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courant de ce qui sa passait dans les salons du faubourg Saint-Germain. Si tel ne fut pas précisément le rôle de Mme de Genlis, il resto néanmoins avéré, d’après son propre témoignage, qu’elle écrivait souvent à l’empereur sur des sujets de politique. Joseph Bonapnrte lui faisait aussi une pension de 3,000 fr. ; on n’a jamais su quel genre de service elle rendait à ce prince. Cependant son Histoire de Henri le Grand la brouilla avec Napoléon, qui lui retira pension et logement.

Durant ia même période (de 1802 à 1813), Mme de Geniis publia quelques ouvrages, où l’on reconnaît l’admiratrice des romans du xvnc siècle.

À la rentrée des Bourbons, le duc d’Orléans fait rendre à son ancienne gouvernante ce que le -premier consul lui avait retiré, et Mme de Genlis continue d’écrire, car écrire était une des conditions de son existence. « Mais, dit Sainte-Beuve, ces écrits d’alors, productions trop faciles d’une plume qui ne s’était jamais contenue et qui s’abandonnait plus que jamais à ses redites, reproduisent, en les exagérant, tous les défauts de son esprit et de sa manière. L’élégance commune de la forme n’y dérobe plus 1 insipidité du fond, et quelques observations fines y surnagent à peine dans des fiots de paroles. Ajoutez qu’elle y devient de plus en plus une Mère de l’Église, et qu’elle s’y pose en adversaire à mort de Voltaire. »

En 1825, Mme de Genlis publia en volume, sous le titre de Souvenirs deFélicie, ses mémoires, dont la plus grande partie avait déjà paru dans la Bibliothèque des Romans. Ils sont volumineux, mais ont déjà perdu presque tout leur intérêt. Elle n’a laissé véritablement qu une œuvre littéraire, Mademoiselle de Clermont, et encore peut-on dire que, dans ce petit roman, comme dans tous ceux de l’auteur, le récitf qui coule partout avec facilité, ne se relève jamais par l’originalité de la pensée. Les expressions qui ont quelque nouveauté et quelque fraîcheur sont très-rares chez Mme de Genlis, et on ne les rencontrerait guère que dans quelques-uns de ses portraits de société, où elle est soutenue par la présence et la fidélité de ses souvenirs. On a dit très-justement de son style, comme on le disait d’une actrice qui jouait avec plus de sagesse que de mouvement :« Elle est toujours bien, jamais mieux.»

Quant au caractère de Mme de Genlis, il était peu honorable : elle se vante elle-même de sa duplicité. C’est en vain qu’elle voulut jouer un rôle politique ; son amour effréné des plaisirs, ses habitudes ruineuses firent qu’elle n’eut jamais cette indépendance d’esprit nécessaire pour exercer une influence sur la direction des affaires de son pays, et la mirent toujours dans la nécessité de flatter les puissances du jour. Elle avait la prétention d’exceller en toute chose, même dans les ouvrages d’aiguille, dans l’art du vannier et dans la chirurgie. Elle se posait surtout en théologienne et en défenseur du catholicisme contre les philosophes. Elle tenta de corriger Voltaire et Rousseau, qu’elle accusait de ne pas savoir écrire leur langue, et voulut refaire l’Encyclopédie. « La lecture de Diderot, dit-elle, m’échauffe le sang ; je voudrais avoir a ma disposition toutes les trompettes de la Renommée pour le réfuter. » Cette ferveur, qui tenait plus du calcul que de la conviction, et où l’envie entrait pour beaucoup, l’avait fait surnommer par M.-J. Chénierla Mère de l’Église. Voici comment l’apprécie le poète : Non loin de ces frelons nourris dans l’art de nuire Et corrompant le miel qu’ils n’ont pas su produire J’aperçois le phénix des femmes beaux-esprits. Son libraire lui seul connaît tous les écrits Dont madame llonesta daigne enrichir la France. Vous n’y trouverez point cette heureuse élégance, Cet esprit délient dont les traits ingénus Iitifiaient dans Sevigné, La Fayette et Caylus ; C’est un lourd pédaniisuie, un ton sévère et triste ; C’est Piiilaminte encor, mais un peu janséniste. « De la France avec moi le bon goût avait fui, Dit-elle ; après dis ans j’y reviens avec lui : Plaignant du fond du cœur ma patrie en délire. J’arrive d’AItona pour vous apprendre & lire. J’ose môme espérer de plus nobles succès : Je voudrais, entre nous, convertir les Français. Plus d’un, sans réussir, a tenté l’entreprise. Vous n’aviez pas alors des mères de l’Église. Si la philosophie a pu vous abuser, Si des noms trop fameux, qu’on voudrait m’opposer, Forment dans la balance un poids considérable, Mes trente in-octavo sont d’un poids admirable : Pour faire pénitence il faut les méditer ; J’aurais bien plus écrit ; mais je dois regretter Quelques beaux jours perdus loin de mon oratoire : C’était un vrai roman ; le reste est de l’histoire, Et de la sainte encor : vingt ans j’ai combattu Pour la religion, les mœurs et la vertu..

Après avoir fait ainsi parler Mme Honesta, le poète s’écrie :

Pesté, ce ne sont la des matières frivoles ; Vous n’êtes point, madame, au rang des vierges folles-Vous n’avez point caché sous le boisseau jaloux La flamme dont le ciel fut prodigue envers vous ; Mais, faisant au public partager cette flamme, Croyez qu’un ton plus doux lui plairait mieux, madame. Or, c’est précisément beaucoup d’acrimonie qu’on trouve dans les œuvres de Mme de Genlis. Son style est plus facile que correct, et ses conceptions, parfois intéressantes, manquent de naturel et d’originalité. Elle a fait

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I des romans historiques complètement dépourvus de couleur et de vérité.

Cerutti a dit de son théâtre d’éducation : « Mille comédies comme celles de Mmo de Genlis ne donneraient pas une bonne scène. » Mme de Genlis n’a pas publié moins de quatre-vingts ouvrages, dans tous les genres.

Voici ceux qui méritent d’étré cités : Théâtre à l’usage des jeunes personnes (1779, 7 vol. in-8o) ; Adèle et Théodore (1782, 3 vol. in-8o) ; Veillées du château (1784, 3 vol. in-8o), roman moral qui eut un grand succès ; Discours sur l’éducation du dauphin (1790), brochure patriotique qui valut à l’auteur l’animadversion des royalistes ; les Chevaliers du Cygne (1795, 3 vol. in-8o) ; les Petits émigrés (1798, 2 vol. in-8<>) ; Mademoiselle de Clermont (1802, in-18) ; la Duchesse de LaVa !Hère (1804, in-8o) ; Madame de Maintenon (1806, in-8o), abrégé de l’ouvrage défectueux do La Beaumelle ; Mademoiselle de La Fayette (1S13, in-8o) ; Abrégé des mémoires du marquis de Danyeau (1817, 4 vol. in-so), livre très-médiocre, pour lequel pourtant l’auteur a eu à sa disposition le manuscrit original de Dangeau ; Dictionnaire des étiquettes de la cour (1818, 2 vol. in-8o) ; les Diners du baron d’Holbach (1822, in-8o) ; les Athées inconséquents (1824, in-8o) ; Mémoires inédits (1825, 8 vol. in-8<>) ; les Soupers de la maréchale du Luxembourg (1828, w-8°).

Genlis (MÉMOIRKS DE MADAME De) [1825,

8 vol.]. Ces Mémoires ne sont pas précisément des confessions ; l’auteur ne s’est point engagé à conter toute son histoire. La partie la plus amusante est celle qui retrace 1 enfance de Mme de Genlis, chanoinesse précoce et petit prodige, qui portait d’habitude le costume et les armes de l’Amour, carquois sur l’épaule, arc à la main, avec un habit couleur de rose, de petites bottines paille et argent, et des ailes bleues, qui pis est ! Mais ces détails intéressants n’en sont pas moins futiles ; mieux vaut s’arrêter aux figures du xvme siècle, aux personnages plus ou moins célèbres dont Mme de Genlis a esquissé le portrait. Le premier qui se présente est ce La Popelinière, le plus fameux des fermiers généraux par son faste, son goût pour les arts et ses disgrâces maritales. Mme de Genlis le peint comme un homme de beaucoup d’esprit, possédant toutes les vertus domestiques, recevant le meilleur monde, et faisant un bien infini ; elle rend, en effet, hommage à l’exacte vérité ; mais elle a tort de lui faire honneur de certaine tempérance, qui, d’après Marmontel, n’était qu’une vertu nécessaire. Vient ensuite une file de portraits qui font passer devant les yeux du lecteur toute la haute société, depuis les dernières années du règne de Louis XV jusqu’à la Révolution. La première chose qui frappe, en parcourant avec attention cette curieuse et très-longue galerie, c’est d’y voir presque toutes les femmes qui ont suscité des tracasseries au peintre, ou qui lui ont fait des noirceurs, aussi pauvres de figure que laides de cœur et d’esprit. En revanche, celles qui ont aimé, admiré surtout l’auteur des Mémoires sont presque toujours des anges de lumière et de beauté. Mme de Genlis nous introduit auprès de Voltaire, qu’elle visite à Ferney, en 1776. Elle loue sans réserve le grand homme, contre lequel elle a si amèrement écrit ; elle le loue par les faits. Il y a dans ses observations une finesse piquante, et ces pages garderont toujours l’attrait de la nouveauté : c’est Voltaire étudié en robe de chambre, dans son entourage, par une femme qui voit juste. Sur J.-J. Rousseau, elle nous raconte des choses fort jolies, de véritables scènes de comédie ; de même sur d’Alembert, qui voulait, en son honneur, proposer à l’Académie de créer quatre places de femme, et qui, au mot de religion, se fâche et s’en va furieux. Quelques récits analogues sur Buffon et sur La Harpe, quelques traits épars, dont la justesse n est pas toujours te premier mérite, sur Thomas, Saint-Lambert, Raynal, Marmontel, l’abbé Delille, Bernardin de Saint-Pierre et Palissot, complètent la partie littéraire des Mémoires, pour le xvme siècle. Dans la foule de ces portraits, il en est de charmants sans doute ; plusieurs sont même tracés avec un goût incontestable. Cependant, comme l’auteur possède l’art de conter bien plus que le talent de peindre, on préfère ses anecdotes, et surtout ses historiettes, à ses portraits.

Les Mémoires de Mme de Genlis auraient pu apprendre beaucoup de choses sur les événements et les intrigues politiques, mais il ne faut pas l’interroger à ce sujet : elle n’a rien vu, rien entendu ; si on insiste trop, elle est capable de dire que le Palais-Royal, où elle eut sa part d’influence, lui est inconnu. Ses disgrâces et son exil au temps de la Révolution, puis les largesses et las éloges calculés du premier consul, qui a vu en cette femme auteur une influence bonne à s’approprier, ont fait de Mme de Genlis uneJ/eve de l’Église, une ennemie des philosphes. Elle envoie au nouveau maître, à la requête de celui-ci, une correspondance politique, littéraire, morale, etc. C’est le pendant de la correspondance de Fiévée, qui a recommandé

Mme de Genlis à Bonaparte. Elle admire la conversation du roi Jérôme, mais elle renouvelle en partie l’exécrable accusation de Chateaubriand contre Chénier ; contre toute vraisemblance, elle conteste à Ginguenô la

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paternité de son Histoire littéraire d’Italie ; elle allègue contre d’autres personnes des imputations qui font le plus grand tort à son jugement ou à sa sincérité. Elle ne se trompe pas moins gravement sur le mérite respectif des principaux écrivains du temps. Du reste, sa mémoire, dont elle se montre très-fière, lui joue plus d’un mauvais tour. Mais sa prescience de prophète lui fait annoncer la fin du monde et le jugement universel, d’ici a cinq ou six siècles.

Sous prétexte de naturel et de vérité, M"’" de Genlis écrit ses Mémoires sans ordre et sans plan. C’est une immense causerie, avec les zigzags d’une causerie où manquent les transitions. Le style est, comme tout le reste, fort inégal. On rencontre des pages charmantes et très-purement écrites, où le goût le plus exigeant ne trouverait à reprendre qu’un peu d uniformité, puis d’autres pages écrites avec une extrême négligence et une incorrection choquante. Son livre, très-diffus, auraitdùêtre considérablement abrégé et condensé.

GENNABUM, nom latin de Gibn.

GENNADE s. f. Cèn-na-de). Jurispr. anc. Femme qui avait épousé un homme d’une condition inférieure k la sienne.

GENNADIUS, écrivain gaulois, qui vivait à Marseille au vo siècle de notre ère. Il entra dans les ordres, et composa plusieurs ouvrages dont il ne nous reste que deux : De oiris Hfuslribus (Cologne, 15S0, in-8o), livre qui contient cent notices sur des écrivains ecclésiastiques, de 392 à 495, et Libellus de ecclesiasticis dogmatibus (Hambourg, 1614, in-4o), traité attribué à tort à saint Augustin.

GENNADIUS, patriarche de Constantinople, né, croit-on, dans cette ville vers 1400, d’abord connu sous le nom de George* le Scolaire. Il acquit une grande réputation par l’étendue de son savoir, par son éloquence, entra en relations avec les hommes les plus éminents et les plus hauts personnages de son temps, remplit, de 1438 à 1439, les fonctions de premier juge du palais, et accompagna l’empereur aux conciles de Ferrare et de Florence, assemblés principalement dans le but de mettre un terme au schisme qui avait séparé l’Église grecque de l’Église latine. Gennadius, d’abord opposé à l’union des deux Églises, se prononça tout à coup pour ce qu’il avait combattu, vraisemblablement pour obéir à l’empereur ; mais il ne tarda pas k revenir à sa première opinion, qu’il ne cessa, depuis lors, de soutenir. Lorsque Constantinople fut tombé au pouvoir de Mahomet

II (1453), les membres du clergé élurent pour patriarche Gennadius, qui ne tarda pas à abdiauer cette dignité pour aller finir ses jours dans un monastère. On a de lui un grand nombre d’ouvrages restés manuscrits. Parmi ceux qui ont été imprimés, nous citerons son Exposition de la foi chrétienne, adressée à Mahomet II, et publiée, avec une traduction latine et turque, dans la Turco-Grscia de Crusius.

GENN AH1 ou «EN AK1 (Benoit), dit le Vieux,

peintre italien de l’école bolonaise, maître du Guerchin, né à Cento en 1550, mort en 1610. Il se distingue par la noblesse de ses compositions et le beau caractère de ses têtes. On cite surtout de lui : Saint Pierre, dans l’église de ce nom, à Pérouse ; une Vierge allaitant l’Enfant Jésus, au musée du Louvre ; le Baptême d’un roi par saint Amien, remarquable tableau qu’on voit à San-Giovanni-ân-Monte, à Bologne.

GENNAH1 (Ercole), peintre italien, fils du précédent, né à Cento en 1597, mort en 1658. Il fut l’élève, puis le beau-frère du Guerchin, dont il s’est attaché a copier les compositions, et ses copies sont si fidèles, qu’elles se vendent souvent pour des originaux. Outre ces copies, on a quelques tableaux de son invention, notamment une Sainte Trinité au musée de Bologne, et une Natioité à Saint-André de Ferrare.

GENNARI (Benoit), dit le Jeune, peintre italien, élève du Guerchin, fils du précédent, né à Cento en 1633, mort en 1715. Il a aussi imité son maître, mais moins servilement, et ses tableaux originaux sont très-estimés. Il fut peintre de la cour d’Angleterre sous Charles II et Jacques II, travailla à Versailles pour Louis XIV et le duc d’Orléans, et revint en Italie, après une absence de vingt années, converti par l’école flamande, ainsi que le montrent ses derniers ouvrages. On cite parmi ses meilleurs tableaux : Saint Zacharie, à Forli ; une Sibylle, au palais Manfrin, à Venise ; Vénus et Adonis, au musée de Londres ; Tobie, au musée de Madrid ; une Jeune fille peignant un Amour, au musée de Dresde ; Saint Jérôme, au musée de Vienne.

— Son frère, César Gennari, né à Cento en 1641, mort en 1688, se fixa à Bologne, où il étudia sous le Guerchin, et où il ouvrit une école fort suivie. Comme Benoit, il copia de nombreux tableaux de son maître, et réussit également dans le paysage et dans la peinture historique. Nous mentionnerons parmi ses ouvrages : la Vierge apparaissant à saint Nicolas de Bari, au musée de Bologne, et une Madone, au musée du Louvre.

GENNARI (Joseph), littérateur italien, né à Padoue en 1721, mort en 1800. Il entra dans les ordres, fut pourvu d’un modeste bénéfice, et se livra entièrement, depuis lors, à son

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goût pour les sciences et surtout pour la littérature. Gennari fit partie de l’Académie des sciences, lettres et arts de Padoue. Il collabora aux Nunne memorie per seroire alla storia letteraria du Zanotti, et publia des opuscules anonymes, des mémoires, des dissertations, etc. Nous citerons do lui : Antico Corso de Ftitnii in Padova (Padouo, 1776, in-4o) ; Annali délia cita di Padova (Dassano, 1804, 3 parties, in-4<>), et des Lettres (Venise, 1829).

GENNARO, montagne d’Italie, dans les anciens États de l’Église, a 15 kiloin. N. de Tivoli. Elle appartient au rameau oriental des Apennins du centre, et a une altitude de 1,307 met. C’est, après le Guadagerolo, le point le plus élevé de toute la chaîne qui forme la limite orientale de la campagne de Rome. Quelques géographes croient y reconnaître le mons f.ucrctilis célébré par Horace. Son ascension forme une excursion des plus intéressantes, et de son sommet l’on découvre une des vues les plus pittoresques de l’Italie.

GENNARO (Joseph-Aurèle), célèbre jurisconsulte italien, né à Naples en 1701, mort en 1761. Également versé dans la connaissance des lettres grecques et latines, des mathématiques, de la philosophie, de l’histoire, il fit une étude approfondie du droit romain et des lois de son pays, et embrassa alors la carrière du barreau. Son vaste savoir, son talent d’avocat lui acquirent une grande et rapide célébrité. Nommé juge au tribunal de la grande cour de la Vicaria en 1738, Gennaro reçut, en 1745, le titre de secrétaire de la chambre royale, puis devint successivement conseiller du roi (1748), professeur de droit féodal (1753), et secrétaire d’État pour les affaires ecclésiastiques. Ce jurisconsulte fut un des principaux auteurs du Code carolin, par lequel fut réformée la législation napolitaine. On peut le regarder comme le chef de l’école historique dans son propre pays. Il a exposé ses principes dans la Respublica jurisconsultorum (Naples, 1731, in-4o), où il donne une histoire du droit. Il en existe une mauvaise traduction française, par l’abbé Dinouart (1768, in-12). Parmi ses autres ouvrages, nous mentionnerons : Delle viziose maniere del difender le cause nel foro (Naples, 1744, in-4o), traduit en français par Royer-Duval, sous le titre de l’Ami du barreau (1787) ; Feriæ automnales post reditum a Repubtica jurisconsultorum (Naples, 1752, in-8o), écrit faisant suite à la Respublica juriscousultorum ; Oratio de jure feudali (1754). Ses Œuvres complètes ont été publiées à Naples (1767, 4 vol. in-8o).

GENNES, bourgdeFran.ee(Maine-et-Loire), ch.-l. de cant-, arrond. et à 16 kilom. de Saumur, sur un coteau de la rive gaucho de la Loire ; pop. aggl., 722 hab. — pop. tôt., 1,758 hab. Carrières, tanneries. Dans les murs de l’église Saint-Eusèbe, qui sert aujourd’hui d’école communale, sont enchâssés les restes d’un temple romain. L’église Saint-Vétérin contient aussi plusieurs portions de murs, de colonnes et de voûtes qui ont appartenu à un temple antique. « Les antiquités celtiques, dit M. Joanne, abondent k Gennes. Outre de nombreux peulvens, nous signalerons le magnifique dolmen de la Madeleine, au lieu dit la Pagerie, qui mesure 11 mètres de longueur sur 4 de largeur et 3 mètres de hauteur. En 1837, ont été découvertes, près de la grotte de l’Ermitage, les ruines d’un amphithéâtre creusé dans le flanc d’une colfine. On peu au-dessous de l’arène passait un aqueduc qui conduisait les eaux de la fontaine de Mazerolles k Gennes. »

GENNES (du), navigateur français, mort à Plymouth en 1704. Il était capitaine de vaisseau dans la marine royale, lorsqu’il demanda au gouvernement l’autorisation de fonder un établissement au détroit de Magellan. Le roi la lui accorda et mit à sa disposition six navires sur lesquels s’embarquèrent 784 hommes. À la tête de sa flottille, de Gennes quitta La Rochelle en 1695, longea la côte d Afrique, détruisit l’établissement anglais du fort lames, découvrit, après avoir doublé le cap Forward, une baie qu’il appela Baie française, se vit ensuite assailli par de gros temps continuels et contraint de retourner en France sans avoir rempli le but de son entreprise (1697). L’ingénieur Froger, qui l’avait accompagné dans cette expédition, publia la Relation de ce voyage en 1099. De Gennes fut ensuite nommé gouverneur de l’île Saint-Christophe, dans les Antilles. En 1702, le gouvernement anglais envoya quatre vaisseaux

avec 1,200 hommes de débarquement pour s’emparer de cette île. De Gennes, qui disposait de forces insignifiantes, consentit, suriavis de 12 des 17 membres d’un conseil de guerre qu’il avait assemblé, a souscrire à une capitulation, et les principaux habitants lui délivrèrent une attestation par laquelle ils déclarèrent qu’il s’était rendu à leurs instances, afin d’éviter la ruine totale de la colonie. Malgré cette pièce qui justifiait sa conduite, de Gennes, conduit à La Martinique, fut arrêté, et une longue et rigoureuse procédure commença contre lui. Il se défendit avec une grande énergio, irrita ses adversaires, et, contrairement à toute justice, fut condamné, comme coupable de lâcheté, k être dégradé et privé de la croix do Saint-Louis, De Gennes fit appel de ce jugement ; il revenait en France, lorsque le vaisseau qui le portait tomba entre les mains des Anglais et