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pales qualités. À ce point de vue, la Caravane de Marilhat (1867) vaut une toile de 20 pieds, et l’artiste aurait donné les proportions de la nature à ses modèles qu’il n’aurait pas obtenu un effet plus considérable. Nous citerons encore de ce remarquable artiste les Voleurs de nuit et l’Étang dans les oasis, tableaux remarquables qu’il a exposés de nouveau en 1867 ; Centaures ; Arabes attaqués par une lionne (1808) ; Halte de muletiers ; Fantasia (1869), etc. Comme écrivain, il mérite également d’être connu. On trouve, notamment dans un ouvrage intitulé : Un été dans le Sahara (1857, in-18), des pages pleines de vie et de couleur. M. Fromentin a publié, en outre : Visites artistiques (1852) ; Simples pèlerinages (1856) ; Une année dans le Sahel (1858), ainsi qu’un roman très-littéraire, Dominique (1863, in-18), auquel la presse et le public ont fait le plus favorable accueil.


FROMENTINE (GOULET DE), petit détroit qui sépare la partie sud de l’île de Noirmoutiers du département de la Vendée. Largeur, 3 kilomètres.


FROMIE s. f. (fro-mî). Echin. Syn.de linckie, genre d’échinodermes.


FROMMANN (Erhard-André), écrivain allemand, né à Wiesenfeld en 1712, mort en 1774. Il fut prédicateur à Watbeuern et à Garnstadt, puis professeur de langues orientales et de langue grecque à Cobourg (i75fl) et enfin directeur du gymnase de cette ville et de celui de Kioster-Bergen. Ses principaux ouvrages sont : Disputatio de cuiiu deorum (Altorf, 1745, in-4o) ; j)e hermeneuta veteris Ecclesis (Altorf, 1747, in-4o) ; De sacrisJudsorum libris idolorum imagimbus olim feedatis (Altorf, 1759) ; De faeminis quibusdam qux Evangelii véritalem tempore Reformationis défenderunt (Altorf, 1764, in-4<>).


FROMMANN (George-Charles), linguiste allemand, né à Cobourg en 1814. Il étudia la philologie classique à Heidelberg, puis à Berlin. En 1837, il publia, d’après un manuscrit de Heidelberg, le Poème de Troye (Liet von Troye) d’Herbert de Fritzlar. Après avoir fait, de 1840 à 1842, en Allemagne, en Italie et en Suisse, un voyage ayant pour but de recueillir les matériaux nécessaires pour la publication de XHàle italien, de Thomassin, et de la Guerre de Troie, de Conrad de Wurtzbourg, il revint dans sa patrie fonder une institution particulière, et publia le Livre de lecture de la littérature allemande du moyen âge (Heidelberg et Leipzig, 1845), qui a pour basa

I Histoire de la littérature poétique nationale, de Gervinua. En 1853, il fut nommé surveillant des archives et de la bibliothèque du musée germanique de Heidelberg, et devint, en 1865, sous-directeur du même musée. À la mort de Pangkofer (1854), il avait pris la direction du journal les Dialectes de l’Allemagne (Nuremberg, 1854-1859, 6 vol.), qui cessa de paraître en 1859. Il ne s’est pas contenté d’y publier un véritable trésor de matériaux concernant les dialectes allemands, il en a démontré l’authenticité. Le dialecte de Nuremberg lui est redevable d’une édition des Poésies de Grubel et de celles de Weckert. Enfin il s’est occupé de revoir le texte de la traduction de la Bible de Luther, travail qui lui avait été confié par le consistoire supérieur des protestants allemands et dont il avait lui-même le premier donné l’idée dans son écrit intitulé : Proposition d’une révision de la traduction de la Bible du docteur Martin Luther (Halle, 1862).


FROMOND (Jean-Claude), physicien italien, né à Crémone en 1703, mort h Pise en 1795. Il entra fort jeune dans l’ordre des camaldules, montra de remarquables dispositions pour les sciences et fut envoyé par ses supérieurs à l’université de Pise, où il reçut les leçons de Guido Grandi. Le grand-duc de Toscane le nomma professeur de logique, puis de philosophie àl’université de Pise, et, pendant vingt ans, il se livra à l’enseignement avec beaucoup d’éclat. Fromond devint, en 1758, membre associé de l’Académie des sciences de Paris. Ses principaux ouvrages, dans lesquels il traite des points importants de physique et de physiologie, sont : Riposta apologetica ad una lettera filosofica sopra il commercio degli olii navigati procedenti da iuoghi appestati (Lucques, 1745, in-8o) ; Nova et généralis introductio adphilosophiam (Venise, 1748, in-8o)Délia fluidità décorpori (1754, in-4o) ; etc.


FROMONT, hameau de France (Seine-et-Oise), comm. de Ris-Orangis, cant., arrond. et à 7 kilom. de Corbeil, près de la rive gauche de la Seine. Le château de Fromont a appartenu aux templiers d’abord, puis aux rois de France, et ensuite à l’intègre président Jacques-Auguste de Thou. Le parc, renommé jadis pour la beauté de ses cascades, a été converti en institut agricole ; on y voit une magnifique collection des plantes forestières de l’Amérique du Nord.


FROMONT (Libert), théologien flamand. V. Froidmont.


FRONCE s. f. (fron-se — rad". froncer). Techn. Pli défectueux qui se trouve dans le papier et dans les cartes à jouer. || Chacun des petits plis que l’on fait à une étoffe pour la froncer.

— Ride : Avoir des fronces au coin de l’œil. || Vieux en ce sens.


FRONCÉ, ÉE (fron-sé) part, passé du v. Froncer. Plissé, ridé par contraction : Le poing contracté, les sourcils froncés, il dissimule à peine sa rage. (Th. Gaut.)

— Qui a des fronces : Jupe froncée.

Robe froncée, Robe portée par certains docteurs, et qui est extrêmement froncée au haut des manches.

— s. m. Étoffe froncée, froncis : Robe garnie d’un froncé de satin. Poser un froncé de taffetas autour de la passe d’un chapeau.

FRONCEMENT s. m. (fron-se-man — rad. froncer). Action de froncer ; résultat de cette action ; se dit particulièrement en parlant des sourcils : Un froncement de sourcils, un soupir, un bâillement, tout ma fait peur, (H. Berthoud.) Jupiter ébranlait l’Olympe avec le seul froncement de sort arcade sourcilière.’(G. Sand.) ■ v

— Pathol. Rides qui se forment sur la peau ou sur une membrane, après l’écoulement du liquide qui les distendait.

FRONCER v. a. ou tr. (fron-sé — La plupart des étymologistes prétendent que ce verbe tire son origine des plis et des rides qui se forment sur le front, et le rapportent au latin frons, par l’intermédiaire d un verbe fictif frontiare, plisser le front : mais Delâtre préfère le rapporter au hollandais frons, allemand runzel, pour frunzel, ride. Cette étymologie nous semble préférable. — Prend une cédille sous le c devant les voyelles a, o.• Il fronça, nous fronçons). Rider en contractant, en resserrant : Froncer le sourcil, les sourcils. Froncer ses lèvres. Le rhinocéros ne peut ni froncer ni contracter sa peau. (Buff.) Le froid cause des frissonnements, des horripilations, crispe, fronce et noircit la peau. (Virey.)

— Faire des plis, des fronces à : Froncer une jupe, le devant d’une chemise.

— Loc. fam. Froncer le poignet de quelqu’un, Donner de l’argent à quelqu’un, par allusion aux plis qui se forment au poignet quand la main se referme sur quelque chose : Les héritiers du défunt étaient contraints de froncer le poignet des officiaux, archidiacres, etc. (Pasq.)

Se froncer v. pr. Être, devenir froncé : Dans la jalousie, l’envie, la malice, les sourcils du singe descendent et se froncent. (Buff.)

— Antonymes. Défroncer.

FRonche s. f. (fron-che). Bot. Espèce de figuier dont les feuilles sont percées.

FRONCIS s. m. (fron-sî— rad. froncer). Suite de fronces, de plis que l’on fait à une étoffe : Le froncis de cette chemise est bien fait.

FRONÇURE s. f. (fron-su-re — rad. froncer). Action de froncer, de se froncer ; état de ce qui est froncé : 5e charger de la fronçure d’une robe. Cette fronçure est mal faite.

— Par ext Pli, ride : Les fronçures du front.

FRONDAISON s. f. (fron-dè-zon — du lat. frons, frondis, feuille). Époque où paraissent les feuilles. Il Feuillage lui-même : Une abondante frondaison. Quelques palmiers et plusieurs arbres rabougris mêlaient leurs vastes frondaisons agitées aux feuillages sculptés de l’architecture.immobile. (Balz.) ’FRONDANT (fron-dan) part. prés, du v. Fronder : À Paris, on s’amuse de tout en frondant tout ; à Pétersbourg, on s’ennuie de tout en louant tout. (De Custine.)


FRONDANT, ANTE adj. (fron-dan, an-te — rad. fronder). Qui a l’habitude de fronder, de critiquer : Quelle humeur frondante est la vôtre ! || Peu usité.


FRONDE s. f. (fron-de — lat. frons, frondis, feuillage, sans doute de la racine sanscrite bhru, proprement croître). Bot. Nom donné aux organes qui simulent des feuilles chez certains cryptogames : Les frondes des fougères. || Quelques auteurs ont étendu ce nom au feuillage des palmiers.

Encycl. Ce mot, en botanique, a eu des acceptions assez diverses. On l’a employé comme synonyme de feuille, pour les phanérogames, et de thalle, pour les cryptogames. Aujourd’hui, il sert plus spécialement à désigner les organes foliacés des fougères, regardés par plusieurs auteurs comme analogues à des rameaux follifères plutôt qu’à de véritables feuilles. La fronde, en effet, se distingue de la feuille par les caractères suivants : elle est le plus souvent très-développée, subdivisée à plusieurs degrés, disposée par dichotomies ou bifurcations, presque toujours enroulée en crosse dans sa jeunesse ; son pétiole n’est jamais articulé, ni engainant, ni embrassant à la base ; enfin, ce qui caractérise surtout les frondes, c’est que leur face inférieure porte presque toujours les corps reproducteurs.


FRONDE s. f. (fron-de — lat. fonda, mot que Delâtre rapporte à un radical fund, auquel il donne le sens de lancer, précipiter, en sanscrit bundh, qu’il retrouve dans le latin fundo, répandre, et fons, fontaine. L’épenthèse du r dans fronde ne remonte pas au delà du XVIe siècle). Instrument fait d’un morceau de cuir et de deux bouts de corde, avec lequel on lance des pierres ou des balles : C’est avec une fronde que David tua le géant Goliath. La fronde lançait les pierres avec tant de roideur, que ni bouclier ni casque n’en pouvait soutenir l’impétuosité. (Rollin.) Le génie ressemble souvent à la fronde : il tourne longtemps sur lui-même avant de se développer et de lancer ses traits. (Boiste.)

L’un fait voler le plomb que la fronde balance.

Delille.

Mais un fripon d’enfant (cet âge est sans pitié),
Frit sa fronde, et du coup tua plus d’à moitié
La volatile malheureuse.

La Fontaine.

— Nom donné aux frondeurs, dans le moyen âge.

Fronde d’Achaïe, Arme de guerre que les Romains avaient imitée des Achéens.

— Blas. Meuble de l’écu qui représente une fronde à lancer des pierres, mais qui est très-rarement employé : Charbonneau, en Dauphiné : De gueules, à une fronde tortillée, en double sautoir d’or, chargée d’un caillou d’argent et accostée de deux autres du même.

— Archêol. Pierres de fronde, Nom donné à des pierres trouvées dans les cités lacustres, et qui semblent avoir été taillées pour être lancées avec des frondes : Les pierres taillées nommées pierres de fronde ont une forme sphérique ou discoïde, présentant une rainure dans leur partie moyenne, plus ou moins profonde. (Marcel de Serres.)

— Chir. Bandage à quatre chefs, employé spécialement pour les fractures ou les luxations de la mâchoire inférieure.

— Hist. Nom donné à la guerre civile qui troubla les commencements du règne de Louis XIV.

Encycl. La première de toutes les armes de jet a été certainement la pierre lancée avec la main. C’est, en effet, la seule arme que l’homme, dans l’état de nature, ait à sa disposition pour atteindre de loin. Mais on s’aperçut bientôt qu’en imprimant un mouvement de rotation au bras on envoyait la pierre à une plus grande distance, et cette observation dut faire comprendre que si l’on augmentait l’étendue du cercle de rotation on imprimerait une impulsion d’autant plus forte au projectile. De là naquit la fronde, qui fut probablement inventée à l’origine même des sociétés : car les voyageurs modernes l’ont trouvée chez la plupart des nations sauvages de l’ancien et du nouveau monde. Les livres saints racontent que c’est avec un engin de ce genre que David tua le Philistin Goliath.

La Bible nous apprend que, dans la ville de Gabaa, il y avait 700 frondeurs d’une habileté telle qu’un cheveu n’aurait pas été à l’abri dé leur atteinte. (Jud. cap. xx.) Les Hébreux durent emprunter l’usage de la fronde aux Phéniciens. Ils la nommaient kela ; dans le Talmud, elle est aussi appelée fonndah, transcription évidente du mot latin funda. Elle était chez les Hébreux, l’arme de l’infanterie légère (II, Rois, III, 25 ; II, Chroniques, XXVI, 14 ; Juges, XX, 16). Elle servait aussi aux bergers juifs pour repousser les bêtes fauves qui venaient décimer leurs troupeaux (I, Samuel, XVII, 40). La Mischna nous apprend que la fronde juive était en cuir, ou bien en un tissu solide de laine ou de crin ; elfe affectait la même forme que celles qui sont encore en usage chez nous.

— Hist. On a désigné sous le nom de Fronde les troubles qui signalèrent la minorité de Louis XIV. Ces troubles, occasionnés principalement par le déficit des finances, la résistance du parlement à enregistrer les édits royaux et l’hostilité contre Mazarin, resté impopulaire malgré sa souplesse et ses talents, ne datent véritablement que de la journée des Barricades (27 août 1648), après l’arrestation des conseillers Broussel et Charton et du président Blancmesnil ; mais ils étaient préparés depuis la mort de Richelieu et l’entrée aux affaires de Mazarin (1642). Les intrigues et les rivalités de toutes sortes qui s’entrecroisèrent, l’incapacité de la plupart des personnages qui se crurent aptes à les diriger à leur profit, la mobilité capricieuse des idées et des événements, mobilité telle, que l’on vit des généraux comme Turenne et le grand Condé faire combattre leurs troupes, tantôt pour, tantôt contre le roi ; par-dessus tout, le discrédit où tombèrent les chefs subalternes après la pacification, ont fait à la Fronde, dans l’histoire, une place fâcheuse et presque ridicule.

L’origine même du nom de Fronde, donné à toute cette période de troubles qui s’étend de 1648 à 1652, est puérile. Suivant les Mémoires de Montglat, cette dénomination de frondeurs fut donnée aux partisans du parlement, par opposition à celle de mazarins, donnée à ceux du cardinal, à l’occasion d’un mot de jeune homme. Un président de la grand’chambre ayant un jour opiné dans le sens de la cour, son fils, qui était conseiller, s’écria « qu’il fronderait bien les opinions de son père, » faisant ainsi allusion à un jeu alors très-répandu dans Paris et dans lequel les jeunes gens se combattaient à coups de frondes et de pierres, malgré les archers, malgré plusieurs arrêts du parlement. Joly rapporte autrement cette origine ; mais c’est toujours de ce jeu de fronde qu’il est question. Voici comment il s’exprime :

« Le calme, qui parut rétabli pendant quelques jours (en 1648), ne diminua rien de la haine que tout le monde avait contre le cardinal Mazarin ; son seul nom était devenu une injure si odieuse, que les juges donnèrent des permissions d’informer contre ceux qui le donnaient à quelqu’un ; et cela était véritablement nécessaire, parce que ceux auxquels on reprochait publiquement d’être mazarins couraient souvent risque de la vie, ou du moins d’être maltraités par le peuple, comme il arriva plusieurs fois. Ce nom tomba même dans une telle horreur, que le même peuple s’en servait consume d’une espèce d’imprécation contre les choses désagréables ; et il était assez ordinaire d’entendre les charretiers dans les rues, en frappant leurs chevaux, les traiter de… de mazarins.

« D’un autre côté, ce nom devint aussi d’une conséquence très-dangereuse, en ce qu’il servait à marquer un parti. Ceux qui tenaient pour la cour étaient appelés mazarins, et les autres frondeurs. Tout le monde se divisa par ces deux noms, qui causaient même des brouilleries dans les familles entre les pères et les enfants, les maris et les femmes, les frères et les sœurs ; mais avec cette différence que le premier passait pour une injure dont tout le monde se fâchait, ceux même qui étaient dans le parti de la cour, au lieu qu’on se glorifiait de l’autre.

« Ce terme de frondeur vient de ce qu’en ce temps-là, et dès l’année précédente, les garçons de boutique et autres jeunes gens s’assemblaient en différents lieux où ils se battaient à coups de fronde, malgré les archers qui ne pouvaient les en empêcher. Le sieur de Bachaumont, conseiller au parlement et fils du président Le Cogneux, l’appliqua un jour en riant aux assemblées du parlement, en disant que la cour viendrait aussi peu à bout de ses desseins dans le parlement que les archers des leurs à l’égard des frondeurs ; de sorte que ce nom se donna premièrement à ceux qui opinaient vigoureusement, et depuis à ceux qui se déclaraient contre le cardinal ; et il devint tellement à la mode, qu’il n’y avait rien de bien fait qu’on ne dît être à la Fronde ; les étoffes, les rubans, les dentelles, les épées, et presque généralement toutes sortes de marchandises, jusqu’au pain, rien n’était ni beau ni bon s’il n’était à la Fronde ; et pour désigner un homme de bien, il n’y avait pas d’expression plus énergique que celle de bon frondeur. » Le cardinal lui-même contribua à accréditer ce qui n’était d’abord qu’une plaisanterie. Dans un moment de réconciliation entre le parlement et lui, il dit en badinant aux députés de la compagnie qu’il était devenu frondeur, et leur fit voir son chapeau garni d’une fronde en guise de cordon.

La Fronde eut deux périodes distinctes que l’on désigne quelquefois sous le nom de première et de deuxième Fronde. Dans la première, pour marquer une des singularités de cette étrange guerre civile, Condé, le vainqueur récent de Lens, est pour le roi, Anne d’Autriche et Mazarin, contre le prince de Conti et le duc de Beaufort qui vient se mettre à la tête des parlementaires ; dans la seconde, c’est Turenne qui défend le roi contre Condé, lequel a pris le commandement des troupes de la Fronde.

Mais avant les batailles rangées il y a la guerre des rues, la guerre des barricades et des pamphlets. Mazarin avait à peine pris en main le pouvoir que toutes les vieilles haines ressuscitèrent, fermentées par un levain nouveau ; les résistances, que la puissante main de Richelieu avait domptées, se réveillèrent plus fortes. Les mécontents et mécontentes exilés, Châteauneuf, Mme de Chevreuse, Mme d’Hautefort, revinrent à Paris ; le duc de Beaufort, s’évadant de Vincennes, venait donner un chef au parti populaire ; Gondy, le coadjuteur, célèbre sous le nom de cardinal de Retz, se préparait, par de sourdes menées, à jouer le grand rôle politique qu’il rêvait ; et au-dessus de toutes ces intrigues et de toutes ces ambitions planait la conduite louche du duc d’Orléans, Gaston, qui restait dans une indécision calculée. Le mauvais état des finances, mises à sec autant par les dilapidations que par les dépenses de la guerre de Trente ans, vinrent porter le dernier coup à la situation chancelante de la cour et de Mazarin. Le parlement (13 mai 1648) refusa d’enregistrer un édit fiscal autorisant une retenue de quatre années sur les honoraires de tous les officiers des cours souveraines ; en vain Mazarin, pour s’assurer de ce grand corps, avait-il pris soin d’excepter de cette mesure les membres mêmes du parlement ; cette finesse diplomatique échoua. Le parlement, se hâtant de profiter de sa victoire, forma une ligue avec les cours supérieures du royaume, et sous le nom d’édit d’union promulgua une sorte de projet de constitution qui assurait à la magistrature une intervention efficace dans les affaires de l’État. Mazarin fit casser l’édit d’union par le conseil d’État ; le parlement maintint sa résolution et invita les trois autres compagnies souveraines à envoyer leurs délégués (15 juin). Les deux premiers pouvoirs ainsi posés face à face, une crise était inévitable. Mazarin jugea qu’il fallait céder, accepta l’édit d’union et permit aux délégués de se réunir pour étudier une nouvelle loi de finances (30 juin). Ce ne fut qu’une halte, un moment de répit. Pendant que le parlement délibérait et augmentait chaque jour ses exigences, la reine et son entourage décidaient le cardinal à faire tenir au jeune roi un lit de justice (31 juillet), dans lequel cette nouvelle organisation de la justice et des finances, concédée le mois précédent au parlement, fut déclarée reprise par l’autorité royale. Un silence glacial accueillit la lecture de l’édit, et dans la réponse d’Omer