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industries où l’on pulvérise les matières, ou | bien où on les emploie pulvérisées, les chaînes a godets élévatoires trouvent des applications avantageuses. Ce sont alorsde simples courroies en cuir sur lesquelles sont rivés de petits godets en zinc d’une faible capacité. Ces appareils, enroulés sur deux tambours ou poulies, reçoivent leur mouvement du moteur qui fait fonctionner toutes les machines de 1 usine. Les chaînes à godets ainsi employées servent au transport vertical, et remplacent dans ce sens les vis d’Archimède, a l’aide desquelles on effectue le transport horizontal.

GODET DES MARAIS (Paul de), prélat français, né à Talcy, prés de Blois, en 16-19, I mort en 1709. Il était supérieur du séminaire | des Trente-Trois à Paris, lorsque Mme de ’ Maintenon le prit pour confesseur et le fit nommer supérieur de la maison de Saint-Cyr. U fut appelé au siège épiscopal de Chartres en I 1690. À l’époque de la fameuse querelle au sujet du quiétismo, Godet condamna plu- i sieurs propositions extraites des ouvrages de | Mme Guyon (1695), puis signa, avec Bossuet et le cardinal de Nouilles, une déclaration i contre les’ Maximes des saints de Fénelon, • déclaration qui fut envoyée à Rome (1697). Ce prélat, qui. fonda plusieurs séminaires et. écoles, a laissé un grand nombre de Mandements, d'Instructions pastorales, de Lettres au pape, à Louis XIV, à M’"e de Maintenon, etc.

GODÉT1E s. f. (go-dé-sl — de Godet, bot. suisse). Bot. Genre de plantes, de la famille des onagrariées, tribu des épilubiêes, formé aux dépens des énochères, et comprenant plusieurs espèces, qui croissent en Californié et au Chili.

GODETS (Antoine des), architecte français. V. Desgodets.

GODEWAEKSVELDE, village et comm. do France (Nord), cant. de Steenwoorde, arrond. et à 15 kilom. d’Hazebrouck, sur le versant du mont de Cats ; 1,675 hab.-Fabriques de toiles d’emballage. Abbaye de trappistes de Notre-Dame-du-Mont, fondée en tS2I.

GODFREY (Thomas), mathématicien angloaméricain, né à Philadelphie, mort dans la même ville en 1749. Il exerçait la profession de vitrier lorsqu’il fut pris d’une véritable passion pour les mathématiques. Il se mit alors à 1 œuvre pour compléter son instruction, apprit le latin, et inventa le quart de cercle connu sous le nom de quadrant de Hadley. En récompense de son invention, la Société royale de Londres lui fît don de 200 livres sterling (5,000 fr.).

GOD’l (Antoine), historien italien, né à Vicenoe, U vivait, au xve siècle et est l’auteur d’une Çhronique du Vicentin de 1194 à 1260, qui a été publiée dans plusieurs recueils, entre autres dans le Thésaurus antiquitatum Italie, de Graevius. »

GODICHE adj. (go-di-che — corrupt. de Claude, employé pour nigaud). Pop. Gaucho, maladroit, niiiis : Qu’il est GOniCHK ! Je lui trouu’e l’air godiche,

— Substantiv. ; Quelle godiche ! Vous êtes des godiches, vous autres. (Baiz.)

GODICHON, ONNE adj. (go-di-chon, o-ne

— dimin. de godiche). Fam. Un peu gauche, maladroit, emprunté : Je la trouve trop godichonjse.

— Substantiv. : C’est un petit godichon. GODIGISC1.E ou GOD1G1DÈLE, roi des

Vandales au commencement du v*> siècle de notre ère. Il gouvernait de3 hordes établies en Pannonie, dans le voisinage de Sirmiutoi. Lorsque les Huns envahirent l’Europe, Godi^iscle abandonna le territoire qu’il occupait, et sédirigea avec ses Vandales vers le Rhin ; mais là il rencontra les Francs, qui lui barrèrent le passage. Il s’ensuivit une lutte terrible, dan3 laquelle Godigiscle perdit la vie avec 20,000 de ses soldats, et c’en était fait des Vandales, si les Alains et les Suèves ne fussent venus à leur secours (406). Les barbares, réunissant leurs forces, purent alors franchir le Rhin.

GODILLE s. f. (go-di-lle ; U mil.). Mar, Aviron placé à l’arrière d’une embarcation : A lier à la godille, il Godille énolueur, Propulseur alternatif, destiné aux navires d’une petite vitesse et d’un petit tirant d’eau.

— Télégr. Nom donné à une partie du télégraphe à cadran.

GODILLER v. n, ou intr. (go-di-l !é ; // mil.

— rad. godille). Mettre en mouvement une godille, pour faire avancer un bateau.

GODILLEUR s. m. (go-di-ISeur ; U mil.rad. godiller). Batelier qui godille.

GODIN (Nicolas), médecin français du xvk siècle. Il exerçait son art à Arrus, et a composé deux ouvrages : la Chirurgie pratique de maislre Jean de Vigo (Paris, 1531, in-8o), et De chirurgia militari, traité que J. Blondel a traduit sous le litre de Chirurgie militaire (Gand, 1553, in-12).

GODIN (Louis), astronome, membre de l’Académie des sciences, né à Paris en 1704, mort en 1760. Il étudia l’astronomie sous Delisle, fit partie, avec La Condamine et Bouguor, de la commission envoyée au Pérou pour y mesurer le degré du méridien, resta ensuite quelques années à Lima comme professeur dé mathématiques, et obtint, sur la fin de sa carrière, la direction de l’École des gardes-marine à Cadix. On a de lui : His-

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toire de l’Académie des sciences, de 1680 à 1699 (il vol. in-4o), continuation de l’oeuvre du Fonienelle ; Tnhle des matières de L’histoire de l’Académie des sciences, depuis son établissement jusqu’en 1730 (4 vol. iri-4") ; Appendice aux tables astranonomiques de Lahire, dans l’édition de 1727 (in-4<>) ; les années 1730-1733 de la Connaissance des temps. La science lui doit, en dehors de la part qu’il prit a l’expédition au Pérou, quelques observations et quelques petits perfectionnements dans la construction et la disposition des lunettes.

GODIN DES ODONAIS (Jean), voyageur français, né à Saint-Amand (Berry) en 1712, mort en 1792. Il accompagna au Pérou, en 1735, son parent, l’astronome Louis Godin, se fixa dans ce pays et y épousa M11» de Grandmaison, dont il dissipa la dot dans de fausses spéculations. Dans I espoir de refaire sa fortune, Godin des Odonais quitta, en 1749, le Pérou, où il laissa sa femme et ses enfants, descendit le cours de l’Amazone, arriva, l’année suivante, à Cayenne, et s’y occupa de défrichements sur les rives de l’Oyapok. C’est là que sa courageuse femme vint le rejoindre. En 1773, Godin revint en France et passa lés dernières années de sa vie à Saint-Amand. Il est l’auteur d’une grammaire et d’un vocabulaire de la langue quiebua. «

GODIN DES ODONAIS (Isabelle de Grandmaison, dam"), femme du précédent, née à Rio-Bamba (Pérou) vers 1728. Elle était fille de don Pedro-Emmanuel de Grandmaistiii, officier général espagnol, qui s’était fixé en Amérique. Isabelle reçut une instruction peu commune chez les créoles, et épousa, à l’âge de quinze ans, Jean Godin des Odonais. En 1765, son mari, qui l’avait quittée, en 1749,

Ïiour aller chercher fortune à Cayenne, vouut l’avoir près de lui. Dans oe’but, il demanda au gouvernement portugais et obtint uno galiote, qui devait lui faire remonter l’Amazone jusqu’au premier établissement espagnol, l’attendre dans cet endroit et le ramener à Cayenne avec sa famille. Godin partit, mais il tomba malade à Oyapok, ne put continuer sa route, et chargea alors un nommé Tristan d’Orcasarval, en qui il avait pleine confiance, d’aller chercher sa femme à-Rio-Bamba. Tristan promit ; mais, au Heu de se rendre au Pérou, il alla faire le commerce dans les missions portugaises. Sur ces entrefaites. Isabelle Godin apprit qu’une galiote était partie de Cayenne pour l’embarquer sur un point donné de l’Amazone. Aussitôt elle se met en route avec son fils, ses deux frères, des domestiques et une troupes d’Indiens, part pour Canelos, et se voit Vientôt abandonnée par "son escorte. Sans guide, M">e Godin, son fils et ses frères s’avancent dans un désert, marchent plusieurs semaines au hasard, souffrent de la faim, de la’ soif, de la fatigue, jusqu’à l’épuisement. Bientôt Isabelle reste seule, étendue auprès des cadavres de ses frères et de ses domestiques ; elle erre ensuite plusieurs semaines dans les bois, rencontre des Indiens qui la conduisent à Laguna, où elle trouve des missionnaires, et obtient d’eux les moyens d’aller rejoindre son mari, qui l’attendait toujours à Oyapok. En 1773, Isabelle se rendit en France avec Godin des Odonais et y termina sa vie. La Condamine a donné, dans sa Helation, le récit du voyage de cette courageuse femme.

GODIN DE SAINTE-CROIX, empoisonneur célèbre, né à Moniauban vers 1630, mort à Paris le 31 juillet 1672. Il était attaché, comme capitaine, au régiment de Tracy-Cavalerie, quand il abandonna, on ignore pourquoi, la carrière militaire. En 1665, M. de Dreux d’Aubray, alors lieutenant civil au Chàtelet, dont il avait débauché la fille, la marquise de Brinvilliers, le lit enfermer à la Bastille, où il apprit, d’un Italien nommé Exili ou Egidio, l’art funeste de fabriquer les poisons. Mis en liberté au bout d’environ un an de détention, il revit sa maîtresse et commit avec elle cette série de crimes qui ont rendu si fameux le nom de la Brinvilliers. V. ce mot.

GODINEZ(Vasco), capitaine espagnol, mort au Pérou en 1553. Il prit une part brillante à la conquête du Pérou et du Chili, abandonna le parti des Pizarre, pour reconnaître la souveraineté directe de la cour de Madrid, poignarda Sébastien de Castille, gouverneur de la Plata, qui s’opposait à main armée à la mise à exécution du décret royal relatif à la liberté des Indiens, et se lit proclamer capitaine général et grand juge de la Plata. Devenu maître absolu de ce pays, il y commit des exactions de tout genre, et fit mettre à înort’les plus riches habitants pour s’emparer de leurs biens. La cour royale de Lima donna alors plein pouvoir à Alonso d’Aivaredo pour mettre un terme à cet état de choses. Godinez refusa de se soumettre et prit les armes ; mais il ne tarda à tomber entre les mains d’Alvaredo, qui le fit écarteler.

GODINHO (le P. Manuel), voyayeur et jésuite portugais, né à Villa-de-Momaldan vers 1633, mort en 1712. Il se rendit à Goa, et il était depuis quelque temps dans les Indes portugaises, lorsque le vice-roi l’envoya en Portugal avec une mission. Godinho partit de Bacaïm en 1SG2, traversa Surate, la Perse, longea les rives de l’Euphrate, visita les ruines de Babylone, et s’embarqua en Syrie pour l’Europe. Arrivé en Portugal, il obtint divers bénéfices et fut nommé proioi.et : iire

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apostolique. Godinho a composé, sous le titre j de lieluçao de novo camin/tn, etc. (Lisbonne, 1665, in-4o), un très-curieux récit-de son voyaire à travers l’Asie. On lui doit, en outre, quelques ouvrages ascétiques, et on lui attribue un écrit, publié sous le voile de l’anonyme, " et intitulé : Nouvelles singulières de ce qui est arrivé à Conslnnlinnple après la défaite de l’armée ottomane sous les murs de Vienne (Lisbonne, 1687).

GOD1NOT (Jean), philanthrope français, né à Reitns-en 1661, mort dans cette ville en 1749. Il se fit recevoir docteur en théologie et devint chanoine dans sa ville natale. Tout en remplissant les devoirs de son état, il tit le commerce des vins, amassa une grande fortune, laissa à sa famille le double du pa trimoine qu’il avait reçu, et consacra plus de 500,000 livres à établir des fontaines publiques, à fonder des écoles gratuites, à ouvrir un asile pour les malades et à embellir le chœur de la cathédrale. Lorsqu’il mourut, les chanoines de Reims voulurent lui refuser la sépulture ecclésiastique, sous le prétexte qu’il avait été un des opposants à la bulle Unigenilus ; mais la population réclama d’une voix unanime, et ils se virent contraints de l’enterrer avec honneur.

GODINOT (Deo-Gratias-Nicolas, baron), général français, né à Lyon (Rhône) en 1765, mort à Sôville en 1811. Il se distingua pendantles guerres de la République, obtint, pour sa belle conduite à Ului et à Austerlitz. le grade dégénérai de brigade (1805), fit la campagne de Prusse en 1806, puis passa en Espagne en 1808, où il se signala aux affaires de Tolède, de Segurras, de Sniita-Marta, du camp de Saint-Roch, Il était depuis quelques mois général de division, lorsque, a. la suite d’une altercation qu’il eut avec le maréchal Soult, il se fit sauter la cervelle.

GOD1VE, femme de Léoffric, duc de Mercie, qui vivait en Angleterre au xie siècle, à l’époque d’Édouard le Confesseur. Elle est l’héroïne d’un singulier acte de dévouement, dont la valeur est, d’ailleurs, amoindrie par l’acté de cruauté qui le suivit. Son mari, gouverneur de Coventry, avait imposé une forte amende aux habitants ; elle tenta d’en obtenir la remise par ses supplications ; mais le duc y mit pour condition qu’elle irait à cheval et toute nue d’un bout de la ville à l’autre. Elle accepta, et, après avoir fait défendre aux habitants, sous peine de mort, de se montrer sur son passage, elle s’élança enselle, sans autre voile que son opulente chevelure. Un pauvre diable de boulanger fut seul assez audacieux pour enfreindre la redoutable défense ; au moment où la duchesse passait devant sa boutique, il entr’ouvrit ses volets et plongea dans la rue un regard indiscret. La duchesse.lesutet fit pendre le coupable. Pour perpétuer la mémoire de l’événement, on institua une fête solennelle. Chaque année, la statue do Gddive, vêtue de -riches habits, toute parée de fleurs, était portée en triomphe, et I on avait soin de la faire passer devant la maison du boulanger, où la tête du téméraire était figurée à ia fenêtre même où •sa fatale curiosité l’avait attiré.

GODIVEAU s. m. (go-di-vô). Art culin. Sorte de hachis

....Un tjodiveau tout brûlé par dehors, Dont un beurre gluant inondait tous les bords.

Boileau.

— Encycl. Le godiveau est façonné en forme de boulettes ou de petits bâtons ; on y emploie une égale quantité de rouelle de veau et de graisse de rognons de bœuf, que l’on hache séparément après les avoir épluché» avec soin, et que l’on mêle ensuite en les assaisonnant de poivre, de sel et de muscade râpée. On jette le tout dans un mortier ou dans une terrine à fond arrondi, et l’on pile en y ajoutant peu à peu deux œufs brouillés. Quand le tout est parfaitement lié, on enfariné mie table, et on y jette ce hachis pour le façonner, à la main, en boulettes de la grosseur désirée. Ces boulettes se pochent ensuite à l’eau ou au bouillon, où on les met délicatement, de façon qu’elles ne se brisent pas. Au bout de deux ou trois bouillons, on retire de dessus le feu, et on laisse mijoter encore dix minutes.

Si le godiveau était destiné à garnir des fonds d’artichauts, on n’y emploierait pas de blancs d’œufs.

On prépare aussi des godiueaux dans lesquels on remplace le veau par des blancs de volaille, en y ajoutant des champignons hachés et passés dans le beurre, ou bien des truffes hachées. Le veau peut encore être remplacé par du gibier.

Pour le godiveau de poisson, on emploie la chair de la carpe, du turbot ou du brochet, et l’on y ajoute, après l’avoir, pilée, de la mie de pain trempée dans du lait, pressée, passée aii beurre et desséchée sur un feu doux, avec addition de deux jaunes d’œufs. On peut ajouter encore des échalotes, du persil, des ciboules, le tout finement haché, et on obtient ainsi du yodiaeau aux fines herbes.

Pour bien réussir cette farce, il est nécessaire de la piler à froid, dans un lieu très-frais, en y mêlant même, au besoin, un peu de glace.

GODMANCHESTEH, autrefois Duroli Pons, ville d’Angleterre, comté et à 2 kilom. S.-E. de Huntingdon, sur l’Ouse ; 2,150 hab.

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GODNER (Augustine. de), cantatrice allemande, née en 1797. Ayant perdu sa mère dès son bas âge, elle fut adoptée par M™1’ Aschenbienner, actrice renommée en Allemagne,

qui se chargea de son éducatiuii.et dirigea son goût vers le théâtre. Danzi lui donna des leçons de chant, et quand elle eut acquis la conscience de sa valeur artisiiqut elle se produisit sur les théâtres de Stuttgard et de Hambourg, La qualité et le charme de sa voix la firent rechercher de toute l’Allemagne, et les journaux célébrèrent à l’envi son talent. À Hambourg, elle épousa l’acteur Krûger, et, sous le nom de M, ne Kriiger-Aschenbrenner, se fit entendre sur les principales scènes de l’Allemagne, dans Otello, FrcysrJtutz, la Famille suisse et autres grandes œuvres des répertoires italien et allemand. Après la mort de Krûger, elle fut engagée, en 1819, au théâtre de Darmstadt, ou elle resta jusqu’en 1831, époque à laquelle ce théâtre cessa d’exister. M"’C lvruger quitta la scène avec une pension considérable de la cour, et épousa, vers cette époque, M. de Godner, écuyer du grand-duc.

GODOÏ (don Manuel), connu aussi sous le titre de l’rim-o d« la Puii, fameux premier ministre du roi d’Espagne Charles IV, né à Badajoz en 1764, mort à Paris en 1851. 11 appartenait à une famille noble, mais pauvre, qui. ne put lui faire donner qu’une médiocre éducation. Entré dans les gardes du corps à dix-sept’ans, la beauté de ses traits, l’élégance de sa taille, l’amabilité de son caractère inspirèrent à la reine Louise-Marie une passion vive et durable, qui devait l’élever rapidement aux plus hautes dignilés de l’État. Il reçut promptement le grade de major îles gardes, eût voix dèlibérative au conseil, sut gagner l’estime du faible Charles IV, et, le 15 novembre 1792. remplaça, comme premier ministre, le comte d’Aranda, qui se retirait en repoussant toute solidarité d’une déclaration de guerre à la France républicaine. La guerre, commencée après l’exécution do Louis XVI, pour venger la mort de ce prince, parent du roi d’Espagne, fut marquée par de sanglants revers, et finit par le traité de Bûle (22 juillet 1795), qui fait honneur au bon sens de Godoï, et lui valut le titre honorifique de prince de la Paix, le seul qu’il ait vraiment mérité. L’année suivante, il resserrait les liens de l’Espagne avec la République française par un traité d’alliance offensive et défensive. Renversé en 1798, il reparut.^en 1S00, à la tête du pouvoir, plus en faveur que jamais auprès de son souverain, qui lui fit épouser une de ses nièces, ’ Maria-Thëresa de Bourbon. À cette époque, la cour de Madrid, de concert avec la France, déclara la guerre au Portugal. Godoï, déjà généralissime des armées de terre, eut le commandement en chef des troupes espagnoles

destinées à l’expédition. Les deux puiî, c’A.ces belligérantes devaient se partager le Portugal, sous le prétexte de soustraire ce pays à "influence anglaise ; on donnait au prince de la Paix les Algarves, érigées en royaume. La paix d’Amiens suspendit l’exécution de ce projet, et le favori de Charles IV reçut en dédommagement le duché. d’Albufera. La rupture de la paix d’Amiens rendit la position de Godo’i très-difficile. U essaya de louvoyer entre la France et l’Angleterre ; mais ses incertitudes le perdirent avec la monarchie. Pendant qu’il obtenait de Napoléon, au. prix d’un subside énorme, le droit de rester neutre au milieu de la guerre, les Anglais, ne tenant aucun compte de cette neutralité, faisaient main basse sur les vaisseaux et les colonies de l’Espagne. En 1806, pendant que l’empereur était occupé à la campagne de Prusse, il eut l’imprudence d’appeler la nation aux armes contre un ennemi qu’il n’osait encore nommer, mais que l’on devinait facilement. Il lui fallut se rétracter, et, pour apaiser le courroux de Napoléon, lui envoyer un corps de troupes espagnoles, qui devait servir comme auxiliaire dans l’armée française. Au lieu de tomber dans la disgrâce du roi, il en recevait de nouvelles faveurs : il était nommé grand amiral, avec le droit d’avoir une garde- d’honneur pour sa personne. Mais, d’un autre côté, il était en butte à la haine jalouse des grands ; les prêtres, qu’il ménageait peu, le détestaient ; le peuple, réduit à la misère par l’interruption des relations avec l’Amérique, l’accusait de tous ses maux ; et le prince des Asturies, son ennemi personnel (V. Ferdinand VII), était à la tête des mécontents. Pendant que ce prince ambitieux displitait la couronne à son père, Napoléon songea à s’en emparer pour lui-même. Averti de ce projet par lzquierd, son confident, le prince de la Paix essaye d’entraîner le roi et la reine à Cadix, pour, de là. s’embarquer pour le Mexique. La nouvelle s’en répand ; une insurrection éclate à Aranjuez ; on crie : Mort à Godoî ! Celui-ci se cache dans un grenier, y est découvert après trente-huit heures, est insulté, accablé de coups, foulé aux pieds, conduit en prison. Pour Je sauver d’une mort certaine, Charles IV abdique en faveur de son fils. II ne dut la liberté qu’à un ordre formel de l’empereur, appuyé par la présence de Murât à Madrid, à ia tête de 30,000 hommes. Le prince de la Paix rejoignit le roi et la reine à Bayonne, où il rédigea leur acte d’abdication définitif, et les suivit à Compicgne et à Rome, pour ne plus s’en séparer. Ils vécurent sous le même toit,