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GAIL

— Typogr. Caractère d’imprimerie qui n’est autre que le huit.

GAILLARDELETTE s. f. (ga-llar-de-lè-te ; II rail. — rad. gaillard). Ane. mar. Pavillon arboré sur le mât do misaine ou sur le mât d’artimon. Il On disait aussi galant.

GAILLARDEMENT adv. (ga-llar-de-man ; Il mil. — rad. gaillard). D’une façon gaillarde, gaie, joyeuse : Viore gaillardement, il D’une façon téméraire, légère, risquée, cavalière : C’est ayir un peu gaillardement. Il a répondu un peu gaillardement.

GAILLARDET s. m. (ga-llar-dè ; Il mil.rad. gaillard). Ane. mar. Pavillon échancré que l’on arborait au mât de misaine.

GAILLARDET (Frédéric), auteur dramatique et littérateur français, né à Tonnerre en 1806. Après avoir terminé de bonne heure ses études, il suivit les cours de lu Faculté de droit et fut reçu avocat. Comme une partie de sa famille résidait à Tonnerre, dans l’Yonne, il vint s’y établir et faire ses premières armes au barreau de cette ville. Tout à coup une nouvelle se répand avec la rapidité de l’éclair : un drame historique vient d’être joué à la Porte-Snint-Martin, une œuvre d’une puissance dramatique extraordinaire, la Tour de Nesle, cette pièce émouvante qui devait atteindre le succès formidable de huit cents représentations. L’auteur, un nom bien connu, Alexandre Dumas, recevait avec la naïveté coutumière à sa vanité les compliments du monde lettré, lorsqu’un jeune avocat de Tonnerre s’avisa de réclamer sa part dans le succès’, se prétendant l’auteur de la pièce, Alexandre Dumas n’ayant fait que l’habiller à la mode du théâtre. Grand émoi ; la presse se divise en deux camps, une polémique regrettable et retentissante s’engage entre les deux collaborateurs, devenus ennemis, et se termine par un duel entre deux hommes dignes de se serrer la main. Cette triste controverse est oubliée depuis longtemps ; MM. Dumas et Gaillardet sont devenus deux amis, et, lorsqu’en 1861 le chef-d’œuvre de M. Gaillardet fut repris, il s’empressa d’adresser au directeur de la Porte-Saint-Martin, M. Marc Fournier, la lettre suivante, que nous reproduisons comme peignant en quelques lignes l’honorable écrivain qui l’a signée :

« Mon cher Fournier, un jugement rendu par les tribunaux en 1832 a ordonné que la Tour de Nesle serait imprimée et affichée sous mon nom seul, et c’est ainsi qu’elle l’a été, en effet, jusqu’en 1852, époque de son interdiction. Aujourd’hui que vous êtes autorisé à la reprendre, je vous permets et je vous prie même de joindre a mon nom celui d’Alexandre Dumas, mon collaborateur, auquel je tiens à prouver que j’ai oublié nos vieilles querelles, pour me souvenir uniquement de nos bons rapports d’hier et de la grande part que son incomparable talent a eue dans le succès de la Tour de Nesle. »

Une telle lettre fait autant d’honneur au cœur de Gaillardet que sa pièce en fait à son esprit. Quant à Dumas, on sait qu’il a des deux à en revendre.

Encouragé par le succès de la Tour de Nesle, M. Gaillardet voulut se lancer dans la carrière d’auteur dramatique, mais il ne pouvait guère se soutenir à une telle hauteur ; c’était aspirer à descendre. Struensée (1832), Georges ou le Criminel par amour (1833), deux autres drames, furent écrasés par le souvenir du triomphe de leur aîné. En 1836, les Mémoires du chevalier d’Eon obtinrent un grand succès. Néanmoins, leur auteur abandonna cette veine, qu’il était loin d’avoir épuisée, pour un projet plus sérieux.

En 1839, il voulut relier entre elles les populations d’origine française éparses dans le nouveau monde, la Louisiane, Saint-Louis, le Canada, Louisville et le Missouri, au moyen d’un organe qui fût le représentant de leurs intérêts. Il fonda dans ce but un journal français à New-York, sous le titre 3e : Courrier des Etals-Unis, en prit la direction et réussit à faire une véritable puissance, dans les deux Amériques, de cette feuille qu’il rédigeait avec autant de talent que de vigueur. Pour récompenser le service éminent qu’il rendait à nos nationaux par cette publication patriotique, le roi Louis-Philippe conféra en 1843 à M. Frédéric Gaillardet le grade de chevalier de la Légion d’honneur, distinction qui fut également approuvée des deux côtés de l’Océan. M. Gaillardet continua cette œuvre utile jusqu’en 1848, époque où il céda la propriété et la rédaction en chef du Courrier des Etals-Unis pour revenir dans sa patrie. Depuis lors, il adresse chaque semaine des correspondances politiques à ce journal, qui Soutient glorieusement la flère allure qu’il avait su lui imprimer. Aussitôt qu’il fût arrivé à Paris, la Presse s’empressa de s’adjoindre un collaborateur dont les connaissances spéciales devaient lui être fort utiles. En effet, Si. Gaillardet y traita les questions américaines avec une compétence qui fait autorité dans le journalisme parisien. Son style est net, précis, chaleureux, il se ressent de ses instincts dramatiques ; durant la guerre d’Amérique, ses articles ont été fort remarqués et ont puissamment contribué à éclairer l’opinion publique, qui, à une telle distance, pouvait facilement s’égarer. Malgré le succès de la Tour de Nesle, l’œuvre capitale de M. Gaillardet, c’est la fondation du Courrier des États-Unis, œuvre éminemment française, patriotique. Le

GAÏL

dévouement est beau et louable en tout temps et partout ; cependant il est en quelque sorte moins méritoire à Paris, où la renommée se hâte de le consacrer et de le récompenser. Mais l’homme qui s’éloigne volontairement du théâtre de la civilisation, du milieu où lajustice doit lui être promptement rendue, pour aller se dévouer obscurément, dans des contrées où il est inconnu, au bien de ses compatriotes qui vivent hors de leur patrie, n’estîl pas cent fois plus digne de nos éloges ? Telle est la noble mission que s’était imposée M. Gaillardet, et à laquelle il n’a point lailli ; nous l’en félicitons au nom de la France et de la démocratie, fières toutes deux de le voir jouir de la plus belle des récompenses, c’est-à-dire d’assister au triomphe de son œuvre et au succès du Courrier des États-Unis.

GA1LLARD1E s. f. (ga-llar-dî ; Il mil. — de Gaillard, bot. fr.). Bot. Genre de plantes, de la famille des composées, tribu des sénécionées, comprenant sept ou huit espèces, qui croissent dans l’Amérique du Nord. Il On dit

aussi GAILLARDE.

— Encycl. Les gailtardies ou gaillardes sont des plantes herbacées, annuelles ou vivaces, dressées, velues, à feuilles alternes, à rameaux longs, nus, terminés chacun par un capitule large de fleurs jaune fauve au centre, jaune orangé au pourtour. Les espèces, au nombre de sept ou huit, sont originaires de l’Amérique du Nord et surtout du Mexique. Introduites depuis peu de temps dans nos cultures, elles ont produit un certain nombre de variétés agréablement panachées.

On les multiplie facilement de graines, semées à l’automne ou au printemps ; elles fleurissent dans tous les cas l’année suivante. On repique les jeunes plantes, quand elles ont trois ou quatre feuilles. On en fait de jolies corbeilles.

GAILLARDIN (Claude-Joseph-Casimir), historien français, né à Doullens (Sonxne) en 1810. Il a suivi la carrière de l’enseignement et a été nommé, en 1845, professeur d’histoire au lycée Louis-le-Grand. Ses principaux ouvrages sont : Histoire du moyen âge (1837-1843, 3 vol.), les Trappistes ou l’Ordre de Citeaux au xixe iiècle (1844, 2 vol.). M. Gaillardin a pris part à la rédaction des Cahiers d’/iistoire universelle de Burette et Dumont.

GAILLARDISE s. f. (ga-llar-di-ze ; Il mil.

— rad. gaillard). Caractère de ce qui est gaillard, libre, gai, un peu risqué : Ses pat-oies sont d’une Gaillardise qui fait rougir les dames, il Parole gaillarde, un peu libre, un peu risquée : Conter des gaillardises. Les plus beaux esprits de tous les siècles ont toujours un peu donné dans le péché de la gaillardise. (Grimm.)

Qu’on chante et l’on dise Quelque gaillardise Qui nous scandalise En nous égayant.

EÉRANUER.

GÀ1LLÀHDOT (Claude-Antoine), médecin et naturaliste français, né à Lunéville en 1774, mort dans cette ville en 1833. Il fut, pendant vingt ans, attaché aux armées, en qualité de chirurgien militaire, puis se fixa dans sa ville natale, où il continua k joindre à la pratique de son art l’étude des sciences naturelles, particulièrement de la géognosie. Gaillardin parvint à former une intéressante collection de débris d’animaux fossiles. On a de lui plusieurs Mémoires insérés dans les Annales des sciences naturelles et <ians le recueil de la Société des sciences de Nancy.

GAILLARDOTELLE s. f. (ga-llar-do-tè-le ; Il mil. — de Gaillardot, sav. fr.). Bot. Syn. de rivulaire, genre d’algues.

GAILLEFONTAINE, village et commune de France (Seine-Inférieure), cant. de Forges, arrond. et à 16 kilom. de Neufchâtel, sur la Béthune ; 1,844 hab. La forteresse de Gaillefontuine, qui paraît avoir été construite vers le milieu du xio siècle, « était, écrit M. Decorde, environnée d’une triple enceinte dont les murs d’escarpement n’avaient pas moins de 3 à i mètres d’épaisseur. La première enceinte est aujourd’hui garnie de plantations de taillis, la seconde est convertie en jardins et la troisième est en partie occupée par le village. » D’agréables promenades ont été pratiquées sur ces ruines. Le chœur de l’église paroissiale est orné d’un magnifique retable en bois sculpté et d’un curieux bas-relief représentant la Cène.

GAILLET s. m. (ga-llè ; Il mil. — altér. du lat. gatium, ou du fr. caille-lait, noms de la plante). Bot. Syn. de caille-lait.

GAILLETEOX, EUSE adj. (ga-lle-teu, eu-ze ; II mil. — rad. gaillette). Comm. Qui contient des gaillettes : Charbon gailletetjx.

GAILLETTE s. f. (ga-llè-te ; Il mil. — rad. caillou. Etym. dout. J. Comm. Morceau de houille de moyenne grosseur : Gaillettes de Fresnes. Charbon en gaillettes. il On dit aussi

GALIETTE.

GAILLETTERIE s. f. (ga-llè-te-rî ; Il mil.

— rud. gaillette). Min. Charbon tout en gros morceaux, après le triage.

GAILLON, ville de France (Eure), ch.-l. de cant., arrond. et à 15 kilom. de Louviers, au pied des coteaux de la rive gauche de la Seine ; pop. aggl., 1,704 hab. —pop. tôt., 3,219 hab. Prison centrale ; colonie péni GAIM

tentiaire. Fabriques de meubles en chêne sculpté, de brosses, de chaises, de tissus, de tapis, etc. Important commerce de fruits avec l’Angleterre.

Vers l’an 1262, Eudes Rigault, archevêque de Rouen, fit élever à Gaillon une forteresse, qui fut prise et ruinée par les Anglais en 1424. Dans les premières années du xvi" siècle, le cardinal Georges d’Amboise, premier ministre de Louis XII, construisit, sur les débris de la forteresse d’Eudes Rigault, un magnifique château destiné à servir de maison de plaisance aux archevêques de Rouen. C< charmant édifice, où le grandiose de l’ordonnance se mariait agréablement à l’harmonie des proportions, était l’œuvre, non de l’Italien Giocondo, comme on l’a dit, mais bien d’architectes et de sculpteurs français, tels que Androuet du Cerceau et Jean Juste de Tours. Le cardinal d’Amboise consacra à l’édification du château de Gaillon les deniers payés par les Génois en punition de leur révolte, deniers qui lui avaient été accordés par Louis XII. Le château se composait de quatre corps de logis de hauteur égale, enveloppant une cour irrégulière, dont le centre était orné d’une admirable fontaine à plusieurs vasques de marbre blanc superposées, présent de la république de Venise. Une superbe galerie de soixante-dix arcades y fut ajoutée à la fin du xvie siècle. Le feu l’ayant détruite, elle fut rebâtie en 1703 et ornée des portraits des archevêques de Rouen. La chapelle était portée sur des colonnes de jaspe, autour desquelles étaient rangées de belles statues d’albâtre. Des terrasses, des parterres, des pièces d’eau, des orangeries, des grottes, des pavillons entouraient cette résidence princière, qui fut visitée par Charles IX, Henri III, Louis XIV et Louis XV. Henri IV y séjourna plusieurs jours et le cardinal de Bourbon y fut proclamé roi de la Ligue. Au xviic siècle, l’archevêque de Harlay y établit une imprimerie d’où sortit un recueil ayant pour titre : Mercure de Gaillon. La Révolution porta un coup fatal à la splendide résidence des archevêques de Rouen. Mis en vente comme bien national, le château de Gaillon fut en grande partie démoli par les acquéreurs. Plus tard, en 1812, l’Empire y établit pour les condamnés des départements de l’Eure, d’Eureet-Loir, de la Seine-Inférieure, de l’Orne et de la Somme, une maison centrale de détention qui renferme aujourd’hui de 1,000 à 1,100 détenus occupés à des industries diverses. Mais les travaux nécessités par cette nouvelle installation ont singulièrement altéré l’aspect primitif du château. Il ne reste plus aujourd’hui, de la somptueuse résidence du cardinal d’Amboise, que le porche d’entrée, le beffroi de l’horloge et une tour de la chapelle. L’admirable portique qui décore aujourd’hui la cour du palais des Beaux-Arts, à Paris, provient du château de Gaillon ; il a été transporté k Paris par Alexandre Lenoir. La fontaine se trouve au Louvre, dans le musée de la sculpture française. Les boiseries et les stalles de la chapelle sont dans l’église de Saint-Denis. Ces débris attestent, par leur magnificence, l’antique splendeur du château de Gaillon.

La petite ville de Gaillon est d’un aspect agréable. On y voit encore plusieurs maisons eri bois duxvc ou du xvie siècle, et les débris d’un couvent de chartreux.

GAILLON (François-Benjamin), naturaliste français, né à Rouen en l"82, mort à Boulogne-Sur-Mer en 1839. Il entra dans l’administration des douanes, devint receveur principal à Boulogne et consacra ses loisirs a l’étude de la botanique. Nous citerons parmi ses écrits : Aperçu microscopique et physiologique sur la fructification des thalassiophytes symphysistées (Rouen, 1821, in-s°) ; Essai sur les causes de la couleur verte que prennent les huitres (Rouen, 1821) ; Mémoire sur des expériences microscopiques et physiologiques sur une espèce de conferve marine, etc., publié dans le Bulletin des sciences de Rouen, etc.

GA1LLONE s. f. (ga-llo-ne ; Il mil. — de Gaillon, bot. fr.) Bot. Syn. de dasye, genre d’algues.

GAILLONELLE s. f. (ga-llo-nè-le ; Il mil. — de Gaillon, n. pr., ou dimin. de gaillone). Bot. Syn. de lysigonie, genre de cryptogames.

— Géol. Infusoire fossile découvert en quantités innombrables dans le tripoli de Bilin (Bohême).

GAILLONIE s. f. (ga-llo-nî ; U mil. — de Gailloii, hot. fr.) Bot. Genre de plantes, de la famille des rubiacées, tribu des spermacocées, comprenant trois ou quatre espèces, qui croissent en Perse.

GAILLOU s. m. (ga-llou ; U mil.). Agric. Germe du blé, dans le midi de la France.

GAIMAR (Geffroi) trouvère anglo-normand qui vivait dans la première moitié duxne siècle. On a de lui une Histoire des rois saxons, écrite en vers français, et qui va jusqu’au règne de Guillaume le Roux. Gaimar est regardé comme un des poètes de son temps dont le style est le plus élégant, le plus facile, le plus poétique. On le lit peu aujourd’hui, car on entend à peine sa langue. Il y aurait à faire cependant, dans son Histoire des rois saxons, une ample moisson de documents curieux, de faits singuliers sur les mœurs’de l’époque. Citons un passage relatif k la profession des mé GAIN

nétriers, des bardes qui suivaient l’armée de Guillaume le Conquérant.

L’emploi de Taillefer, l’un de ces bardes, ne se réduisait pas à chanter les Chansons de Charlemagne et de Itoland k la tète de l’armée des Normands ; il y joignait des tours d’adresse militaire qui amusaient l’armée, étonnaient et effrayaient l’ennemi, et qu’il terminait par les faits d’armes les plus hardis et les plus brillants. On le voit s’avancer a cheval vers l’armée anglaise, jeter trois fois sa lance en l’air et la recevoir chaque fois sur la pointe :

Armes avelt et bon cheval ; Si est hnrdit é noble vassal Devant les altres il se mist, Devant les Anglois merveilles fist ; Sa lame prist par le tuet, Comme si ço fust un bastunet En contre mont hait la gesta, Et par le f«r receue l’a. Trois fet issi gesta sa lance

À la quatrième, il la jette et blesse un des ennemis. Tirant ensuite son épée, il la jette aussi en l’air, et la rattrape avec tant d’adresse, que les Anglais regardent son agilité comme 1 effet d’un miracle ou d’un enchantement. Enfin Taillefer pique des deux vers l’ennemi, se précipite dans ses rangs et donne ainsi le signal du combat.

Dans le fameux lai ou roman d’Haveloc, on trouve bien des épisodes, des événements relatifs k ce roi légendaire et racontés par Geffroi Gaimar dans son Histoire des rois saxons. Il ne paraît pas cependant, dit Amaury Duval, que ce soit lk que l’auteur du lai d’Haveloc ait puisé son sujet, quoique ce lai soit incontestablement postérieur à l’ouvrage de Geffroi Gaimar. Tant de chroniques, tant de vieilles traditions rappelaient les singuliers moyens par lesquels un Danois du nom d’Haveloc était parvenu au trône dans le Danemark et dans la Grande-Bretagne 1 En fallait-il plus à un poète pour l’excitera chanter ? Quel besoin pour lui de répéter en d’autres mots ce qu’avait dit un autre poète plus ancien ? Mais c’est à tort aussi que M. Madden prétend que c’est dans le lai de notre anonyme que Gaimar est venu prendre le sujet de l’épisode qu’il a inséré dans son grand ouvrage. M. de La Rue a très-bien réfuté cette opinion. Il suffît d’observer que la langue dans laquelle a écrit l’anonyme est bien du français du XIIIe siècle, tandis que le style de Gaimar est des dernières années du xne. L’un et l’autre poëte, au reste, avouent, comme ie dit presque en toute occasion Marie de France, qu’ils imitent ou même traduisent d’anciens lais bretons. L’anonyme auteur du lai d’Haveloc, après avoir prévenu le lecteur de l’intérêt que devait offrir l’histoire du héros qu’il a choisi, ajoute :

Pour ces vus vuil de lui conter Et s’aventure remembrer, Qu’un lai en firent li Breton. Si l’appelèrent de co nom Et Haveloc et Cuarant.

L’Histoire de Gaimar commence par la description de la conquête de la Toison d’Or ; de là il passe brusquement à l’histoire du premier roi anglo-saxon. M. de La Rue s’autorise de cette lacune pour penser que Gaimar avait aussi composé une histoire des rois d’Angleterre, dans le même genre que celle des rois anglo-saxons ; que cette histoire s’est perdue et que nous ne possédons pas une copie complète des productions de Geffroi Gaimar.

U Histoire des rois anglo-saxons s’arrête à Guillaume le Roux. L’auteur nous dit qu’il avait eu d’abord l’idée d’y ajouter l’histoire de Henri Ier, mais que ses matériaux étaient si nombreux, qu’il avait formé le dessein d’écrire cette histoire séparément, et sur un plan beaucoup plus étendu qu’aucune de celles qu’avaient déjà publiées d’autres historiens. Cette histoire, si Gaimar a exécuté son dessein, n’est pas parvenue jusqu’à nous. Consulter sur ce vieux poëte : De La Rue, Trouvères anglo-normands (t. III, p. 119) ; Histoire littéraire de la France (t. XIII, p. 63 et SUiv. ; t. XVIII, p. 736).

GALMARD (Joseph-Paul), naturaliste et voyageur français, né vers 1790, mort en 1858. Il prit part, de 1826 à 1S29, à la célèbre expédition de l’Astrolabe dans les îles de l’Océanie, parcourut, après l’invasion du choléra en Europe, la Russie et l’Allemagne pour étudier la marche de ce terrible fléau, puis fut mis, en 1834, à la tête de la commission scientifique du Nord et visita les régions circumpolaires, l’Islande, le Groenland, la Laponie, le Spitzberg, etc. (1S35-IS40). De retour de ses voyages, pendant lesquels il s’était particulièrement occupé d’histoire naturelle, Gaimard se fixa à Paris et publia, outre des mémoires ou observations scientifiques : Voyages de la commission scientifique du Nord (1843-1849, in-4<>), imprimés par ordre du roi.

GAIMARDIE s. f. (ghè-mar-dl — de Gaimard, sav. fr.). Bot. Genre de plantes rapporté par les divers auteurs à la famille des centrolépidées ou k celle des restiacées, et comprenant une seule espèce, qui croît aux îles Malouines.

GAÎMENT adv. V. GAIEMENT.

GAIN s. m. (gain — V. l’étym. de gagnée). Profit, bénéfice : La perte et le gain. Faire du gain. Être entraîné par l’appât du gain. Il y a des âmes sales, pétries de boue et d’or»