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tude des sciences mystiques, et composa plusieurs écrits sur le magnétisme, la théosophie, le mesmérisme. Vers la fin je sa vie, il fut atteint de In manie de publier des opuscules en vers sur les sujets de controverse qui s’y prêtaient le moins. Parmi les nombreux sujets qui furent ainsi l’objet de ses études, celui qui l’occupa d’une façon plus particulière fut la restitution de 1 Imitation de Jésus-Christ au chancelier Gerson. Pendant plus de trente ans, il lit des recherches, tant en Italie et en Flandre qu’en France, pour se procurer des manuscrits et des éditions de ce livre, afin d’en donner une traduction et une édition définitives. Il a publié sur ce sujet un grand nombre d’opuscules, dans lesquels il s’est attaché à prouver que VImitation n’est pas d’un moine, qu’elle était inconnue au xivc siècle, et qu’elle appartient réellement à Gerson par les gallicismes qu’on y trouve, par la forme du style et par les idées, lorsqu’on la compare avec les autres œuvres du célèbre chancelier. Gence était un travailleur infatigable ; indépendamment de nombreux articles critiques, grammaticaux, littéraires, biographiques, insérés dans le Journal de la langue française, le Journal encyclopédique, l’Observateur , les Annales encyclopédiques, le Mémorial religieux, les Annales de morale et de littérature, le Biographe, la Biographie universelle, la Biographie des contemporains, etc., nous citerons de lui : Dieu, l’être infini (Paris, 1801), ode philosophique, plusieurs fois rééditée ; Tableau méthodique des connaissances humaines, avec une explication (Paris, 1816) ; Imitation de Jésus-Christ^ traduction nouvelle (Paris, 1820, in-12) ; Notice biographique sur Louis-Claude Saint-Martin ou le Philosophe inconnu (Paris, 1824) ; De imitatione Christi libri quatuor (Paris, 1826,111-8°) ; Analyse des principes de la connaissance humaine, rétablis d’après Descartes (Paris, 1828, in-8°) ; le Panorama de ta nature et de la création (Paris, 1828, in-8°) ; Précis en vers, avec des remarques sur l’Imitation de Jésus-Christ (Paris, 1829, in-8°) ; Nouvelles poésies morales et philosophiques (Paris, 1829) ; la Véritédu magnétisme prouvée par les faits (Paris, 1820, m-80) ; Entretien sur les principes de la philosophie (Paris, 1830, in-8<>) ; Êtrennes patriotiques et morales en vers (Paris, 1831, in-8°) ; Nouvelles considérations historiques et critiques sur l’auteur et te livre de l’Imitation de Jésus-Christ (Paris, 1832) ; le Vrai portrait du vénérable docteur Gerson (Paris, 1S33, in-8°) ; Biographie littéraire de J.-B. Gence (Paris, 1835, in-8u) ; Jean Gerson restitué et expliqué (Paris, 183C, in-8°) ; la Vraie phrénotoyie (Paris, 1836, in-8<>) ; Nouvelles stances sur le prétendu livre du xme siècle (Paris, 1837, in-8°) ; la Vraie philosophie de l’histoire, poème philosophique et moral (Paris, 1837, in-8°) ; Dernières considérations sur le véritable auteur de la grande œuvre latine, le pèlerin Jean Gerson (Paris, 1838, in-8°) ; Stances aphoristiques sur l’accord de la pensée et de la religion dans les progrès de la philosophie rationnelle, ramenée à’son principe ternaire et à la foi biblique (Paris, 1839, in-8») ; Stances lyriques et morales (Paris, 1839, in-8u) ; Pensées, sentences et maximes les plus généralement et moralement utiles des Pères et docteurs de l’Église les plus éloquents, traduites du latin eu français (Paris, 1839, in-8°), etc. Gence avait publié avec de Wailly, en 1845, une édition du Dictionnaire de l’Académie française.

GENCIVAL, ALE adj. Can-si-val — rad. gencive). Anat. Qui a rapport aux gencives : Membrane gencivale. il On dit aussi gingival.

GENCIVE s. f. Can-si-ve — lat. gingiva, même sens). Anat. Tissu rougeàtre qui entoure les dents à leur base : Avoir mal aux gencives. Avoir les gencives enflées.

— Encycl. Anat. Le tissu libro-muqueux qui constitue les gencives se distingue du reste de la muqueuse par son adhérence intime au périoste, par son épaisseur, et surtout par une densité presque cartilagineuse, qui lui permet de résister au choc des corps durs soumis à la mastication. Les gencives offrent peu de sensibilité. Elles commencent à om,002 environ de la base de l’alvéole, et leur-s limites sont établies par un relief comme festonné. Parvenues au bord libre ou base de l’alvéole, les gencives se continuent om,002 au delà de l’alvéole, jusqu’au collet de la dent. Là, elles se réfléchissent sur elles-mêmes. Le lieu de cette réliexion est un bord libre, semi-lunaire, image du bord dentelé et comme festonné que représentent les bases des alvéoles. Ces dentelures répondent aux intervalles des dents, entre lesquelles la portion de gencive qui a revêtu la face antérieure de l’alvéole communique avec celle qui a revêtu la face postérieure. La portion réiiéchie de la gencive répond, sans y adhérer, à la racine de la dent, dans toute la partie de cette racine qui déborde l’alvéole, puis s’enfonce dans la cavité de cet alvéole pour constituer le périoste alvéolo-dentaire, qui est un puissant moyen d’union entre la racine de la dent et l’aivéole. Le tissu gingival est pourvu de follicules particuliers pour la sécrétion du tartre. Sa coloration, habituellement rosée, varie beaucoup suivant les individus. Le scorbut et le mercure exercent sur lui une action spéciale, sous l’influence de laquelle il se ramollit, devient fongueux.

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saignant, et sécrète beaucoup de tartrer II reçoit des artères, des veines et des nerfs ; mais on n’y rencontre pas de tissu cellulaire. Sa sensibilité est presque nulle. Les gencives ferment complètement l’alvéole, et servent d’organes immédiats de la mastication avant l’éruption des dents. Après la chute des dents, elles deviennent calleuses et se durcissent souvent au point de remplacer ces organes de la mastication. Elles concourent singulièrement à maintenir solidement les dents dans leurs alvéoles, d’où l’ébranlement des dents dans le scorbut et sous l’influence de l’abus du mercure.

— Pathol. Les gencives, ’ qui, dans l’état normal, sont presque insensibles, et reçoivent sans être altérées le frottement continuel des substances alimentaires les plus dures, sont douées, lorsqu’elles sont malades, d’une excessive sensibilité. Les maladies dont elles peuvent être le siège sont des inflammations, des suppurations partielles ou

générales, différentes espèces d’ulcérations et des excroissances. On nomme parulies les abcès qui se forment dans le tissu fibro-rnu 3ueux des gencives, et qui sont le résultatune inflammation phlegmoneuse. Ces tumeurs sont peu considérables et circonscrites à la gencive elle-même. Elles sont occasionnées par un coup, un corps étranger, et surtout par une dent cariée. Elles sont caractérisées par de la chaleur, de la rougeur et du gonflement. Il se forme bientôt au centre un petit point blanc par où le pus s’échappe, soit spontanément, soit par une incision au moyen d’un instrument. Aussitôt après, cette petite ouverture s’oblitère et l’inflammation disparaît. Mais il peut arriver que la tumeur s’étende successivement et envahisse tout un côté de la gencive. Alors la face de ce côté se gonfle, et les symptômes inflammatoires sont beaucoup plus intenses. Dans ce cas, l’abcès peut se former dans l’épaisseur même de la joue, à travers laquelle le pus s’échappe. Dans ces abcès, circonscrits ou étendus, on emploie les substances émollientes pour hâter la suppuration, et on doit donner une issue au pus le plus tôt possible. Lorsqu’ils reconnaissent pour cause une dent gâtée ou un

pivot, on préviendra leur retour en enlevant cette dent ou ce pivot.

La suppuration générale des gencives consiste en un suintement purulent de leur tissu. Cette altération est plus commune chez les adultes, et surtout chez les femmes, que chez les enfants et les vieillards. On lui reconnaît pour cause le défaut de propreté de la bouche, l’accumulation du tartre autour des dents, l’habitation dans des lieux humides et

Ïieu aérés, la suppression d’un exutoire, de a menstruation. (Jetétat arrive lentement ; il est d’abord borné à quelques dents, puis il les envahit successivement toutes, en commençant ordinairement par les incisives et les canines inférieures. Il n’y a pas de symptômes précurseurs, pas de douleur ; seulement, en pressant sur le bord libre de la gencive, on fait sortir entre elle et les dents un peu de matière blanchâtre, légèrement gluante. Cette matière devient plus épaisse et donne à l’haleine une odeur pénétrante, même fétide. Les tlents deviennent alors douloureuses, les alvéoles s’usent et finissent par disparaître. Dans ce cas, les dents ne tardent pas à tomber, et leurs racines sont parsemées destries purulentes. Les purgatifs, les exutoires, les gargarisines toniques et astringents, et les soint de propreté sont les moyens qu’on emploie et qui réussissent le mieux dans cette affection, qui a été confondue à tort avec l’altération scorbutique.

Le scorbut des gencives peut exister seul, sans que cette maladie soit générale ; et lorsqu’elle existe à cet état, ce sont ordinairement les gencives qui sont affectées avec le plus d’intensité. Dans le scorbut des gencives, ces organes se boursouflent d’abord, prennent une teinte violacée, et s’écartent du collet de la dent, qui devient vacillante. La pression les fait saigner facilement, des érosions se montrent sur leur bord libre, et souvent même, surtout chez les enfants, il survient de la gangrène ; c’est ce grave symptôme que les auteurs ont nommé pourriture des gencives. Lorsque l’altération des gencives tient à un état scorbutique général, on emploiera surtout le traitement du scorbut. Mais on devra, en outre, ne pas négliger les soins locaux ; car l’expérience prouve qu’il suffit souvent, pour faire disparaître les lésions dont sont alfectées les gencives, de les soumettre à de fréquentes lotions astringentes et toniques, telles que les teintures aromatiques, l’esprit de coebléaria, les acides végétaux, ou encore de les frictionner avec une brosse dure, recouverte de chlorure de chaux sec et pulvérulent. Lej altérations des gencives qui surviennent chez les personnes qui font usage des préparations mercurielles, ou chez les ouvriers qui sont employés à l’eïploitation et à la manipulation de ce métal, comme les étameurs de glaces, les doreurs sur métaux, consistent dans les symptômes suivants : d’abord chaleur des gencives, qui deviennent bientôt tuméfiées ; production de petits boutons qui s’ulcèrent rapidement ; salivation abondante, odeur de la.bouche infecte. La tuméfaction et les ulcérations peuvent gagner la langue et toute la cavité buccale. Le premier moyeu k employer consiste à soustraire les malades à la cause qui a pro GEND

duit tous ces désordres ; on prescrit ensuite des gargarismes mucilagineux, additionnés de quelques gouttes de vin d’opium, et on a surtout recours au chlorure de chaux sec en poudre, au chlorate de potasse et aux gargarismes fortement astringents.

On a donné le nom à’épulies à différentes espèces de tumeurs charnues qui se développent sur les gencives. Les unes sont molles, fongueuses, indolentes, d’un rouge obscur, se déchirent avec facilité, et fournissent un suintement purulent, fétide, souvent teint de sang ; d’autres sont d’un tissu plus ferme, plus élastique, d’un rouge plus vif ; elles s’affaissent quand on les comprime, et reviennent à leur volume ordinaire quand la

compression cesse. On y sent des pulsations artérielles. Ces tumeurs sont recouvertes par la membrane des gencives, et leur organisation paraît être ia même que celle des tumeurs érectiles. Intactes, elles ne produisent aucun suintement ; mats, si on les incise, il s’en écoule un sang rouge, artériel. Enfin, il existe des épulies dures, bosselées, pâles ou violacées. Les unes sont indolentes ; les autres sont le siège de douleurs sourdes ou lancinantes. Ces dernières, dont le caractère est le plus fâcheux, sont sujettes à dégénérer en cancer. Les épulies se rencontrent plus souvent sur la mâchoire inférieure que sur la supérieure. Leur volume varie de la grosseur d’un petit pois à celle d’une noix. Leur forme est aussi très-variable ; elles peuvent être arrondies, saillantes, pédiculèes ou à large base et très-adhérentes. Parvenues à un certain.volume, ces tumeurs gênent la mastication, la prononciation, et ébranlent les dents. Elles peuvent rester stationnaires, ou grossir et s’ulcérer, et dégénérer en affection cancéreuse.

Le traitement des épulies consiste principalement dans l’excision au moyen du bistouri ou de ciseaux courbes. On devra, après l’opération, employer la cautérisation do la

surface à laquelle elles tenaient, pour s’opposer à leur reproduction et arrêter l’hémorragie qui pourrait avoir lieu. La cautérisation avec le 1er rouge mérite, dans cette circonstance, la préférence sur la cautérisation avec les agents chimiques. Les épulies dures, bosselées et squirreuses méritent surtout de fixer l’attention des chirurgiens, à cause de leurs suites fâcheuses. Leur extirpation complète ne peut être opérée trop tôt. Après les avoir enlevées soigneusement avec le bistouri, il faut, pour prévenir leur reproduction, ruginer le bord alvéolaire, et cautériser avec le fer rouge la surface de la plaie. V.

GINGIVITE.

GENCIVITE s. f. Can-si-vi-te — rad. gencive). Pathol. Inflammation des gencives. Il On dit mieux gingivite.

GENDARME s. m. Can-dar-me — contraction des mots gens d’armes). Soldat faisant partie d’une milice spéciale, qui est chargée de veiller à la sûreté et à la tranquillité publiques, et de prêter main forte aux autorités civiles et judiciaires : Gendarme àpied. Gendarme à cheval. Être poursuivi par les gendarmes. Le gendarme est l’austère personnification de l’ordre public. (Toussenel.) Les gendarmes sont l’effroi des méchants et la sauvegarde des bons citoyens. (Dupin.)

— Par ext. Homme qui est chargé d’une police quelconque : Donner aux Anglais le droit de visite, c’est constituer les Anglais les gendarmes de la mer, (Dupin,)

— Fam. Femme de grande taille, à l’air résolu et viril.- C’est un gendarme, un vrai gendarme. [I Homme bourru ou très-brusque.

— Pop. Nom donné aux bluettes qui sortent du feu en pétillant, il Petite tache qui se forme dans l’œil : Avoir un gendarme à l’œil, u Petit fragment de lie qu’on rencontre dans le vin : Ce vin est plein de gendarmes.

— Ane. art milit. Homme d’armes, cavalier armé de toutes pièces, et ayant sous ses ordres un certain nombre d’autres cavaliers. En ce sens on écrit souvent gens d’armes. Il Nom donné à des cavaliers de certaines compagnies d’ordonnance, armés à la légère : Les gendarmes de la garde du roi. La compagnie des gendarmes du roi. il Soldat quelconque.

— Hist. Ordre des gendarmes de JésusChrist, V. milice de Jésus-Christ (ordre de la).

— Techn. Nom donné à des points qui se rencontrent parfois dans les diamants, et qui on diminuent l’éclat et la valeur.

— Adjectiv. Qui est propre aux gendarmes : Avoir te ton, les manières gendarmes. De même que le garçon le plus jovial entré dans la gendarmerie aura le visage gendarme, de même les gens qui s’adonnent aux pratiques de la dëvolion contractent un caractère de physionomie uniforme. (Balz.)

— Encycl. Art milit. V. gendarmerie.

GENDARMÉ, ÉE (jan-dar-mé) part, passé du v. Gendarmer. Qui s’élève contre quelque chose, qui y résiste : Un peuple gendarmé contre le gouvernement.

GENDARMER v. a. ou tr. Can-dar-mérad. gendarme). Irriter, mettre en colère : Ces propos f ont gendarmé contre vous.

Se gendarmer v. pr. Se mettre en colère, s’emporter ; contredire avec vivacité : Il ne faut pas se gendarmer ainsi.

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Mais il est véritable aussi que votre esprit Se gendarme toujours contre ce que l’on dit.

Molière.

GENDARMERIE s. f. Can-dar-me-rî — rad. gendarme). Corps des gendarmes : La gendarmerie départementale. La ire légion dé gendarmerie. Un officier de gendarmerie. La gendarmerie à pied, à cheval. La gendarmerie est une institution de police. (Vacherot.| Il Ancien corps des gendarmes et deschevaulégers des compagnies d’ordonnance.

— Par ext. Caserne de gendarmes : Bâtir une gendarmerie.

— Encycl. Art milit. On donnait autrefois le nom de gendarme ou homme d’armes à un cavalier armé de toutes pièces, et bardé de fer ainsi que son cheval. Les cavaliers des compagnies d’ordonnance organisées par Charles VII s’appelaient gendarmes, et la cavalerie entière se nommait gendarmerie. Il y avait primitivement quinze compagnies de gendarmes. On n’en conserva que quatre après la paix des Pyrénées. Il y eut aussi quelques compagnies de gendarmes de la maison des princes, dont elles portaient le nom. Dans la suite, les compagnies de gendarmes furent réorganisées et portées à seize. La plus ancienne était la compagnie écossaise ; elle remontait à Charles VII, comme le prouvent les lettres patentes de Louis XII en faveur des Écossais (1513) ; il y est dit que «pour les services que la nation écossaise rendit à Charles VII à l’époque de la réduction du royaume, ce prince en prit deux cents à sa solde ; que des cent premiers, il fit les cent lances des anciennes ordonnances.» Cette compagnie écossaise conserva toujours le premier rang parmi les gendarmes, à cause de son ancienneté. La compagnie des gendarmes d’Orléans fut créée en 1647 pour Monsieur, frère de Louis XIV ; celle des gendarmes dauphins en 1666. La compagnie des gendarmes anglais datait de 1667 ; elle se composait de catholiques anglais, écossais et irlandais que Charles II, roi d’Angleterre, avait incorporés dans ses gardes et que le parlement le força de renvoyer. Louis XIV en fit une compagnie spéciale sous le nom de gendarmes anglais et en donna le commandement au comte Hamilton. La compagnie des gendarmes bourguignons fut organisée en 1668 ; celle des gendarmes d’Anjou, établie en 1669, prit son nom de Philippe de France, duc d’Anjou, né en 16GS, et mort en 1671. Les gendarmes de Flandre furent établis en 1673 ; enfin les gendarmes de Bourgogne et de Berry en 1690. Les deux reines Anne d’Autriche et Marie-Thérèse avaient aussi leurs compagnies de gendarmes. Le nombre des compagnies de gendarmes varia au XVIIe siècle ; mais elles furent maintenues jusqu’en 1778. À cette époque, Louis XVI les supprima et ne conserva que la compagnie de gendarmes écossais. Mais ce n’est pas dans les fastes de cette ancienne gendarmerie que nous devons chercher l’origine du corps dont nous allons faire en quelques mots l’historique. C’est dans l’ancienne maréchaussée, et si nous ne craignions de paraître prendre la chose ab ovo, nous remonterions jusqu’aux siècles antérieurs à rétablissement des Francs dans les Gaules. Tertullien nous rapporte, en effet, que les Romains avaient établi, dans toute l’étendue de leur empire si vaste, des stations militaires, des brigades mobiles, sous les ordres de magistrats nommés latronculatores, juges des voleurs. Ces brigades mobiles étaient tout simplement des gendarmes. Les gendarmes datent, on le voit, de plus loin que leurs homonymes les gens d’armes, parmi lesquels les plus nobles étaient heureux de compter des ancêtres aux croisades.

Notre gendarmerie a été créée par les décrets de l’Assemblée constituante du 22 décembre 1790 et du 16 février 1791, pour remplacer l’ancienne maréchaussée, supprimée par les décrets du 18 août et 22 septembre 1790. Elle prit le nom de gendarmerie nationale ; on lui donna une noble devise, à laquelle elle n’a jamais menti : valeur et discipline. C’était un corps à la fois civil et militaire, dont les officiers étaient justiciables des tribunaux civils. Il se composait, sans compter 2 compagnies de 102 hommes pour le service des tribunaux et des prisons de Paris, de 7,450 hommes partagés en 28 divisions et en 1,560 brigades (ordonnance du 1er janvier 1791). Chaque division, commandée pur un colonel, comprenait 2 compagnies. Le 5 janvier 1792, le corps de gendarmerie fut placé sous les ordres de 4 lieutenants généraux et 4 maréchaux de camp inspecteurs. Le 5 juin 1792 on organisa la gendarmerie en légions, au nombre de 26, et en brigades, au nombre de 2,500, 1750 à cheval et 750 à pied. Les décrets du 24 juin de la même année faisaient la distinction entre les gendarmes montés et les gendarmes non montés ; nous disons maintenant gendarmerie à cheval et gendarmerie à pied ; ils attachaient à chaque département, excepté à celui de la Seine, 15 brigades commandées chacune par un brigadier ou un maréchal des logis. On créa, en outre, une gendarmerie d’armée, durant les guerres de la Révolution, pour le service des armées en campagne. Cette gendarmerie d’armée fut mise, en 1809, sous les ordres d’un grand prévôt. En 1801, une légion de gendarmerie faisait partie de la garde des Consuls. Le corps entier avait un inspecteur général depuis la