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ville natale et publia, outre des articles curieux dans le Journal de la province de Liège, des Annales du pays de Liège depuis les derniers Éburons jusqu’au règne du prince-évêque Georges-Louis de Bergh (Liège, sans date, in-8o).

HENRI s. m. (an-ri — du nom du roi Henri II). Métrol. Denier d’or frappé sous Henri II.

Encycl. Métrol. L’usage de donner aux monnaies le nom des rois dont elles portent l’image était fréquent chez les Grecs, les Romains et les autres peuples ; on avait les philippes de Philippe de Macédoine, les doriques de Darius, les jacobus du roi Jacques, etc. On donnait indistinctement aux monnaies d’or et d’argent le nom du souverain qui y était représenté ; ce ne fut qu’à partir du règne de Louis XIII que ce nom a été consacré aux pièces d’or seulement et que nous eûmes les louis et les napoléons.

Les henris d’or étaient à 23 carats 1/4, du poids de 2 deniers 20 grains (968,7 millièmes, pesant 3gr,611 ; ils furent émis pour une valeur de 50 sols ; on fit des demi-henris de 25 sols et des doubles henris qui en valaient 100. La valeur intrinsèque de ces pièces est de 12 fr. 02 ; mais un henri d’or bien conservé vaut, dans le commerce de curiosités, de 35 à 40 francs. Il fut fait trois coins pour cette monnaie : les premiers henris, qui datent de 1549, ont, d’un côté, la tête du roi couronnée, et, de l’autre, quatre H couronnés disposés en croix, avec des fleurs de lis aux angles, et pour légende : donec totum impleat orbem ; au haut de la croix, un soleil, qui était la marque des écus d’or introduite par Louis XI. Il y eut aussi des henris d’or, sur un côté desquels est la tête du roi couronnée, avec cette inscription : henricus d. g. franc. rex, et de l’autre côté est un écusson chargé de fleurs de lis, surmonté d’une couronne fermée, avec un croissant de chaque côté de l’écusson, et la légende ordinaire des monnaies d’or : christ. regn. vinc. imper. Enfin, les derniers henris d’or, qui furent fabriqués en 1553, ont au revers une femme armée, symbolisant la France, assise sur un trophée d’armes, tenant de la main droite une Victoire, avec la légende : optimo principi, et, à la place du millésime, le mot gallia ; cette monnaie était une imitation d’une médaille de Trajan.


HENRI (cap), promontoire des États-Unis d’Amérique, sur la côte de l’État de Virginie, à l’entrée méridionale de la baie de Chesapeake. Il porte un phare élevé de 30 mètres au-dessus du niveau de la mer.

I. Princes allemands.

HENRI Ier, dit l’Oiseleur, élu roi de Germanie en 920, proclamé empereur par ses troupes après la bataille de Mersebourg, titre qu’il ne prit nulle part d’une manière officielle. Il était fils d’Othon l’Illustre, duc de Saxe, et il était né en 876 ; il mourut à Mansleben, en Saxe, le 2 juillet 936. Après la mort d’Othon, il devint duc de Saxe en 912, et fit la guerre à Conrad Ier, qui voulait lui enlever une partie de ses possessions en Thuringe. Sur le lit de mort, Conrad eut la générosité de recommander son adversaire comme le prince le plus digne de monter après lui sur le trône de Germanie, et Henri fut élu à Fritzlar. On raconte que les députés chargés de lui annoncer son élection le trouvèrent jouant avec ses oiseaux, à Quedlimbourg, ce qui lui fit donner le surnom de l’Oiseleur. Il battit Burchard, duc de Souabe, puis Arnoul, duc de Bavière, qui n’avaient pas voulu le reconnaître comme roi de Germanie ; mais il se réconcilia ensuite avec ce dernier, et maria l’un de ses fils avec Judith, fille d’Arnoul. Il étendit sa suzeraineté sur la Lorraine, que le roi de France, Charles le Simple, ne sut pas défendre ; défit les Slaves de la Misnie, de la Lusace et du Brandebourg, puis établit des margraves dans les villes fortes, afin qu’ils se chargeassent de défendre les frontières. Wenceslas, duc de Bohême, fut assiégé dans sa capitale, et, pour obtenir la paix, se vit contraint de payer un tribut. Ensuite, Henri Ier attaqua Germond, roi de Danemark, qui persécutait les chrétiens dans ses États, le força à rétablir le christianisme et à lui céder le Schleswig. Une trêve, qui avait été conclue avec les Hongrois, étant expirée en 933, il leur fit une guerre acharnée, et leur tua 36, 000 hommes à Mersebourg ; c’est à l’occasion de cette victoire que ses soldats, comme nous l’avons dit, le proclamèrent empereur.

Quoique Henri Ier fût souvent occupé à faire la guerre, il ne négligea rien pour augmenter le bien-être et la prospérité de ses peuples ; il organisa l’armée, diminua les privilèges féodaux, et dota les cités de son empire de leurs premières chartes municipales. I mourut en 930, après avoir témoigné aux princes allemands, qu’il avait convoqués à Erfurt, le désir que son fils Othon fut élu pour lui succéder.

HENRI II, le Boiteux ou le Saint, empereur d’Allemagne, le dernier de la dynastie saxonne, né en 972, fils du duc de Bavière Henri le Querelleur. Après la mort de son cousin, Othon III, qui n’avait point laissé d’enfant, il parvint à se faire élire empereur (1002), soumit Hermann, duc de Souabe, son compétiteur, contraignit à l’hommage la Thuringe, la Lorraine et la Saxe, chassa le roi de Pologne, Boleslas III, de la Bohême, et donna ce pays à Jasomir de Bavière, érigea la Hongrie en royaume, et descendit trois fois en Italie pour combattre le marquis d’Ivrée, Ardouin, qui s’était fait proclamer roi par les Lombards. Couronné empereur par le pape Benoît VIII, à Rome (1014), il jura, en échange, une fidélité inviolable au saint-siège, préparant ainsi des luttes terribles entre Rome et l’empire au sujet de la suprématie. C’était un prince très-pieux, ainsi que sa femme Cunégonde, et tous deux furent canonisés après leur mort. Plusieurs fois, Henri avait voulu renoncer au pouvoir pour se faire moine, et le supérieur d’un monastère, où il voulait passer le reste de sa vie, fut obligé d’employer son autorité spirituelle pour l’obliger à continuer de gouverner son empire.

HENRI III, le Noir, empereur d’Allemagne, fils et successeur de Conrad II, le Salique, né en 1017, élu en 1029, mort en 1056. Il pacifia la Bohème, la Hongrie et la Lorraine, intervint dans les guerres civiles de l’Italie, où quatre papes se disputaient la tiare, s’arrogea le droit de désigner le souverain pontife, et nomma successivement Clément II, Damase II, Léon IX et Victor II (de 1048 à 1055). Il est remarquable, toutefois, qu’en s’emparant de cette prérogative, il se crut obligé de se placer en quelque sorte dans la vassalité du saint-siége, en jurant obéissance et fidélité au pape même qui était sa créature. Pendant son séjour en Italie, il consacra les conquêtes des aventuriers normands dans le Midi, et leur donna l’investiture de la Pouille, du comté d’Averse et d’une partie du Bénéventin. Peu avant sa mort, Henri III eut, à Mayence, une entrevue avec le roi de France, Henri Ier. Celui-ci lui reprochait d’avoir soutenu contre lui Thibaut, comte de Champagne. Comme leur discussion se prolongeait, l’empereur d’Allemagne proposa au roi de France de vider la querelle dans un combat singulier ; mais le roi de France n’y voulut pas consentir.

HENRI IV, le Grand, empereur d’Allemagne, célèbre par ses luttes contre la papauté, fils et successeur du précédent, né en 1050, élu en 1056. Placé d’abord sous la tutelle d’Agnès, sa mère, le jeune empereur fut, pendant sa minorité, le jouet des grands et des prélats, qui se disputaient l’influence et l’autorité. À treize ans, il fut déclaré majeur, dépouilla les ducs de Carinthie et de Bavière, réprima les brigandages féodaux, et commença contre les Saxons révoltés une guerre implacable, qui fut l’occasion de sa rupture avec le saint-siége. Les deux partis en avaient appelé à l’arbitrage du pape Grégoire VII ; l’illustre et ambitieux pontife saisit habilement ce prétexte pour étendre son influence en Allemagne et pour revendiquer le droit des investitures ecclésiastiques, dont les empereurs étaient depuis longtemps en possession. Cette prétention, repoussée avec dédain en Allemagne, fut la cause première des longues luttes entre le sacerdoce et l’empire. Sommé de comparaître au tribunal du pape pour se justifier de sa désobéissance, Henri ne répondit qu’en chassant les légats pontificaux et en rassemblant à Worms un concile de prélats allemands (1076), qui prononça la déposition de Grégoire. Celui-ci fulmina alors Contre l’empereur la sentence d’excommunication, délia ses sujets du serment de fidélité, et emplit l’Allemagne d’émissaires qui suscitèrent de toutes parts des révoltes et des compétitions redoutables. Henri, effrayé, s’humilia ; il traversa les Alpes dans la saison la plus rude de l’année, et vint implorer son pardon du pontife, qui s’était retiré dans la forteresse de Canosse, appartenant à la comtesse Mathilde (1077). On vit alors une scène extraordinaire : le puissant empereur, abaissé au rôle des suppliants antiques, fut obligé de solliciter son orgueilleux ennemi, qui le laissa pendant trois jours sous ses fenêtres, en altitude de pénitent, pieds nus, couvert d’un cilice, exposé à toutes les rigueurs de l’hiver, et ne lui accorda l’absolution qu’à des conditions qui le rendaient en réalité le vassal du saint-siège. Henri rougit bientôt de sa faiblesse, et, à l’instigation des Lombards, il se prépara à recouvrer son indépendance. Grégoire souleva l’Allemagne contre lui, le fit déposer par la diète de Forchheim, et lui suscita deux compétiteurs, Rodolphe, duc de Souabe, et Hardouin de Luxembourg (1077-1081). Après avoir vaincu ses ennemis, Henri descendit en Italie, prit Rome, d’où il chassa le pontife, et fit proclamer à sa place l’archevêque de Ravenne, Guibert, qui prit le nom de Clément III. La mort de Grégoire (1085) no termina pas cette lutte, qui se continua avec le même acharnement sous les deux pontificats suivants (Urbain II, Pascal II). Ces deux papes renouvelèrent contre l’empereur les sentences d’excommunication, et soulevèrent successivement contre lui ses deux fils (1093-1105), dont le dernier, Henri, quoique vaincu et pardonné, le fit arrêter par trahison, enfermer dans le château de Bingenheim, et le dépouilla enfin de la puissance impériale (1106). Errant et misérable, le vieil empereur sollicita vainement de l’évêque de Spire un office de lecteur ou de chantre dans son église. Il se réfugia à Liège, où il mourut presque aussitôt dans la misère et l’abjection, après avoir rempli le monde du bruit de ses victoires et de l’éclat de sa puissance. Son fils, exécuteur fidèle des ordres de Pascal II, fit déterrer son cadavre et le laissa pendant cinq ans dans une cave, privé de sépulture. Henri IV avait de grandes qualités comme guerrier et même comme législateur, et la grandeur de ses infortunes a fait oublier ses vices et sa tyrannie. Les classes pauvres furent l’objet de sa sollicitude, et son palais servit plus d’une fois d’hôpital pour les malades nécessiteux.

HENRI V, empereur d’Allemagne, fils et successeur du précédent, né en 1081. Révolté contre son père, à l’instigation du pape Pascal II, il le dépouilla de la dignité impériale (1106) et se fit élire à sa place. Il eut même le courage sacrilège de faire exhumer son cadavre, pour exécuter les ordres du pape, et de le laisser cinq années sans sépulture. Toutefois, il trompa les espérances de l’Église romaine, et son premier soin fut de maintenir ce droit des investitures contre lequel il s’était élevé pour détrôner son père. Anathématisé par Pascal, il descendit en Italie à la tête d’une armée (1110), se rendit le maître de Rome et contraignit le pape à le couronner (1112), à renoncer au droit d’investiture et à jurer solennellement qu’il n’excommunierait jamais l’empereur. Mais à peine celui-ci fut-il hors de l’Italie, que Pascal assemble un concile, fait casser toutes les concessions qui lui avaient été arrachées, et envoie ses légats soulever l’Allemagne. Alors Henri revient une seconde fois à Rome, chasse Pascal et le remplace par l’antipape Grégoire VIII ; mais, après de longues luttes, il se décide à traiter, et la diète de Worms (1122) vint concilier plus ou moins sérieusement les prétentions des deux partis par une transaction qui suspendit, sans la terminer, la grande querelle des investitures. Henri mourut à Utrecht, en 1225, d’une maladie contagieuse. Fils dénaturé, hypocrite sans religion, despote sans principes, ce prince n’en a pas moins accompli quelques réformes utiles, entre autres l’affranchissement des artisans et l’abolition du droit de mainmorte, qui permettait aux seigneurs de dépouiller les héritiers légitimes.

HENRI VI, le Sévère ou le Cruel, empereur d’Allemagne, fils et successeur de Frédéric Barberousse, né en 1165, élu en 1190, mort à Messine en 1197. Dès l’âge de deux ans, il avait été revêtu du titre de rot des Romains, qui se donnait depuis plus d’un siècle déjà à l’héritier présomptif de la couronne impériale, par imitation, sans doute, de la coutume des empereurs romains de désigner leur successeur en le créant césar. Après quelques guerres en Allemagne, ce prince passa dans la Pouille, pour faire valoir les droits que Constance, son épouse, fille posthume de Roger, roi de Naples et de Sicile, avait sur ces royaumes, dont Tancrède, bâtard de Roger, s’était emparé. Vainqueur après deux expéditions (1191, 1195), il se déshonora par les plus lâches cruautés, fit trancher la tête au cadavre de Tancrède (mort dans l’intervalle des deux guerres), aveugler son fils Guillaume et déchirer dans les tortures tous les partisans de cette famille. Lui-même, il périt, plus tard, empoisonné, à l’instigation de sa femme Constance. C’est lui qui avait acheté du duc d’Autriche Richard Cœur de Lion, jeté par une tempête sur les côtes de Dalmatie, et qui le retint prisonnier pendant plus d’un an, ne lui rendant à la fin la liberté que moyennant une énorme rançon.

HENRI VII, empereur d’Allemagne, de la maison de Luxembourg, né en 1263, élu en 1308, après un interrègne de sept mois, mort à Sienne en 1313. Par son mariage avec Élisabeth, fille du dernier Wenceslas, il acquit la Bohême, qu’il donna à son fils Jean, franchit les Alpes pour rétablir en Italie la puissance impériale, se fit couronner à Rome (1312), et mourut au moment d’aller châtier le roi de Naples, qui lui résistait à la tête des guelfes d’Italie, On a prétendu qu’il avait été empoisonné, avec du vin consacré ou avec une hostie, en recevant la communion, par un moine dominicain, nommé Politien de Montepulciano ; mais l’exactitude de ce fait a été révoquée en doute.


II. Princes français.

HENRI Ier, roi de France, né vers 1011, mort en 1060. Fils du roi Robert et de la reine Constance, il succéda à son père en 1031, eut à combattre une ligue féodale formée contre lui par sa mère, qui voûtait faire donner la couronne à son plus jeune fils, et en triompha, grâce à l’appui du duc de Normandie, Robert le Diable. Une famine effroyable, qui décima les populations de la France (1030-1033), de nombreuses guerres privées entre les grands feudataires et même entre les moindres seigneurs, guerres que parvenait à peine à suspendre pour un moment la trêve de Dieu (établie non par Henri, mais sous son règne et par le clergé), quelques révoltes des grands vassaux, une guerre malheureuse contre le duc de Normandie, Guillaume le Bâtard, sont les seuls événements de la dernière partie du règne de Henri Ier dont la nullité et la faiblesse apparaissent dans les sèches chroniques qui retracent sa vie. Vers 1051, il avait épousé en secondes noces Anne, fille du grand-duc de Russie ; il en eut trois fils, entre autres Philippe Ier, son successeur.


HENRI II, roi de France, fils de François Ier et de Claude de France, né à Saint-Germain-en-Laye, en 1518. Il épousa, en 1533, Catherine de Médicis, et il monta sur le trône en 1547. D’un naturel assez débonnaire et d’un esprit lourd et paresseux, il paraissait, dit Beaucaire, né pour être gouverné, non pour gouverner. Son règne fut, en effet, celui des favoris : le connétable de Montmorency, les Guises, le maréchal de Saint-André, et surtout la fameuse Diane de Poitiers, tels étaient, en réalité, les véritables rois de la France. Passionné pour tous les exercices du corps, Henri II n’eut pas plus tôt déposé son père dans les caveaux de Saint-Denis qu’il se hâta d’autoriser le duel en champ clos de son favori La Châtaigneraye contre Jarnac, que le feu roi n’avait jamais voulu permettre. Les lices furent ouvertes à Saint-Germain, avec une solennité pompeuse et le cérémonial d’un autre âge, et ce combat fameux eut lieu en présence du roi, de toute la cour et d’une partie de la noblesse de France (v. Jarnac). Des persécutions contre les protestants, un soulèvement en Guyenne étouffé dans le sang par le connétable (1548), une guerre contre Angleterre, une expédition en Écosse, le rachat de Boulogne, que les Anglais abandonnèrent moyennant 400, 000 écus (1549) ; des négociations avec les protestants d’Allemagne (pendant que, par une contradiction assez fréquente, on écrasait ceux de la France), la guerre contre Charles-Quint, en Italie et en Allemagne ; la reprise de Toul, de Metz et de Verdun (1552), chefs-lieux des trois évêchés, restés depuis à la France ; la belle défense de Metz par François de Guise contre l’empereur en personne (1553), le ravage de la Picardie par les impériaux, des revers en Italie, l’expédition malheureuse de Guise contre Naples, la désastreuse bataille de Saint-Quentin, perdue par Montmorency contre Emmanuel-Philibert de Savoie (1557); la prise de Calais (que les Anglais possédaient depuis deux cent dix ans) par le duc de Guise, la perte de la bataille de Gravelines par le maréchal de Termes (1558), enfin la honteuse paix de Cateau-Cambrésis (1559) après tant de désastres à peine compensés par quelques succès brillants : tels furent les principaux événements du règne de Henri II, qui fut mortellement blessé dans un tournoi, donné rue Saint-Antoine à l’occasion du mariage de sa sœur Marguerite avec le duc de Savoie (v. Montgomery), et qui expira quelques jours après (10 juillet 1559). Ce règne fut encore signalé par les dilapidations énormes des favoris, par les intrigues et par l’insatiable avidité de la maîtresse du roi, Diane de Poitiers, créée duchesse de Valentinois, par l’augmentation de la dette publique et des impôts, par les cruels édits de Châteaubriant (1551) et d’Écouen (1553), qui prononçaient la peine de mort contre les réformés surpris dans l’exercice de leur culte, par les mesures sévères prises contre l’imprimerie et contre la publication des livres, par les auto-da-fé dont on donna l’horrible spectacle dans les grandes villes, et qui préparèrent les guerres de religion, par les empiétements de l’autorité royale sur les parlements et par des tentatives pour l’établissement de l’inquisition.


HENRI III, duc d’Anjou, puis roi de Pologne, enfin roi de France, né à Fontainebleau en 1551, troisième fils de Henri II et de Catherine de Médicis. Favori de sa mère, qui songeait peut-être à l’opposer à Charles IX, capricieux et mobile comme une femme, doué de qualités brillantes, d’un esprit vif et pénétrant, mais trop aisément tourné vers l’astuce et l’intrigue, indolent et livré à mille pratiques féminines, élevé dans la dépravation des mœurs italiennes, superstitieux et débauché, il apporta sur le trône la politique de Machiavel et de César Borgia moins l’énergie, les mœurs d’Héliogabale, la mollesse des rois fainéants et l’indécente hypocrisie d’une dévotion tout extérieure. Il n’avait encore que seize ans quand sa mère le mit à la tête de l’armée avec le titre de généralissime, et il eut tout l’honneur des victoires de Jarnac et de Moncontour (1569), qui furent, en réalité, l’œuvre des maréchaux de Cossé et de Tavannes. Il y combattit du moins avec un courage qu’on n’aurait pas attendu de lui. La veille de la Saint-Barthélemy, il assista, au Louvre, au conseil nocturne où furent arrêtées les dispositions du massacre. L’année suivante (1573), il commandait au siège de La Rochelle, où son incapacité et son inepte paresse causèrent la ruine de l’armée royale. Apprenant tout à coup son élection au trône de Pologne, résultat des intrigues de sa mère, il se hâta de traiter avec la cité calviniste, et courut prendre possession de cette couronne, qu’il avait convoitée avec passion, et qu’il ne porta qu’avec répugnance et dégoût. Fatigué bientôt de la rudesse et de l’indépendance turbulente de la noblesse polonaise, il subissait l’ennui de sa royauté avec la perspective d’une guerre contre les Turcs, lorsqu’il reçut la nouvelle de la mort de son frère Charles IX, événement qui lui donnait la couronne de France (1574). Abandonnant tout à coup Cracovie, il s’enfuit secrètement, gagna Vienne, Venise, et revint en France à travers la Lombardie, s’attardant aux fêtes que lui donnaient les petits princes italiens, et se préparant par des danses et des divertissements de toutes sortes aux orages et aux guerres civiles qui l’attendaient de l’autre côté des Alpes. Spectacle étrange, au milieu des puissantes convulsions de cette France du XVIe siècle en travail de la liberté de conscience, que la vie de ce prince méprisable, livré à d’infâmes