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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 8, part. 4, Gile-Gyz.djvu/220

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figurant des Seines de la Passion tapissent les murailles. La croix du cimetière a servi de modèle pour le décor du troisième acte de Robert le Diable. Ce cimetière renferme la tombe de Léon Buquet, l’auteur de la Normandie poétique ; on y a gravé les vers suivants :

Vous m’avez fait, Seigneur, une rude carrière ; Mais, oi tous exaucez ma plus chaude prière, Et si je ne suis pas de vous abandonne, Je reviendrai mourir aux lieux où je suis né.

Grnvtlllcrs (rue des). La constnw : tion de cette rue remonte à 1250. Elle portai» alors le nom de rue Gravelier, de celui d’un boucher qui y possédait une maison importante. Elle

Sorta, au commencement du xvmo siècle, ans sa partie comprise entre les rues Beaubourg’ et Saint-Martin, le nom de rue JeanRobert, du nom d’un riche propriétaire. Elle n’a repris son nom actuel dans toute sa longueur qu’en 1S51.

Gnbnelle d’Entrées avait son hôtel au n» 69 de cette rue ; le corps de logis, qui existe encore dans la cour à droite, a été construit sous Henri IV, et peut-être même en partie sous Henri III. Un souvenir historique plus récent se rattache encore à la rue des Gravilliers. C’est dans une des maisons de la rue, qui porte aujourd’hui le no 8S, que furent arrêtés, le 4 germinal an XII, Joyaut, Burban et Dutry, complices de la conspiration de Georges Cadoudal.

GRAVIMÈTRE s. m. (gra-vi-mè-tre — du lat. gravis, pesant, et du gr. metron, mesure). Physiq. Instrument nmployé pour déterminer la pesanteur spécifique de certains corps, particulièrement de la poudre de guerre.

GRAVINA, ville d’Italie, proy. de Bari, à 55 kilom. S.-O. de Bari, sur la rive gauche de la petite rivière de son nom ; 10,860 h ; ib. Evêché. Autrefois fipf de la maison Orsini, avec le titre de duché. Ses habitants sont très-pauvres et habitent pour la plupart des cavernes creusées dans le rocher.

GRAVINA (Dominique), historien italien, né à Gravina (ancien royaume de Naples) vers la fin du XIIIe siècle, mort vers 1350. Il exerçait la profession de notaire et fut exilé au milieu des troubles politiques qui suivirent la mort du roi André. On a de lui une Histoire du royaume de Naples (de 1333 à 1350), qui est un document d’autant plus précieux que l’auteur avait été témoin oculaire des événements dont il donne le récit. Muratori l’a insérée dans le tome XII de son recueil des Scriptores rerum italicarum.

GRAVINA (Pierre), poëte latin moderne, né à Palerme en 1453, mort en 1527. Il était de l’illustre famille des comtes de Gravina de Capoue. Il entra dans les ordres et se fit une grande réputation par l’élégance de ses poésies latines et italiennes. Gravina fut protégé tour à tour par le roi de Naples, par Gonzalvo de Cordoue, par Jean-François, comte de Capoue, et il compta au nombre de ses amis plusieurs personnages éminents, parmi lesquels on trouve Sannazar et Jovius Pontanus. Ses poésies éparses ont été recueillies par Scipion Capèce, qui les a publiées sous les titres de : Epigrammatum liber, Sylvarum liber, Carmen epicum, Poematum libri (Naples, 1532, in-4o). On a également de lui : Epistolæ et orationes (Naples, 1589, in-4o).

GRAVINA (Jean-Vincent), célèbre jurisconsulte et écrivain italien, né à Rogliano, près de Cosenzano, en 166-1, mort à Rome en 1718. Gravina se fit remarquer de bonne heure par des publications dont le succès réunit autour de lui des jeunes gens intelligents. Après avoir consacré quelques années à l’étude du droit et de la littérature ancienne, il fondait à Rome, en 1695, une Académie qui (levait devenir célèbre, l’Académie des Arcades. Quelques années après, en 1699, on lui confiait une chaire de droit civil au collège délia Sapienza, à, Rome. À la chaire de droit civil, on en joignit bientôt après une de droit canonique, qui permit au savant jurisconsulte de développer tous les trésors d’une immense érudition. Peu soucieux des banales controverses de mode au xvne siècle, Gravina remonta aux sources mêmes du droit canonique. Refaisant presque jour par jour l’histoire si intéressante des relations de Rome avec la chrétienté, des papes avec les divers souverains de l’Europe, il établit les bases de ce droit si fécond en chicane, il traça d’une main ferme, parfois audacieuse, les limites dans lesquelles devait se renfermer l’autorité du chef de l’Église. Qu’on se souvienne que c’est à Rome, à deux pas du Vatican, que se professait ce cours. Les théories simples, hardies, franches de Gravina firent une profonde sensation. Ce dévouement à la science du droit ne ralentissait nullement son zèle pour les lettres, Toujours attaché à son Académie, dont il resta jusqu’à sa mort le directeur, il fut le premier à reconnaître le génie de Métastase, un de ses disciples les plus fidèles. Il encouragea vivement les essais de ce poète, et, mettant à son service son autorité et son influence, il lui aplanit les obstacles de la carrière des lettres. Gravina, qui ne trouvait de repos à ses fatigues que dans un nouveau travail, et qu’un labeur incessant courba toute sa vie, mourut à peine âgé de cinquante-quatre ans, c’est-à-dire dans toute la maturité de son talent. Ses œuvres éparses, quelques-unes même seulement manuscrites, ont été reli GRAV

f^eusement recueillies par ses élèves. Une dition complète les a réunies en 3 volumes in-4o, publiés à Naples en 1756. Une édition des Œuvres choisies a paru à Milan (lS19, in-8o). On remarque parmi ses ouvrages : un traité De ortu et progressa juris civilis (Naples, 1701-1713), tradiiiten français(1775), auquel Montesquieu, dont on peut le considérer comme le précurseur, a fait quelques emprunts ; De iwttauratione studiorum ; Délie favole anliehe, qui a été traduit en français par M. Jules Regnault ; Delta tragedia (1715), étude très-curieuse de l’art tragique, que Gravina connaissait bien ; Délia raginue poetica (170S). trad. en français par Requier (1754, 2 vol. in-12). Il fauty joindre quelques leçons recueillies par ses élèves, et plusieurs tragédies qui montrent la souplesse et l’étendue de cet esprit éminent.

GRAVINA (Charles, duc de), célèbre amiral espagnol, né à Palerme en 1756, mort à Cadix en 1806. Il passait pour être le fils naturel de Charles III. Il accompagna ce souverain lorsque, en 1758, celui-ci passa du trône de Naples a celui d’Espagne. Élevé à Carthagène dans l’académie des gardes-marine, il débuta dans la carrière maritime pendant la guerre contre les Algériens, sous les ordres du célèbre Burcelo. Bien jeune encore, il eut le commandement de deux frégates, avec lesquelles il affranchit les côtes d’Espagne des ravages des Barbaresques, puis il prit une part active aux expéditions des amiraux Cordova et Massaredo, pendant lesquelles il donna des preuves de la plus grande bravoure et de la plus remarquable habileté. En 1793, Gravina commanda une division de la flotte de l’amiral Tangara, qui entra dans Toulon, lors de la remise de cette place aux Anglais. À la tète des troupes espagnoles, Gravina combattit plusieurs fois et fut blessé, le 1er octobre de la même année, à la reprise du fort Pharon. En 1794, il fut chargé d aller secourir Collioure avec une escadre ; mais il ne put sauver ce poste important. Lorsque l’armée républicaine attaqua le château de Roses, Gravina défendit cette place avec une I grande habileté, et fit échouer l’entreprise.

! Il fut nommé contre-amiral à la suite de

j cette belle défense. En 1802, Gravina com-I manda une escadre espagnole destinée à proj téger la malheureuse expédition française

! contre les noirs de Saint-Domingue. En mai
1804, il fut envoyé comme ambassadeur auprès

du gouvernement français, et assista au sacre de Napoléon, en qualité de représentant de la reine d’Etrurie. On lui rendit en France les plus grands honneurs ; il I fut traité comme un amiral français. Nommé capitaine général des années navales espa-I enoles en 1805, il fut mis à la tête de la flotte 3e dix-neuf vaisseaux qui se réunit à l’escadre française de l’jimiral Villeneuve dans le port de Cadix, pour agir, concurremmentavec elle, contre les Anglais. Le 21 octobre de la même année, Gravina déploya une bravoure chevaleresque k la funeste bataille de Trafalgar, où il commandait l’escadre d’observation, He concert avec l’amiral français Magon. Il soutint, trois heures durant, contre trois vaisseaux anglais, un combat acharné. En voyant le vaisseau qu’il montait, le Princedes-Asturies, de 130 canons, démâté de ses trois mâts, il dit : à J’étais tout à l’heure sur un vaisseau, me voilà maintenant dans un fort ; je ne l’abandonnerai que quand il s enfoncera sous mes pieds. ■ Quelques instants après, il tombait mortellement blessé. Il mourut à Cadix, au bout de trois mois de souffrances. Quant au Prince-des-Astnries, il rentra le lendemain de la bataille à Cadix, complètement hors d’état de tenir la mer.

GRAVINCHON s. m. (gra-vain-chon). Bot. Prune des environs d’Amiens, très-bonne à faire sécher.

GRAVIR v, n. ou intr. (gra-vir — du lat. gradior, je marche). Monter avec effort à un endroit escarpé : Gravir contre un rocher, sur les rochers.

La chèvre aime a gravir au sommet des coteaux.

Rosset.

— v. a. ou tr. Monter avec effort le long de : Gravir une montagne, un retranchement. Tel qui franchirait un abime n’oserait gravir mi toit. (E. de Gir.)

— Fig. Franchir, parcourir péniblement : La vie est une montai/ne qu’il faut gravir debout et descendre assis. (Mlle de Lespinasse.)

GRAVISCjE, ville de l’Italie ancienne, dans i’Etrurie, au N. de Centum-Cellœ. Elle fut colonisée par les Romains en l’an 183 avant J.-C, et reçut une nouvelle colonie sous Auguste. Située dans les Maremmes, elle était renommée pour l’insalubrité de son climat ; Virgile (Enéide, 1. X, v. 1S4) a dit d’elle : Iulempesim Gravises. Aussi les anciens prétendaient-ils que son nom dérivait de Gravis aer. Ses ruines s’élèvent sur les bords de la rivière Marta, à environ 3 kilom. de la mer. On y remarque surtout les restes d’une arohe magnifique.

GRAVISSET s. m. (gra-vi-sè — rad. gravir). Oruith. Nom vulgaire du grimpereau. il On dit aussi gravisson et ghavisskur.

GRAVITATION s. f. (gra-vi-fa-si-on — rad. gi-aviter). Physiq. Force en vertu de laquelle toutes les parties de la matière s’attirent mutuellement en raison directe de leur masse et en raison inverse de leur distance : New-

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ton a calculé la gravitation, mais il n’en a pas découvert la cause. (Volt.)

— Fig. Attraction morale, penchant, inclination : La gravitation universelle des êtres pensants vers Dieu est une des plus grandes merveilles de la création. (Kératry.)

— Encycl. V. attraction.

GRAVITÉ s. f. (gra-vi-té — lat. gravitas ; de gravis, grave). Physiq. Pesanteur des corps, gravitation : La gravité fait descendre les corps vers la terre. (Acad.) La gravité est donc générale et mutuelle dans toutes les plantes. (Buff.) Il Centr» de gravité, Point sur lequel un corps qui n’est sollicité que par les lois de la pesanteur, peut être maintenu en équilibre dans toutes les positions possibles : De ta chute, iprorant, ne vois-tu pas les causes, Et qu’elle vient d’avoir du point fixe écarté Ce que nous appelons centre de gravité f

Molière.

— Fig. Importance, caractère grave, sérieux : Gravité d’une injure. Gravité d’un mal, d’une maladie. Faute d’une extrême gravité. Raisons, motifs qui ont beaucoup de gravité, il n’y a point de faute commise qui ne perde une grande partie de sa gravité dès qu’elle est avouée avec candeur. (Théry.) Il Qualité d’une personne ou d’une chose grave, sérieuse, posée : Gravité d’un magistrat. Gravité du maintien, du discours. Gravité de mœurs. Gravité de style. La gravité est quelquefois un mystère du corps inventé pour cacher les défauts de l’esprit. (La Rochef.)

— Mus. Caractère d’un son musical relativement bas : La gravité des S07ts dépend de la grosseur, longueur, tension des cordes, de la longueur et du diamètre des tuyaux, et, en général, du volume et de lamasse des corps sonores ; plus ils ont de tout cela, plus leur gravite est grande ; mais il n’y a point de Gravité absolue, et nul son n’est grave ou aigu que par comparaison. (J.-J. Rouss.)

— Syn. Gi-ttTiié, peannicur, poids. Gravité est un terme scientifique ; les physiciens s’en servent pour exprimer, au point de vue le plus général, la propriété qu’ont les corps d’être pesants. Pesanteur appartient à la langue ordinaire, et il a presque autant de généralité que le mot gravité ; il ne mesure pas la force avec laquelle les corps pèsent, il ne fait que l’exprimer d’une manière abstraite et vague. Poids a plus de précision, c’est la pesanteur mesurée, évaluée, comparée, ou bien c’est l’objet même qui sert à la mesurer dans les autres corps. Pour mesurer la pesanteur spécifique de tous les corps, on prend pour unité le poids d’une quantité déterminée d’eau pure.

— Gravité, dignité, ntajcalc. V. DIGNITÉ.

GRAVITER v. n. ou intr. (gra-vi-té — du lat. gravis, pesant). Physiq. Tendre vers un point central, en vertu des lois de la pesanteur : Les planètes gravitent vers le soleil, (Acad.)

Vers un centre commun tout gravite à la fois.

Voltaire.

Astres, gravites en cadence Dans vos sentiers harmonieux.

Lamartine.

— Fig. Tendre, se porter incessamment : L’homme gravite uers les régions de la lumière. (J. de Maistre.) La femme est le centre vers lequel gravitent toutes les affections de la famille. (M’ne Romieu.)

GRAVOIR s. m. (gra-voir — rad. gravnr). Techn. Outil au moyen duquel le lunettier pratique les rainures "des châssis de lunettes, pour y placer les verres.

GRAVOIS s. m, pi. (gra-voi — rad. grave S. f.). Partie la plus grossière du plâtre sassé : Battre les gravois. Il Menus débris provenant des démolitions ou des constructions : Tombereau de gravois.

GRAVURE s. f. (gra-vu-re— rad. graver). Art ou manière de graver : Apprendre, pratiquer la gravure. Gravure sur bois. Gravure en pierres fines. Gravurk en tailledouce, à la manière noire. Gravure au burin, à l’eau-forte. La gravure tue le peintre qui n’est que coloriste ; la traduction tue l’auteur gui n’a que. du style. (Dider.) Il Estampe obtenue au moyen d une planche gravée : Livre orné de gravures. Marchand de gravures. Gravure avant la lettre.

— Archit. Ornements formés d’entailles creuses : L’usage des gravures dans la décoration des édifices remonte aux Égyptiens.

— Techn. Rainure que le cordonnier pratique dans une semelle pour y coucher des points. Il Rainures du sommier de l’orgue, au moyen desquelles le vent circule jusqu’à l’orifice inférieur des tuyaux, il Chez les bouchers, Syn. d’ÉcussoN.

— Encycl. B.-arts et Techn. I. Histoire et généralités. Prendre l’empreinte d’un dessin exécuté en creux, en le couvrant d’un liquide coloré et en le soumettant ensuite à une pression, tel est le procédé de toute gravure, procédé si simple et si naturel qu’on a lieu de s’étonner qu’il n’ait pas été imaginé par les anciens. Et il y a d’autant plus lieu d en être surpris, que les anciens pratiquaient la gravure en creux des pierres fines. On pourrait tirer des empreintes avec certains cachets romains et certains scarabées Égyptiens.

Cependant, cette chose si simple n’a été devinée que dans les temps modernes, par

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Maso Finiguerra, orfèvre florentin, contemporain de Cosme de Medicis, s’il faut en croire la tradition.

On employait beaucoup au xve siècle les nielles pour les ornements des calices, des paix, des reliquaires, des poignées d’épée et des petites plaques d’or ou d’argent qu on incrustait sur les coffrets d’obène. Maso Finiguerra, comme, du reste, vous les autres orfèvres, avait l’habitude de prendre l’empreinte de ses dessins, avant qu’ils fussent niellés, au moyen du soufro fondu. Or, il prit un jour l’empreinte d’une paix dont les tailles étaient en partie remplies de noir, et, lorsqu’il voulut juger de l’effet de son dessin, il remarqua que le noir ayant adhéré au soufre, ceiui-ci ressemblait, dans certaines parties, à un dessin à la plume. Cette remarque faite, l’idée se présenta aussitôt à son esprit qu’en remplissant les tailles de ses dessins avec une couleur quelconque, et en appliquant ensuite dessus un vélin, sur e verso duquel il exercerait une pression, à la place de l’empreinte en relief du soufre, il pourrait obtenir un dessin au trait sur le papier. Maso Finiguerra se mit aussitôt à 1 œuvre. Tout d’abord, les épreuves furent ptu satisfaisantes ; enfin, après de longs tâtonnements, il découvrit que le noir broyé avec de l’huile prenait on ne peut mieux sur du pipier légèrement

■ humecté, et il parvint, par ce procédé, à produire des estampes ayant te tite la pureté du burin. Le procédé deFiniguïrra fut employé par d’autres orfèvres, au nombre desquels

; nous citerons Baldini, Botticelli et Pollajuolo,

dont quelques estampes sont parvenues jusqu’à nous. De Cabinet de3 estampes du musée du Louvre possède de Maso Kiniguerra l’épreuve sur papier d’une paix représentant le couronnement de la Vie-ge, et datée de 1452, épreuve bien antérietre à toutes les autres. Qui compléta l’invention ? ni Bosse, ni Félibien, ni Cochin, ni Ponce, ni Watelet ■ Lévesque n’en disent rien. Seulement, comme quelques auteurs plus anciei s, entre autres

Vasari, qui écrivait en 155(> ses Vies des peintres célèbres, attribuent il Mantegna l’invention de la gravure au burin, ne tenant que peu ou point compte de i importante découverte de Maso Finiguerra, on peut admettre que Mantegna fit un art d 3 ce qui n’avait été jusque-là qu’un procédé de métier, et qu’au lieu de limiter la grarure à l’impression des nielles, il retendit h l’un tation des œuvres d’art ; qu’aux gravures i.u trait de ses prédécesseurs, il ajouta des tailles destinées à rendre le modelé et le clair-obscur.

Le petit nombre d’estampes que Mantsgna nous a laissées atteste qu’il s essaya longtemps avant de produire sa gravure au grand jour ; mais le fini de chacune d’elles nous permet d’affirmer qu’elles ne sont pas de simples essais. Une remarque à f.iire, c’est que Mantegna avait vingt-deux t.ns quand fut tirée l’épreuve de la paix conservée au Cabinet des estampes du Louvre ; or, comme il mourut en 1505, la découverte de Maso Finiguerra ne mit que peu d’années à devenir un art.

Parmi les difficultés qui durent arrêter les premiers qui essayèrent d’appliquer à la reproduction des estompes la découverte de

Finiguerra, il fuut, sans doute, compter le

t sens du dessin. Tracé sur une 1 : me de métal, un calice, un reliquaire, un dessin destiné a être niellé devait se présenter c ans son sens naturel, et, par conséquent, à I impression, il venait à l’envers. Les lettres, par exemple, qui, sur l’original de la paix d à Louvre, se lisaient de gauche à droite, se lisent de droite à gauche sur l’épreuve. On comprend que, sous peine de fausser complètement et l’effet d’une composiiion et les inouven ents des personnages, il était indispensable que l’épreuve gravée se présentât dans le sens du dessin, et, par conséquent, que le métal fût disposé dans un sens contraire. On dut songer de bonne heure à faire réfléchir dans un miroir le dessin, pour le recopier tel cu’il s’y présente, c’est-à-dire renversé.

Nous avons suivi jusqu’ici la tradition italienne ; elle n’est pas malheureusement la seule. Il y a aussi la tradition allemande, qui fait naître la gravure au delà du Rhin. Une version allemande veut que ce se it un berger du nom de von Bocholt qui ait eu le premier l’idée de reproduire sur le papie • les parties creuses d’un dessin ; mais une découverte est venue démontrer jusqu’à l’évidence que ce prétendu berger était un tout petit village de Westphalie, patrie d’Israël Mecheln. Cet artiste avait l’habitude de signer ses œuvres, tantôt de son nom, tantôt du nwra du lieu de sa naissance ; mais souvent il n’employait que les initiales J.V. B., dont la première est celle de son nom et les ceux autres signifient de Bocholt. De là la méprise : avec toutes les œuvres signées J. von Bocholt, on créa un personnage imaginaire qui dut naturellement disparaître le jour où l’on découvrit une œuvre de Mecheln signée tout au long et sans initiales, c’est-à-dire : Israil Mecheln von Bocholt. Les Allemands ont encore une autre version : ils inferont d’une ancienne estampe, portant la date de 1440 et repré ? sentant, outre une sibylle qui montre à Auguste l’image de la Vierge dans ; es airs, le château de Blassenberg et la ville de Culmbach dans le lointain, que c’est dens ce Heu qu’il faut chercher le berceau de 11 gravure. Si l’on réfléchit que Culmbaeh, pstite ville de la Bavière, est la patrie de Martin Soheen,