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pris au pluriel. Ainsi COSS veut dire contules ; Augg est pour Augusti ; mss pour manuscrits ; LL. AA. pour Leurs Altesses, etc.

— Hist. nat. Se dit des parties des animaux ou des végétaux qui sont disposées deux par deux : Cellules géminées. Feuilles géminées.

GEMINIANI ou G1M1GNAM (Giacinto), peintre et graveur italien, né k Pistoie en 1616, mort dans la même ville en 168 !. Il s’est fait une place honorable entre Poussin et Cortone. Élève présumé de ce dernier, il eut probablement aussi les conseils de Poussin durant le long séjour qu’il lit k Rome au commencement de sa carrière, car la première fresque connue de lui, Y Apparition Je la croix à Constantin, peinte dans le baptistère de Saint-Jean de Latran, rappelle poussin par le style et les draperies des personnages, et Cortone par la disposition d’une architecture de fond, richement ornementée, et par une exécution bien plus large, bien iplus facile que celle du peintre des Andelys. Le succès de cette œuvre lui valut son admission à la confrérie de Saint-Luc. Il y fut reçu en 1650. Dès ce moment, il exécuta

firesque successivement et sans interruption es fresques et les tableaux qui composent son œuvre et qu’on trouve disséminés dans les grandes villes d’Italie. On voit de Geminiiini, à San-Francisco de Pistoie, un Saint Roch au milieu des saints patrons de ta ville (1C38), qui rappelle les Cinq saints de Raphaël à Saint-Pierre de Pérouse ; le Christ et saint Pierre, groupe excellent, plein de caractère et de grandeur, où l’on retrouve les saines traditions de Poussin ; le Miracle de saint Pierre, de même genre et de mérite égal ; enfin, les Trois épisodes de ta vie de saint Benoit, qui sont inférieurs, comme idée et comme exécution, aux œuvres précédentes. La galerie de Florence renferme le Béro et Léamlre, qui fut longtemps attribué au Guerchin, puis le Saint Egide trouvé dans une grotte par des chasseurs, qui avait appartenu a l’hôpital de Santa-Maria-Nuova. Ces deux peintures sont remarquables de ton et d’effet, mais elles manquent absolument d’originalité.

Comme graveur, Geminiani n’a guère laissé qu’une vingtaine d’eaux-fortes, représentant, pour la plupart, des danses d’enfants et des Irises, ou des Amours s’enroulent dans des ornements formés de fruits, de fleurs et de feuilles. Ces eaux-fortes -sont charmantes, pleines d’imagination et d’humour, et exécutées d’une pointe habile, légère et facile.

GEMINIANI ou GIM1GNANI (Lodovico), peintre et architecte italien, né à Rome en 1G44, mort dans la même ville en 1G97. Il était le fils et l’élève du précédent ; son parrain, le cardinal Rospigliosi, lui commanda plusieurs tableaux, alors que, élève encore, il savait à peine son métier, puis l’envoya à Venise avec une pension. Geminiani revint de la cité des coloristes avec une collection de pastiches, de copies, d’imitations en tout genre, que son parrain, devenu pape SOU3 le nom de Clément IX, se mit à placer un peu partout. Après la mort de son protecteur, la famille de Clément IX continua d’user en sa faveur de toute son influence. C’est par elle qu’il obtint d’être choisi par le duc de Toscane pour peindre, dans son palais, plusieurs décorations importantes, qui lui valurent d’être admis dans la confrérie de Saint-Luc. À la fin de sa vie, Alexandre VIII lui confia la direction de la galerie du Quirinal. Son Oeuvre n’est pas considérable et compte fort peu de tableaux remarquables. On voit de lui a Rome un Saint François Borgia au Giesu ; Sainte Marie-Madeleine, à Santa-Maria-in-Monte, et l’Aude gardien, à Suint-Chrysogone, peintures d’un métier très-babile, d’un ton assez agréable, mais faites de morceaux pris k tous les maîtres et réunis avec une certaine habitude de la composition. On peut dire a peu près la même chose de la Vierge aux saints de Spirito-Santo, du Baptême de Constantin, fresque immense qui rappelle avec trop d’exactitude les baptêmes connus des maîtres de la Renaissance. Les biographes (lisent, en outre, qu’il fut architecte, et ils citent de lui le Plan du tombeau du cardinal Fovoriti. En somme, Geminiani, véritable peintre d’une époque déchue, eut plus de bonheur que de talent.

GEMINIANI (François), violoniste et com. positeur italien, né à Lucques vers 1680, mort a Dublin en 176 !. Il étudia d’abord la musique sous la direction d’A. Searlatli, puis prit des leçons de violon de Sunnti, habile violoniste, et enfin du célèbre Corelli. En 1714, il alla en Angleterre, où son talent remarquable lui valut immédiatement une grande réputation. Geminiani eût acquis en peu de temps une grande fortune, si son amour effréné pour la peinture n’eût absorbé ses gains considérables et jeté l’artiste dans de tels embarras pécuniaires que, pour échapper aux poursuites de ses créanciers, qui menaçaient sa liberté, il fut obligé de se faire inscrire sur la liste des domestiques du comte d’Essex. Cependant, malgré ces désagréments, la renommée de Geminiani grandissait détour en jour. Ses ouvrages étuient accueillis avec empressement et lui-même Se voyait fort recherché par la haute société anglaise. Vers cette époque, il écrivit des concertos, publia l’Art de jouer du violon et son Guide harmonique. Après deux excursions à Paris, l’artiste

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se retira en Irlande et se fixa à Dublin, où il s’occupa à réunir les matériaux d’une Histoire générale de la musique ; mais la soustraction, par une femme a son service, de ses précieux manuscrits le plongea dans un chagrin qui le conduisit au tombeau.

Tous les écrivains musicaux anglais s’accordent à regarder Geminiani comme un exécutant de premier ordre. Quant à ses compositions, les opinions sont divisées sur leur mérite. Les uns qualifient sa musique instrumentale d’excellente, d’autres l’accusent de pécher par le rhythirie et la mélodie. La vérité est qu’il a pris pour modèles les œuvres de Corelli, dont il n’a su s’approprier ni l’originalité ni la correction.

GEM1N1ÀNO (SAN-), bourg d’Italie, prov. et à 32 kilom. S. de Florence, sur une hauteur ; z,20û h’ab. Mines de vitriol. C’est sur le territoire de Geminiano que l’on récolte le meilleur vin de Toscane, appelé vernaccio.

GÉMINIFLORE adj. Cé-ini-ni-flo-re — du lat. geminus, double ; flos, floris, fleur). Syn.

de GEMELLIFLORE.

GEMINUS, géomètre de l’école d’Alexandrie. Il vivait un peu après Nicomède et Hipparque, un siècle environ avant J.-C. Proclus, dans son commentaire sur le premier livre d’Euclide, lui attribue un ouvrage sur l’hélice, dont il démontrait la propriété d’être partout égale à elle-même, comme la ligne droite et le cercle. On prétend, dit M. Chasles, que cet ouvrage se trouve manuscrit dans la bibliothèque du Vatican. Procluscite aussi du même auteur un autre ouvrage, intitulé : Enarrationes géometricx, qui ne nous est pas parvenu.

GEMINUS, astronome grec, originaire de Rhodes. Il vivait, d’après Petau, l’an 77 avant notre ère. On croit qu’il habita Rome et, qu’il y composa ses ouvrages. On a de lui une In troduction à l’étude des phénomènes célestes, publiée à Altorf (1590, in-8°), avec une traduction latine. C’est un traité un peu superficiel, mais simple et clair, et le meilleur de tous ceux qui nous restent des Grecs. Geminus n’y a pas admis les rêveries de l’astrologie et l’influence des étoiles sur les saisons. Le Traité de la sphère, qu’on attribue à Proclus, est un simple abrégé de quelques chapitres de Geminus.

GEMINUS (Tullius^ poète grec, qui vivait a une époque incertaine. On a de lui dix épigrammes, écrites d’un stylé très-affecté et dans la plupart desquelles il décrit des objets d’art. Ces petites pièces se trouvent dans Y Anthologie grecque.

GÉMIR v. n. ou intr. Cé-mir — du bas latin gemire, latin gemere, que Curtius rattache au grec gemâ, être plein. V. geindre). Emettre des sons inarticulés et plaintifs : Si la pauvreté fait gémir l’homme, il braille dans l’opulence. (Rivarol.)

Pleurons et gémissons, mes fidèles compagnes.

Racine. Quel tourment de se taire en Voyant ce qu’on aime De l’entendre gémir, de l’affliger soi-même !

Racine. Il Souffrir, éprouver du chagrin, de la douleur : La vile tourbe bourdonne et triomphe, le sage se tait, cède et gémit tout bas. (J.-J, Rouss.)

Tout se plaint, tout gémit en cherchant te bien-être.

Voltaire. D’un palais l’éclat vous frappe. Mats l’ennui vient y gémir. On peut bien manger sans nappe, Sur la paille on peut dormir.

BÉRANOER.

— Par anal. Faire entendre un cri, produire un son qui a quelque chose de plaintif : Le loriot siffle, l’hirondelle gazouille, le ramier gémit. (Chateaub.)

La rive au loin gémit, blanchissante d’écume.

Racine.

Faire gémir la presse, Faire imprimer ses écrits ; se dit par allusion à l’espèce de gémissement que rendaient les presses à bras quand on les manœuvrait : Écris, écris sans cesse,

Fatigue l’imprimeur et fais gémir la presse.

MlLLEVOTE.

— Activ. Faire entendre en gémissant : GÉMiit une plainte.

Quand vous avez gémi l’hymne de vos douleurs, Poûte, votre plainte a fait jaillir mes pleurs ; J’ai senti se briser mon Sme !

Mlle de Pouony. L’oreille n’entend rien qu’une vague plaintive.

Ou la voix des zéphyrs, Ûu les sons cadencés que gémit Philomèle.

Lamartine.

GEM1SCHKHANA, ville de la Turquie d’Asie, pachalik d’Erzeroum, sur la rive gauche et près des sources du Kharschat, k 72 kilom. de Trébizonde ; 10,000 hab. Mines de fer et de cuivre.

GÉMISSANT (jé-mi-san) part. prés, du v. Gémir :

La tourterelle enfin, gémissant dans les bois. Aux voix de tes ramiers joindra sa tendre voix.

Malfilatre. Sous la main du geôlier qui tournâmes verroux, La porte en gémissant recula devant nous.

Lamartine.

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GÉMISSANT, ANTE adj. Cé-mi-san, an-te — rad. gémir). Qui gémit, qui se plaint : Le danger de faire des ingrats ne peut se comparer à l’horreur de laisser l’innocence et la vertu gémissantes. (Mme de Tencin). Que d’êtres gémissants cheminent vers ta mort, Le visage hàlé par l’àpre vent du sort !

A. Barbier. Un pauvre bûcheron, tout couvert de ramée. Sous le faix du fagot aussi bien que des ans, Gémissant et courbé, marchait à pas pesants, Et tachait de gagner sa chaumière enfumée. La Fontaine.

— Poétiq. Qui pousse des cris ou produit des sons comparables k des gémissements : La colombe gémissante.

Au joug de bois poli le limon s’équilibre, Sous l’essieu gémissant le soc se dresse et vibre.

Lamartine.

GÉMISSEMENT s. m. Cé-mi-se-man —rad. gémir). Plainte inarticulée arrachée par la douleur, la souffrance : Pousser des gémissements. Les gémissements les plus touchants que forme la misère publique passent bientôt pour des murmures (Mass.) Tout progrès est un effort ; tout effort est une peine ; toute peine a son gémissement. (Lamart.)

Mes seuls gémissements font retentir les bois.

Racine.

— Par anal. Cri ou son qui a quelque chose de plaintif, qui semble inspiré par la souffrance : Les gémissements de la colombe doivent être laissés à la solitude et au silence à qui elle les a confiés. (Fléch.) Quelles pensées n’inspire point la vue de ces câies désertes de la Grèce, où l’on n’entend que l’éternel sifflement du mistral et le gémissement des flots ! (Chateaub.)

Les vents agitent l’air d’heureux frémissements, Et la mer leur répond par ses gémissements.

Racine.

— Fig- Expression d’un sentiment tendre et douloureux : La poésie de Lamartine est un gémissement perpétuel. L’office de l’Église n’est qu’un long gémissement, une aspiration passionnée vers la mort. (Guéroult.) Tous les gémissements les plus secrets du cœur humain ont trouvé leur voix et leurs notes sur les lèvres et sur la harpe de David. (Lamart.)

— Syn. Gémissement, lamentation, plainte.

Le gémissement est plutôt un cri qu’une voix, ou du moins ce n’est qu’une voix inarticulée. La plainte s’exhale par des paroles où le malheureux dit ce qu’il souffre ou appelle du secours. Lamentation renchérit sur les deux autres mots, et signifie une longue plainte ou de grands gémissements. Les Lamentations de Jéremie sont de longues tirades où ce prophète décrit avec une sombre éloquence les malheurs du peuple juif.

GÉMISTE (Georges), surnommé piétbo», philosophe platonicien du xve siècle, l’un des plus ardents promoteurs de la renaissance littéraire en Europe, né vers 1350, mort vers 1450. La longue existence de ce savant embrassa un siècle environ ; mais, par malheur, on n’a sur lui des renseignements positifs qu’à partir de l’époque où, déjà vieux, il occupa des emplois publics. On croit qu’il naquit à Constantinople, et il figure, seulement en M !6, comme l’un des conseillers de Michel Paléologue ; il devait avoir soixante-seize ans. Sa renommée était très-grande ; envoyé en Italie comme un des députés de l’Église grecque au concile de Florence (1438), il fut recherché par le grand-duc Cosme de Médicis, à la cour duquel il mit Platon à la mode. Un de ses plus illustres adeptes fut Marcile Ficin ; son adversaire ordinaire était George de Trébizonde, le chef des partisans d’Aristote. La guerre fut acharnée, et pendant longtemps encore les deux partis devaient s’annthématiser l’un l’autre ; mais il est certain que Gémiste porta un coup fatal à la stérile scolastique née des doctrines d’Aristote.

Ses ennemis l’accusèrent, de son vivant, de vouloir revenir au paganisme et substituer k la religion catholique une religion platonicienne ; ce qu’il y a de plus singulier, c’est qu’une telle accusation, si invraisemblable qu’elle paraisse, était fondée. Gémiste redemande en effet les divinités de l’Olympe, comme personnifiant chacun des attributs de Dieu ; il considère comme inutiles les nouvelles formes revêtues par l’idée religieuse, et, en morale, s’en tient au stoïcisme, comme s’il fût né à Alexandrie, seize ou quatorze siècles plus tôt. Dans son livre des Lois, composé sur le plan du fameux traité de Platon, il préférait ouvertement, suivant M. Franck, le paganisme au catholicisme, restituait toute leur ancienne splendeur à Jupiter, à Junon, à Vénus, et ne connaissaitpoint d’autre morald que celle du Portique ou de l’Académie. Ce livre, qui serait pour nous si curieux, a été détruit, sur les ordres du patriarche de Constantinople, Gennade.

Gémiste a écrit un très - grand nombre d’ouvrages d’érudition ou de polémique ; quelques-uns.seulement nous sont parvenus. Tels sont le traité : De Gestis Grxcorum post pugnam ad Mantineam (texte grec, Venise, 1503, in-fol.) ; ce sont des extraits de Diodore de Sicile et de Plutarque ; De Fato (texte grec, Leyde, 1722, in-8°), Bessarion a traduit cet ouvrage en latin ; De Virtutibus (texte grec, Anvers, 1552, in-8°, suivi de quelques opuscules) ; De Platonicx atque Aristotelice

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philosophas differenlia (en grec, version latine par B. Donntus, Venise, 1532, in-8°) ; Oracula manica Zoroastris (texte grec, version latine d’Oposonseus, Paris, 1599, in-8») ; Gémiste explique dans ce traité la religion des anciens Perses. On lui doit encore des extraits judicieux d’Appien, de Théophraste, d’Aristote, de Diodore de Sicile, ûa Xénophon, qu’il entreprit dans le but d’élucider certains points obscurs de l’histoire ou des sciences, si peu avancées de son temxs ; une édition lutine de la Géographie de Ptolémée, édition qu’il corrigea de sa main et dédia au pape Sixte IV (publiée parCalderino en 1778), enfin une Oraison funèbre de l’impératrice Cléopé, morte en 1433.

GEMMA (Renerius ou Régnier), surnommé Friaiua, ou habitant de la Frise, mathématicien et astronome néerlandais, né en 150S, mort en 1558. Il fut professeur de médecine à l’université de Louvain. Il est auteur d’un petit Traité d’astronomie et de cosmographie, avec l’usage du globe et celui de l’anneau astronomique (Pans, 1547). Dans cet ouvrage, écrit en latin, on Ht sous le titre Nouvelle invention pour les longitudes : « On commence k se servir de petites horloges, qu’on appelle montres, que leur légèreté permet de transporter ; elles offrent un moyen simple de trouver la longitude. Avant de vous mettre en route, mettez soigneusement votre montre k l’heure du pays que vous allez quitter ; quand vous aurez marché vingt lieues, par exemple, prenez l’heure du lieu, comparez cette heure à celle de votre montre, et vous aurez la différence de longitude. » On doit en outre à Gemma plusieurs ouvrages : Methodus arithmeticm praclicie (Anvers, 1540) ; De radio astronomico et géometrico (Anvers, 1545) ; De astrolabio mtliolieo et usu ejusde ?n (Anvers, 1556), etc. La réputation qu’il avait acquise comme astronome lui valut d’être plusieurs fois consulté par Charles-Quint.

GEMMACÉ, ÉE adj. Cèmm-ma-sé— rad. gemme). Hist. nat. Qui a l’apparence d’une pierre gemme ou d’un bouton d’arbre.

— Ornith. Se dit des oiseaux chez lesquels les barbes des plumes sont coupées en demicercle à l’extrémité.

GEMMAGE s. m. Cèmni - ma - je — rad. gemme). Sylvie. Action de gemmer les arbres, d’en recueillir la sève ou la résine.

— Encycî. Parmi les arbres de nos climats, il n’y a guère que le bouleau dont la sève soit assez abondante pour être l’objet d’une extraction régulière. Parmi les conifères, plusieurs espèces, entre autres le pin maritime, fournissent en abondance de la résine. On sait que cette matière trouve dans l’industrie de nombreuses applications ; aussi ces arbres sont-ils plus particulièrement affectés au gemmage. Cette exploitation peut se faire dans des futaies ou dans des taillis. Dans Je premier cas, on commence à soigner l’arbre lorsqu’il a atteint de om,25 à 0M1,30 de diamètre à hauteur des bras de l’ouvrier. Pour ménager les forces de l’arbre, on ne le saiçne d’abord que par une seule entaille faite a om,50 au-dessus du sol. Cette entaille, que l’on a soin de rafraîchir chaque semaine, s’élève successivement de 1 mètre chaque année pendant quatre ou cinq ans ; au bout de ce temps, on en pratique une seconde dans les mêmes conditions, puis une troisième et une quatrième. Pendant quinze à vingt ans, une exploitation ainsi conduite ne parait pas affaiblir sensiblement le végétal, qui continue k grandir. Une nouvelle période commence alors, plus épuisante que la première. L’arbre est saigné de nouveau dans les intervalles de ses premières blessures. Après vingt ans de cette seconde période, il est assez généralement encore debout, mais mutilé, languissant. Il a alors soixante ans, et c’est le plus souvent le terme de son existence. Cependant les sujets les plus vigoureux peuvent encore donner un produit suffisamment rémunérateur pendant vingt autres années. En taillis, le gemmage commence dès que les jeunes arbres ont atteint de om, lo à om,15 de diamètre k l mètre au-dessus du sol ; mais alors on les saigne k mort un ou deux uns seulement avant l’abattage.

Chacun de ces modes d’exploitation a ses avantages et ses partisans. En principe, aucun d’eux peut-être n’a le droit d’être préféré à l’autre ; tout dépend des circonstances particulières à chaque localité. Là où la vente des jeunes pins pour échalas est possible, l’exploitation en taillis permet de réaliser en

Ïieu d’années de beaux bénéfices ; hors ce cas, a futaie offrira peut-être plus d’avantages. Les jeunes pins saignés à mort donnent chacun pour environ 15 centimes de résine. Or, en supposant 10,000 pieds par hectare, ce qui n’a rien d’exorbitant, on arrive k une somme totale de 1,500 francs pour la seule valeur de la résine récoltée sur un hectare. Pour la futaie, on ne peut guère admettre un peuplement de plus de 200 à 230 sujets par hectare ; mai 3 chaque pin peut donner pour environ 50 centimes de matières pendant vingt ans au moins. Or, en supposant que les frais d’extraction soient de 20 centimes par pied, il reste encore un produit net do 70 à 80 fr par hectare. Si l’on considère quelavenlede la résine est toujours assurée, puisque, malgré les nombreuses exploitations entreprises sur divers points de la France, nous sommes forcés d’en demander chaque année pour plusieurs millions aux pinières du nord, on comprendra difficilement