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de l’État, le roi décréta, le 6 novembre 1809, la vente des propriétés appartenant au domaine public, et déclara les biens ecclésiastiques situés dans son royaume propriétés de l’État. Tous les biens possédés par les ordres religieux et par le clergé furent alors sécularisés et vendus en même temps que les autres biens de l’État.

Par ces diverses mesures, le roi de Prusse parvint à cicatriser les plaies que la guerre avait faites à ses États et à y ramener le bien-être. Forcé de plier devant les volontés encore toutes-puissantes de Napoléon, Frédéric-Guillaume conclut à Paris, le 24 février 1812, un traité d’alliance défensive et offensive. Cette même année, la guerre ayant éclaté entre la France et la Russie, le roi de Prusse envoya à Napoléon un corps d’armée de 30,000 hommes, sous le commandement du général York. Lors de la funeste retraite de Russie, le général York sauva ses troupes en concluant, avec le général russe Diébitsch, une convention qui lui laissait le passage libre pour retourner en Prusse, et son corps d’armée, déclaré neutre, se sépara de l’armée française. Les désastres de 1812 semblaient indiquer que Napoléon avait enfin lassé la fortune. Le roi de Prusse se réunit contre lui aux grandes puissances, avec d’autant plus d’empressement qu’il avait été plus profondément humilié. Il conclut contre la France une alliance avec l’empereur de Russie, à Kalisch, le 28 février 1813, et, le 27 mars de la même année, envoya à Napoléon une déclaration de guerre. Les proclamations qu’il adressa à son peuple, les 3 et 9 février et le 17 mars 1813, étaient autant d’appels aux. armes, qui furent accueillis avec enthousiasme, car il s’adressait à la nation au nom de la liberté et de l’indépendance de la patrie. Deux corps d’armée prussiens, commandés par Blücher et York, se réunirent à l’armée russe, sous les ordres de Wittgenstein, et marchèrent en avant en entrant en Saxe. Le roi lui-même fit la campagne de 1813 et de 1814, et contribua à l’échec que Napoléon éprouva à Leipzig. Il se rendit ensuite à Paris, qu’il quitta avec l’empereur Alexandre de Russie pour se rendre à Londres. De là, il retourna à Berlin, où il fut reçu en triomphe par le peuple prussien (le 6 août 1814). De Berlin, il se rendit à Vienne pour assister au congrès, dans lequel il défendit les intérêts prussiens, se fit restituer les États que Napoléon lui avait enlevés, et obtint, en outre, un agrandissement de territoire. Lorsqu’au mois de mars 1815 Napoléon revint de l’île d’Elbe, Frédéric-Guillaume conclut une nouvelle alliance avec l’Autriche, la Russie et l’Angleterre, et l’on sait quelle part décisive les Prussiens de Blücher prirent à la bataille de Waterloo. De retour en Prusse, le roi fit célébrer le jubilé de l’avènement de la maison de Hohenzollern, qui depuis quatre cents ans gouvernait la Prusse. La paix rétablie, Frédéric-Guillaume continua à s’occuper d’accroître la prospérité de ses États ; mais il refusa d’accorder à la nation la constitution et le système représentatif, qu’il avait solennellement promis d’octroyer, le 22 mai 1815, après le retour de Napoléon Ier en France. Il régla les difficultés qui s’étaient élevées entre les Églises protestantes et l’Église catholique, rétablit, en 1823, les états provinciaux, qui ne pouvaient apporter que de très-légères modifications nu pouvoir-absolu, et augmenta considérablement l’ascendant de la Prusse en Allemagne, en fondant l’association douanière devenue si fameuse sous le nom de zollverein, et qui devait préparer l’unité politique de l’Allemagne. Lorsque la révolution de Juillet éclata en France, suivie bientôt après de l’insurrection polonaise, Frédéric-Guillaume contribua, par ses efforts, à maintenir la paix de l’Europe, qui semblait de nouveau menacée. Il s’empressa de reconnaître Louis-Philippe, et ne voulut pas prendre part à la compression de la Pologne. On a reproché à ce prince, qui n’était dénué ni d’intelligence ni de courage personnel, de s’être trop laissé gouverner par sa femme, la belle Louise de Mecklembourg, qu’il perdit en 1810. En 1824, il contracta cun mariage morganatique avec la comtesse de Harrac, qui devint alors duchess.e de Liegnitz. Les enfants qu’il eut de son premier mariage sont : 1o Frédéric-Guillaume IV, roi de Prusse, mort le 1er janvier 1861 ; 2o Guillaume Ier, roi actuel de Prusse ; 3o Charlotte, qui fut impératrice de Russie et mourut le 1er novembre 1860 ; 4o Charles, né le 29 juin 1801 ; 5o Alexandrine, née le 23 février 1803 ; 6o Louise, née 1er février 1808 ; 7o Albert, né le 4 octobre 1809.


FRÉDÉRIC-GUILLAUME IV, roi de Prusse, né le 15 octobre 1795, mort le 1er janvier 1861, régna de 1840 à 1861. Il était fils du roi Frédéric-Guillaume III et de la reine Louise. Son éducation fut extrêmement soignée. Ancillon et Delbrücklui donnèrent des leçons de philosophie et de littérature ; il apprit la guerre sous les généraux Scharnhorst et Knesebeck, l’économie politique avec Savigny, Ritter et Lancezolle, et enfin, avec Rauch et Schnikell, le dessin et la sculpture. Sa vive intelligence recueillait avec avidité toutes les notions qu’on y semait, et, dès l’âge de dix-huit ans, le jeune prince passait pour un des jeunes gens les plus accomplis de la docte Allemagne. Dès 1813, il servit avec distinction dans l’armée prussienne, mais sans grade aucun, son âge ne lui donnant pas droit au commandement. La paix signée, il revint à ses études favorites, et apporta surtout dans la culture des beaux-arts une passion intelligente. Il fit un voyage en France et en Italie, dans le but d’étudier les chefs-d’œuvre de l’art, et les plus célèbres artistes l’escortèrent. À son retour d’Italie, il fut nommé gouverneur général de la Poméranie, et sut, dans ce poste élevé, s’acquérir l’estime et l’affection de toute la province. Aussi, lors de la mort de son père, en 1840, quand il monta sur le trône de Prusse, le pays tressaillit-il d’allégresse, comme si une nouvelle ère allait s’ouvrir pour lui. Il ne démentit pas d’abord ces légitimes espérances, et inaugura son règne en proclamant une amnistie générale pour les délits politiques, rigoureusement punis sous le précédent pouvoir. Il y ajouta une quasi-liberté de la presse, introduisis dans son conseil des libéraux connus et aimés du peuple, tels que Boyen et Eichhorn, donna des chaires de professeurs aux frères Grimm, rappela de l’exil Arndt, « le franc parleur, » et s’acquit, en un mot, les sympathies de tous les chefs libéraux en marchant courageusement dans la voie du progrès.

Le 21 juin 1842, il convoqua toutes les diètes provinciales en une seule assemblée, à Berlin, pour s’y concerter en commun sur les affaires du pays. Les diètes n’avaient auparavant que des pouvoirs excessivement restreints et ne pouvaient se réunir que séparément dans chaque province, tellement le despotisme reculait devant l’expression d’un sentiment général. Frédéric-Guillaume, en les assemblant à Berlin, au cœur de l’État, leur donna un caractère semi-constitutionnel, et le peuple applaudit avec transport. Ce mouvement libéral devait malheureusement trouver dans la reine Élisabeth la résistance la plus redoutable. Sûre de son empire sur le roi, et par conséquent sur les ministres, elle réagit avec violence contre ces mesures, qui diminuaient l’autorité royale. Un à un, les conseillers libéraux tombèrent en disgrâce et furent aussitôt remplacés par des hommes de l’opposition, tels que les professeurs Stahl, Hassenpflug et autres. La reine s’était naturellement appuyée sur le clergé. Les jésuites se glissèrent partout et secondèrent, avec leur habileté habituelle, les vues de leur royale protectrice. La liberté d’enseignement fut considérablement restreinte, et l’orthodoxie ruina complètement le parti libéral. Le roi, entouré de gens à vues étroites qui ne le laissaient plus penser lui-même, était comme pris de vertige entre ces factions intérieures qui se disputaient les lambeaux de son pouvoir. On eut soin de déprécier auprès de lui les ministres en qui il avait le plus de confiance ; on lui fournit même des preuves apocryphes, et, pressé de tous côtés, il donna son adhésion à des mesures illégitimes et presque violentes. Ces tendances rétrogrades exaspérèrent le peuple, trompé dans ses plus chères espérances. Il attendait, depuis 1815, une constitution qui réglât définitivement ses droits, et, leurré continuellement, il résolut de la conquérir. Avant d’en venir aux extrémités, il demanda encore au roi une administration populaire, avec une représentation nationale pour la surveiller. La cour ne jugea pas à propos de répondre, ou plutôt répondit à ces justes réclamations en faisant incarcérer les chefs du parti politique libéral. De sourds murmures se firent entendre dans Berlin, le peuple s’agita. La situation, à l’extérieur, n’était rien moins que paisible. L’Autriche, de concert avec la Prusse et la Russie, s’empara de Cracovie, désormais rayée des États indépendants. Cet acte arbitraire et despotique trouva chez les Polonais prussiens une opiniâtre résistance. Une conspiration organisée contre le roi fut découverte, et le gouvernement réprima, par les mesures les plus énergiques, ces velléités de révolte. On jeta indistinctement dans les prisons innocents et coupables, et l’on crut avoir terminé d’un seul coup une affaire sans importance. Les Prussiens désapprouvaient hautement ces mesures d’un despotisme si dédaigneux. Une autre tentative d’assemblée échoua par les intrigues de la reine et souleva enfin l’indignation générale. La France agitée communiqua jusqu’à Berlin son ébranlement politique. Le peuple se dressa vigoureusement contre la royauté et battit les troupes qu’on lui opposait. On se massacra dans les rues de Berlin depuis le 17 jusqu’au 19 mars ; le canon labourait profondément ces flots du peuple exaspéré, mais le sang qui coulait criait vengeance, et l’émeute rugissait comme un lion blessé. Le roi s’aperçut que ce n’était pas un jeu, et, se dégageant soudain de la tutelle de la reine, il descendit lui-même dans la rue, seul, sans gardes, fraternisa avec le peuple, annonça un changement de ministère, reconnut la légitimité des réclamations, promit une constitution avec responsabilité des ministres, l’unité allemande et la dissolution de la diète de Francfort. À peine rentré, il appelle auprès de lui le comte de Schwerin, d’Auerswald et d’Arnim, pour former un nouveau ministère, et renvoie de Berlin tous les soldats qui avaient essayé de refouler l’émeute. Cette généreuse initiative séduisit le peuple, toujours prompt à pardonner. Seul et sans défense, le roi fut plus respecté qu’il ne l’avait encore été jusque-là. Retiré dans son château, il se montrait de temps en temps, et son apparition était toujours saluée par des applaudissements chaleureux. Une malheureuse circonstance faillit rompre encore une fois ces liens à peine établis. Le peuple avait décidé qu’on enterrerait avec pompe et solennité les corps de deux victimes de la dernière révolution, le docteur Léon Weiss et le Polonais Malinski. Le 22 mars 1848, le cortège se mit en marche et passa sous les fenêtres du roi. La foule, ne le voyant pas sur son balcon, l’appela, prête à se révolter de nouveau devant cette hautaine indifférence. Le roi et la reine parurent, le roi, la tête couverte, la reine, pâle de frayeur et d’indignation, jetant sur la populace des regards courroucés. Ce n’était rien encore : la révolution lui ménageait une autre humiliation. Quelqu’un fit observer que le roi gardait son chapeau, et un murmure s’éleva qui bientôt dégénéra en cris furieux. Le roi se découvrit, et la reine, ne pouvant supporter ce spectacle, s’évanouit sur le balcon. Le cortège victorieux reprit sa route, et Berlin rentra dans le calme. Enfin la Prusse allait donc devenir libérale et constitutionnelle ; le peuple se tranquillisa. Fatal repos, confiance puérile. La réaction releva peu à peu la tête, sourde d’abord, elle osa bientôt davantage. La reine reprit son empire sur le rot, l’aristocratie sa domination dans les conseils. Une chambre de pairs fut créée, et, pour comble d’audace, le ministère Manteuffel vint jeter la terreur dans le peuple par ses oppressions et ses crimes. À Francfort, les choses n’allaient pas mieux qu’à Berlin. Le roi de Prusse fut élu, le 28 mars 1849, empereur d’Allemagne ; mais, sur les conseils de la reine, il refusa ce titre et accueillit fort mal la députation qui venait le lui offrir. Ce fut le signal des catastrophes qui ensanglantèrent l’Allemagne. D’abord, l’assemblée de Francfort fut dissoute et la constitution allemande supprimée par la force militaire. Chassé de Francfort, le parlement se réfugia à Stuttgard, où il ne fut pas plus heureux, et fut définitivement forcé de se dissoudre. Une seconde révolution, à Vienne, protesta contre la tyrannie ; à Bade et en Saxe, la république fut proclamée. Cependant, le roi de Prusse, conseillé par son ministre Radowitz, voulait se délier de l’Autriche et former, avec le nord de l’Allemagne, une espèce de confédération où n’entrerait pas l’Autriche ; seulement, cette dernière serait libre de s’unir avec le reste de l’Allemagne. À ce sujet, il s’entendit avec le roi de Saxe et le roi de Hanovre, et convoqua un parlement à Erfurth. La reine Élisabeth, qui intriguait toujours, était au courant de toutes ces trames politiques et en informait fidèlement la cour autrichienne, qui protesta violemment contre ces projets d’alliance. Le roi demanda donc une entrevue à l’empereur d’Autriche, et les deux souverains conférèrent à Olmütz, le 29 novembre 1850. C’était en pure perte, parce que l’empereur ne voulut accepter aucun arrangement, et dit au roi de Prusse que s’il n’entrait pas dans la vieille confédération germanique telle qu’elle avait existé avant 1848, il lui déclarait immédiatement la guerre. Frédéric-Guillaume fut profondément humilié des paroles altières de l’empereur d’Autriche, mais recula devant une guerre presque fratricide. La reine se chargea de panser la blessure qu’elle avait faite, et l’ancienne confédération germanique fut rétablie. Depuis lors, l’Autriche exerça sur le reste de l’Allemagne une prépondérance incontestée, et ouvrit un système de persécutions politiques qui portèrent l’effroi jusque dans la Prusse. Elles étaient naturellement approuvées par la reine et le ministère Manteuffel. La réaction, maîtresse enfin des listes de proscription, se débarrassa de ceux qui pouvaient s’opposer à sa marche triomphante. Les Prussiens émigrèrent en masse. Reine enfin, de nom et de fait, Élisabeth se livra ouvertement à ses fantaisies politiques. Elle voulait soumettre l’Église à l’orthodoxie et supprimer complètement la liberté de l’enseignement. La loi du 29 juin 1850 n’annonçait pas seulement ces prétentions audacieuses, elle les mettait à exécution. Le rot disparaissait totalement derrière la reine et le ministre. On avait eu bien soin de l’entourer d’amis qui avaient pour mission de tuer cette intelligence déjà obscurcie, et de le rendre complètement incapable d’intervenir dans les affaires publiques. Comme pour tenter un dernier essai, la reine provoqua une nouvelle entrevue de Frédéric-Guillaume avec l’empereur d’Autriche. Quand il revint dans son royaume, après un arrangement insignifiant, le mal était incurable, et, dès les premiers symptômes, on avertit le peuple que son roi était atteint d’aliénation mentale. Un décret royal du 23 octobre 1857 autorisait le prince Guillaume de Prusse, frère du roi, à prendre en main les rênes du gouvernement, avec le titre de régent, pour une période de trois mois. À l’expiration du temps fixé, la régence fut prolongée de trois autres mois, puis de six et enfin indéfiniment. La reine et son ministère conspirèrent contre le nouveau gouvernement ; mais leurs manœuvres échouèrent devant l’aversion du public, et la démocratie commença à reprendre le dessus. Frédéric-Guillaume, atteint au physique et au moral, se retira quelque temps au château de Sans-Souci, près de Potsdam, et mourut le 1er janvier 1861.

Il avait été l’objet de deux tentatives d’assassinat : la première, de la part d’un ancien maire de la ville de Storkow, nomméTscbech ; la seconde, d’un sous-officier appelé Sefeloge. Sous son règne, la monarchie s’agrandit du duché de Hohenzollern, acquis en 1851, et d’un morceau de terrain au bord de la mer du Nord (acquis par le traité du 20 juillet 1853), dans le but d’y établir un port pour la marine prussienne


FRÉDÉRIC Ier, roi de Danemark et de Norvège, né en 1471, mort en 1533, était fils du roi Christian Ier. Il possédait, depuis 1490, le duché de Holstein, lorsqu’il fut appelé, en 1523, à succéder à son neveu, Christian II, qui venait d’être déposé à la suite d’une révolte de la noblesse. Frédéric accorda de grands privilèges à la noblesse et au clergé, parvint, grâce à l’habile général Jean Rantzau, à battre complètement les partisans du roi déchu, et fit alliance avec Gustave Wasa, roi de Suède. Christian II ayant essayé de reprendre la couronne de Danemark, Frédéric le fit cerner avec ses troupes et jeter dans un château fort. Le roi de Danemark favorisa l’introduction du luthéranisme dans ses États, et fut secondé par la noblesse, qui saisit cette occasion pour s’emparer des biens ecclésiastiques.


FRÉDÉRIC II, roi de Danemark et de Norvège, né en 1534, mort en 1588, succéda, en 1559, à son père, Christian III. Il dut souscrire, lors de son avènement, à une charte qui limitait extrêmement le pouvoir royal, au profit de la noblesse. Une partie du règne de ce monarque est remplie par une guerre entre le Danemark et la Suède, au sujet des trois couronnes figurées sur l’écusson danois. Cette guerre, commencée en 1563, pour un motif aussi futile, ne fut terminée que par la paix de Stettin, en 1570, qui mit à la charge de la Suède les frais de la guerre. Grâce à son grand et honnête ministre, Pierre Oke, Frédéric II contribua puissamment à la prospérité de son royaume. Oke apporta de l’étranger d’utiles idées pour la culture et l’économie domestique, imprima une vive impulsion au commerce, à l’industrie, aux sciences, et fit proclamer un nouveau code maritime. Ce fut Frédéric II qui donna au célèbre Tycho-Brahé, en 1576, l’Île de Hwen pour y construire le fameux observatoire d’Uranienborg.


FRÉDÉRIC III, roi de Danemark et de Norvège, né en 1609, mort en 1670. Il succéda, en 1648, à son père, Christian IV, malgré l’opposition d’un parti qui favorisait son frère naturel, et se vit contraint d’accepter, lors de son élection, une charte qui remettait entre les mains du sénat presque toutes les prérogatives du pouvoir royal. Pendant quelques années, le sénateur Ulfeldt gouverna le pays sous le titre de majordome, puis, se sentant menacé d’une disgrâce, il se rendit en Suède et engagea le roi de cette contrée, Charles X, à porter la guerre en Danemark. Les Danois prirent eux-mêmes, en s’emparant du duché de Holstein-Gottorp, l’initiative des hostilités. Mais le roi de Suède, accompagné de Ulfeldt, fondit sur le Jutland, traversa, pendant l’hiver, avec son armée, le Petit et le Grand Belt, et arriva devant Copenhague (1658), dont les habitants épouvantés demandaient la paix, quel qu’en fût le prix. Le traité de Roskild donna à la Suède les provinces de Scanie, Halland, Drontheim, Bornholm, etc., et vingt vaisseaux de ligne. Peu satisfait encore de pareils résultats, Charles X rompit le traité quelques mois après, dans l’espoir de conquérir tout le Danemark. Pour la seconde fois, il vint mettre le siège devant Copenhague ; mais il y trouva une résistance inattendue. Le roi Frédéric, par son activité, par son énergie, par son courage, qu’il sut communiquer aux habitants de cette ville, rendit inutiles tous les efforts du roi de Suède, qui fut repoussé avec de grandes pertes dans un assaut livré la nuit du 10 au 11 février 1659. Battu sur mer par une flotte hollandaise accourue au secours de Frédéric II, et sur terre par les Danois, en Fionie, Charles X retourna en Suède, où il mourut de chagrin. Cette guerre désastreuse, malgré le succès final, avait épuisé le Danemark. Après la conclusion de la paix, le roi convoqua les états à Copenhague pour aviser aux moyens de rétablir la prospérité et les finances du pays. La bourgeoisie et le clergé, irrités contre la noblesse de ce qu’elle avait refusé de contribuer aux besoins publics, résolurent de lui enlever les principaux privilèges dont elle avait joui. En conséquence, ils déclarèrent la couronne héréditaire, et donnèrent au roi une autorité absolue (1661). Les nobles, après quelques velléités de résistance, se virent contraints de se soumettre au nouvel état de choses ; ils furent frappés d’impôts ; les domaines qu’ils avaient usurpés leur furent repris, et l’état des finances se trouva promptement amélioré. Le secrétaire intime de Frédéric III, Schumacher, exposa, sous le titre de Lex regia, le système de la monarchie absolue tel qu’il devait être désormais pratiqué en Danemark, et ce document fut contre-signé, en 1665, par le roi. Pendant la guerre entre la Hollande et l’Angleterre, Frédéric prit successivement parti pour l’une et l’autre de ces puissances. Dans les dernières années de sa vie, ce prince se laissa séduire par la chimérique recherche de la pierre philosophale, et y consacra de grandes sommes. Il mourut généralement estimé pour sa fermeté et sa droiture.


FRÉDÉRIC IV, roi de Danemark et de Nor-