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dans le palais Borghése ; En 1835, Godoï vint à Paris, à peu près sans ressources, exilé à jamais de sa pairie. Il obtint, pour subsister, une pension de 5,000 francs du roi Louis-Philippe. Si l’histoire lui reproche l’origine de son élévation, son incapacité absolue, elle lui tient compte de sa modération dans le maniement du pouvoir, de ses infortunes poignantes, de son dévouement à ses bienfaiteurs, de sa pauvreté après avoir manié tant de richesses. On a de lui des Mémoires, écrits sous sa dictée par un moine espagnol, et publiés en français par Esménard (1836-1838, 4 vol. in-8o).

GODOI.PIIIN (Jean), jurisconsulte anglais, né en 1617, mort en 1678. Il s’adonna à l’étude du droit, puis de la théologie, se signala, à l’époque de la révolution, par son hostilité contre ie gouvernement de Charles Ier, et devint juge de l’Amirauté sous le protectorat de Croimvelt. Loin de tomber en disgrâce au retour de Charles II, Godolphin fut nommé avocat du roi. Il jouissait d’une grande réputation comme jurisconsulte, et il a laissé, entre autres ouvrages estimés : Tableau, de la juridiction d’un amiral (1661, in-8o) ; le Legs d’un orphelin (1674, in-4«) ; Jtepertorium canonicmn (1678, in-4»).’

GODOLPHIN (le comte Sidney), homme d’État et financier anglais, né dans le comté de Cornounilles vers 1030, mort en 1712. Ancien page du prince de Galles (depuis Charles II), il fut nommé chambellan après la restauration, élu membre du Parlement en 1661, chargé, en 1678, d’entraîner la Hollande dans une alliance contre la France, mission qui échoua, mais dans laquelle il montra une habileté consommée, qui fut récompensée par sa nomination aux emplois de lord de la trésorerie, puis de membre du conseil privé. Il remplit encore les charges les plus importantes sous les rognes suivants, devint grand trésorier sous la reine Anne, et dirigea les affaires avec Marlborough. Il fut disgracié en 1710. Pendant le cours de sa longue carrière, il se maintint, avec la souplesse la plus déliée, au milieu de. tous les partis, et, dans les circonstances les plus difficiles, il restait le plus souvent neutre, afin d’être possible avec toutes les factions. Charles II disait de lui :-» Godolphin ne fait jamais obstacle et ne fait jamais défaut. » Il passe pour un des hommes d’État anglais qui ont le mieux connu et le mieux administré les finances.

GODOMAR, roi de Bourgogne. V. Gondemar.

GODONÈLE s. f. (go-do’-nè-le). Entom. Genre d’insectes lépidoptères nocturnes, tribu des jihalénites, dont 1 espèce type vit dans l’Europe méridionale.

GODONESCHE (Nicolas), graveur, né à Paris, mort dans cette ville en 1761. Il était garde des médailles du Cabinet dû. roi, lorsqu’il fut enfermé à la Bastille et destitué pour avoir gravé les estampes’ de l’Explication abrégée des principales questions qui ont rapport aux affaires présentes, par l’abbé Bourdier. On a de lui un recueil de cinquante-quatre planches, publié sous le titre de : Médailles du règne de Louis XV(1727, in-fol.) et continué par Fleurimont jusqu’en 1748.

GODOUN (du slave gody, banquet), le dixième des grands dieux, dans la mythologie slave. Il présidait aux joyeux banquets et était le compagnon habituel de Labitsch, le dieu de l’amour, qu’il suivait toujours à une certaine distance. Le romarin et l’épinevinctUJ lui étaient consacrés. C’est en souvenir du culte rendu à ce dieu que, dans certaines parties de la Pologne, les jeunes gens des deux sexes consultent le sort, k des époques fixes, afin de connaître celui ou celle qui doit partager leur vie.

GODOUNOF (Boris), czar de Russie, né en 1552, mort en 1605. Il appartenait it une famille mongole. Il fit épouser sa sœur Irène au czar Fédor 1er, acquit le plus grand ascendant sur ce faible prince, gouverna en son nom, so débarrassa, par l’exil ou par la mort, des principaux conseillers de Fédor, et, pour se frayer la voie au trône, fit tuer le frère et l’héritier du czar, le jeune Dmitri. Bientôt après, Fédor mourait (1598), empoisonné, dil-on, par son ambitieux beau-frère, qui s’empara sans peine de la couronne. Godounof signala son avènement par de grandes largesses aux églises et aux monastères ; il chercha à se concilier l’affection du peuple, en prenant de sages mesures pour mettre un terme à la famine qui ravagea la Russie en 1601. Il attira dans ce pays des médecins et dès pharmaciens, s’efforça d’y répandre la civilisation de l’Occident, entretint, pour favoriser le commerce, des relations étroites avec les villes hanséatiques Enfin, pour se créer des alliés à l’extérieur, il négocia le mariage de sa fille Alexia avec le frère du roi de Danemark Christian IV. Godounof régnait depuis sept ans, lorsqu’un jeune homme, prétendant être Dmitri, frère de Fédor (le même que Boris avait fait dettre à mort), apparut en Russie, ra, si autour de lui de nombreux partisans, surtout dans la noblesse, et marcha sur Moscou. Le czar s’avança pour le Combattre, mais il mourut subitement, d’une attaque d’apoplexie suivant les uns, empoisonné suivant d’autres.

GODOUNOF (Fédor), czar de Russie, fils du précédent. V. Fédor II.

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GODOY (don Manuel), surnommé Prince do In l’niï. V. GODOÏ.

GODOYAs. m. (go-do-i-a— de Godoï, ministre espagn.). Bot. Genre d’arbres, de la famille des théacées, tribu des camelliées, coinprenant plusieurs espèces, qui croissent dans l’Amérique tropicale.

GODRILIÉ s. m. (go-dri-llé ; «mil.). Ornith. Ancien nom du rouge-gorge.

GODRON s. m. (go-dron). Ane. cost. Nom que l’on donnait à des plis ronds qu’on faisait autrefois aux fraises et qu’on fait encore aux jabots, aux manchettes de chemise, à plusieurs ajustements de femme,

— Techn. Façon faite par les orfèvres aux bords de la vaisselle d’argent, en forme d’œuf allongé : Vaisselle à gros, à petits godrons.

Il Ornements de même forme qu’on fait à de certains ouvrages de menuiserie et de sculpture. Il Sorte de rayon droit ou tournant, en creux ou en bosse, qu’on fait à l’échoppe, sur le fond d’une bague ou d’un cachet.

GODHON (Dominique-Alexandre), naturaliste français, né vers 1810. Il a embrassé la carrière de l’enseignement, a rempli, de 1851 à 1S54, les fonctions de recteur dans le département de l’Hérault ; puis, après la suppression des académies départementales, il a été nommé professeur d’histoire naturelle et doyen de la Faculté des sciences de Nancy. Ses principaux ouvrages sont : Flore de Lorraine (Nancy, 1843-1844, 3 vol. in-12) ; Monographie des rubus (1843) ; De l’origine des cordons placentaires dans la famille des légumineuses (1847) ; Catalogue des plantes cellulaires de la Ateurthe (1853) ; Flore de France (1848-1856, 6 vol. in-8o), en collaboration avec M. Grenier ; De l’espèce et des races, dans les êtres organisés, et spécialement de l’unité de l’espèce humaine (1859, 2 vol. in-8o) ; Étude ethnologique sur les origines des populations lorraines (lS6Z, m-S0) ; Essai sur la géographie' botanique de la Lorraine (1862, in-18) ; Zoologie de la Lorraine, ou Catalogue des animaux sauvages observés’ jusqu’ici dans cette ancienne province (1863, in-3°) ; Recherches expérimentales sur l’hybridité dans le règne véi/ètal (1863, in-s°) ; De la végétation du Kaiserstuhl dans ses rapports avec celle des coteaux jurassiques de la Lorraine (1804, in-8o) ; Mémoire sur l’inflorescence et les fleurs des crucifères (1865, in-8o), etc.

GODRONNAGE s. m. (go-dro-na-je — rad. godronner). Techn. Action de godronner, résultat de cette action : Godronnage de la vaisselle.

GODRONNÉ, ÉE (go-dro-né) part, passé du v. Godronner. Cost. Plissé en godrons : Linge GODRONNE. «

— Techn. Orné de godrons : Vaisselle godronnée. il Vis godronnée, Vis dont la tète est entaillée sur son pourtour.

— Anat. Canal godrçnné, Espace autour du cristallin offrant, après la mort, des plis festonnés : La circonférence du cristallin est entourée, et, en quelque sorte, fixée par le canal GODRONNÉ. (Lecoq.)

— Bot. Feuille godronnée, Feuille dont les bords présentent des festons séparés par des sinuosités profondes.

GODRONNER v. a. ou intr. (go-dro-nérad. godron). Ane. cost. Plisser en godions : Godronner une coiffe.

— Techn. Orner de godrons, en parlant de la vaisselle : Godronner de l’argenterie, il Faire autour de la tète plate d’une vis de petites entailles pour l’empêcher de glisser dans les doigts. Il Tourner la tète de l’épingle au rouet sur les moules.

GÛDRONNEUR, EUSE s. (go-dro-neur, euze — rad. godronner). Techn. Ouvrier, ouvrière qui fait des godrons.

GODBONNOIR s. m. (go-dro-noir — rad. godronner). Techn. Ciselet creusé à son extrémité pour former des reliefs.

GODHIJN, nom d’une des walkyries, dans la mythologie Scandinave. V. Gcdrun.

Go’d anvo llio king OU (ho qtie.ii (Dieu SOUVe

le roi ou la reine), chant national anglais. L’origine de cet hymne célèbre est tout a fait incertaine. On a avancé que les paroles et la mélodie avaient pour auteur le polte Hurry Carrey, fils naturel du comte Halifax ; on a dit que, ignorant les principes de la composition, il s’était adressé à Harrington, et suivant d’autres à Smith, secrétaire copiste de Hœndel, pour faire corriger son ébauche et yajouter la basse, ce qui aurait fait attribuer cet air à Hœndel lui-même. D’autre part, voici la légende que reproduisait, en îS66, un journal : M, ue de Brionne, directrice de la maison de Saint-Cyr, avait composé, pour fêter une convalescence du roi-soleil, une cantate intitulée Dieu sauve le roi, dont Ltilli écrivit la musique. Dans le cours d’une excursion en France, Hœndel entendit ce chant, le nota, et, à son retour en Angleterre, l’offrit au roi George !°r comme une nouvelle production de son génie. Naturellement, les Anglais repoussent avec indignation la version française.

Publié pour la première fois, à ce qu’il parait, avec la musique, dans le Gentleman’s Magazine, peu de temps après le débarquement du Prétendant, cet air devint populaire, quand Aine, l’auteur du chant patriotique Rxde Britannia, l’eut introduit au théâtre.

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Quoi qu’il en soit de son histoire, ce chant grave et religieux, si bien approprié à l’humeur anglaise, produit toujours sur le public delà Grande-Bretagne un merveilleux effet. Le souverain, d’après l’étiquette de la cour, doit faire acte de présence, au moins une fois l’année, à Covent-Garden, à. Drury-Lane, à l’Opéra. Aussitôt qu’il paratt dans sa loge, le Godsave the king remplit la salle de sa mélodie majestueuse, exécuté par une voix solo, des instruments et des chœurs.

Quoique l’harmonie de ce chant ait été perfectionnée par Bach et ses successeurs, le rhyîhme est toujours resté le même, sauf la légère modification nécessitée par le changement du nom du souverain régnant. Nous le donnons ici avec des paroles françaises telles quelles.

Maesloso.

H^pp3iÉsp

Dieu gar -de no - tre roi ;

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Longs jours à no- tre roi ; Vi - ve le Fin. 2« reprise. p Strophe. ^

0 f~■ -f 1— ■’" roi !

Dieu gar- de A lui vie ■

m ». y-rrsnz. M—

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toi

re, Bon-heur et gloi - re !

Qu’il ait un règne heureux ; Et l’appui des S* reprise. ^ § 5

A lui vie - Dieu gar-de

GODTHAAB, colonie danoise, sur la côte S.-O. du Groenland, inspectorat du Sud, sur le détroit de Davis. Cette colonie, la plus ancienne dans ces terres, fut fondée, en 1721, par Jean Kgedé. dans l’Ile de Haabets ou de Kangek, mais transférée, en 1727, -sur la. terre ferme, sous 64° 30’de latitude N. ; elle est arrosée par la. petite rivière Baals, à l’embouchure de laquelle s’étendent les îles de Northguth, Sudguth et Haabets.

GODURE s. f. (go-du-re — rad. goder). Faux pli, fronce mal placée, défaut d’une étoffe ou d’un papier qui gode. t

GODWIN (le comte), homme d’État anglais, mort en 1054. Son père était un des chefs des Saxons méridionaux. Grâce à son intelligence et à son courage, Godwin gagna la faveur du roi Canut, l’accompagna, en 1029, dans une expédition en Danemark, et donna des preuves éclatantes de sa bravoure, en tondant une nuit, sans en avoir reçu l’ordre, sur l’armée ennemie, qu’il écrasa complètement avec les troupes dont il était le chef. En récompense de ce signalé service, Canut donna au jeune Godwin le titre de comte de Kent et de Sussex, avec la main d’une de ses.parentes. Après la mort de Canut, Godwin se rangea du côté d’1-Iarold, qu’il aida, dit-on, a s’emparer du prétendant à la couronne, Alfred, filsd’Ethelred, mis bientôt après à mort par son rival, et à dépouiller Harde-Canut du royaume de Wessex. Lorsque ce dernier succéda à Harold, en 1039, le comte de Kent, loin de tomber en disgrâce, comme on s’y attendait, devint grand trésorier, et dirigea l’administration du royaume.À cette époque, l’archevêque d’York l’ayant accusé d avoir pris p^irt au meurtre d’Alfred, il sa fit acquitter, en prêtant solennellement, devant ses juges, le serment qu’il était innocent. Harde-Canut étant mort en 1042, Godwin rit monter sur le trône d’Angleterre le frère d’Alfred, Édouard, à qui il donna en mariage sa fille Edith. Ce dernier avait consenti, non sans peine, à cette union, car il regardait Godwin comme le meurtrier de son frère, et il le di’testait autant qu’il le craignait. Malgré son désir, il n’osait ceendant renverser le tout-puissant ministre, jien qu’il y fût poussé par les seigneurs normands, venus avec lui en Angleterre, et dont Godwin était l’ennemi déclaré, lorsqu’un incident fortuit vint précipiter la crise. À la suite d’un conflit sanglant entre les habitants de Douvres, ville faisant partie de l’apanage du ministre, et des Normands attachés au service d’Eustache de Boulogne, ce dernier demanda au roi de punir les Anglais, qui avaient été les agresseurs. Non-seulement Godwin refusa de satisfaire à cette demande, mais encore il leva une armée pour chasser les Normands du royaume. La guerre civile était imminente, lorsque Godwin vit l’assemblée des états du royaume se déclarer formellement contre lui. Voyant la lutte impossible, il alla avec ses deux fils, Sweyn et Harold, chercher un refuge auprès dy comte de Flandre (1051). Deux ans plus tard, profitant d’une révolte qui

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venait d’éclater dans ta flotte anglaise, il débarqua près de Londres, pendant qu’Harold levait une armée en Irlande, contraignit le roi à négocier avec lui, et fut, après une apparente réconcilation, rétabli dans toutes ses charges ; mais, l’année suivante, il mourut subitement, après avoir dîné à la table royale, et tout porte a croire que le roi ne fut pas étranger à sa mort. Godwin a été représenté, par les chroniqueurs normands, comme un monstre de cruauté et de fourberie ; mais d’autres chroniqueurs le regardent, au contraire, comme très-attaché aux intérêts du peuple et comme un grand homme d’État. On sait que son fils Harold, après avoir succédé a Édouard, fut renversé du trône par Guillaume le Conquérant.

GODWIN (François), historien ecclésiastique anglais, né àHawington, comté de Northampton, en 1561, mort en 1633. Après avoir terminé ses études à Oxford, il s occupa de recherches relatives aux antiquités de sa patrie, entreprit des voyages dans ce but, et borna ensuite ses travaux» la partie concernant l’histoire de l’Église. En récompense de ses travaux, il fut successivement êvèque de Llanduffetde Hereford. On a de lui : Catalogue des éuêqiies d’Angleterre depuis le premier établissement de la religion chrétienne dans cette île, avec un précis historique de leur vie et actions mémorables(1601, in-4» ; nouv. édit., 1615, avec la traduction latine et une dédicace au roi Jacques Ier jréimp.en 1743, info !.) ; Reritm Ang licarum Henrico VIIf, Edwardo VI, et Maria régnantibus Annales (Londres, 1616, in-fol. ; 162&, in-4o) ; Nuncius inanimatus in Utopia (1629, in-8o) ; Calcul de la valeur du sesterce romain et du talent attique (1630) ; l'Homme dans la lune, ou Relation d’un voyage à cet astre par iJomingo Gonzales (1638, in-S°), ouvrage traduit en français (Pans, 1666).

GODWIN (William), célèbre économiste et romancier anglais, né à Wisbeach, dans le comté de Cambridge, en 1756, mort à Londres en 1836. Il était fils d’un ministre protestant non conformiste, et fit ses études au collège des dissidentsde Hoxton. Pendant quatre années, il remplit des fonctions ecclésiastiques, auxquelles il renonça, en 1782, la disposition de son esprit le rendant peu propre à l’exercice d’un ministère, et se rendit à Londres pour se livrer exclusivement à la littérature. Sa première publication : Esquisses historiques en six sermons (1782, in-12), passa inaperçue. Soumettant à un rigoureux examen les doctrines et les croyances de l’Église, et ne trouvant que le doute au bout de ses recherches, il s’abstint dès lors de toute publication de ce genre, bien décidé à n’admettre pour certain que ce qui ne répugnerait point à sa raison. Admis dans quelques cercles où brillaient Fox, Sheridan, Lauderdale et d’autres chefs de l’opposition, il s’occupa de politique, et fut conduit par la nature même de son esprit à faire de profondes études sur l’organisation des sociétés, sur les diverses formes de gouvernement et les réformes à opérer dans celui de son pays. Les événements de la Révolution française vinrent donner une nouvelle animation aux discussions politiques, et c’est sous cette impulsion que Godwin fit paraître, en 1793, les Recherches sur ta justice politique et son influence sur la vertu et le bonheur de la société. Ce livre, écrit avec autant de hardiesse que de méthode et de clarté, eut jin succès extraordinaire ; mais, comme il attaquait sans ménagement les prétentions des classes privilégiées, il fut critiqué avec la dernière violence par tous les écrivains aux gages du gouvernement, défenseurs naturels des abus qu’il venait combattre. On employa contre Godwin l’arme du ridicule, et l’on parvint a mettre en vogue l’opinion que son traité n’était que le rêve d’un esprit malade. En 1799, Godwin eut un autre succès dans le monde politique, en obtenant l’acquittement de Horne Tooke et de ses associés Thefwal, Hardy et Hoicroft, fondateurs dé la Société constitutionnelle. Il écrivit, dans ce but, un mémoire qu’il fit insérer dans le Morning Chioiticle. Il avait trente-huit ans, et son talent touchait à son apogée. C’est alors que, désirant répandre et populariser les théories émises dans la Justice politique, il publia les Aventures de Caleb Williams, expression dramatique du système inauguré dans son précédent ouvrage. Caleb Williams offre une protestation énergique ; passionnée, souvent éloquente, contre les institutions civileset surtout contre la législation criminelle de l’Angleterre. Caleb Williams eut tous les genres de succès ; outre de nombreuses éditions en Angleterre, et d’innombrables contrefaçons k l’étranger, il a été traduit en plusieurs langues, et a fourni le sujet d’une pièce de Colman, intitulée le Coffre de fer, imitée chez nous par Laya, dans son drame de Fal/cland, et dont le rôle principal fut, sous le Directoire, un des triomphes de Talma. En 1797 se place un événement remarquable dans la vie de Godwin : c’est son mariage avec la fameuse Mary Wolstonecraft (V. l’art, suiv.), avec laquelle il vivait depuis six mois. Mary mourut le 10 septembre de la même année, en donnant le jour a une fille qui devint la femme du ppfite Shelley. Deux ans après parut le second roman de Godwin, intitulé Saint-Léon. Cette fiction, où l’auteur appelle le merveilleux à son aide, tend à prouver que la réalisation de ses désirs n’est pas toujours un bonheur pourrhomme. Quaue autres romans : Fletwood, ou le Nouvel homme,