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grélie devint également vassal de la Russie, et 1m Gourie, qui n’était en réalité qu’une dépendance de l’Imérêlhie, partagea son sort. En 1767, la Kartbnlinie, inféodée à la Kachêtie, tomba sous la domination de la Perse. Elle voulut s’y soustraire et conclut, dans ce but, un traité avec la Russie. Les Persans, irrités, l’envahirent et la ravagèrent. Alors le roi Georges XI, selon d’autres Georges XIII, poussé a bout, implora un secours efficace de l’empereur Paul Ier et)ui céda son royaume en 1799. C’est en vertu de cette cession que, ce prince étant mort en 1800, l’empereur Alexandre, par un manifeste publié en 1802, déclara la Géorgie réunie à l’empire. David, fils du roi Georges, devint lieutenant général ou service de la Russie, et les princes, ainsi que les nobles géorgiens, entrèrent dans la noblesse russe.

GÉORGIE, un des États des États-Unis de ITAmérique du Nord, compris entre ceux de Tennessee et de la Caroline du Nord au N., la Caroline du Sud et l’Atlantique à TE., la Floride au S., et l’Alabnma a l’O. ; par 30°20’ et 350 de laL. N., 83° 10’ et 88» 2G’ de long. O. 490 kilorn. sur 400 ; 147,318 kilom. carrés. 1,057,327 hab. ; ch. I. Milledgeville.

Le sol dé la Géorgie offre de nombreux accidents de terrain. Des ramifications des monts Blue-Riilge et Kittaiinny couvrent la partie nord de l’État. Le terrain, qui va toujours en s’inclinant du pied de ces montagnes au rivage de la mer, est entrecoupé de monts, de collines, de vallées, do torrents et de marécages. Ces derniers, notamment ceux d’Okenoqo, sont remplis de reptiles, et couvrent une superficie immense. En hiver, on dirait une mer parsemée d’Iles. Les cours d’eau abondent dans l’État de Géorgie ; les plus importants sont : l’Okonee et I Oakmulgee, qui traversent la partie centrale de la contrée et dont la réunion forme l’Altamaha ; le Savannah, oui sépare la Géorgie de la Caroline du Sud ; la Santilla et le Saint-Mary’s, qui arrosent le S.-E. de l’État ; le Flint, l’Oclockonee et la Suwanee, qui baignent les comtés du S.-O. ; le Chattahoochee, qui traverse l’État en ligne directe jusqu’à la frontière O ; l’Appalachicola, formé par la jonction du Flint et du Chattahoochee ; le Tullapora, la rivière de Coosa et le Hawanee.

Le climat, sain et tempéré dans la partie N. de la Géorgie, est humide et malsain dans la partie basse, pendant les mois de juillet, août et, septembre. En été, la région du sud est brûlée par un soleil dévorant.

Le sol de la Géorgie est remarquable par sa variété. Le coton et la soie sont cultivés avec succès sur le sol léger et sablonneux des côtes. À l’intérieur, les couches d’ailuvion sont coupées de marais qui produisent du riz en abondance. Les vallées arrosées par les cours d’eau que nous venons d’énumérer ci-dessus sont d’une prodigieuse fertilité. On y récolte du sucre, du riz, du coton et du maK d’une excellante qualité. La région de l’O., peu susceptible de culture, est en grande partie couverte de magnifiques forêts de pins, d’où l’on tire des bois de construction et des produits résineux. Dans le S.-O., au contraire, le sol, quoique léger et sablonneux, est d’un bon rapport, et la culture du coton, de la canne à sucre et du tabac y donne d’excellents résultats. La partie N. de l’État n’est pas propre à la culture du coton, mais les céréales y réussissent à merveille. Ce que noua venons de dire suffit peut montrer que la Géorgie occupe un bon rang parmi les États agricoles de l’Amérique du Nord. Ajoutons que la culture maraîchère et l’élève des bestiaux, qui est pratiquée sur une grande échelle, sont aussi une source abondante de richesse pour les habitants. La cire et le miel sont également l’objet d’un commerce lucratif. Les principales essences des forêts sont : le pin, le chêne vert, l’orme, le cèdre, le cyprès, le noyer, le sycomore, l’érable, le laurier, le magnolia et le palmier.

Le développement des lignes de chemin de fex et la facilité de se procurer les matières premières ont donné, dans ces dernières années, une vigoureuse impulsion à l’industrie etau commerce de l’État de Géorgie. Les voies de communication abondent ; en effet, la plupart des cours d’eau sont navigables pour les bateaux jusqu’à 200 et 300 milles de la mer, et un réseau complet de chemins de fer sillonne la contrée dans tous Ls sens, reliant entre elles toutes les villes un peu importantes et les mettant en communication directe avec les grandes cités des États-Unis de l’Amérique du Nord et du Sud.

La Géorgie est divisée en 04 comtés qui sont, par ordre alphabétique : Baker, Baed■win, Bryan, Bullock, Burke, Butts, Camden, Camphell, Campheliton, Carrol, Cass, Chatham, Chatwoga, Cherokee, Clark, Cobb, Coluinbia, Coweta, Crawford, Dekalb, Dooly, Draytou-Carly, Effingham, Elbert, Emmanuel, Fayette, Floye, Forryth, Franklin, Gilmer, Glynn, Gordon, Green, Gwinett, Habetsharn, Iïall, Hancock, Havris. Hoard, Henry, Houston, Irwin, Jasper, Jackson, Jefferson, Jones, Laurens, Léo, Liberty, Lincoln, Lowndes, Luniljkin, Maçon, Madison. Marion, Meriwether, Mintosh, Monroe, Montgomery, Morgan, Murray, Muscogee, Newton, Oglethorpe, Pauldin-, Pik, P.uiaski, Putnam, Rabun, Ramtolphe, Riehmond, Scriven, Stutirt, Sumpter, Talbot, Taliaferro, Tatnell, Telfair, Thomas, Traup, Twiggs, Marion-Union, Up GEOR

ser, Walter, Walton, Ware, Warren, Washington, Wayne, Wilkes, Wilkinson.

L’État de la Géorgie est administré par un gouverneur élu, pour deux ans, par la voix populaire, et recevant un traitement de 3,000 dollars (15,000 fr.) ; le pouvoir législatif est confié à une législative ou assemblée générale, composée d un sénat de 112 membres, et d’une chambre de représentants de 150. La Géorgie envoie 7 représentants au Congrès américain. La justice est rendue, premièrement, par une cour de redressement présidée à tour de rôle par les trois juges qui la composent ; ces juges sont élus pour six ans par une assemblée des deux chambres ; secondement, par une cour supérieure tenue deux fois l’an dans chaque comté, et présidée à tour de rôle par des juges élus pour quatre ans par le pouvoir législatif ; troisièmement, par des cours inférieures dont les juges sont élus par le vote populaire.

Le territoire de la Géorgie faisait partie de ta Caroline et de la Floride avant 1732. A cette époque, le roi George II céda au généra ! Oglethorpe et à quelques autres riches propriétaires le pays situé entre le Savannah et l’Altamaha ; ce pays reçut le nom de Géorgie en l’honneur du royal donateur. La première colonie s’y établit, le 9 février 1733, sur les rives du Savannah, à l’endroit où s’élève aujourd’hui la ville de ce nom. En 1730, cette première colonie s’accrut de deux autres colonies d’Écossais et d’Allemands ; en 1742, elle fut attaquée par les Espagnols^qui en furent vivement repoussés. En 1752, les donataires cédèrent leur droit à la couronne, et l’on institua dans la colonie, en 1755, une cour supérieure de justice. En 1783, George III érigea la colonie en une province, qui entra, en 1775, dans l’Union américaine, et adopta, en 1788, la constitution des États-Unis. En 1835, les derniers Indiens, les Creeks et les Cherokees, ont été expulsés de l’Étatet refoulés sur les rives du Mississipi, au N.

GÉORGIE (canal de), bras de mer de l’Amérique septentrionale, entre l’archipel de Quadra et Vancouver et le continent américain. Il a 390 kilom. de long sur G0 de large. Son entrée septentrionale porte le nom de détroit de la reine Charlotte, tandis qu’au sud il communique avec l’Océan par le détroit de Juan de Fuca.

GÉORGIE (NOUVELLE-). V. Salomon (îles).

GÉORGIE MÉRIDIONALE, ou ILE DU ROI-GEORGE, île de l’océan Atlantique austral, à l’O. de la Terre de Feu, par 54» 4’45" de lat. S. et 400 35’ de long. O. Des rochers élevés et couverts de neige la bordent de tous côtés. Le Français La Roche la découvrit en 1675.

GÉORGIE SEPTENTRIONALE, groupe d’Iles de la mer Polaire, par 75» de lat. N. et 97° de long. O. On le nomme aussi archipel Porry.

GÉORGIEN, iENNE s. etadj. Ce or-ji-ain, i-è-ne — rad. Géorgie). Géogr. Habitant de la Géorgie ; qui appartient à ce pays ou à ses habitants : Les Géorgiens. Les Géorgiennes ont le cerveau très-développé ; leur figure est ronde, leurs yeux sont très-beaux, leur nez est grec, leur bouche petite et garnie de dents parfaitement rangées. (J.-J. Marcel.)

— s. m. Linguist. Langue qu’on parle en Géorgie.

— Hist. relig. Membre d’une ancienne secte d’Allemagne.

— s. f. Sorte de coiffure.

— Comm^ Etoffe de soie de la famille des satins, qui s’emploie pour robes, cravates et articles de inodes.

— Encycl. Linguist. La langue géorgienne fait partie de cette classe d’idiomes qui n’appartiennent ni au tatarisrae ni à l’indo-gerînanisme, et qui s’étendent, avec les montagnes du Caucase, des rives de la mer Noire jusqu’à une très-petite distance de la mer Caspienne.

L idiome géorgien est le plus grammaticalement développé ; il reste toutefois dans les limites de la classe que l’on désigne sous la dénomination d’agglutinante.

On le distinguo en géorgien ancien et en géorgien moderne. i

Le premier fut jadis parlé dans l’Hérie, qui | correspondait a la Géorgie ou Grusie ac- ’ tuelle ; il est éteint depuis plusieurs siècles. Selon Klaproth, les Goudomaquaris, qui habitent les hautes montagnes du Caucase, à l’est do l’Aragari, où ils conservent encore leur indépendance, seraient les seuls Géorgiens

Earlant encore cette langue, dans laquelle on ùtle service divin ; elle ne diffère pas tant du géorgien vulgaire que le latin diffère du français.

Le géorgien moderne ou vulgaire est parlé en différents dialectes par les Géorgiens.

La langue géorgienne admet beaucoup de mots dérivés et composés ; elle ne connaît point l’usage de l’article ; les substantifs, les adjectifs, les pronoms et les participes n ont qu un seul genre.

Le pluriel est formé par l’apposition de la syliabe bi ou rti ; par exemple : marna, père, mamabi, pères.

Le comparatif est marqué par la syllabe préposée tif le superlatif par sula ; par exemple ; lamasi, beau ; silamusi, plus beau ; sulalamasi, le plus beau.

L’indicatif a six temps, parmi lesquels il-y a trois parfaits ; le subjonctif n’existe pas, et

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le passif se forme par des verbes auxiliaires. Les prépositions sont jointes à la fin du nom qu’elles régissent ; par exemple : tze, terre ; da, sur ; tzeda, sur la terre.

La construction des phrases est très-libre et très-variée ; les mêmes mots ont, surtout dans le style élevé, plusieurs acceptions différentes, ce qui donne naissance à beaucoup d’équivoques, Un jeu de société, appelé sma, consiste dans un échange rapide de calembours.

L’alphabet géorgien, qui renferme tout le système phonétique des idiomes caucasiques, comprend une espèce particulière de consonnes, de celles que les grammairiens ont l’habitude de nommer d’un nom latin, tenues. Cet alphabet, inventé par Mesrob dans le ve siècle, renferme trente-neuf lettres, parmi lesquelles il y a neuf voyelles, dix sifflantes, neuf gutturales.

Les Géorgiens écrivent de gauche à droite ; ils ont deux espèces de caractères, les ecclésiastiques et les vulgaires. Ceux-là ressemblent un peu aux caractères arméniens et sont formés de traits droits, comme les runes de Scandinavie.

C’est sous les trois règnes brillants de David le Restaurateur, de Georges III et de la reine Thamar, depuis 1089 jusqu’en 1198, que la puissance.et la littérature des Géorgiens atteignirent leur plus grand éclat. C’est pendant cet âge d’or que la cour de Tiflis devint le rendez-vous des postes et des littérateurs, et que furent composés presque tous lesouvrages originaux. Leurs auteurs étaient, comme les troubadours, des princes et des guerriers qui, après la combat, chantaient eux-mêmes leurs exploits et leurs amours.

La littérature géorgienne, outre beaucoup d’ouvrages encore manuscrits traduits du grec, dont la plupart sont des livres ecclésiastiques, compte des poèmes très-étendus, des chansons populaires qu’on dit très-anciennes, des romans remplis de tableaux touchants et une collection d’apologues comparables, à ce que l’on dit, aux fables de Lokraan.

Le poëme le plus connu est la Tamariani de Tsachruchadse, ou l’éloge épique de la reine Thamar ; il est très-étendu et écrit en strophes de quatre lignes, où la même ligne revient seize lois.

Vient ensuite le poëme de la Peau du tigre ; par Rustawel, dont le héros est un prince de l’Inde. Il est composé en vers schairi, qui est le mètre le plus naturel k la langue géorgienne, dont la poésie offre des jeux de rimes multipliées et de consonnes répétées.

Le iambrek est le vers le plus majestueux des Géorgiens ; c’est celui dont ils se servent dans leurs hymnes d’église, et dans lequel le caLholicos Antony a composé son Ezo bilsitquaoba, ou séries d’odes historiques sur les hommes illustres de la Géorgie.

Géorgiennes (les), opérette, paroles de M. Jules Moineaux, musique de M. Offenbach, représentée aux Bouffes-Parisiens le 16 mars 1864. La scène se passe dans un petit village de Géorgie, dont un pacha fait le siège pour remonter son sérail. Les femmes font une sortie et s’emparent du pacha lui-même. Cette pièce burlesque n’a pas eu de succès. La musique en a paru assez agréable ; on a j remarqué le chœur des Géorgiennes, l’air du pacha, les couplets du capitaine Zulma-Bouflar, et enfin une espèce de Marseillaise chantée par des femmes. Cette opérette a été jouée par Léonce, Pradeau et Mlle Saint-Urbain.

GEORGIEVSK, ville de la Russie d’Europe, gouvernement et à 180 kilom. S.-E. de Stawropol, à 320 kilom. N.-O. de Tiflis, sur la petite Kouma ; 3,500 hab. La position de cette ville sur une hauteur escarpée du côté du N., du S. et de l’E., et les ouvrages qu’on y a exécutés en font une place forte très-importante. Elle est régulièrement bâtie. La population se compose en majeure partie de Cosaques du Volga, qui s’occupent presque exclusivement d’agriculture, puis d’un petit nombre de Russes et d’Arméniens.

GEOKG1EWITCH (Barthélemi), voyageur hongrois, né au commencement du xvi° siècle, mort à Rome en 1560. Il était fort jeune encore lorsqu’il fut enlevé par les Turcs, qui avaient envahi la Hongrie. Conduit en Roumclie, Géorgiewitch eut à subir, pendant treize ans, la plus dure Captivité ; mais il finit par s’échapper, traversa l’Asie Mineure, atteignit la Palestine, d’où il put regagner l’Europe, et se rendit à Rome, où il termina ses jours. On a de lui plusieurs ouvrages, dont les principaux sont : Epilome de Turcarum ritu, moribus et cseremoniis (Paris, 1545) ; be affîictione tant captiuorum quam sub Turco tributo vicentium christianorum (Worms, 1545), etc.

GEORGII (Eberhard-Frédéric de), jurisconsulte allemand, né dans le Wurtemberg en 1757, mort en 1S30. Il était fils d’un général major au service du Wurtemberg ; il prit, à vingt ans, le grade de docteur en droit à l’université de Tubingue, et parcourut l’Allemagne et la France. De retour dans sa patrie, il fut nommé professeur de droit naturel et do droit de la guerre au collège Carolin, à Stuttgard. fin 1S17, Georgii devint président du haut collège de justice, et prit plus tard la présidence du haut tribunal. Nous citerons parmi ses écrits : Y Anlilévialhan ou Du

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rapport de la morale avec le droit extérieur et la politique (Gocttingue, 1807) ; Sur la révision du droit civil (1821) ; Esquisse d’une organisation d’administration hi/potliécaire (1823), etc.

GEORGINA s. m. Cor-ji-na — de George, roi d’Angleterre). Bot. Syn. de dahlia.

GEORGINE s. f. Cor-ji-ne — deVatnt Georges). Métrol. Monnaie réelle d’argent de l’ancienne république de Gênes, fabriquée à l’effigie de saint Georges et aux armes de Gênes. Elle pesait 130 grains <5S’, 96) et était au titre de 10 onces 8 deniers (861 millièmes) ; sa valeur était de 1 fr. 15 environ de notre monnaie. Ces espèces sont aujourd’hui démonétisées.

GEORGINE, ÉE adj. Cor-ji-né — rad. genrgine). Bot. Qui ressemtile au georgina ou dahlia.

— s. f, pi. Famille d’astéroïdées, ayant pour type le genre georgina ou dahlia.

GÉORGIQUE adj. Cé-or-ji-ke — du gr. , terre ; ergon, ouvrage). Littér. Qui concerne les travaux de l’agriculture : Poème GÉorgique.

Virgile, favori du dieu de l’harmonie, À son chant gèortjique employa trois hivers. Fa. de Neufchâteau.

— s. f. Philos. Partie de la morale qui concerne la culture des mœurs, dans le système de Fr. Bacon.

— s. f. pi. Littér. Poëmes sur les matières qui se rapportent à l’agriculture ou à l’économie agricole : Les géorgiques de Virgile. Les géorgiques de Detille. Les géorgiques de Virgile ont toute la perfection que peut avoir un ouvrage écrit par le plus grand poète de l’antiquité. (Delille.)

Géorgiques (les), poGme didactique de Virgile, en quatre chants. Ce poëme, dont le titre, mot grec qui signifie les travaux de la terre, indique suffisamment l’objet, est le plus achevé de tous ceux que nous a laissés 1 auteur ; et c’est peut-être le chef-d’œuvre de la poésie latine. Virgile l’entreprit à la prière de Mécène, son protecteur. Le poète avait trente-quatre ans quand il commença cet ouvrage ; il consacra sept années à 1 exécuter et le parfaire. Il ne cessa de le corriger jusqu’à la fin de ses jours. Quoi 1 tant de temps et tant de soin pour un poème qui n’a guère plus de deux mille vers I « Mais, dit M. Al. Pierron, ce n’est pas à la longueur d’un poëme que se mesure le génie de son auteur. La postérité s’inquiète médiocrement de savoir si peu de vers ont coûté beaucoup de jours : elle jouit de leur beauté, elle admire leurs perfections ; que lui importe le reste ? •

Les Géorgiques ne sont pas seulement un recueil de leçons sur la culture de la terre ; elles comprennent à peu près tout ce que nous entendons par économie rurale. Virgile a suivi, en général, le plan de l’ouvrage de Varron. Le premier livre traite de la culture proprement dite ; le second, de l’arboriculture, et particulièrement de la culture de la vigne ; le troisième, de l’élève des bestiaux, et le quatrième, de l’éducation des abeilles. Le poëte n’a pas épuisé son sujet. Il a omis plus d’un point important : c’est ainsi, par exemple, qu’il n’a point parlé des jardins, et s’est contenté de peindre en traits admirables la douce vie d’un heureux cultivateur de jardins.

Mais une analyse plus détaillée fera mieux comprendre ce que peut laisser à désirer ce poème, d’ailleurs si beau, et expliquera quelques critiques dont ce chef-d œuvre admirable a pu néanmoins être l’objet. Suivons-le chant pur chant, en regrettant de ne pouvoir le suivre vers par vers.

Virgile commence par exposer le sujet et le plan du poème. Il n’a garde d’oublier d’invoquer les dieux et César. Il entre ensuite en matière, et traite d’abord, conformément au plan annoncé, de l’agriculture.

Il y a des travaux préparatoires : ce sont les premiers dont s’occupe Virgile. Il faut commencer à labourer au printemps, quelquefois même dès l’automne précédent, ou seulement pendant les chaleurs de l’été, quand les terres sont légères. Il ne faut pas négliger d’améliorer le sol, soit par le repos (jachère), soit par un changement dé culture (assolement), soit en l’engraissant ou en brûlant les chaumes (écobuage). Il importe d’ameublir en brisant les mottes, en hersant, en labourant une seconde fois dans un sens oblique, etc. Puis, ces travaux préparatoires accomplis, viennent ceux qui suivent l’ensemencement : écraser de nouveau les mottes de terre ; arroser ; faire brouter aux bestiaux les herbes trop épaisses ; dessécher les endroits trop humides ; se prémunir contre les fléaux qui, par ordre du ciel, ont envahi la terre aprèsl’âge d’or, tels que les oiseaux de proie, les mauvaises herbes, l’ombre, la rouille, la sécheresse. Virgile décrit les instruments de culture ; il indique comment on observe les signes de fécondité ; il enseigne quelles attentions il convient d’avoir, comme de tremper les grains dans l’eau, de choisir annuellement les qualités. Il enseigne surtout la distribution des temps, et ne craint pas de parler avec quelque détail sur le cours du soleil, sur la sphère, etc. Il y a des dangers à éviter : ouragans, ondées excessives, etc. Pour se garantir de ces divers périls, on observera la. place que les planètes occupent au zodiaque,