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grande mode, et de loin l’on venait tout exprès grignoter la galette du Gymnase. En vain la bise et le froid faisaient rage sur le boulevard assombri ; en vain le soleil ardent brûlait l’asphalte sous le pied des promeneurs. On faisait halte en ce lieu de bénédiction, on rendait hommage à la déesse bien et dûment feuilletée qui avait là ses sacrificateurs et ses dévots. La grisette et l’étudiant y accouraient bras dessus bras dessous en folâtrant : deux sous de galette ! Combien n’avaient point d’autre repas le matin, à midi et le soirt Le provincial s’arrêtait pour contempler la dextérité, la promptitude et la justesse de coup d’œil avec lesquelles l’actif et infatigable couteau de la marchande divisait les bouillantes galettes et en distribuait les morceaux à la foule toujours renouvelée ; et, de retour à Brive-la-Gaillarde, il contait à sa famille étonnée comme quoi, lui aussi, il avait vu de près la fameuse yalette du Gymnase, comme quoi il en avait avalé coup sur coup pour trois fois deux sous. On racontait les diverses fortunes de l’établissement, qui enrichissait son homme en moins do dix années. Humblement fondé par un pâtissier à qui le public avait appliqué le sobriquet de M. Coupe-Toujours, cet établissement avait pris un tel développement qu’il n’occupait pas moins de trente personnes toutes logées et nourries sur place. Cette maison atteignait un chiffre d’affaires dont on donnait une idée en avançant que 6,000 livres de papier suffisaient à peine chaque année pour envelopper les morceaux de galette distribués aux consommateurs. On contait encore que la propriété de la yalette du Gymnase avait passé dans plusieurs mains en nmins de vingt années. Au bout d’un certain temps, M. Coupe-Toujours, devenu possesseur d’une belle fortune, se retirait à Villed’Avray ou à Saint-Cloud ; il achetait, pour y reposer sa grasse et savoureuse personne, le château de quelqu’un de ces lions qui, pour l’amour de Marco, s’étaient gonflés de galette à son étalage, les soirs de bonne fprtune ou de première représentation.

Aujourd’hui, la galette du Gymnase, quoique toujours célèbre, est bien déchue de son ancienne splendeur ; les grands mangeurs et les belles mangeuses de yalette ont disparu en partie. M. Jules Janin en dit la raison à la façon d’un vieillard qui voit un peu de ses beaux jours retourner au néant ; selon lui, l’omnibus à six sous avait enlevé sa plus nombreuse clientèle à cette galette qui avait tué toutes les concurrences ; l’omnibus a trois sous lui porta le coup de grâce. La crinoline et la confection des jupes longues ont fait la reste. « Allez donc, dit-il, proposer à ces dames couvertes de dentelles un temps d’arrêt sur ce boulevard où la grisette a laissé sa légère empreinte ? Offrez donc à ces bouches délicates, pour qui furent inventées la puréo de-faisan et les suprêmes de volaille, de toucher cette pâte ferme, la joie et le bonheur de leur grand’mère ? À la galette du Gymnase, il fallait deux petits pieds, un jupon court, dix-huit ans, un chapeau de 15 francs, une robe de 15 sous et des gauts frais ; mais la dame était ses gants et les enfouissait dans sa poche avant de toucher a la galette. Ainsi contents et bien lestés, nous allions au paradis (nous en savions tous les chemins) ’ pleurer au Mariage de raison, ou sourire au Plus beau jour de la vie. C’était le bon temps, le temps joyeux de la pauvreté, l’heure active et légère des honnêtes amours. La galette enseignait ceci à ses adeptes ; Vivez de peu, soyez content de tout. Le moyen d’être ambitieux, de songer à la puissance, it l’argent, aux misérables honneurs de la politique, quand, pour deux sous de galette, on peut se donner tous ces contentements l » Partant de là, M. Jules Janin prononçaitc’était en 1805 — l’oraison funèbre de la galette du Gymnase ; mais cette oraison funèbre peut aller retrouver celle où 1 évêque de Poitiers décernait la palme du martyre à certain zouave pontifical qui, pendant ce temps, faisait bombance en aimable compagnie. Comme le zouave, la galette du Gymnase est oien portante, et le bruit de sa mort n’a été qu’une fausse alerte. Allons, Cascadette, pas d’indigestion I

CA1ETTJ (Jean-George-Augusie), fécond historien allemand, historiographe du duché de Gotha, né à Altenbourg en 1750, mort en 182g. Il fut professeur au gymnase de Gotha, puis conseiller aulique. Il a laissé de nombreux ouvragés, qui ont eu en Allemagne un succès populaire. rJous citerons : Histoire du duché de Gotha (1779-1781) ; Histoire de la T/turinge (1782-1785) ; Histoire d’Allemagne (1785-1819, 10 vol.) : Histoire de la Révolution française (18U) ; Histoire de la civilisation des trois derniers siècles (18U) ; Histoire de la Grèce (1826, 2 vol.).

GALETTOIRE s. f. (ga-lè-toi-re — rad. galette)- Poêle sans rebord ou -avec un rebord Ïieu élevé, sur laquelle on fait cuire les gaettes en bouillie de sarrasin.

GALEUX, EUSE adj. (ga-leu, eu-zerad. gale). Atteint de la gale : Un mendiant galkux. Un chien galeux. Une brebis galeuse. L’immense population des juifs indigents de Poloijne est presque toute galeuse. (Fournier.) h Qui résulte de la gale, qui est produit par la gale, qui appartient à la gale : Des pustules galeuses. Lorsque les plaies galeuses des pores s’étendent au confluent, qu’elles suppurent beaucoup et rendant la peau

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épaisse et lardeuse, c’est- une marque que la gale est maligne et très-difficile à quérir, (Wiborg.)

— Pig. Atteint d’un mal moral contagieux : Une société galeusk.

Dans ce monde galeux, passe et marche tout seul, A. Barbier.

Brebis galeuse, Personne vicieuse qui communique ses vices ; cette expression est empruntée aux livres saints.

— Techn. Verre galeux, Verre qui, par suite de sfc vitrification plus ou moins avancée, présente une multitude de grains solides, sortes de sphéroïdes de cristaux irradiés, disséminés dans une matière encore molle.

— Hortic. Se dit des plantes couvertes de protubérances qui constituent ce qu’on appelle la gale des végétaux : Le bois de bergamote est sujet à devenir galeux. (La Quintinie.)

— Prov. Jl ne faut qu’une brebis galeuse pour infecter un troupeau, Une seule personne vicieuse peut corrompre toute la société que cette personne fréquente, il Qui se sent galeux se gratte, Celui qui se sent coupable s’applique ce qui s’adresse aux coupables. On dit dans le même sens : Qui se sent morveux se mouche.

— Substantiv. Personne galeuse : Il suffit de toucher la main d’un galeux pour contracter soi-même la maladie. (Virey.)

— AllUS. hist. Ce pelé, ce galeux, d’où

venait tout leur niai", Vers de ta fable des Animaux malades de la peste. V. animal.

GALFIUD ou GALHUDUS, nom de plusieurs personnages du moyen âge. V. Gt ; oF PBOI.

GALGACUS, vaillant chef gallois des montagnes de la Calédonie, qui en défendit l’accès aux Romains. L’histoire fournit bien peu de renseignements sur lui ; Tacite seul nous a conservé son nom et sa mémoire en même temps qu’il met dans sa bouche un des plus beaux morceaux oratoires. Le discours de Galgacusà ses montagnards, au moment d’en venir aux mains et pour les encourager à livrer une bataille desespérée, est resté célèbre ; nous n’en donnons pas ici la traduction, qui figure déjà au mot ersk, où nous renvoyons le lecteur.

GALGAL s. m. (gal-gal — du gaél. gai, caillou). Archéol. Tumulus celtique composé de terre et de cailloux, et renfermant une crypte : La plaine voisine du village appelé les Iloussis, dans l’Isère, offre une grande quantité de galgals. (Legoarant.)

— Encycl. Les galgals, monuments funéraires que l’on rencontre fréquemment dans certaines parties de la France, notamment dans la Bretagne, sont d’un intérêt incontestable, bien que complètement dépourvus de conditions artistiques. Ce sont des tumulus en forme de cènes, composés d’un grand nombre de pierres ; on nomme barros ceux qui sont formés avec de la terre. Ces tumulus ne sont pas toujours circulaires à leur base ; ils sont elliptiques lorsqu’on y a enseveli un grand nombre d’individus, après une bataille, par exemple ; ils forment alors de véritables ossuaires d’une grande étendue, ordinairement orientés de l’est à l’ouest. Lorsque ces tumulus forment une sépulture de famille, ils présentent à l’intérieur des dispositions particulières ; des chambres sépulcrales, composées de pierres brutes comme les dolmens, renferment un ou plusieurs individus couchés ou assis ; des corridors joignent ces chambres ; dans d’autres cas, une seule salle allongée occupe l’étendue de la colline, et forme une galerie couverte ; tous les squelettes y sont rangés comme dans une sépulture commune ; enfin, les constructions qui occupent le centre de ces monuments sont quelquefois cimentées : alors, on peut généralement considérer la sépulture comme ayant une origine romaine. Quelques collines factices étaient considérées comme sacrées ; il en est d’autres dans lesquelles on reconnaît évidemment un but militaire ; elles sont tronquées par le haut pour contenir un certain nombre de combattants ; un large fossé les environne ; souvent elles se lient à une ligne de défense, à un agger formé par un long talus de terre qui ressemble à nos remparts avancés. Ces constructions militaires sont d’un grand intérêt historique, parce qu’elles font souvent partie de l’enceinte d’un camp, ou d’un de ces oppida dans lesquels se réfugiaient les populations gauloises à l’approche de l’ennemi. Au reste, les archéologues ne sont point d’accord sur la question de savoir si les Gaulois avaient des villes à fortifications permanentes. Il est impossible de préciser l’époque à laquelle les Celtes et les Gaulois commencèrent à élever des monuments religieux et militaires ; toutefois, leur grand nombre indique suffisamment que ce fut durant une longue période. On cessa, sans doute, d’en ériger après la conquête de César, et plus particulièrement lorsque Tibère défendit le culte druidique et persécuta ses prêtres.

GALGALA, ancienne ville de Palestine, tribu de Benjamin. On l’appelle aussi Gilgal. La Bible nous apprend que l’arche sainte séjourna longtemps à Galgala.

GALGALE s. f. (gal-ga~ !e). Mar. Mastic inventé par les Indiens pour enduire la carène des navires : Les Indiens composent la gal-

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gale mieux que nous. (Willaumez.) n Composition de chaux", d’huile et de goudron dont on forme un mastic pour enduire la carène des vaisseaux avant de leur appliquer un doublage.

GALGULE s. m. (gal-gu-le). Ornith. Syn. de

ROLL1KR et de M1CROSCÉLIDB.

— Entom. Genre d’insectes hémiptères hétéroptères, type de la famille des galguliens, formé aux dépens des naucorises, et comprenant plusieurs espèces, qui habitent Je Mexique et l’Amérique du Sud ; Les galgulus vivent de proie, se tiennent sur le bord des eaux et s’enfoncent dans la vase. (C. d’Orbigny.)

GALGULIEN, IENNE adj. (gal-gu-li-ain, iéne

— rad. galgule). Entom, Qui ressemble ou qui se rapporte aux gaigules.

— s. m. pi. Famille d’insectes hémiptères hétéroptères, ayant pour type le genre galgule.

GALHAUBAN s. m. (ga-lo-ban). Mar. Nom donné aux longues manœuvres qui servent à étayer latéralement les mâts de hune et de perroquet, et qui sont attachées d’une part à 1 extrémité de ces mâts, de l’autre à la muraille du bâtiment.

GALIIEGOS (Manoel), poète portugais, né à Lisbonne en 1597, mort dans cette ville en 1665. il habita longtemps Madrid, où il se lia intimement avec Lope de Vega, fut comblé d’honneurs à la cour de Philippe IV, composa plusieurs pièces de théâtre et acquit une grande réputation comme poëte. Devenu veuf, Galhegos se jeta dans les pratiques les plus ardentes do la religion, entra dans les ordres et alla terminer ses jours dans sa patrie. Outre quelques comédies médiocres, dont là plus remarquable a pour titre : l’Homme d’honneur et prudent (El hombre honrado y prudente), on a de lui ; la Giyantomachia ou Guerre des géants contre Jupiter (Lisbonne, 1628, in-m), poème en cinq chants ; l’emplo da memoria (Lisbonne, 1630), poème en quatre chants, devenu fort rare ; Poesias vuiïas (1G37, in-8o). On trouve, dans les poésies de Galhegos, une imagination brillante, des pensées originales, un style élégant et pur, mais trop souvent aussi les recherches du gongorisme le plus raftiné.

GALI s. m. (ga-li). Bot. Nom qu’on donne quelquefois à l’indigotier.

GALI (François), navigateur espagnol da xvie siècle, quelquefois désigné par des auteurs sous le nom de Guaiie. il fut chargé, en 1582, par le vice-roi du Mexique, d’explorer la côte septentrionale de l’Amérique, afin d’y trouver un bou mouillage où viendraient relâcher les navires arri vaut des Philippines. Parti d’Acapulco avec deux navires, Gali découvrit la Nouvelle-Californie, et y aborda à l’endroit où s’élève aujourd’hui San-Francisco. Ue retour au Mexique, Gali rédigea la Relation de sou voyage, qui a été traduite en hollandais par Linschoten (1590), et plus tard en français (Amsterdam, 1010).

GALIA s. f. (ga-li-a). Pharm. Préparation de noix de galle, de dattes vertes et de myrobobans embliques.

GALIACÉ, ÉE adj. (ga-li-a-sé — du lat. galium, caille-lait ou gaillet). Bot. Qui ressemble ou qui se rapporte au caille-lait ou gaillet. Syn. de rubiace et d’ASPËRULÉ.

— s. f. pi. Division de la famille des rubiacées, comprenant les genres caille-lait ou gaillet, garance, et, en général, tous ceux qui ont des feuilles verticillées et qui croissent en Europe. Syn. d’ASPÉRuLÉKs et d’ÉTOiLÉES.

— Encycl. V. rubiacé.

GALIANCONISME s. m. (ga-li-an-ko-ni-sme

— du gr. gale, chat ; agkàn, coude). Chir. Atrophie et raccourcissement du bras dus à une ancienne lésion de l’humérus, avec amaigrissement du membre.

GALIANI (Ferdinand), homme d’État, littérateur, économiste italien, né à Chieti, dans l’Abruzze citérieure, en 1728, mort à Naples en 17S7. Dès l’âge de huit ans, il fut envoyé à Naples, chez son oncle, alors premier chapelain du roi’, où il lit ses premières études avec son frère Bernardo, un peu plus âgé que lui. En 1740, les deux frères entrèrent chez les Célestins, et l’oncle partit en mission pour Rome. Le P. Bonafede, gastronome et théologien distingué, fut, dit M. Salli, particulièrement le précepteur du jeune Galiani. Quand leur oncle revint de Rome, ils s’établirent de nouveau dans le palais archiépiscopal, commencèrent leur cours de droit et prolitérent avidement des fréquentes réunions de tout ce que l’université de Naples possédait alors de savaDts remarquables. Le jeune Ferdinand apprit la législation sous Marcello Cuano. Parmi les savants habitués du palais de l’archevêque, il faut citer ; Nicolo Capasso, le satirique ; le chanoine Mazzocchi, remarquable par l’étendue de ses connaissances ; Agostino Ariani, mathématicien distingué ; FrancescoSerao, physicien non moins instruit, et le célèbre Giainbattista Vioo. Les enfants écoutaient avec curiosité les conversations tenues autour d’eux, et les paroles de tous ces savants tombaient dans leur âme comme le grain dans le sillon ouvert. Ferdinand surtout, doué d’une intelligence très-précoce, s’initiait avec bonheur aux mystères de l’archéologie, de la philosophie, de lu littérature et de l’histoire ; mais c’étaient l’économie

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politique et le commerce qui l’attiraiunt invinciblement. Nommé, à l’âge de seize ans, membre de l’Académie des émules, où il fît connaissance de Pasquale Carcani, il prit pour sujet de thèse l’état de la monnaie au temps de la guerre de Troie : ce fut le point de départ de son Traité sur les monnaies, publié en 1750. Il traduisit ensuite de l’anglais le travail de Locke sur la monnaie et sur l’intérêt da l’argent. À dix-huit ans, il s’efforça de dégager des fictions de la poésie et des muges de la fable 1 ancienne histoire des navigations de la Méditerranée, recherches qui lui ont servi à écrire son livre : Sur les devoirs des princes neutres envers tes princes belligérants, et de ceux-ci envers les neutres, dont on invoque encore aujourd’hui l’autorité. Deux mémoires signalent encore son entrée à cette Académie : Si la pussion de l’amour peut convenir à une âme bien née, et VAmour platonique ; mais ce n’était pas sur des sujets aussi minces qu’un esprjt de la trempe de celui de Galiani pouvait longtemps s arrêter. Un autrâ mémoire plus sérieux, sur la maison de campagne de Lucullus (Castrum Lucullanum), répondait davantage à ce qu’on attendait de lui et mérita les éloges du célèbre Mazzocchi. Il était plongé dans ces travaux, lorsque son frère Bernard, qui était d’une autre Académie et qui venait d’être chargé d’y prononcer un discours sur la Conception de la Vierge, le pria de le remplacer dans cette tâche. Galiani se présenta au jour dit avec sa harangue. Mais le président, se déliant d’un orateur de cet âge, ne voulut pas le laisser parler et debitaun discours de son cru. Le jeune homme jura de se venger ; l’occasion ne se /it pas attendre. D’après un usage établi dans cette Académie, tout grand personnage mon à Naples devait être célébré par des Éloges en prose et en vers de tous les académiciens. Le bourreau mourut, et Galiani, avec la collaboration de son ami Pasquale Carcani, composa, dans 1 espace de quelques jours, quantité de pièces très-graves, affectant le style de chacun des académiciens. Cette publication, intitulée • Componimenti varj per la morte ai Domenico Januoccone, carnefice délia gran carte délia vicaria, dati in luce da Giannantmiio Sergio, avocato nnpolîtano (ce Sergio était le président de l’Académie), fit scandale, mais eut un énorme succès de rire. Les deux jeunes fous se dénoncèrent eux-mêmes pour désarmer la justice, et on se contenta de leur appliquer une peine insignifiante, connue sous le nom d’exercice spirituels. Galiani fit oublier cette folie de jeunesse en mettant au jour son Grand traité sur la monnaie, inspiré par la hausse survenue dans le prix des denrées à la suite de la surabondance de l’or et de l’argent d’Espagne, d’Allemagne et de France. Galiani n’avait alors que vingt ans. L’ouvrage était anonyme, mais l’auteur, en voyant le succès, se fit connaître et recueillit de magnifiques bénéfices, deux entre autres qui le décidèrent à entrer dans les ordres mineurs. Le nouvel abbé partit ensuite pour Rome, où il fut parfaitement accueilli parle pape Lmnbertini. Ce n’est pas tout : à Florence, les Académies de la Crusca et Colu nuaria le reçurent d’emblée parmi leurs membres ; à Bologne, à Venise, à Padoue, mêmes triomphes. Un trait assez curieux : le jeune Galiimi faisait à son oncle ia lecture de tous les livres nouveaux, et lui lisait un jour le Traité de la monnaie. L’archevêque admira ce livre et saisit l’occasion de reprocher à son neveu la légèreté de son esprit, qu’il gaspillait sans penser à rien de sérieux ou d important. Quelle fut sa surprise quand il apprit la vérité I Lorsque Galiani découvrit son nom, quelques vieux docteurs jaloux de sa science précoce répandirent le bruit qu’il était incapable d’un pareil ouvrage, etquoBartoloinco Intieri le lui avait dicte tout entier. L’abbé Intieri était un ami de Galiani, qui léfréquentait très-assidûment à Naples. Dujà plus qu’octogénaire, il réunissait autour de lui l’élite des lettrés et des savants dont lui-même était un des plus distingués, surtout comme mécanicien. Il avait inventé autrefois l’ingénieuse machine de l’étuve à blé, employée avec succès dans plusieurs parties du royaume, et désirait que son usage en fut plus répandu. A cet effet, il emprunta la plume de Galiani, et l’ouvrage parut en 1754, eu in-l°, sous ]e t ;. tre : Délia perfetta conservazione det grano ; discorso di Bartholomèo lntie>-i, avec des planches gravées d’après les dtssins de Beinardo Galiani, frère de l’auteur. Galiani s’était le premier occupé de rassembler des échantillons des matières volcaniques du Vésuve. Il fit hommage à Benoit XIV de sa collecfion, répartie en sept caisses, sur.l’une desquelles il avait mis cette suscription ■ Bea/issime pater, fac ut lapides isii panes fiant. Le pape réalisa son vœu en lui donnant un bénéfice de la valeur de 400 ducats de rente. Galiani consolida sa renommée d’antiquaire par des mémoires très-savants, qui furent insérés dans le premier volume des Antiquités d’Herculanum. À la mort du pontife, il fît son oraison funèbre, et Diderot dit que 1 c’est un morceau plein d’éloquence et de nerf. » Au milieu de l’année 1759, il fut envoyé à Paris en qualité de secrétaire du mi’.rqnis de Castromonte, seigneur espagnol qui joignait beaucoup de paresse k peu de facilité ; mais le ministre Tanucci correspondait directement avec le secrétaire d’ambassade. L’ambassadeur, comme tous les gens à peu près nuls placés dans cette position, devint jaloux et