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escorter de Mexico a !a Vera-Cruz, où il devait s’embarquer. Toutes ces précautions n’empêchèrent pas son convoi d’ê.tre pillé, et ce fut k grand peine qu’il revint k Paris, pauvre, mais non découragé. Il ouvrit des cours de chant, qui furent assidûment suivis par un grand nombre d’artistes et d’amateurs distingués, et, de temps en temps, il reparaissait sur la scène dans les rôles de bon Juan et d’Almaviva. Mais sa voix, profondément fatiguée, ne rencontra plus dans le public les chaleureuses sympathies d’autrefois, et lui-même sentit que sa carrière de chanteur était terminée. Il se livra dès lors à renseignement et k la composition, jusqu’à sa mort (2 juin 1832). On pourrait dire que Garcia n’a pas eu de rival comme acteur et comme chanteur. Cette, réunion étonnante de qualités scéniques s’est rarement rencontrée k un pareil degré chez un individu. Un jour, c’était l’élégant Almauiva, si leste et si grand seigneur, ou bien Bon Juan lançant sa sérénade insolemment railleuse ; le lendemain apparaissait le sauvage Otetto, rugissant et secouant sa chevelure noire dans un terrible accès de furieuse jalousie. Quelle satanique insolence dans ce Bon Juan qui délie le ciel, un pied sur le cadavre d’un père, la main appuyée Sur le mur « chaud encor du viol d un enfant ! » Ne dirait-on pas Satan précipité du ciet, et lançant dans sa chute, vers cette demeure à jamais perdue, un regard de haine dédaigneuse et d’infernale ironie ? Qui pourra jamais nous rendre Garcia ?

Gomme compositeur, Garcia occupe un rang bien inférieur. Sans nier le mérite ni contester le succès du Culifo di Bagdad k Naples et de quelques autres partitions, rien n’a survécu des quarante opéras ou opérascomiques qu’il a fait représenter, tant en France qu en Italie, en Angleterre et en Amérique. Il abusait de sa facilité de composition, et acceptait sans’ contrôle toutes les idées musicales qui se présentaient k sa plume. Aussi se consolait-il facilement de la chute de certains ouvrages’, en raison du peu de travail qu’il s’était donné pour les faire. Du reste, le chanteur compense largement le compositeur, et un bel opéra n’eût, pour ainsi dire, rien ajouté k sa gloire.

Les meilleurs élèves de Garcia sont : Mme Malibran, Mme viardot, ses filles ; ilWss Rimbaut, Méric-Lalande, Favelli et Merlin ; MM. Adolphe Nourrit, Géraldy et Manuel Garcia, son fils.

GARCIA (Manuel), chanteur et professeur de chant, fils du précédent, né en 1805. Il étudia d’abord la.musique à Madrid et k Paris sous différents maîtres peu connus ; a l’âge de quinze ans, il prit’de M. Fétis quelques leçons d’harmonie. À la même époque, Vicente Garcia avait commencé l’éducation vocale de son fils, éducation qu’interrompit presque à l’origine le départ de la famille pour New-York. Les nécessités du répertoire contraignirent Manuel k remplir les rôles de seconde basse, malgré son peu d’expérience et comme chanteur et comme acteur. De retour en Europe, Manuel, dont la voix avait toujours été mauvaise, renonça pour toujours au théâtre, et seconda-son père dans le cours de chant que ce dernier avait ouvert k Paris. Manuel étudia sérieusement la conformation de l’organe vocal, les limites des différents registres, le mécanisme de l’appareil laryngien dans le chant, et présenta sur ce sujet, en 18-10, à l’Académie des sciences, un- Mémoire sur la voix humaine, qui lui valut les félicitations de l’Institut, Nommé professeur de chant au Conservatoire de Paris, M. Garcia publia un Traité complet de l’art dû chant en deux parties, écrit à l’usage de ses élèves et surtout des professeurs, excellent ouvrage théorique, dans lequel abondent des idées aussi justes que neuves, jointes à une démonstration irréfutable. Dans le cours de son enseignement, ce professeur a formé, entre autres élevés : M»>c Eugénie Garcia, sa femme, la célèbre Janny Lind et M11» Nissen. Vers 1850, il s’est démis de son emploi au Conservatoire de Paris, et s’est fixé k Londres, où il continue d’une manière brillante l’enseignement du chant.

GARCIA (Eugénie), femme de Manuel Garcia, née k Puris vers 1818. Elle se fit entendre avec le plus grand succès sur les théâtres d’Italie, de 1836 k 1839 ; tigura, en 1840 et 1841, au nombre des artistes de l’Opéra-Comique de Paris ; fut engagée k Londres les deux années suivantes, et, enfin, termina sa carrière musicale à Milan, en 1846. Retirée du théâtre, et séparée de son mari, elle s’est fixée k Paris, où elle y professe le chant. GARCIA (Maria). V. Malibran (M«t), GARClA’(Pauline). V. Viakdot (Mme).

GARCIA-GUTIEUREZ (Antonio), auteur dramatique espagnol, ué^ à Chiclana en 1812. Il avait commencé ses’études médicales à Cadix. ; mais ij ne tarda pas k y renoncer pour suivre le penchant qui l’entraînait vers la poésie. Il eut d’abord k lutter avec la misère ; les articles qu’il réussissait k faire insérer dans les journaux lui rapportaient k peine de quoi suffire k ses besoins les plus pressants, et ses premiers essais dramatiques furent refusés par les directeurs de théâtre. En 1836, il réussit cependant k faire représenter au théâtre del Principe, k Madrid, sa tragédie Et Trovador, qui excita le plus vif enthousiasme et fit aussitôt de Garcia l’auteur fa GARC

vori du public madrilène. Parmi les pièces qu’il fit jouer ensuite, celle qui a pour titre : El encubierto de Valencia, obtint seule un succès franchement dessiné ; les tragédies El page et La campana de Huesca ne furent pas accueillies favorablement, malgré les beautés réelles qu’elles renferment. Le poète, mécontent de voir son talent méconnu, s’embarqua, en 1844, pour l’Amérique, où il habita d’abord k Cuba, et plus tard k Mérida, dans le Yueatan. À son retour en Espagne, il fut nommé membre de la junte supérieure des théâtres, et chargé par le ministère d’une mission à Londres. Il continua de travailler pour le théâtre. Parmi ses œuvres de cette époque qui obtinrent le plus de succès, il faut citer en première ligne les tragédies intitulées : Simon Bocauegra, et surtout la Vengansa catalana. M. Garcia-Gutierrez est incontestablement l’auteur dramatique le plus remarquable de l’Espagne k i>otre époque. Il surpasse tous les autres poètes par son talent à manier le vers, et ses drames abondent en passages lyriques d’une rare beauté. Cependant, sos, poésies lyriques, qu’il a réunies sous le titre de Luz y tinieblas (Lumière et ténèbres) (Madrid, 1861, 2 vol.), ne s’élèvent pas au-dessus d’une honnête médiocrité.

GARCIA DE MASCARENHAS (Braz), poète portugais, né k Avo.(province de Beira) en 1500, mort en icbc. Il était encore sur les bancs de l’université de Co’fmbre lorsque, par suite d’une passion amoureuse, il se battit en duel et fut jeté en prison. Étant parvenu k s’échapper, il’gagna, sous des habits de pèlerin, les frontières d’Espagne, fut attaqué en route par des brigands, finit par arriver k Madrid, où il séjourna une année ; puis, poussé par le désir de revoir son pays, il s’embarqua k Cadix. Pendant la traversée, Garcia tomba entre les mnins des Barbaresques. Fort heureusement, il se vit bientôt après délivré par les Hollandais, et continua sa vie errante, sa vie d’aventures, k travers l’Italie, la France et l’Espagne, jusqu’en 1614. À cette époque, il passa au Brésil avec le grade do sous-lieutenant, s’y battit contre les Hojlandais pendant neuf ans, puis retourna en Portugal et fut nommé gouverneur d’AIfaiates. Une correspondance amicale, qu’il eut alors avec un officier espagnol, le lit accuser d’avoir pris part k ui.e conspiration fomentée par la cour d’Espagne, dans le but de replacer sous le joug de cette puissance le Portugal, qui venait de s’en affranchir. Emprisonné, comme coupable du crime de haute trahison, dans la tour de Sabugal, Garcia était menacé d’une longue détention. II résolut de s’adresser à Jean IV pour lui exposer sa situation et lui faire connaître son innocence. Il voulait composer en vers une lettre au roi ; mais il lui manquait le papier, la plume et l’encre nécessaires. Fort heureusement, on lui avait laissé une Flos sanctorum, et rien ne rend ingénieux comme la captivité. Garcia eut l’idée de découper les lettres de cet ouvrage ; puis, sur une feuille blanche arrachée du livre, il colia une k une toutes les lettres nécessaires k la rédaction de son épître, qu’il rit parvenir à Jean IV par l’intermédiaire d’un soldat. Le souverain, convaincu de sa loyauté et charmé de ses vers, lui rit rendre sur-le-champ sa liberté et son gouvernement, lui donna un grade supérieur, et le nomma par la suite inspecteur de la cavalerie du district d’Esgueiro. Sur la fin de sa vie, Garcia se retira dans le lieu où il était né, et termina paisiblement son existence. Il avait composé des élégies intitulées : Ausencias brasiteiras, des romances, des sonnets, plusieurs drames religieux, qui furent très-applaudis, et un poème intitulé : Viriato tragico. Comme il ne lit rien imprimer de son vivant, presque toutes ses

fioésies ont été perdues. Le seul ouvrage de ongue haleine qui nous reste de lui est le Viriato, en vingt chants et en octaves, publié pour la première fois k Coïmbre, en 1699, in-4», et réédité à Lisbonne en 1854. Cet ouvrage, dont le héros est Viriothe, qui défendit l’indépendance de la Lusitanie contre les Romains, contient des beautés de premier ordre, des images brillantes, des pensées heureuses exprimées en un style coloré, en une versification élégante, harmonieuse, parfois sublime. Quelques critiques placent ce poSme immédiatement après les Lusiades, de Camoëns.

GARCIA DE PAKEDES (don Diego), célèbre capitaine espagnol, né k Truxilk» en lias, mort en 1530. Il appartenait k une illustre famille. Dès l’âge de douze ans, il apprit le métier des armes en se battant contre les Portugais avec son père. D. Diego se lit remarquer de bonne heure, non-seulement par son courage, mais aussi par sa haute taille et

fiar sa force extraordinaire. Si l’on en croit es chroniqueurs, il était encore adolescent qu’il arrêtait d’une seule main une roue de moulin dans son mouvement le plus rapide. En 1485, il rit, avec son père, la guerre contre les Maures, se lia d’amitié avec Gonzalve de Cordoue, et prit une part brillante aux sièges deRonda, deMalaga et de Grenade, sous Ferdinand V, qui l’arma chevalier de sa propre main. Après la mort de son père, don Diego passa en Italie, se rendit k Rome, auprès du pape Alexandre VI, son parent, entra dans la garde papale, battit les troupes des Orsini et s’empara presque seul de Monte-Fiascone, puis rejoignit l’armée espagnole, qui faisait le siège d’Ostie, et décida la prise de cette ville

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par un coup de main hardi. De retour en Espagne, il fut chargé d’aller rejoindre en Sicile, avec un corps de troupes, l’armée de Gonzalve de Cordoue, chargée de disputer le royaume de Naples au roi de France, Louis XII. Bientôt après, il conduisit des secours aux Vénitiens, qui, sous les ordres de Pezarro, essayaient de reprendre Céphalonie, tombée au pouvoir des Turcs. Lk, toujours au dire des chroniqueurs, il s’illustra par des hauts faits tellement extraordinaires, qu’ils tiennent de la légende. En 1501, don Garcia retourna en Italie, où il continua le cours de ses exploits. Il prit Faenza aux Orsini, Cosenza, Manfredonia, Canosa, Rufo aux Français, se battit k Seminara (1503), à Cérignolo, poursuivit Louis d’ArS et soumit le duché de Sora. De retour en Espagne, il se maria (isos) ; mais, incapable de repos, il alla, deux ans plus tard, se battre pour 1 empereur Maximilien contre les Vénitiens, continua k prendre part k.toutes les guerres de l’époque, se conduisit brillamment k Pavie (1525), dans l’armée de Charles-Quint, qui le créa chevalier de l’Eperon d’Or, et mourut des suites d’une chute de cheval, après avoir assisté à quinze batailles, dix-sept sièges, et reçu onze blessures. Garcia de Paredes est resté un des hommes de guerre les plus populaires de l’Espagne. À une bravoure indomptable, il joignait une loyauté, une franchise, un désintéressement qui l’ont fait comparer k notre

Bayard, avec qui il offre, en effet, de grandes analogies, tant par son caractère.que par ses prouesses. Il avait écrit lui-même sa Vie, pour l’instruction de son fils Sanche. Pulgar l’a insérée dans son recueil intitule : Los clarosvarones de Espaîia (1543).

GARCIA SUELTO (Thomas), médecin et écrivain espagnol, né k Madrid en 1778, mort en 1816. Il s’attacha au parti français pendant la guerre d’Espagne, reçut le titre de médecin ordinaire de l’armée française, et se réfugia k Paris lors de l’évacuation du pays par notre armée (1814). Ses compatriotes lui doivent des traductions dos Hecherches sur la vie et, la mort, de Bichat (1804) ; de l’Anatomie médicale, de Portai (1805) ; de l’ouvrage de Huiuboldt’sitr le Galoanisme (1810), etc. Garcia Suelto fut un des rédacteurs du Semanario erudito de ciencias et de la Bibliothèque médicale, où il a inséré plusieurs mémoires.

GARCIA VAZQUEZ (Santiago), médecin espagnol, né à Lucena, province de Cordoue, en 1817. Il fit ses études k Madrid, fut attaché, dès 1836, comme aide-major, k l’armée du Nord, avec laquelle il assista k la bataille et au siège de Pefiacerrada, et, après s’être fait recevoir, à Barcelone, docteur en chirurgie et-en médecine, il fut successivement placé k la tête des hôpitaux militaires de Palma, de Saragosse, de Lerida et de Pampelune. Il prit aussi part à l’expédition de Catalogne, se signala k Lérida pendant l’épidémie cholérique de 1855, et fut nommé, peu après, premier médecin de l’hôpital de Badajoz. On a de lui : Bé/lexious cliniques sur le choléra morbus, les jièures intermittentes et autres maladies ; Considérations pratiques sur l’étioloyie ; Description inédico - topographique de la ville de Ceuta ; De lâge le plus convenable pour entrer au service militaire ; enfin, une foule de mémoires sur différentes questions d hygiène et de médecine militaire. Il a, en outre, été l’un des collaborateurs les plus actifs du journal la Gazette et le siècle médical.

Gnrcia du ChAtaisn’or (Garcia del C’astanar), drame en vers que les Espagnols regardent comme le chel-d’œuvre de Francisco de Rojus (xviit ; siècle). Quoique ce ne soit, pas, k proprement parler, un drame historique, il se rattache k l’histoire par sa donnée. Dans les troubles de la minorité d’Alphonse XI, deux familles puissantes, la maison des Lara et celle des Cerda, essayèrent de s’emparer du trône de Castille, auquel, du reste, elles avaient des prétentions fondées. Le comte Garcia-Bermudez voulait placer la couronne sur ia tête de don Sanche de la Cerda ; mais les partisans d’Alphonse réussirent k le faire prisonnier, k l’alcazar de Burgos ; don Sanche s’enfuit avec une fille de deux ans qu’il avait. Le comte Garcia fut délivré par sa femme, qui, demandant à le voir, introduisit une lime dans ses cheveux et put scier ses fers ; il se cacha dans les montagnes de Tolède, ayant changé, dit le poète, « ses brodequins en souliers et la soie en peau de bêtes, » y élevant en paysan un fils unique, le héros du drame, qu’au lit de mort il recommanda au comte d Orgaz. Celui-ci, avec les diamants et les bijoux sauvés par Garcia-Bermudez, acheta au jeune homme un magnifique domaine, le Châtaignier, k cinq lieues de Tolède, lui Ht épouser la descendante des La Cerda, qui ignorait elle-même sa haute naissance, et sattacha à faire vivre ce couple heureux, ignoré du roi et de la cour, dans ia riche aisance du fermier plutôt que du grand seigneur. Les richesses de Garcia du Châtaignier étaient considérables, et le poiJte s’est plu, en mainte occasion, k décrire l’abondance et le calme de cette maison patriarcale, en opposition avec les intrigues, les soucis de la cour do Tolède. Lorsque Alphonse XI résolut de porter la guerre kAlgésiras, contre les Maures, suivant la coutume, chaque grand seigneur, chaque riche propriétaire contribua en hommes, en argent, en

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munitions. Le don de Garcia du Châtaignier fut si considérable, que le roi s’en émerveilla et demanda au comte" d’Orgaz, voisin do ce domaine, quel était ce riche fermier. Les réponses du comte, qui lui cacha naturellement quelle était la naissance de Garcia, piquèrent la curiosité du monarque ; il résolut d’aller k la ferme, en chasseur inconnu, et de voir par ses yeux cézélé patriote. C’est ici que s’ouvre véritablement le drame. Un des chasseurs qui accompagnaient Alphonse s’éprend vivement de la belle fermière ; quant au roi, que l’histoire a surnommé le Chaste, il est tout entier à la réception vraiment royale que fait à ses hôtes Garcia du Châtaignier. Celui-ci a été averti par le comte d’Orgaz que l’un des chasseurs est le roi ; mais, par une méprise, il attribue ce rang k un simple courtisan, don Mendo, celui précisément qui s’est épris de sa femme. Le roi lui demande s’il veut suivre les gentilshommes, k la guerre, lui offre un emploi k la cour : « J’aime mieux, dit Garcia, sortir k la première aurore, prendre mon fusil et voir lever kines chiens une compagnie de perdrix. » Le roi se retire, enchanté de la réception et du caractère de son hôte, mais n’ayant pu le décider k devenir un grand personnage. Cependant, .don Mendo poursuit de ses tendresses, et même de ses provocations un peu libres (se gène-t-on avec une paysanne ?) la femme de Garcia. Un jour qu’il sait célui-oi k uno chasse au sanglier, il accourt k la ferme ; il y trouve Garcia, qu’un contre-temps a ramené chez lui. Garcia reconnaît celui qu’il prend pour le roi, et, quoique ne doutant pas de ses intentions coupables, il l’éconduit poliment, mais fermement. Cette scène est véritablement admirable ; l’indignation contenue par le respect, la douleur qui ne fait pas bouger un muscle sur cette face de bronze sont rendues ’avec une grande vérité et une grande puissance. Le roi parti, il se résout k tuer sa femme, en la vertu de laquelle il a pleine conhancevmaisquele pouvoir royal.parviendrait k lui arracher : au moment de frapper, la force lui manque, il tombe évanoui, Appelé, quelques jours après à Tolède, à la cour d’Alphonse, il refuse de se rendre en présence du roi ; mais, forcé enfin de paraître, en se prosternant devant le souverain, il reconnaît sa méprise, d’autant plus facilement que don Mendo est auprès du trône. La-cérémonie achevée, Garcia fait un signe au courtisan, qui le suit derrière une porte ; on entend le bruit d’un corps qui tombe, et Garcia reparaît, remettant au fourreau son poignard plein de sang. « J’ai fait justice, » dit-il. Et il raconte au roi comment il a épargné don Mendo, croyant avoir affaire k Alphonse en personne, k sa ferme du Châtaignier. En- même temps, il apprend au roi qui il est, et il apprend lui-même qu’il a épousé, sans le savoir, de la main du comte d’Orgaz, la fille unique des La Cerda. Alphonse pardonne aux deux descendants des proscrits.

11 règne dans tout ce drame une très-grande élévation d’idées et de caractères, et les peintures de la vie champêtre, de la vie véritable, sont bien supérieures aux fades pastorales, pour lesquelles le goût espagnol a eu longtemps une si tendre prédilection.

GARC1AS LASSO, ou, par abréviation, GAH-C1LASSO DE LA VEGA, célèbre poète espagnol, homme de guerre, né k Tolède en 1503, mort k Nice en 1536. Il suivit Charles-Quint en Italie, assista k la bataille de Pavie (1525), k la défense de Vienne contre Soliman, au siège de Tunis (1535), où il fut blessé grièvement ; prit part k la malheureuse expédition de l’armée impériale en Provence, et fut mortellement blessé k l’attaque de Fréjus. Au milieu du tumulte d’une vie d’aventures et de combats, Garcilasso trouva des loisirs pour cultiver la poésie, et, par un contraste remarquable, ce vaillant capitaine a mis dans ses compositions une grâce pure et mélancolique, une douceur pastorale et une élégance un peu efféminée. Il introduisit dans sa patrie le goût littéraire des Italiens, et produisit une véritable révolution dans la vieille poésie castillane, révolution qui devait d’abord donner de brillants résultats, mais amener ensuite une prompte décadence. Imitateur de Pétrarque, de Bembo, de Sannazar, et quelquefois de Théoerite et de Virgile, il garde cependant une physionomie originale au milieu de tous ses emprunts. Ses sonnets, ses canciones, ses épîtres et ses pastorales ont été publiés un grand nombre do fois. L’édition la plus estimée est celle de Madrid (l’G5, in-16).

GARCIAS LASSO DE LA VEGA Y VARGAS

(Sébastien), capitaine espagnol, un des conquérants du Pérou, né k Badajoz, mort.h

Cuzco en 1559. Il se rendit au Mexique, où il prit du service sous Femand Cortez, reçut le commandement d’une compagnie d’infanterie dans l’expédition que fit Alvaredo pour s’emparer du Pérou (1534), passa avec ce chef ’ sous les drapeaux de Pizarre, et servit fidèlement ce dernier dans ses guerres contre Mancolnca. À la tête do 300 hommes il battit 10,000 Indiens près de Lima, puis 25,000 k Rumichaca. Garcias Lasso prit ensuite uno part importante k la bataille de Sulinas, dans laquelle Ahnagro fut battu par Pizarre, reçut te gouvernement d’un vaste territoire dans le pays des Charcas Tapacquois, se lit aimer des indigènes, qu’il traita avec humanité, assista k la bataille ds Chupas, livrée en 154S