bois contre, les arbres.

FRAZlï, village et commune de France (Eure-et-Loir), cant. de Thiron, arrond. et à 25 kilom. de Nogent-le-Rotrou, sur la rivière de Kouchard ; i, r>24 hab. Marmères. Église en partie du xue siècle. Ruines des châteaux forts de Frazé et du Chàiellier. Château du Grand-Cormier, bâti au xvie siècle. Château de Carcahu, de 1377, assez bien-conservé. Débris d’un ancien temple de Vénus, sur la butte de Montgasteau.

FKAZEIt, fleuve de la Colombie (Nouvelle-Bretagne). Il descend du versant N.-O. du mont Browne ou des.pics de la chaîne des montagnes Rocheuses, par 53" 30’ de latit. N., et 1230 de longit. O., coule d’abord du S. au N., puis tourne à l’O., passe au fort Saint-George, prend la direction du 3., et se jette dans Je golfe de Géorgie, vis-à-vis de la pointe S.-E. de file QuaUra-et-Vancouver, après un cours do 535 kiloin.

FRAZIER s. m. (fra-zré). Techn. Résidu du charbon de terrebrûlé dans une forge.

FRAZIL s. m. (fta-zil). Techn. Mélange de terre et de charbon qui entoure une charbonnière, il On dit aussi frazin.

FHC (Louis-Joseph de), avocat, écrivain et homme politique- belge, membre de la chambre des représentants depuis 1858, né k "Louvain le 13 juillet 1817. M. de Fré est l’auteur d’un grand nombre de brochures qui ont exercé une influence inarquée sur les événements politiques des quinze dernières années en Belgique ; Le parti libéral joué par le parti catholique dans la question de l’enseignement supérieur ; De l’indépendance nationale au point de vue catholique ; Hummes et doctrines du parti catholique ; Maximes catholiques et politiques à l’usage du père de famille ; De l’influence du doyme catholique sur la politique nationale ; L’intolérance catHolique et les lettres pastorales ; De ta charité ecclésiastique ; le parti épiscopal ; De la vie morale et politique ; La liberté de la chaire ; La Belgique indépendante ; De la neutralité' armée ; Des cimetières ; La Belgique calomniée ; Les enfarineurs ; Le congrès de Alalines : Débâcle catholique ; Evêques et bourses ; L’indépendance du député.

Ces brochures, dont nous venons de citer les principales, révèlent un écrivain original, ayant assez souvent de la verve et de la chaleur.

M. de Fré est une nature enthousiaste, sujette à entraînements, mais foncièrement

FRED

droite et honnête, et que son vieux bon sens flamand préserve des écarts auxquels se laissent parfois aller les caractères généreux. Ses écrits lui ont conquis une véritable popularité, sa loyauté et son désintéressement antique lui ont assuré des amis dévoués, son talent lui assigne au parlement belge une place fort honorable.

Avec cela’, il est resté pauvre, refusant jusqu’au modeste ruban rouge-que tant de démocrates belges arborent aujourd’hui à leur boutonnière.

M. de Fré est un des dignitaires les plus considérables de la maçonnerie de Belgique.

FlilURD DU GASTEL (Raoul-Adrien), géomètre français, né il Bayeux, mort en 170G. Il a publié : les Éléments d’Euclide réduits à l’essentiel de ses principes (Paris, 1740), et on lui attribue l’École du jardinier fleuriste (Paris, 17G4).

FUÉART DE CHAMBRAI, architecte français. V. Chambrai.

FRÉBAULT (Charles-Victor), général français, né en 1813. Élève de l’École polytechnique en 1833, il en sortit en 1S35 comme souslieutenant dans l’artillerie de marine, et devint lieutenant, capitaine, chef de bataillon, lieutenant-colonel, colonel, et enfin général de djvisionJe 6 novembre 18C7. Cet avancement, d’une rapidité presque sans exemple dans le corps spécial auquel le brave polytechnicien appartenait, s’explique par de nombreux services rendus et des travaux d’une véritable importance sur l’artillerie appliquée à la marine. M. Fiébault se vit successivement attaché à la direction de l’artillerie de Brest, à l’inspection générale de son corps, à la direction de la fonderie de Nevers, et au commandement de l’École de pyrotechnie à Toulon. Après avoir gouverné la Guadeloupe, de 1859 a 1863, il devint, en 1SG4, directeur de l’artillerie de la marine et des- colonies à Paris. Enfin, il a été promu grand officier de la Légion d’honneur le 26 octobre 1SGG. Pendant le siège de Paris par les Prussiens (1870-1871), le brave et savant général Frébault prit une part considérable à la réorganisation de l’artillerie destinée à défendre la capitale, et se signala en maintes occasions en faisant bravement son devoir devant l’ennemi. C’est gra.ee aux services qu’il rendit en ces circonstances, bien plus qu’à ses opinions politiques, du reste peu connues, que M. Frébault doit d’avoir été nommé par les électeurs de Paris, le 8 février 1871, député à l’Assemblée nationale. Par décret du gouvernement de la défense nationale, il a été promu grandcroix de la Légion d’honneur. •

FRUBÉCOURT, village et commune de France (Vosges), cant. de Coussey, arrond. et à G kilom. de Nenfchâteau, près de la côte de Bourlémont ; az hab. Le château de Bourlémont, qui couronne une colline, remonte, dit-on, au vin» siècle. Il a conservé de ses constructions primitives six tours, de 40 mètres de hauteur ; il est entouré de fossés profonds et creusés dans le rpc. La grande salle est décorée d’une belle cheminée, de vitraux goihiques, de statues et d’arabesques. La chapelle renferme plusieurs tombeaux des seigneurs de Bourlémont. Dans les environs du château s’étend une forêt de 305 hectares.

FRECIIEN, ville de Prusse, province du Rhin, régence et à 2fi kilom, O. de Cologne ; 2,400 hab. Fabriques de faïence, poteries degrés, pipes ; tourbières dans les environs.

FREC1111.I.A, ville d’Espagne, prov. et à 26 kilom. N.-O. de Palencia, sur la rive droite de la petite rivière de Valdejinate ; ch.-l. de juridiction civile ; 2,000 hab. Fabrication de lainages et de fromages ; petit commerce de grains.

FUÉCULFE ou RADULEE, chroniqueur et prélat français, mort vers 850. Nommé évêque de Lisicux en S24, il fut envoyé, vers la même époque, en mission à Rome, assista, à son retour, au concile tenu à Paris (825) pour examiner la question des images, se montra fidèle à Louis le Débonnaire, lors du soulèvement à peu près général du clergé contre ce prince, et fut chargé par lui de la garde d’Ebb.on, archevêque de Reims, qui avait osé dégrader le fils de Charlemagne.

Fréculfe passe pour un des hommes les plus instruits et les plus actifs de son temps. Il était lié avec’Ruban-Maure, abbé de Fulde, qui écrivit, à son instigation, des commentaires sur le Pentateuque, et il avait lui-même composé plusieurs ouvrages, dont le plus important est une chronique en deux livres, publiée sous le titre de : Freculpld, épiscopi Lexoniensis, Chronicorum libri II (Cologne, 1539, in-fol.) ; cette chronique s’étend depuis le commencement du monde jusque vers l’an G00 de notre ère.

FREDAINE s. f. (fre-dè-ne — Delàtre tire ce mot de l’ancien allemand frewida, joie ; exactement le sanscrit priyatua, amour ; grec praolês, de la racine sanscrite pri ; se réjouir. D’autres étymologistes comparent fredaine avec fredon, la fredaine étant à la conduite ce que le fredon est au chant). Escapade, écart de conduite, folie de jeunesse : Faire des fredaines. Les fredaines qu’on fait ensemble rendent camarades. (Mmo de Genlis.) Gartlez-voua d’imiter ces coquettes vilaines, Dont partante la ville on chante les fredaines.

Molière.

FRÈD

FrÉDEGAIRE, auteur présumé d’une chronique mérovingienne composée au VIIe siècle. On ne sait rien de sa vie ; toutefois, on conjecture qu’il était né en Bourgogne ; il mourut rers 650. Comme Grégoire de Tours, il remonte, dans sa Chronique, jusqu’à la création, et cette partie n’est guère qu’une compilation ; il abrège ensuite Grégoire de Tours lui-même, et raconte enfin les événements de son temps jusqu’il l’année 641. L’ouvrage a été dans la suite enrichi de continuations qui le mènent, jusqu’en 748. C’estle seul monument que nous ayons pour l’histoire franque pendant l’intervalle qui sépare Grégoire de Tours des historiens de Charlemagne. Il est surtout important ! pour l’histoire de la Bourgogne. La Chronique de Frédégaire a été imprimée pour la première ibis à la suite des œuvres de Grégoire de Tours, sous le titre de : Fredcgarii scliolastici Chronicon quod ilte, jubente Childebraïuh comité, Pipini régis patruo, scripsit. (Bàle, .l56S). Elle a été traduite en français par l’abbé de Marolles et par M. Guizot, dans la Collection des mémoires relatifs à l’histoire de France.

FRÉDÉGISE ou FRIDUGISE, écrivain anglais, mort en 834. Il accompagna en France son maître Alcuin, qui lui fit obtenir divers emplois k la cour de Charlemagne, et qu’il remplaça en qualité d’abbé de Suint-Martin de Tours. Par la suite, Louis le Débonnaire nomma Frédégise son chancelier, fonctions qu’il conserva jusqu’à l’époque de sa mort. La plupart des écrits de cet auteur sont perdus. On a de lui, entre autres morceaux : E/iistola de nihilo et teneltris, publiée dans les Miscellanea de Baluze. Dans cet opuscule, écrit d’un style clair et pur, Frédégise cherche il prouver que le néant est quelque chose de réel, et que les ténèbres sont une substance corporelle. Il avait composé des poésies qui se trouvent imprimées et confondues avec celles d’Alcuin.


FRÉDÉGONDE, née" à Montdidier vers l’an 545, morte en 59G. De parents d’origine fran 3ue, elle entra de bonne heure au serviceAudovère, épouse de Chiipéric, roi de Neustrie. Mais une place de servante ne suffisait pas à l’ambition de cette femme dont l’orgueil ne connaissait pas de bornes,

Frèdégonde était belle à une beauté fatale, et, connaissant à fond le libertinage du roi, elle ne doutait pas de son succès. Elle n’attendait plus que l’occasion de perdre Audovère dans l’esprit de son époux, et comme cette occasion tardait, elle se chargea de la faire naître.

Pendant que Chiipéric combattait les Saxons, Audovère accoucha d’une fille. Le jour fixé pour le baptême étant venu, celle qui devait être la marraine ne parut pas (Frèdégonde avait eu soin "do l’éloigner). Tout était prêt pour la cérémonie ; Frèdégonde s’adressa à la reine et lui dit : « Qui vous empêche d’être la marraine de votre fille ? Elle ne peut en avoir de plus digne que vous. » Audovère se laissa persuader et tint elle-même son enfant sur les fonts baptismaux. Or, cette action, d’après la coutume de cette époque, rapportée par Grégoire de Tours, devait 1 empêcher de cohabiter à l’avenir avec son époux. Aussi lorsque Chiipéric revint de son expédition, Frèdégonde alla-t-elle à sa rencontre* et lui annonça que la reine avait servi de marraine à sa fille. Le roi se consola aisément de cet accident ; il fit enfermer Audovère dans un couvent, et prit à sa place Frèdégonde, sans cependant lui donner le titre d’épouse.

Une circonstance destinée à devenir fatale au pouvoir de Frèdégonde vint montrer jusqu’à quel point il était consolidé. Chiipéric, voulant une femme de sang royal, d-emnnda la main de Galswinthe, dent la sœur Brunehaut avait épousé le roi d’Austrasie.

Mais Frèdégonde veillait I Piquée en sa vanité de femme, blessée en son orgueil de maîtresse du roi, ayant presque touché à la couronne et voulant y atteindfe, elle s’appliqua à reconstruire l’échafaudage qui l’avait si haut élevée, mais qu’un caprice du roi avait fait s’écrouler soudain. Elle se mit à travailler sourdement à la ruine de la reine, harcelant Chiipéric jusqu’au jour où, pleinement victorieuse, elle vit sa rivale repoussée honteusement des bras de son époux, en dépit des serments que. Chiipéric lui avait faits dans l’église de Rouen, sur les reliques des martyrs.

Il aima son ancienne maîtresse plus violemment encore. Il semblait que ces deux natures sanguinaires dussent nécessairement se rencontrer pour l’amour et pour le meurtre. La malheureuse Galswinthe fut étranglée dans son lit.

Frèdégonde était reine ; mais elle s’était attiré la haine de Brunehaut, sœur de Gals^vinthe, femme dq Sigebert, roi d’Austrasie.

Alors commence entre les deux femmes cette longue série de guerres et de crimes qui ne finit qu’à leur mort.

Sigebert, époux de Brunehaut, le premier attaque Chiipéric, le bat, et entre dans Paris, où il installe Brunehaut, ses jeunes fils et sa cour. Il se préparait ensuite à assiéger son frère dans Tournay, sa dernière ville, lorsque Frèdégonde appela auprès d’elle deux de ses fidèles : «Allez, leur dit-elle, mettre à mort Sigebert ; si vous survivez, je vous honorerai toute votre vie ; si vous succombez, je ferai dire partout des messes pour vous. » Les

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deux leudes allèrent se présenter à Sigebert, et, s’étant approchés de lui comme pour lui prêter serment, ils le frappèrent tous deux en même temps. Ils furent aussitôt massacrés, mais le désir de Frèdégonde était rempli. Cette princesse, cependant, n’osa pas attenter aux jours de Brunehaut, que Çhilpèrio se contenta d’envoyer prisonnière à Rouen. Frèdégonde dirigea alors sa colèreet sescoups contre les enfants que Chiipéric avait eua d’Andowerre : l’aîné, Mérovée, avait épousô Brunehaut ; elle le rit assassiner aux environs de Reims ; le second, appelé Théodebert, subit le même sort. Elle poursuivit le troisième avec une sorte de rage, cherchant à le compromettre dans une conspiration ; mais ce malheureux prouva son innocence. Tenace en sa pensée criminelle, F’rédégonde le fit envoyer dans un endroit où régnait une grando épidémie ; mais, cette fois encore, le fils do Chiipéric fut épargné. Ayant elle-même perdu deux de ses propres enfants, Frèdégonde accusa celui que sa haine n’avait encore pu atteindre de les avoir fait empoisonner, et le crédule Chiipéric le lui abandonna. Elle le fit enfermer et bientôt après massacrer dans sa prison.

Il ne restait plus du mnriage de Chiipéric et d’Andowerre qu’une fille appelée Busine, dont elle redoutait la beauté. C’était un crime que la jeune princesse devait cruellement exfiier. Par ordre de la marâtre, elle est saisie, ivrée à la brutalité des serviteurs et jetée dans un couvent.

Cette monomanie homfcide lui fit fouler aux pieds les liens les plus sacrés du sang. Altérée d’une vengeance sans motif, elle se retourna furieuse contre ses propres enfants : sa fille Régunthe lui ayant un jour reproché de garder pour elle seule les nombreux bijoux de Chiipéric, elle la conduisit devant le coffre où ils épient renfermés, l’ouvrit, et lui dit de choisir et de puiser elle-même à son gré. La jeune fille confiante, éblouie devant tous les joyaux qu’elle voyait reluire et miroiter à ses yeux, y plongea les mains d’abord, puis attirée, fascinée de plus en plus, elle avança le corps pour les toucher de plus près, la tète pour les baiser do ses lèvres... Le moment était propice : sa inère laissa retomber le couvercle de fer qu’elle soutenait, et qui, à la fiiçon d’un couparet de guillotine, aurait dû séparer la tète du tronc... Mais le forfait ne put se consommer, et, avant que Frèdégonde eût pesé de ses propres mains sur le cotrre, les servantes de Régunthe, attirées par ses cris, la délivrèrent des mains do son odieux bourreau.

Chiipéric lui-même, si l’on en croit Frédégaire, fut victime de la monstrueuse Frèdégonde. « Le roi, rapporte cet historien, partant pour la chasse et traversant la chambra de la reine, lui donna par derrière un petit coup de baguette.» — «Que fais-tu, Lanclério ?» s’écria-t-elle. Le roi sortit sans répondre, mais non sans être vu. Alors Frèdégonde, effrayée de son imprudence, arma l’assassin. Le soir, au retour de fa chasse, lorsque, pour descendre de cheval, Chiipéric appuya la main sur l’épaule de Landéric, page de la.reine et rival préféré du roi, il tomba l’rappé de deux coups de couteau.

Quelques auteurs ont voulu voir dans co meurtre la. main de Brunehaut ; mais la.manière dont se conduisit Frèdégonde, après la mort de Chiipéric, prouve sa participation au meurtre.

Frèdégonde, en effet, accompagnée d’un petit nombre de serviteurs, s’enfuit à Paris, et chercha un asile dans la cathédrale, sous la protection de l’évêque. De là, elle envoya un message à Contran, roi de Bourgogne : «Que monseigneur vienne, disait-elle, et qu’il prenne le royaume de son frère. J’ai un petit enfant que je veux déposer sur ses genoux, » (Grégoire de Tours). Gontran vint à Paris, prit l’enfant sous sa protection, le fit reconnaître roi des Francs sous le nom do Clotaire II, et relégua Frèdégonde à Rueil, aux environs de Rouen. De là, cette reine chercha à rallier autour d’elle les leudes do son mari. Ce qu’elle craignait surtout, c’était qu’on lui enlevât son enfant ; car elle aimait ce fils, comme Agrippine aimait Néron, comme Catherine de Médicis aimait Charles IX et ses frères. Aussi avait-elle hésité longtemps à le remettre aux mains de Gontran pour le baptême.

Le roi de Bourgogne, témoin de cette tendresse maternelle, douta que ce fût le vrai fils de son frère et son véritable neveu. Pour dissiper ces soupçons, Frèdégonde fit comparaître trois évoques et trois cents hommes notables, qui affirmèrent sous serment quo Clotaire était bien le fils de Chiipéric.

Pendant son séjour à Rueil, la haine de Frèdégonde contre Brunehaut et son fils Childeoert se réveilla plus terrible que jamais. N’ayant plus la force, elle employa contre eux l’arme favorite des lâches et des désespérés : à deux reprises, elle dirigea des assassins contre cette reine et contre son fils ; mais tous ses complots furent déjoués et les complices sévèrement punis.

Prétextât, évêque de Rouen, fut assassina par ses ordres, et l’évêque de Bayeux n’échappa qu’avec peine aux meurtriers qu’elle expédia contre lui.

Gontran même, qui l’avait secourue, ne fut pas à l’abri de ses attaques, Elle lui dépêcha des ambassadeurs, parmi lesquels elle avait fait cacher un assassin. Celui-ci fut heureu-