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GESS

gète très-bien dans des fonds médiocres, même granitiques ou schisteux, et produit un fourrage fort goûté des bestiaux. La gesse sans feuilles a des fleurs jaunes et solitaires ; ses folioles avortent complètement ; mais elle a des stipules très-développées et qui simulent de véritables feuilles. Elle est annuelle et croît dans les moissons des terrains secs, auxquelles elle nuit beaucoup quand elle est trop abondante. Ce qui compense un peu cet inconvénient, c’est qu’elle améliore, comme fourrage, la paille à laquelle elle reste attachée. Mais, bien qu’elle soit fort recherchée par le bétail, son produit est si faible qu’il n’y aurait aucun avantage à la cultiver pour cet objet.

La gesse odorante, plus connue sous les noms de pois d’odeur ou pois de senteur, est annuelle et s’élève à i mètre et plus. On la croit originaire de l’Inde. Elle est, depuis un temps immémorial, cultivée dans les jardins d’agrément, où elle a produit de nombreuses variétés à fleurs d’une odeur suave et présentant toutes les nuances du violet, du rouge et du blanc. On la place ordinairement entre les murs et les treillages, et on la propage très-facilement de graines semées en place, mais après qu’on a eu soin de garnir le trou de terreau bien consommé. On la cultive aussi en pots, pour orner les gradins ou les fenêtres. En échelonnant les semis à diverses époques, on peut obtenir des fleurs jusqu’aux gelées, et même en hiver, si on a la précaution de rentrer les pots en orangerie. La fane de cette espèce plaît beaucoup aux bestiaux et la graine aux volailles ; mais on ne cultive pas cette belle plante pour ces divers usages.

La gesse tubéreuse est vivace et croît dans

les moissons de l’Europe centrale et méridio , nale. Elle a de jolies fleurs roses, réunies

§ ar cinq ou six à l’extrémité du même péoncule ; aussi la cultive-t-on avec avantage dans les terrains paysagers. Sa fane est un très-bon fourrage ; mais ce qui la distingue surtout, ce sont ses racines, ou plutôt ses tubercules farineux, ovoïdes, de la grosseur du pouce et dont la chair blanche et tendre a une saveur qui rappelle celle de la châtaigne. On leur donne les noms de macjon, méguzon, gland de terre, etc. Ils sont riches en amidon, en sucre et en gluten. On les récolte à la suite des labours d’automne et d’hiver, et on peut les garder, en jauge ou à la cave, jusque vers le milieu du printemps. On les mange cuits dans l’eau ou sous la cendre, et ils constituent un très-bon aliment. On les emploie aussi pour nourrir les cochons. Cette plante, fréquemment cultivée autrefois, a été complètement détrônée par la pomme de terre.

La gesse des prés est vivace et a des pédoncules terminés par six à huit fleurs jaunes ; tous les bestiaux l’aiment beaucoup. Elle est fort commune dans les prairies ; mais nulle part on ne la cultive en grand. On peut en dire autant de la gesse des marais, espèce à fleurs bleues, qui croît dans les lieux humides, et de la gesse des bois, qui dépasse la hauteur de l mètre, et que ses jolies fleurs roses ont souvent fait admettre dans les jardins paysagers.

La gesse à larges feuilles habite les bois montueux : ses fleurs rouges sont au nombre de dix à douze sur chaque pédoncule. Elle dépasse souvent 2 mètres de hauteur. Ses tiges sont trop grosses et trop dures pour être mangées par les bestiaux, et l’on ne peut guère les employer qu’à faire de la litière ou à chauffer le four. Ses feuilles donnent un bon et abondant fourrage, et ses graines servent à nourrir les oiseaux de basse-cour. On appelle vulgairement cette plante pois vivace, pois éternel, pois, à bouquets. Elle est fréquemment cultivée dans les parterres et les jardins paysagers, comme plante grimpante. Elle se propage facilement de graines semées en place, au printemps ou à l’automne ; quelquefois on sème en pépinière, phur repiquer et planter à demeure au plus tard l’année suivante. Elle ne fleurit guère que la troisième année, et alors elle est si bien enracinée qu’il est très-difiicile de l’arracher.

La gesse hétérophylle est vivace et dépasse la hauteur de 1 mètre. Elle croît dans les terrains arides de l’Europe centrale et méridionale. Cultivée dans les jardins d’agrément, elle est aussi utilisée par l’agriculture ; on a essayé avec succès d’en former des prairies artificielles. Elle est très-rustique, très-productive et fournit aux animaux un aliment aussi sain et aussi agréable que nutritif, facile à dessécher et conservant sa couleur verte d’une année à l’autre, mais un peu dur lorsqu’on a laissé la plante mûrir ses semences. La racine est légèrement sucrée et peut servir à l’alimentation. Les graines, malheureusement sujettes aux atteintes des bruches, donnent un produit abondant et sont assez recherchées pour la nourriture de la volaille.

GESSE, rivière de France. Elle prend sa source dans le départ, de la Haute-Garonne, passe dans celui du Gers et se jette dans la Save, après un cours de 55 kiloin. Les réservoirs de Lannemezan lui fournissent, en été, 500 litres d’eau par seconde.

GESSEN (terre de), contrée de l’Égypte, à 1 E. de Bubastis, qui fut assignée pour résidence à la famille de Jacob, et où demeurèrent les Hébreux jusqu’à leur sortie du pays d’Égypte. On a beaucoup discuté sur la position géographique de ce territoire. Il est à peu près certain qu’il se trouvait dans la basse Égypte et à l’E. du Nil, entre l’isthme de Suez et le bras du Nil aboutissant à Péluse. La capitale de ce district était On (Héliopolis). Joseph épousa la fille d’un prêtre d’Héliopolis, et, d après la tradition égyptienne, Moïse aurait été un prêtre renégat de la même ville. Le pays de Gessen était coupé par le canal qui joignait le Nil à la mer Rouge, et sur les bords duquel les Hébreux furent contraints de construire les deux villes de Pithom (Patumos, la ville du dieu Atmon) et de Ramsès ; près des ruines de la première se trouve encore aujourd’hui, comme au temps des Romains, un lieu appelé Tell Joudeheh (Vicus Judæorum). Le district porte actuellement le nom de Escheharkiyah (pays oriental).

GESSENAI, en allemand Saanen, bourg de Suisse, cant. et à 50 kilom. S.-O. de Berne, sur la Sarine, au pied du mont Dofiuch ; 3,630 hab. Élève de bestiaux ; fabrication très-importante de fromage façon de Gruyère. Les maisons, généralement en bois, sont ornées de galeries.

GESSETTE s. f. Cé-sè-te— dimin. de gesse). Bot. Nom vulgaire de la jarosse, espèce de gesse.

GESSI (Francesco), peintre italien de l’école bolonaise, élève du Guide, né à Bologne en 1588, mort en 1649. Il imitait si fidèlement la manière de son maître qu’il fut surnommé Seconda Guido. Il n’égala pas, il est vrai, le Guide pour la correction du dessin, l’expression et le choix des figures ; mais il fut son digne émule quant à la fermeté du pinceau et au moelleux du coloris. Gessi suivit son maître à Kome, travailla avec lui, puis se rendit à Naples pour y décorer la chapelle de Saint-Janvier. Des- tracasseries suscitées par des peintres jaloux de son talent le forcèrent à quitter cette ville. Réduit par un procès à un état de profonde détresse, Gessi se livra à l’intempérance, perdit son talent, et mourut des suites de ses excès. Il avait tenu longtemps à Bologne une école d’où sortirent plusieurs élèves distingués. Son chef-d’œuvre est une Vierge, qu’on voit dans la galerie de Milan. Parmi ses nombreux tableaux, nous citerons : à Bologne, Saint François recevant les stigmates, la Descente du Saint-Esprit, le Couronnement de la Vierge, le Christ portant sa croix, le Christ au Jardin des Oliviers, Miracle de saint Bonaventure, la Sainte Famille, etc. ; à Pérouse, le Christ succombant sous la croix ; à Lucques, l’Adoration des Mages ; à Modène, un Repos en Égypte ; à Vienne, Morphée apparaissant à Alcyone, etc.

GESSLER (Hermann), avoué impérial dans les cantons d’Uri et de Sch-witz, au commencement du Xive siècle. Il se rendit célèbre par ses violences et sa tyrannie, et fut tué par Guillaume Tell.

GESSNER, nom de divers personnages. V. GeSner,

GESSCR, contrée de l’ancienne Palestine, à l’E. du Jourdain, entre les monts Hermon, Maach et Basan, dans la tribu de Manassé. Au temps de David, elle avait encore un roi particulier, Tholmai, dont.la fille Maacha, mariée à David, devint la mère d’Absalon. Le nom de cette contrée signifie Pont, et de nos jours encore, dans l’espace situé entre le mont Hermon etlelacdeTibériade, on trouve un pont de basalte, jeté sur le Jourdain, qui peut avoir donné son nom au pays,

GESTA s. m. pi. Cè-sta — inotlat. qui signif. choses faites). Hyg. Ensemble des mouvements naturels ou accidentels auxquels se livrent les diverses parties du corps.

Gcatn Dct per Franco», recueil des œuvres de divers historiens qui ont raconté les expéditions orientales et l’histoire du royaume établi par les Francs à Jérusalem. Cette collection, due à Gondarsius, qui la publia en 1611, avec une dédicace à Louis XIII, fait suite à la collection des écrivains byzantins. Le titre indique assez la philosophie de l’histoire que s’était créée Gondarsius : il fait du peuple franc l’instrument de la Providence.

Les Gesla Deiper Francos contiennent les œuvres de treize historiens et se terminent par des pièces justificatives. Pistorius, ce médecin.qui abjura le protestantisme et qui se fit prêtre, avait publié la même collection au xvio siècle, en l’attribuant à des écrivains syriens. Gondarsius, reprenant et complétant son idée, donna quelques auteurs nouveaux, ou, comme il le dit lui-même, des auteurs renouvelés ; car il eut le soin de revoir minutieusement les textes. Cette collection d’historiens offre donc un réel intérêt, d’autant que la plupart des auteurs ne font que raconter naïvement les choses qu’ils ont vues. Il n’y faut point chercher les grâces d’un latinisme raffiné ; mais la diversité des esprits et des goûts a introduit une grande diversité dans les styles. Le premier historien est François Pithou, qui a écrit une Histoire des Francs et des autres conquérants de Jérusalem, commençant au départ d’Urbain II pour la France et finissant à la prise de Jérusalem. Ce récit embrasse cinq années, de 1095 à 1099. Ensuite vient l’histoire de Jérusalem par le moine Robert, qui s’étend également jusqu’à la bataille d’Ascalon. Baldric, abbé et plus tard archevêque, raconte le commencement du, voyage des croisés jusqu’à la première guerre

GEST

après la prise de Jérusalem. Raymondus de Agilis, chapelain du comte de Toulouse, écrivit, à la prière de Pontius, une narration qui embrasse les mêmes événements que les précédentes. Albert (David Hœschelius) part du commencement même de l’expédition, et s’arrête a la seconde année du roi Baudouin II. Son récit expose les événements de vingt-six années. Kulcher raconte les actes de Baudouin, frère du roi Godefroy, qu’il suivit en qualité de chapelain. Gautier raconte les guerres d’Antioehe. Le récit de l’abbé Guibert, du monastère de Sainte-Marie, commence aux succès des musulmans dans l’extrême Orient. Un appendice de ce récit raconte les événements survenus en l’année 1112 ; un écrivain anonyme retrace le siège de Jérusalem par les Francs. Viennent ensuite des récits de Guillermus, archevêque, et une notice des patriarches d’Antioehe et de Jérusalem ; puis l’histoire hiérosolimitaine de l’évêque Jacques de Vitry, dont le troisième livre se rapporte au siège de Damiette (1218). La collection proprement dite des historiens des Gesta Dei per Frqjicos se termine par des fragments d’une histoire de Jérusalem écrite par un Anglais, et embrassant les événements accomplis de l’année 1077 à l’année 1140. Viennent enfin vingt-sept lettres écrites par des princes, des rois et des prélats au roi Louis le Jeune ; une bulle du pape Innocent ; une lettre d’Oliverus, qui prêcha dans le Brabant, la Flandre et la Frise. Tel est le résumé des matières contenues dans cette publication.

Gesiu ltomiinortim, cum applicationibus moralisatis ac mysticis (Louvain, 1473, in-fol. ; Rouen, 1521, in-12). Il paraît probable que l’auteur de ce curieux ouvruge vivait au xive siècle. On a supposé, maïs sans autorité suffisante, que ce pouvait être Pierre Berthorius. On l’a aussi attribué à Hélinand et à Gérard de Leuw, libraire d’Anvers, mais sans plus de preuves. Le Gesta imprimé diffère notablement de presque tous les manuscrits, et le texte en est certainement postérieur. Robert Gaguin l’a traduit en français.

Toutes les histoires dont se compose l’ouvrage ne sont pas empruntées, comme le titre semble l’annoncer, à l’histoire romaine. On y rencontre cà et là, outre des fables grecques et orientales, des contes tirés de la Disciplina clericalis de Pierre-Alphonse, des fabliaux, des légendes de saints, des extraits de Jacques de Xoragine, des anecdotes qui avaient déjà été popularisées aux siècles précédents, telles que la Vache aux cornes d’or, Rosemonde, les Trois pâtés, etc.

GESTATION s. f. Cè-sta-si-on — rad. ges~ tatio ; de gestare, porter). Physiol. Portée d’une femelle vivipare ; état de cette femelle depuis la conception jusqu’à l’accouchement : La gestation de la femme est de neuf mois, celle des chameaux de onze et demi. (Cloquet.) Les femmes cessent d’être réglées pendant la gestation. (Caseaux.)

— Fig. Travail latent, état de quelque chose qui couve, qui se prépare : La société est en gestation d événements terribles. (L. Blanc.) Toute gestation a son labeur. (E. de Gir.)

— Antiq. rom. Exercice qui consistait à se faire porter ou traîner avec une grande rapidité, pour procurer de l’agitation au corps : La gestation s’opérait en chaise, en litière, en chariot, en bateau, etc. il Partie couverte d’un jardin, d’un portique, où l’on se promenait en litière et où l’on se livrait à l’exercice de la gestation.

— Encycl. Physiol. et Méd. La durée de la gestation est différente suivant les espèces. Ces variations ne sont pas soumises à une loi rigoureuse qui les ferait dépendre du volume, du degré de perfection ou du genre de vie des animaux ; les distinctions que l’on s’est efforcé d’établir à ce sujet ont toutes quelque chose de vrai, mais elles ne sont pas exactement rigoureuses. Ce qui demeure certain, c’est que, différente pour la plupart des espèces différentes, la durée de la gestation est identique pour les individus d’une même espèce.

On peut avoir une confiance presque absolue dans le tableau que nous donnons ci-après de la durée de la gestation chez les femelles d’un certain nombre de mammifères :

Souris, 25 jours ; souslik, 25 ; hamster, 28 ; écureuil, 28 ; lapin, 28 k 30 ; lièvre, 28 à 30 ; rat, 35 ; marmotte, 35 ; belette, 35 ; furet, 40 -} hérisson, 43 ; chatte, 56 ; martre, 56 ; chienne, 63 ; renard, 63 ; putois, 63 ; lynx, 63 ; loutre, 63 ; louve, 63 ; cochon d’Inde, 65 ; blaireau, 65 ; lionne, 110 ; truie, 119 ; glouton, 120 ; castor, 120 ; brebis, 147 ; chamois, 154 ; chèvre, 154 ; gazelle, 154 ; chevreuil, 165 ; bouquetin, 167 ; lama, 168 ; ours, 210 ; singe sapajou, 210 ; renne, 230 ; axis, 230 ; femme, 270 ; élan, 270 : mandrill, 270 ; vache, 286 ; jument, 300 ; ânésse, 300 ; zèbre, 300 ; chamelle, 315 ; rhinocéros, 540 ; éléphant, 620.

Le temps de la gestation, pour l’espèce humaine, est donc de 270 jours, 9 mois de 30 jours, c’est-à-dire que le travail de formation de l’embryon n’est complet que dans cet espace de temps. S’il arrive parfois qu’un onfant naisse avant terme, les diverses infirmités qu’il présente et la débilité de sa santé prouvent que l’œuvre de la natureaétédevancée. Unesanté parfaite peut cependant se concilier avec une avance d’un mois, mais non avec une avance

GEST

plus considérable sur le terme normal de la grossesse. On voit également, mais le cas est infiniment moins fréquent, le terme delà gestation être reculé de plusieurs semaines. Toutefois, la période de dix mois semble la limite extrême, et quand elle est dépassée, il est démontré qu’il ne s’agit plus d’un fœtus vivant et pouvant naître viable, mais d’un embryon qui doit, en se momifiant, subir, avec des altérations d’un ordre spécial, un séjour presque indéfini dans le sein maternel. Dans ce cas, l’état de la mère cesse de porter le nom de gestation, période d’un état complètement normal, pour rentrer dans le cadre des situations pathologiques. Il est inutile d’ajouter que, dans l’appréciation de ces durées diverses, il faut toujours tenir compte des fraudes possibles, lorsque la femme a intérêt à faire supposer que la conception remonte à une époque anomale, pour justifier un retard suspect de l’accouchement. La loi civile, jugeant les faits avec la rigueur que la régularité des lois de la natuie 1 autorise à employer, et sans tenir compte des exceptions fréquemment invoquées, a fixé à 280 jours la durée légale de la.gestation, en laissants l’appréciation des tribunaux le droit d’admettre un nombre restreint de jours en plus ou en moins.

GESTATOIRE adj. Qè-sta-toi-re — lat. gestatorius, même sens ; 3e gestare, porter).Antiq. rom. Qui sert à la gestation : Chaise gestatoire, Il Se dit encore de la chaise à porteurs dont le pape fait usage.

GESTE s. m. Cè-ste — du lat. gestus, fait). Mouvement de quelque partie du corps, principalement des membres ou de la tète, fait ^ dans le but d’exprimer une pensée, un senti- mentou une intention -.Faire de grands gestesen déclamant. Avertir quelqu’un par des gestes. Ecarter quelqu’un d’un geste. Les gestes concourent avec les mouvements du visage pour exprimer les mouvements de l’âme. (Buff.) Le geste est quelquefois aussi sublime que le mot, (Dider.)

J’approuvai tout pourtant dejla mine et du geste.

Boiibjp.

Un gâte, un seul regard en dit plus qu’on ne pense.

Andrieux.

— Encycl. Le geste a été, sans aucun doute, le premier langage de l’homme, et il a toujours constitué comme une sorte de langue commune à toutes les nations, langue tellement naturelle à l’homme, que, lorsqu’il parle à ses semblables, il la joint toujours instinctivement à l’autre langage, à celui dont sa voix est l’organe.

Les mains sont les organes les plus importants du langage des gestes. Elles traduisent toutes nos pensées par leurs différents mouvements. Toutes les autres parties du corps concourent à la mimique de l’orateur, mais les mains paraissent être l’organe d’un second langage. N’est-ce pas avec les mains que nous demandons, que nous promettons, que nous appelons, que nous repoussons, que nous menaçons, que nous marquons l’horreur et la crainte, etc. ? Nos mains servent à traduire la joie, la tristesse, le doute, la prière, le repentir.

Les épaules participent à presque tous les gestes du bras, mais elles ont, en outre, des mouvements propres très-significatifs : c’est ainsi qu’on hausse les épaules en signe de désapprobation ou de dédain.

Les membres inférieurs, destinés surtout à soutenir le corps, contribuent peu au langage des gestes ; cependant on frappe du pied dans la colère et l’on trépigne dans l’impatience. On peut dire en général que toutes les parties du corps susceptibles de mouvements apparents et volontaires deviennent, à un moment donnée des instruments du geste. Le geste volontaire accompagne ordinairement la parole, lui sert d’auxiliaire plus ou moins puissant et la remplace même quelquefois. Le geste volontaire est d’autant plus parfait qu’il se rapproche davantage du geste naturel, et c’est en se rapprochant de celui-ci qu’un homme faux peut tromper ceux qui le voientet qu’il’écoutentsurdes sentiments qu’il n’éprouve point.

GESTE s. m. Cè-ste — du lat. gesta, choses faites). Haut fait, action d’éclat, exploit ; ne s’emploie guère qu’au pluriel : On a écrit les gestes de Dieu accomplis par les Francs. La tradition ne nous a transmis que les GESTES de quelques nations. (Buff.) La Révolution française est un ghste de Dieu. (V. Hugo.) u Ce sens a vieilli.

— Fam. Faits et gestes, Action, conduite, exploits dans un sens ironique : Je connais ses faits et gestes.

— s. f. Nation, peuple, race, il Vieux ino qui est resté peut-être dans la locution suivante.

Chanson de geste ou simplement Geste, Poëme destiné à célébrer les hauts faits d’un peuple ou d’un prince : La grande geste de. Loheraius est un monument presque unique. (Rev. german.) Une geste est le récit des exploits d’un prince ou d’un preux carlovingien. (E, Littré.) Il Dans l’expression de chanson de geste, on ignore si geste signifie exploits, ou s’il a le sens de nation ; on est donc incertain sur le genre du mot dans cette expression.

— Encycl. Chanson de geste. V. chanson.

Gciici do» FruucB (Gesta Francorum), par Adrien de Valois. Augustin Thierry, dans ses