vège, né en 1671, mort en 1730. succéda, en 1699, à son père, Christian V. Il s’allia à Pierre le Grand contre le roi de Suède, Charles XII, qui le contraignit à signer la paix de Travendal, en 1700 ; puis il voyagea en Italie, d’où il rapporta le goût des arts, et réorganisa la défense militaire du pays de façon à être prêt à prendre sa revanche. L’occasion ne se fit pas attendre. Après la défaite essuyée par Charles XII à Pultawa, il déclara la guerre au roi de Suède (1709), envoya 10,000 Danois en Scanie, éprouva d’abord des revers, mais parvint à se relever, et fit Stenbock prisonnier avec 11,000 hommes, à Tonning (1713). De retour de Bender, l’année suivante. Charles XII porta la guerre en Norvège et périt au siége de Frédérikshall (1718). Le sénat suédois se hâta de proposer la paix, qui fut tout à l’avantage du roi de Danemark (1720). Frédéric IV s’occupa beaucoup d’améliorations intérieures. Il réforma l’administration, la justice, encouragea particulièrement le commerce, institua dans son royaume de nombreux établissements de bienfaisance et d’éducation, laissa les finances dans l’état le plus florissant, et fonda des missions au Groenland et en Laponie.
FRÉDÉRIC V, roi de Danemark et de Norvège,
né en 1722, mort en 1766, succéda à son
père, Christian VI, en 1746. Il sut garder une
sage neutralité pendant les guerres qui ravageaient
une partie de l’Europe, et une seule
fois seulement, pendant son règne, un différend
avec la Russie fut sur le point de troubler
la paix dont jouissait son royaume. Lorsque,
en 1702, le duc de Holstein monta sur le
trône de Russie sous le nom de Pierre III, il
exigea du Danemark la cession du Slesvig.
Sur le refus de Frédéric V, une armée russe
de 40,000 hommes, commandée par le général
Romanzow, s’avança vers les frontières danoises.
Frédéric se prépara à une vigoureuse
résistance, et les armées ennemies allaient en
venir aux mains, lorsque la nouvelle de la mort
de Pierre III arriva. Catherine II, qui succéda
à ce prince, s’empressa de retirer ses
troupes et de conclure la paix (1707). Esprit
ouvert aux idées philosophiques du siècle, Frédéric V contribua puissamment au développement du mouvement civilisateur en Danemark et à la transformation des mœurs de la
nation. Il s’entoura de sages conseillers, réforma
dans un sens libéral les privilèges
des anciennes maîtrises, encouragea, par des
subventions, l’industrie indigène, étendit le
commerce maritime, et commença l’affranchissement des classes rurales. En même
temps, il fit beaucoup pour les sciences et les
lettres, fonda la compagnie asiatique, une
Académie des beaux-arts (1754), un jardin botanique ; abolit la censure sur les écrits qui
traitent d’économie politique et rurale ; appela
de l’étranger des écrivains et des artistes,
Basedow, Klopstock, Oeder, Reverdil ; envoya
une expédition de savants en Égypte et
en Arabie pour y étudier les antiquités et la
langue de ces pays, etc. Toutefois, on a reproché
à Frédéric V sa passion pour les magnificences,
à l’instar de Louis XIV, qui eut pour
résultat d’endetter considérablement l’État,
et son goût pour les plaisirs, qui abrégea sa
vie.
FRÉDÉRIC VI, roi de Danemark, né en 1768, mort en 1840, était fils de Christian VII,
auquel il succéda en 1808. Il exerçait la régence du royaume depuis 1784. Il resta constamment neutre dans les guerres des coalisés
contre la France, et il entra dans le système
continental de Napoléon. En 1807, on lui vit déployer un grand caractère. Une flotte
anglaise, sans déclaration de guerre, parut
tout à coup devant Copenhague, et l’amiral
Cathcart, qui la commandait, somma le régent
de lui livrer la flotte danoise. Le prince
répondit en se préparant à la défense. La
ville fut reduite en cendres, mais du moins il
honora sa défaite aux yeux de l’Europe, où
il n’y eut qu’une voix pour flétrir cette agression sauvage, inouïe dans l’histoire. Menacé, en 1809, de se voir enlever la Norvège par les Suédois, il les battit et les contraignit à la paix ; mais la perte de cette province n’était que retardée : on contraignit Frédéric de la céder à la Suède, en 1814, pour le punir d’être resté attaché à Napoléon jusqu’au dernier moment. Il reçut en échange Rugen et la Poméranie suédoise, auxquels le congrès devienne, en 1815, ajouta Lauenbourg. Le
Danemark doit à Frédéric VI la liberté de la
presse, la tolérance des opinions politiques et
religieuses, le développement des arts, de
l’industrie et du commerce, l’établissement de
l’instruction primaire et des états provinciaux.
FRÉDÉRIC VII (Charles-Chrétien), roi de
Danemark, fils unique de Christian VIII et de la princesse Charlotte de Mecklembourg-Schwerin,
né le 6 octobre 1808, mort le 15 novembre
1863. En 1828, il épousa sa cousine, la
princesse Wilhelmine-Marie, d’avec laquelle
il divorça en 1837, Il se maria en secondes
noces (1841) avec la princesse Caroline de
Mecklembourg-Strélitz, union qui fut rompue,
comme la précédente, en 1846. De 1826 à 1828,
on le voit parcourir l’Allemagne, l’Italie, la
Suisse, où il étudia la politique. Puis, en 1834, il fit un voyage en Islande, où, depuis des siècles, aucun prince de la famille royale n’avait mis les pieds. En 1837, il fut exile au Jutland ; mais, peu de temps après (1839), son
père, étant monté sur le trône sous le nom de
Christian VIII, s’empressa de le rappeler auprès
de lui et lui donna le gouvernement de
la Fionie. À la mort de Christian VIII, le
20 janvier 1848, il lui succéda sur le trône,
et promulgua une constitution élaborée par
son père et commune au Danemark et aux
duchés qui en dépendaient. Bientôt, aux premiers
bruits de la révolution de février, le
peuple du Slesvig et du Holstein, qui désirait
sa réunion avec l’Allemagne, vers laquelle
le portaient son langage et ses mœurs, se mit
en insurrection. Le roi, pour parer ce coup,
forma un ministère composé des hommes les
plus populaires du Danemark, mais refusa
avec fermeté de reconnaître l’indépendance
des duchés soulevés. Le 24 mars, un gouvernement
insurrectionnel fut établi à Kiel,
et le prince d’Augustenbourg-Noer amena
des contingents allemands au secours des
révoltés et s’empara de la forteresse de
Rendsbourg. Le roi convoqua immédiatement
une assemblée constituante, fit marcher les troupes danoises contre les insurgés, et,
le 9 avril, défit complètement le prince d’Augustenbourg-Noer à Flensbourg. Mais les
Prussiens s’étant joints aux insurgés, l’armée
danoise, inférieure en nombre, fut battue
à Slesvig, le 23 du même mois. Enfin, ce
ne fut qu’après deux années d’hostilités et un
traité avec la Prusse, que ce mouvement put
être comprimé. Le traité de paix avec la
Prusse et l’Allemagne fut signé à Berlin, le
2 juillet 1850 ; mais les hostilités avec les duchés durèrent encore jusqu’au mois de janvier
1851. Le 8 mai 1852, un traité fut signé,
à Londres, par les représentants des grandes
puissances, garantissant au Danemark l’intégrité
de ses possessions et réglant l’ordre de
succession au trône de ce pays, et le prince
Christian de Glucksbourg fut désigné comme
héritier présomptif. Frédéric VII observa une
stricte neutralité durant la guerre de Crimée.
En 1850, il avait fait reconnaître son union
morganatique avec la comtesse Danner.
FRÉDÉRIC Ier, roi de Suède, né à Cassel
en 1676, mort en 1751, était fils du landgrave
de Hesse-Cassel. Il s’était signalé pendant la
guerre de la succession d’Espagne, lorsqu’il
épousa Ulrique-Éléonore, sœur du fameux
roi de Suède, Charles XII (1715). Après la
mort de ce prince, Ulrique-Éléonore fut appelée
à lui succéder (1718) ; mais elle ne tarda
pas à abdiquer le pouvoir entre les mains de
son mari, qui fut proclamé roi (1720). Frédéric
s’empressa de faire la paix avec la Prusse
et la Russie, par les traités de Fredensbourg
(1720) et de Nystadt (1721), et s’appliqua à
réparer les maux qu’une guerre dévastatrice
avait causés. Sous son règne se formèrent
deux partis, celui des bonnets, vendu à la
Russie, et celui des chapeaux, vendu à la
France. Ces deux partis dominèrent alternativement
dans le sénat et dans les diètes pendant
environ un demi-siècle. Forcé de consentir
à faire la guerre à la Russie, en 1741,
Frédéric vit bientôt ses troupes battues, et
signa la paix d’Abo (1743). Par une des clauses
du traité, il s’engagea à laisser après lui
le trône à Adolphe-Frédéric de Holstein. Le
roi Frédéric favorisa l’industrie, le commerce,
fonda une Académie à Stockholm (1732), et
publia, en 1736, un nouveau code, comprenant
les lois civiles et criminelles du royaume.
FRÉDÉRIC DE HOLSTEIN, roi de Suède.
V. Adolphe-Frédéric.
FRÉDÉRIC Ier le Querelleur, duc et électeur de Saxe, né à Altenbourg en 1369,
mort en 1428. Il était fils du landgrave et
margrave Frédéric le Sévère et de Catherine,
comtesse de Henneberg. Son père avait
deux frères, au nom desquels, en 1349, il
prit, ainsi qu’en son propre nom, le gouvernement
de leurs possessions ; les trois frères
s’étaient mutuellement donné leur parole « de
ne jamais se séparer, ni se diviser ; leurs
choses ne devaient former qu’une seule chose,
et leur pays devait être dans la souveraineté
et la dépendance de chacun d’eux et des
deux autres à la fois. » Cependant un partage
leur parut nécessaire en 1379, et ils convinrent
entre eux que Frédéric le Sévère aurait l’Osterland, Balthasar la Thuringe et Guillaume
la Misnie. Mais à peine Frédéric était-il
mort (1381), en laissant trois fils mineurs,
que ses deux frères procédèrent à un nouveau
partage définitif, qui fut tout au profit
de leur neveu, car il ajouta à l’Osterland la
marche de Landsberg, le pays de Pleissen et
plusieurs villes du Voigtland et de la Thuringe.
À l’âge de quatre ans, Frédéric avait été fiancé à Anne, fille de l’empereur Charles IV ; il eut plus tard à ce sujet de vifs démêlés avec l’empereur Wenceslas, frère de sa fiancée, qui avait disposé de la main de cette dernière un profit d’un autre, et qui consentit enfin, en 1397, à payer à Frédéric une somme assez forte comme dédommagement. Dès 1388, ce prince avait eu, comme allié du burgrave de Nuremberg, l’occasion de faire preuve de son humeur guerrière et querelleuse dans la guerre des villes allemandes ; mais il gagna ses éperons de chevalier, en 1391, dans la guerre qu’il fit aux Lithuaniens, de concert avec les chevaliers teutoniques. Il ne montra pas moins d’activité dans celle qu’il entreprit contre Wenceslas, qui venait d’être dépossédé de la couronne impériale et qui était son ennemi personnel. Peu de temps après, les événements qui se passaient à l’intérieur de ses possessions attirèrent exclusivement son attention et l’occupèrent plusieurs années. Ce fut d’abord son mariage avec Catherine de Brunswick (1402), puis la guerre de Dohna (1402) et, enfin, la querelle suscitée, en 1412, par l’ambitieux comte de Sohwarzbourg, beau-père du landgrave de Thuringe ; mais, dans l’intervalle, des intérêts plus sérieux l’avaient absorbé : son oncle Guillaume était mort, en 1407, sans laisser d’enfants, et son héritage donna lieu à des démêlés qui ne furent terminés qu’en 1410 par un traité qui donna à Frédéric et à ses frères la partie septentrionale de la Misnie. La fondation de l’université de Leipzig, en 1409, marque une des époques les plus brillantes du règne de Frédéric Ier.
L’activité infatigable que ce prince déploya à partir de 1420 contre les mouvements des hussites, qui menaçaient immédiatement ses possessions, le signala comme un précieux auxiliaire à l’empereur Sigismond, qui se trouvait alors dans une situation des plus critiques. Pour s’assurer son alliance, l’empereur lui conféra l’électorat et le duché de Saxe ; mais Frédéric ne devait pas jouir en paix de ces nouvelles dignités, car l’empereur laissa peser sur lui tout le poids de la guerre contre les hussites. Les autres princes allemands, n’ayant pas répondu à l’appel que l’électeur leur avait adressé, ce dernier perdit, en 1425, la majeure partie de son armée près de Brux. Sa femme Catherine appela alors l’Allemagne catholique à une croisade contre les novateurs, et 20,000 guerriers étrangers accoururent se ranger sous les étendards de Frédéric ; mais cette coalition n’aboutit qu’à la désastreuse bataille d’Aussig (1426), qui moissonna l’élite des guerriers allemands. L’année suivante fut encore témoin d’une nouvelle défaite de l’électeur, et le chagrin que ce prince en ressentit ne tarda pas à le conduire au tombeau.
FRÉDÉRIC II, électeur et duc de Saxe, né
en 1411, mort en 1464, succéda, en 1428, k
son père Frédéric le Querelleur et gouverna
d’abord tant pour lui que pour ses frères,
Sigismond, Henri et Guillaume, encore mineurs.
Henri mourut en 1435. Sigismond, mécontent
de la part qui lui était faite dans la
succession de ce frère, s’allia avec le burgrave
de Meissen pour renverser ses deux
autres frères, Frédéric et Guillaume, mais fut
vaincu par eux et contraint d’entrer dans un
couvent (1437). Frédéric régna conjointement
avec Guillaume jusqu’en 1445. À cette époque,
ils se partagèrent leurs possessions.
Guillaume prit la Thuringe pendant que Frédéric
gardait la Saxe. Mécontent de ce partage,
Guillaume déclara la guerre à Frédéric
et ravagea la Saxe. L’empereur d’Allemagne
intervint, et le traité de Naumbourg amena
la paix entre les deux frères. Ces divisions
provoquèrent, en 1455, le célèbre enlèvement
des princes Ernest et Albert, fils de l’électeur,
par Kuhz de Kaufungen. Ces deux jeunes
princes, issus du mariage de l’électeur
Frédéric avec Marguerite, sœur de l’empereur
Frédéric III, furent les fondateurs des
lignes Ernestine et Albertine de la maison de
Wettin.
FRÉDÉRIC III, dit le Sage, électeur et duc de Saxe, né à Torgau en 1463, mort en 1525,
succéda, en 1486, à son père Ernest. Ce
prince se fit le protecteur des lettres et des
sciences, fonda, en 1502, l’université de Wittemberg,
s’intéressa à la Réforme, protégea
Luther et ses doctrines contre le pape et lui fit
obtenir de l’empereur d’Allemagne (1522) des
lettres qui garantirent sa liberté pendant son
voyage de Wittemberg à Worms et son séjour
dans cette ville. Plus tard Frédéric fit mettre Luther
en sûreté dans la forteresse de Wartbourg.
Il fut nommé trois fois grand vicaire
de l’empire allemand. Quand l’empereur Maximilien
Ier vint à mourir, il fut nommé empereur
d’Allemagne ; mais il refusa la couronne
impériale. Il eut à combattre dans ses États
les paysans, qui ravagèrent alors presque
partout le pays allemand. Cette insurrection
que le prince eut à combattre est connue
sous le nom de guerre des paysans. Frédéric
eut pour successeur son frère Jean.
FRÉDÉRIC-AUGUSTE Ier, dit le Juste, roi de Saxe, né à Dresde en 1750, mort en 1827,
était fils de l’électeur Frédéric-Christian, à qui
il succéda, en 1763, sous la tutelle de son oncle
le prince Xavier. Il prit en mains les
rênes de l’État en 1768 et épousa, l’année suivante,
la princesse Marie-Amélie de Deux-Ponts.
Des réformes profondes, réclamées
par l’esprit de son siècle, signalèrent le commencement
de son règne. En 1778, il prit
part avec Frédéric le Grand, contre l’Autriche,
à la guerre de la succession bavaroise.
En 1791, il refusa la couronne de Pologne,
qui lui était offerte par toute la nation. Dans
la guerre de l’Allemagne contre la Révolution
française, il fournit son contingent (1793) ; mais il se hâta de se retirer en 1796. Entraîné
par les intimidations de la Prusse et de la
Russie, il prit part, en 1805 et 1806, aux hostilités
contre la France. Après la victoire
d’Iéna, Napoléon traita Frédéric-Auguste
plutôt en ami qu’en vaincu, érigea son électorat
en royaume (1806) et lui donna des compensations
territoriales en échange de quelques
districts qui furent ajoutés au royaume
de Westphalie, créé en faveur de Jérôme
Bonaparte. Frédéric-Auguste entra dans la
Confédération du Rhin, obtint le duché de
Varsovie, en 1807, par le traité de Tilsitt, fournit de nombreux contingents à Napoléon
pendant ses guerres et ne cessa, jusqu’au
dernier moment, de se montrer fidèle à l’empereur.
C’est malgré lui que ses troupes se
tournèrent, en 1813, contre Napoléon. Après
la bataille de Leipzig, la capitale de Frédéric-Auguste
fut occupée par les alliés ; lui-même
fut emmené captif à Berlin. Il faillit
perdre la totalité de ses États, réclamée effrontément
par la Prusse, dans le congrès
de Vienne, comme indemnité de ses sacrifices
dans la campagne de France. Elle en
obtint une notable partie. Le grand-duché de
Varsovie, donné, en 1807, à Frédéric-Auguste,
devint la proie de la Russie, et la population
du royaume de ce malheureux prince
se trouva réduite à environ 1,200,000 âmes.
Il eut pour successeur son frère Antoine.
FRÉDÉRIC-AUGUSTE II, roi de Saxe, né
en 1797, mort en 1854, était fils aîné de Maximilien,
frère du roi Frédéric-Auguste Ier. Il fit, avec ses frères Clément et Jean, son
éducation sous la direction de sa mère, la
princesse Caroline-Marie-Thérèse de Parme,
accompagna son oncle à Prague (1813), puis
à Presbourg (1815) et retourna, à la fin de
cette même année, à Dresde, où il termina
son éducation. Il avait acquis la réputation
d’un prince éclairé, libéral, instruit, lorsque
la révolution qui éclata à Paris en 1830 eut
son contre-coup en Allemagne. Le roi de
Saxe, Antoine, avait excité un vif mécontentement
par son gouvernement rétrograde. À la suite d’un mouvement qui éclata à Dresde
au mois de septembre, le roi se vit contraint,
de nommer son neveu corégent. L’arrivée au
pouvoir de ce prince, alors fort populaire,
fut parfaitement accueillie. Frédéric s’efforça
de répondre à l’attente générale en
prenant de sages mesures. Il fit promulguer
une constitution (1831) garantissant les libertés
politiques et civiles des citoyens, donna
aux villes la libre administration de leurs
affaires, supprima les servitudes ecclésiastiques
supportées par les paysans, créa des
banques pour faciliter le rachat de ces servitudes,
réorganisa l’administration de la justice,
etc. Tout en s’occupant de réformes, le
prince Frédéric donna une nouvelle impulsion
aux études scientifiques. Lui-même écrivit,
sous le titre de Flora Marienbadensis
(Prague, 1837), un ouvrage sur les fleurs de
Marienbad, qu’il avait collectionnées et décrites
avec Gœthe. Lorsque le roi Antoine
mourut, en 1836, Frédéric-Auguste fut appelé
à lui succéder. Son avènement ne changea
rien au système gouvernemental, basé
sur la constitution de 1831, et suivi par lui
depuis cette époque. Devenu roi, il eut le bon
sens de renfermer son pouvoir dans le cercle
de cette charte, qui avait organisé le gouvernement
représentatif. Il continua à être
un prince éclairé, juste, humain, grand travailleur,
passant une partie de ses nuits à
régler les affaires publiques. En 1844, il fit
un grand voyage en Angleterre, en Belgique
et en France. En 1848, Frédéric-Auguste introduisit
de nouvelles et importantes améliorations
dans les lois, dans l’administration,
dans les finances, et le peuple, satisfait, resta
tranquille à Dresde pendant que l’insurrection
ensanglantait Vienne et Berlin ; mais,
l’année suivante, lorsque la réaction commença
à reprendre le dessus en Allemagne,
que le parlement national fut dissous et que
la constitution fut supprimée, une insurrection
éclata à Dresde et la république fut proclamée
dans l’espoir d’entraîner l’Allemagne
dans ce mouvement, de rétablir la liberté, le
parlement et la constitution renversés par la
force. Mais le gouvernement prussien envoya
en Saxe des troupes qui détruisirent le
gouvernement républicain. De retour dans
ses États, Frédéric-Auguste, sous la pression
de la Prusse et de l’Autriche, adopta des mesures
essentiellement réactionnaires, terroristes
et despotiques. Forcé d’imposer un régime
contraire à ses idées, le roi de Saxe en
éprouva, dit-on, une peine profonde, car il ne
trouva plus dans le peuple qu’antipathie et
froideur. Frédéric-Auguste avait le goût de
l’étude et des voyages ; il envoyait à Rome
de jeunes artistes pour y étudier et les encourageait
de toutes façons à leur retour. Il
avait formé une magnifique collection d’estampes
et enrichi son jardin de Pilnitz des plantes les plus rares. Il mourut des suites
d’une chute de voiture en revenant de Munich,
ne laissant aucun enfant de Caroline
d’Autriche, qu’il avait épousée en 1829, et de
sa seconde femme, Marie de Bavière, à laquelle
il s’était uni en 1833.
FRÉDÉRIC-AUGUSTE, nom de deux électeurs de Saxe et rois de Pologne. V. Auguste ii et Auguste iii.
FRÉDÉRIC Ier le Victorieux, électeur palatin du Rhin, né en 1425, mort en 1476, était
fils de Louis III le Barbu et frère de Louis le
Doux, qui mourut en 1449, laissant pour lui
succéder un fils, nommé Philippe, âgé seulement
d’un an. Frédéric prit en main l’administration
de l’électorat en qualité de tuteur
de son neveu ; mais bientôt il s’aperçut qu’il
n’avait pas les pouvoirs nécessaires pour
protéger efficacement le Palatinat contre les
agressions de ses voisins. En conséquences
il demanda aux états de lui conférer la souveraineté
et le titre d’électeur, ce qui eut
lieu, en 1452, sous la condition, toutefois,
qu’il aurait pour successeur son neveu Philippe et qu’il ne se marierait pas. Le pape