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GOUP

Lorsque la révolution du 18 mars 1871 éclata, il fut envoyé à la Commune par les électeurs du VI» arrondissement (2G mars). D’abord membre de la commission de l’enseignement, il fut délégué, le 2 avril, à l’administration des services de l’instruction publique ; mais, quelques jours après, il donna sa démission de membre de la Commune. Après l’entrée de l’armée de Versailles à Paris, il n’en fut pas moins arrêté en province, ou il s’était réfugié. Déféré au 4° conseil de guerre de Versailles, il fut condamné, le 21 février 1S72, à cinq années de prison.

GOUPIL-DESPALLI ÈRES (Claude-Antoine),

médecin et publiciste français, mort à Nemours en 1825.11 est l’auteur de divers écrits, entre autres : Dialogue sur la charte (Paris, 1810) ; Réflexions sur les doctrines et principes deê xvme et xixe siècles (Paris, 1S19) ; les Sommes du jour ou Coup d’œil sur les caractères et les mœurs de ce siècle (Paris, 1S20) ; Lettres d’un père à son fils (1823-1824, iii-8°) ;

GOUPIL DE PRÉFELN, homme politique et magistrat français, mort à Paris en jSOI. Nommé par le bailliage d’Alençon député aux états généraux, il parut souvent k la tribune, sembla pencher tantôt du côté de la cour, tantôt du côté du peuple, ce qui enleva tout crédit à ses discours, vota en faveur du veto absolu, se prononça pour le jury en matière civile et criminelle, pour la constitution civile du clergé, pour la suppression de la noblesse, pour le licenciement des gardes du /orps, défendit l’inviolabilité royale après la fuite de Louis XVI, et attaqua vivement les jacobins. Pendant la Législative et la Convention, Goupil vécue dans une retraite profonde. En 1795, il fut nommé membre du conseil des Anciens, dont il devint président, et mourut juge au tribunal de cassation. C’est lui qui, désignant Mirabeau aux membres de l’Assemblée constituante, s’écria dans une éloquente apostrophe : « Eh quoi ! Cutiliua est aux. portes de Rome, il menace le sénat, et vous délibérez ! » — Son fils, Goupil de Préfeln, fut membre du tribunat, puis du Corps législatif sous l’empire, et enfin procureur général à Caen. Il se suicida en 1848.

GOUPILLE s. f. (gou-pi-lle ; H mil. —du lat. cuspieuta, dimin. de cuspis, pointe). Techn. Petite flche, petite cheville de métal qu’on passe a l’extrémité de certaines pièces pour les fixer sur d’autres pièces qu’elles traversent ; Les goupilles d’une montre, d’une pendule. Il Cordage a laide duquel on suspend^ des poutres ou autres fardeaux entre deux* charrettes.

GOUPILLÉ, ÉE (gou-pi-llé j II mil.) part, passé du v. Goupiller ; Platine GOUPILLÉE,

GOCP1LLEAU DE FONTENAY (Jean-François), conventionnel montagnard, né à Fontenay (Vendée) vers 1755, mort à Bruxelles en 1823. Avocat lors de la Révolution, il fut nommé procureur syndic de son district en 791, et député à l’Assemblée législative, où il provoqua des mesures énergiques contre les prètrei), les nobles et les émigrés, parla en faveur des Suisses du régiment de Châteauvieux, condamnes aux galères par suite de l’insurrection de Nancy, et demanda l’abolition de lu monarchie dès le 6 juin 1702. Le

10 août, il fut nommé commissaire pour examiner les papiers saisis aux Tuileries, puis lut envoyé, avec Collot d’Herbois, à l’armée du Var, dès son entrée à la Convention, où il avait été envoyé par son département. C’est de Nice qu’il envoya son vote de mort contre Louis XVI. En 1793, il reçut une nouvelle mission en Vendée, ou se trouvait déjà son cousin, assista à la défaite de Fontenay, dénonça Westermann et suspendit Rossignol, ce qui contribua à le faire rappeler. Il se prononça contre Robespierre au 9 thermidor, entra le mois suivant au comité de Sûreté générale, participa à la réaction, mais sans trop de violence, et même défendit ensuite les anciens membres des comités de gouvernement. Il fut chargé, avec Barras, delà répression du mouvement-royaliste du 13 vendémiaire an IV, siégea au conseil des Anciens, obtint la place de directeur du mont-de-piété sous l’Empire, et fut banni comme régicide en 1816. Il mourut dans l’exil.

GOUPILLEAU DE MONTA1GD (Philippe-Auguste-Aimè), conventionnel montagnard,

cousin du précédent, né à Montaigu (Vendée) en 1760, mort dans la même ville en 1823. Il était notaire à l’époque de la Révolution. Il en adopta les principes avec chaleur, fut nommé député aux états généraux, y siégea à l’extrême gauche, et se montra l’un des plus ardents contre la cour, la noblesse et le clergé. En décembre 1789, il fit un rapport sur les troubles de Marseille, dont il rejeta la responsabilité sur les magistrats.

11 vota contre le cens électoral du marc d’argent, se prononça sur toutes les questions dans le sens révolutionnaire, et annonça l’un des premiers la fermentation de la Vendée, Symptôme précurseur de la guerre civile. Réélu à la Convention nationale, il vota la mort du roi, sans appel ni sursis, devint membre du comité de Sûreté générale, et en sortit, en août 1793, pour remplir une mission dans la Vendée. Il s’y prononça contre le général Rossignol, et revint après avoir éprouvé de nombreux désagréments. Après le 9 thermidor, il fut envoyé dans le Midi, fit de louables efforts pour réprimer les assassinats commis par les royalistes contre

GOUR

les patriotes désarmés et abattus, et rapporta plus tard à la Convention qu’il avait vu le Rhône couvert des cadavres des républicains massacrés par les réacteurs. Il tenta de s’opposer à la mise en accusation de Billaud-Varennes, Collot, etc., lutta courageusement contre la réaction jusqu’à la fin de la session conventionnelle, et devint ensuite membre du conseil des Cinq-Cents. Dans la fameuse séance, du 18 brumaire, voyant Aréna se diriger avec colère vers Bonaparte, il s’écria : » Frappe, frappe le tyran !» 11 ne voulut accepter aucun emploi sous l’Empire, fut proscrit, comme régicide, par la loi de 1816, mais put revenir mourir dans son pays. Goupilleau, témoin des horribles guerres de la Vendée, poursuivit pendant toute sa carrière politique les nobles et les prêtres, les prêtres surtout. ■ J’ai contre eux, disait-il, une haine qui me suivra jusqu’au tombeau. » Il avait recueilli, lors de sa mission en Provence, de précieux documents originaux sur les brigandages et les massacres commis par les compagnies de Jéhu. Cette collection, qui ne forme pas moins de vingt volumes in-folio, appartient à un amateur, qui l’a communiquée à Louis Blanc pour son Histoire de la Révolution française.

GOUPILLER v. a. ou tr. (gou-pi-llé ; Il mil. — rad. goupille). Fixer avec des goupilles : Goupiller la platine d’une montre.

GOUPILLON s. m. (gou-pi-llon ; Il mil.rad. goupil, qui a signifié renard. Le goupillon est ainsi nommé parce que c’est un petit bâton au bout duquel on mettait autrefois une queue de renard, qu’on a remplacée depuis par des soies de cochon, pour répandre l’eau bénite. Quant au vieux français goupil, il dérive sans doute, par l’intermédiaire d’un diminutif vulpillus, du latin vulpes, renard, que Pott croit composé de la racine sanscrite litp, déchirer, avec l’adjonction du prérixe intensitif vi).- Aspersoir, petit bâton au bout duquel sont fixées des soies de cochon, et qui, à l’église, sert à prendre de l’eau bénite ou a en répandre sur les objets que bénit le prêtre ; petit ustensile de métal, terminé en pomme d’arrosoir, et servant au même usage.

— Techn. Grosse brosse, qui sert aux cartiers pour prendre la colle, et qui ressemble ] à un goupillon en soies de cochon, il Bâton garni dans son travers de plusieurs brins de soies de cochon, dont les chapeliers se servent pour arroser le bassin et la feutricre. Il Petit bâton garni de soies passées en divers sens, et qui sert à nettoyer les pots, les bouteilles, les verres de lampe, etc. [| Instrument qui sert à mouiller le charbon sur la forge, et qu’on appelle aussi Écouvette.

GOUPILLONNÉ, ÉE (gou-pi-llo-né j «mil.) part, passé du v. Goupillonner : verre de lampe goupillonnÉ.

GOUPILLONNER v.a. ou tr. (gou-pi-llo-né ; Il mil. — rad. goupillon). Nettoyer avec le goupillon : Goupillonner des bouteilles.

GOUPILLONNURE s. f. (gou-pi-llo-nu-re ; Il mil.). Viiic. Etal de faiblesse de la-vigne, provenant de la mauvaise nature du soussol, il On dit aussi ooupillure.

GOUR s.m.(gour — du lat. gurges, gouffre, trou). Eaux et for. Creux produit par une chute d’eau.

— Mamm. Espèce de bœuf sauvage de l’Inde. Il On dit aussi gaour.

— Encycl. Mamm. Le gour est un bœuf sauvage, voisin de l’ami, dont il se rapproche par ses formes générales ; mais dont il se distingue surtout par son pelage noir bleuâtre et ras ; l’absence de fanon chez les mâles ; les cornes courtes, épaisses, un peu rugueuses, fortement recourbées à l’extrémité ; un dos voûté très-régulièrement par une rangée d’os épineux accessoires. Le gour vit dans l’Inde : il a été découvert par les Anglais dans les montagnes du Myn-Pat. On le trouve dans l’intérieur des forêts, où il se réunit par troupes de quinze à vingt individus. Il se nourrit de feuilles et de bourgeons. Son naturel est très-courageux. On pense que le gayal, espèce peu connue, est probablement une simple variété du gour.

GOUR, GACR ou LAKNAOUTY, probablement la Gauga regia de Ptolémée, ville de l’Indoustan anglais, présidence de Calcutta, près du Gange, à 31 kilom. N.-O. de Mourchidabab. Cette ville, autrefois très-importante et capitale du Bengale de 1204 à 15G4, n’est plus aujourd’hui qu’un triste assemblage de pauvres villages, construits sur ses ruines, qui s’étendent le long du lit de l’ancien Gange ; elle occupait un emplacement de 25 kilom. de longueur sur 5 kilom. de largeur.

« Ce fut une révolution bien étrange, dit M. F. de Lanoye (l’Inde contemporaine), que celle qui changea l’opulente Gour en un vaste désert. Le Gange baignait ses murs et en faisait le centre du commerce et des richesses de l’Indoustan. Tout à coup le fleuve, à la suite d’une inondation dont la mémoire s’est conservée, abandonna son lit pour se jeter à deux ou trois lieues plus à l’O., dans celui qu’il occupe aujourd’hui. Tout ce qui faisait la grandeur et l’opulence de Gour s’en éloigna dès lors par degrés ; la superbe cité s’est ensevelie sous les djungles et le gazon, et ses ruines, auxquelles Rennel donne une étendue de 28 kilom. en longueur et de 10 en largeur, n’offrent plus qu’un informe amas de décoin GOUR

bres, où les reptiles pullulent en paix, ou le tigre et le rhinocéros ont leurs repaires. »

GOUR, GAUR ou ZOUF, autrefois Guria, ville de l’Afghanistan, à 20 kilom. N.-O. de Kandahar. Elle fut la capitale des Gourides et leur donna son nom. Dévastée par Gengiskhan et Tamerlan, elle n’offre plus qu un amas de ruines.

GOURA s. m. (gou-ra). Cost. V. gorra.

— Ornith. Genre d’oiseaux, voisin des pigeons, et dont l’espèce type est appeléevulgairement pigeon couronné. Plusieurs auteurs le reportent au genre lophyre.

— Encycl. Ornith. Le goura est un très-bel oiseau, dont la longueur totale atteint environ 7 décimètres. Son plumage est d’un gris bleuâtre, avec les rémiges et les pennes caudales beaucoup plus foncées, et des taches brun marron sur les ailes ; mais ce qui le distingue surtout, c’est une huppe très-aplatie, composée de plumes verticales, qui surmonte sa tête. Cet oiseau habite les Moluques, les Philippines, la Nouvelle-Guinée et quelques îles voisines. Par son port et ses habitudes, il parait intermédiaire entre les pigeons et les gallinacés. Il est fort doux et s’apprivoise aisément ; toutefois il ne se multiplie pas, assure-t-on, dans l’état de domesticité. Sonnerat, qui a vu le goura aux Moluques, dans les basses-cours, dit qu’il ne s’y reproduit pas, et qu’on l’y apporte de la Nouvelle-Guinée.

GOURAL s. m. (gou-ral). Mamm. Espèce d’antilope de l’Inde.

GOURAMI ou GOURAMY s. m. (gou-ra-mi). Ichthyol. Nom vulgaire d’un poisson du genre osphronème : Le gourami a été importé de Chine dans l’île de France. Il On dit aussi GOtl RAMIER.

— Encycl. Le gourami peut atteindre près d’un mètre de longueur. Son corps est haut, épais, mais comprimé latéralement, et couvert de grandes écailles rondes. Son museau est pointu et relevé, et sa mâchoire inférieure très-proéminente, et, lorsque ce poisson veut avaler la nourriture qu’on lui jette, le vide qu’il forme en ouvrant la mâchoire force l’aliment à pénétrer dans la bouche. Cette particularité curieuse tient à la structure de l’appareil labyrinthiforme situé au-dessus des branchies. Cet appareil est beaucoup plus compliqué que dans la plupart des autres espèces de la même famille, et presque autant que dans l’anabas. Il se compose de quatre lames principales en arrière, qui, en avant, se réduisent a deux et se contournent un peu, et dont l’externe en porte six transversales, qui vont en diminuant d’avant en arrière ; mais il est difficile de donner une idée du nombre de cellules et des complications que produisent les replis de ces laines.

Ainsi l’eau, par la soustraction de l’air, vient remplir le vide du labyrinthe et de la bouche, et produit le mouvement d’attraction dont nous venons de parler. « On peut, dit M. A. Vinson, s’assurer île ce fait en jetant au gourami une boule de pain, qu’il engloutit et qu’il dévore ; cette opération est même annoncée par un claquement qui se fait entendre au moment où l’aliment est entraîné et où l’eau frappe les parois intérieures. Quelquefois le vide n’est pas aussi complet ; alors le poisson renvoie 1 aliment au dehors et ne le reprend ’définitivement que par une seconde aspiration plus étendue. (Je fait est si sensible, que les nègres s’imaginent que, par la première tentative, le gourami s’est, assuré que le pain ne contenait aucun engin. »

De cette disposition remarquable et tout exceptionnelle do l’appareil labyrinthiforme, on a voulu tirer une autre conséquence. D’après A. Guichenot, cette conformation des organes respiratoires a une influence des plus notables sur les habitudes et les mœurs de ce poisson. Lorsque le gourami est dans l’eau, les cellules dont nous avons parlé se remplissent de liquide, qui y séjourne tant que l’animal n’en a pas besoin ; mais, lorsque celui-ci se trouve hors de sa demeure habituelle, soit spontanément, soit par accident, l’eau sort de l’appareil où elle était retenue, et Se porte sur les branchies, qui sans elle ne pourraient remplir leurs fonctions. Ce phénomène permet à ces poissons de se rendre à terre, et d’y ramper à une distance assez grande des ruisseaux et des étangs où ils font leur séjour ordinaire. Cette dernière assertion est au moins fort exagérée. Il est vrai, d’après M. Vinson, que le gourami peut vivre un certain temps hors de l’eau, à la condition d’être tenu dans un milieu humide, par exemple dans des linges mouillés ou dans du limon humecté. Mais il ne saurait quitter entièrement l’eau ; sa conformation suffirait à elle seule pour l’en empêcher ; et, d’un autre côté, le moindre choc, la moindre lésion extérieure, la perte de quelques écailles met sa vie en péril.

Pour compléter la description du gourami, nous ferons remarquer la variété et la vivacité de ses couleurs. Son corps est d’un brun clair, avec une teinte de bronze doré mê^ée de reflets argentins. Le dessus de la tète et le dos sont d’un brun violacé ; les flancs sont marqués, pendant le jeune âge, de bandes verticales, alternativement brunes et claires, qui s’effacent avec les années. La queue présente une tache latérale arrondie et noirâtre. Le mâle se distingue par une tache ronde ro GOUR

sée sur le museau, et par sa teinte bronzée plus éclatante. La femelle a. une nuance plus violacée. Quant aux jeunes, ils sont très-plats, d’une belle couleur violette, et à bandes très-marquées.

Le gourami est originairo de la Chine, d’où il a été introduit et natura isé à Java, puis U l’île de France, enfin à celle de la Réunion. Cette dernière acclimatation date de 1795. Il aime les eaux chaudes, dormantes, tranquilles, même un peu vaseuses ; néanmoins, il ne contracte jamais le goût de vase, parce qu’il vit et prend sa nourriture à la surface de l’eau. Il est sensible au :.’roid, et les moindres lésions, comme nous l’avons vu, lui sont, funestes ; s’il vient à perdre des écailles, la partie lésée est bientôt envahie par uno végétation blanchâtre et limoreuse, qui ne tarde pas à le faire périr. Il a aussi les yeux très-sensibles. Du reste, il peut vivre longtemps dans des milieux étroits et dans une eau rarement renouvelée ; mais alors il n’atteint pas de grandes dimensions. Il est vrai qu’à certains égards ce n’est pas là un inconvénient. La chair de ce poisson-n’esi. jamais meilleure que lorsqu’il mesure envircn 22 centimètres de longueur, dimension qu’il atteint vers l’âge de trois ans ; en vieillissant, le gourami de’ vient moins savoureux. Toutefois, pour qu’il atteigne un grand développement et devienne apte à se reproduire, il est nécessaire de le mettre dan3 des viviers spacieux. Introduit d’abord dans les bassins, ce poisson s’est ensuite propagé dans les cours d’eau de l’île Maurice.

La forme aplatie du gourami fait que dans l’eau il se renverse très-facilement sur le côté et subit même en migeant une sorte de roulis. Quand il est traqué dans un bassin, il fuit vivement, donne des coups de queue très-rapides et exécute des sauts de carpe multipliés ; sa force et son énergie sont en effet très-grandes. Mais, quand il est à la recherche de sa nourriture, il se meut lentement et avec une sorte de majesté. La conformation de son appareil labyrinthiforme l’empêche de faire celte recherche à une certaine profondeur. C’est toujours à la surface de l’eau qu’il vient prendre ses aliments. Il se nourrit de plantes aquatiques, appartenant surtout aux familles des aroïdées et des nymphescées. Généralement il s’empare des feuill.js qui plongent dans l’eau ou flottent à sa surface. En captivité, le gourami, d’après M. Vinson, s’accommode à peu près de tout ; on le nourrit facilement en lui donnant des feuilles de diverses aroïdées, de chou, de laitue, de laiteron, de patience, de carotte, des herbes crues de toute sorte, ainsi que du manioc, de la patate, de l’arrow-root et même du ri. : cuit et du pain bis. Il ne faut pas croire cjpendant que le gourami soit exclusivement herbivore ; il mange volontiers des gtenou. Iles, des vers de terre, de la viande crue ou cuite. On peut choisir dans cette liste varice d’aliments et l’habituer à un petit nombre ou même à un seul.

On sait peu de chose sur la •eproduction de ces poissons et sur les conditions qui la favorisent ; on assure que la femelle creuse une petite fosse sur le bord du réservoir où on la retient prisonnière, pour y déposer ses œufs au moment de la ponte. Les je unes s’accroissent lentement, surtout s’ils sont dans un milieu étroit ; mais la longeviU de ce poisson est très-grande. Nous avons déjà parlé des dimensions qu’il peut atteindre ; quant à son poids, on cite des individus de 1G kilogrammes. La facilité qu’on a de parquer le gourami dans les viviers, de manière à le prendre à volonté, et de le nourrir avec les débris de la cuisine, en fait un véritable poisson c.’engrais, et ce n’est pas sans raison qu’on la surnommé le porc des viviers. D’apies le -voyageur Commerson, les Hollandais, à Batavia, le gardent dans de grands vases, dont ils changent l’eau chaque jour, et le nourrissent de plantes aquatiques, notamment de pistias. M. Vinson en a conservé vingt-trois en parfaite santé, dans un bassin cimenté d’environ 15 mètres carrés, et dont l’eau, non renouvelée pendant deux mois, avait fini par verdir, comme toutes les eaux stagnantes.

Toutefois, on ne pourrait conserver le gourami dans un tonneau qui aurait contenu du vin ou des liqueurs alcooliques. Dupetit-Thouars rapporte que le gourimi esi si peu délicat sur ses aliments, qu’à 1 île de France, dans un vivier où se déversaient les latrines, on voyait ces poissons arriver en foule pour dévorer les excréments à mesure qu’ils tombaient. Néanmoins, la chair du gourami paraît dépasser, en qualité et eu saveur, tout ce qu’on pourrait imaginer. » Jamais, dit Commerson, ni parmi les poissons de mer, ni parmi ceux de rivière, je n’ai rien goûté de plus exquis. ■

Il ne faut donc pas s’étonner qu’à diverses reprises on ait tenté d’acclimater ce précieux poisson en France et dans d’autres contrées. Mais l’extrême délicatesse, la susceptibilité du gourami rendaient l’opération fort difficile. Après bien des essais infructueux, on a eu l’idée de l’installer dans des caisses dont les parois étaient revêtues de to les inclinées. On a par là amorti les chocs e ; les mouvements de l’eau, et c’est ainsi qu on a pu amener en Fiance des gouramis vivants. Ces tentatives ont aussi fourni l’occauion de faire des observations nouvelles et fort intéressantes sur sa manière de vivre. On a remarqué que le gourami aime, comr.ie le lézard,