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HOHENZOLLERN-SIGMARINGEN (Léopold-Étienne-Charles-Antoine-Gustave-Édouard-Thassilo, prince héréditaire DE), né le 22 septembre 1835. Il est le fils aîné de Charles-Antoine-Joachim, et le petit-fils d’Antoinette-Marie, née Murat. En 1861, il a épousé la princesse Antonia, sœur du roi actuel de Portugal. Il est major du Ier régiment d’infanterie de la garde prussienne. Mais il serait peu connu à ces divers titres, si, en 1870, le gouvernement espagnol ne lui avait offert inopinément la couronne d’Espagne. On sait quelles furent, pour la France, les épouvantables conséquences de ce fait (v. guerre de 1870). Durant cette campagne néfaste, Léopold de Hohenzollern était attaché à l’état-major du roi de Prusse.


HOHÉRIE s. f. (o-é-rl ; A asp. — de Hoher, sav. angl.). Bot. Genre d’arbustes, de la famille des sterculiaeées, tribu des hélietérées, comprenant plusieurs espèces, qui croissent en Australie.


HOHENBAUM (Charles), médecin allemand, né à Cobourg en 1780. Reçu docteur en 1803, il a pratiqué son art dans diverses villes et il est devenu, vers 1815, médecin du duc de Saxe-Meiningen. On lui doit un certain nombre d’ouvrages, parmi lesquels nous citerons : De l’apoplexie pulmonaire (Erlangon, 1817) ; De la inarche progressive des maladies (Hildburgh, 182B). Il a publié de nombreux articles dans divers recueils, rédigé la Conversation médicale avec le docteur Ferdinand Jahn et traduit quelques ouvrages de médecine anglais et français.

HOHO s. in. (o-o ; A asp.). Ornith. Espèce de grimpereau, qui vit sur les côtes de l’océan Pacifique.

MOHOU s. m. (o-ou ; A asp. — do hoactou, nom mexicain de la femelle de l’oiseau). Ornith. Espèce de héron, qui habite le Mexique, et qu’on appelle aussi héron huppé du Mexique.

HOIE s. f. (oî ; A asp.). Comm. Sorte de houille.

HOIR s. m. (oir — lat, hœres, même sens). Jurispr. Héritier : Que de précautions légales et compliquées ont exigées l’organisation de la famille, les droits matrimoniaux, tutelles, reprises des hoirs et ayants cause ! (Chateaub.) 11 Hoir de quenouille, Fille héritière d’un fief.

HOIRIE s. f. (oi-rt — rad. Aoi’r). Jurispr. Héritage, succession qui appartient à l’héritier direct : Ils ne se cachent point pour voter tes veuves, ruiner les villageois, butiner /’hoirie des orphelins. [J. Lejeune.) il Droit que l’on a de succéder à un défunt, en ligne directe ou collatérale. Il Avance d’hoirie, Avance faite à un enfant, sous la condition que, plus tard, dans le partage de la succession, il en tiendra compte à ses cohéritiers : Mon oncle, pour ce soir, il me faut, je vous prie, Cent louis neufs comptant, en avance ô’hoiric.

Requaro.

HOIRIN s. m. (oi-rain). Ane. mar. Bouée, bois qu’on laisse flotter pour indiquer la place où l’ancre est mouillée.

HOIRIRI s. m. (oi-ri-ri ; h asp.). Bot. Espèce d’ananas.

HOITLALLOTL s. m. (oi-tla-lotl ; A asp.). Ornith. Oiseau du Mexique, peu connu.

HOITZIE s. f. (oi-tzl ; A asp. — de Hoitz, n. pr.). Bot. Genre de sous-arbrisseaux, delà famille des polémoniacées, dont l’espèce type croit au Mexique, et qui sert à faire des cataplasmes pour la tète.

HOITZILAZTATL s. f. (oi-tzi-la-ztatl ; A asp.). Ornith. Nom indigène du héron blanc du Mexique. V. zilatat.

HOITZITZILTOTOTL S. m. {OL-tzi-tzil-tototl ; A asp.). Ornith. Nom indigène du colibri piqueté du Mexique.

HOITZLACUATZINs. m. (oit-zla-ku-a-tzain : A asp.). Mamm, Nom mexicain du coendou.

HOJEDA ou OJEDA (Alonzo de), navigateur et aventurier espagnol, né à Cuença vers 1465, mort vers 1515. Issud une famille noble, il fut élevé dans la maison du duc de Medina-Celi. Beau cavalier, bien que de petite taille, doué d’un courage, d’une force et d’une agilité surprenantes, Hojeda se signala, tout jeune encore, par de surprenants traits d’audace, en présence de la reine Isabelle et en combattant contre les Maures de Grenade. En 1493, il accompagna Colomb dans son deuxième voyage en Amérique, fut chargé par lui d’explorer l’intérieur d’Hispaniola, rendit un service signalé à la colonie en arrêtant et en enlevant au milieu de son peuple Caonabo, le chef caraïbe de l’intérieur, et contribua par son intrépidité à l’écrasement des Caraïbes dans le combat de la Vega. Do retour en Espagne, Hojeda se trouvait à la cour lorsqu’arrivèrent les nouvelles de Colomb concernant les découvertes qu’il avait faites dans son troisième voyage. Hojeda conçut immédiatement le projet de suivre les traces de l’amiral, de manière à profiter de ses découvertes, et, comme il jouissait de la faveur de Fonseca, ce projet fut aussitôt approuvé que conçu. Ayant armé quatre vaisseaux, il quitta l’Espagne le 20 mai 1499, accompagné d’Amerigo Vespuccio et du pilote La Cosa, et atteignit le continent de l’Amérique du Sud à peu de distance de l’équateur. Ne perdant plus dè3 lors lu côte de vue, il nussa

HOLA

devant les embouchures de l’Essequibo, de l’Orénoque, et reconnut toute la côte de Venezuela jusqu’au cap Vêla, d’où il fit voile pour Hispaniola. Après avoir cherché sans succès à expulser Colomb de cette lie, il dut la quitter, en février 1500, emmenant avec lui en Espagne un grand nombre d’esclaves, qu’il vendit à un très-haut prix. En 1501, Hojeda quitta de nouveau Cadix avec A. Vespuccio, et se rendit au golfe de Maracaïbo, avec l’intention d’y établir une colonie ; mais il avait un caractère trop violent pour pouvoir conserver le commandement. Des dissensions s’élevèrent parmi ses compagnons, qui se révoltèrent contre lui et le chargèrent de chaînes. Plein de confiance en sa force physique, il se jeta à la mer, espérant nagerjusqu à terre et échapper ainsi aux mutins ; mais entraîné par le poids do ses chaînes, il allait disparaître sous les vagues, lorsqu’une barque envoyée à son secours le sauva d’une mort certaine. Le roi lui ayant concédé, en 1508,1a vaste étendue de pays comprise entre le milieu du golfe de Darien ou d’Uraba (c’est-à-dire des canots) et lo cap Vêla, nommée alors la Nouvelle-Andalousie, Hojeda partit pour l’Amérique

afin d’y fonder un établissement. Il était accompagné de Jean de La Cosa, de Balboa, de François Pizarre, et une maladie imprévue avait seule empêché Fernando Cortez do se joindre à lui. Sur les côtes de Carthagènc, Hojeda fut fort mal reçu par les naturels belliqueux de cette partie du nouveau monde. Les flèches empoisonnées et les masses toujours grossissantes des Indiens eurent raison de ta supériorité des armes et des avantages de la discipline. Soixante-dix Espagnols, qui avaient débarqué, périrent victimes de leur imprudence : le pilote Jean de La Cosa était au nombre des morts, et Hojeda ne dut son salut qu’à la rapidité de sa fuite. Il parvint à se cacher dans un petit bois, où il fut recueilli peu après par ses compagnons, à demi mort de fatigue et de faim. Instruit par ce désastre, Hojeda se garda bien d’engager de nouvelles collisions avec les naturels et bâtit, dans le golfe de Darien, un fort qu’il nomma Saint-Sébastien. Mais la famine ne tarda pas à se faire sentir dans la colonie naissante ; dos maladies se déclarèrent, et les souffrances de ses compagnons devinrent telles, qu’Hojeda se vit obligé d’aller à Hispaniola pour essayer de se procurer des provisions. Mais pendant la traversée, Talavero, qui le conduisait, le fit enchaîner et le déposa avec quelques Espagnols dans l’Ile de Cuba. Hojeda, après avoir couru les plus grands dangers, parvint à gagner Hispaniola, où, épuisé par les fatigues, il termina dans la misère sa carrière aventureuse. Il a laissé des mémoires qui sont restés manuscrits.

HOJEDA (Diego de), poste espagnol, né à Séville. Il vivaitau commencement du xviiesiècle, entra dans l’ordre des dominicains et Se rendit à Lima, où il mourut supérieur d’un couvent. On a de lui un poëme en douze chants sur la Passion, intitulé : Christiada (Séville, 1311). D’après Ticknor, la versification en est gracieuse et douce, et le poëme est conduit avec art ; mais, trop souvent, la style porte la marque du mauvais goût du temps et n’est pas approprié à la grandeur du sujet,

HOKANSON (Olof), homme politique suédois, né dans la province de Blekingio en 1095, mort à Stockholm en 1769. Fils de paysan, il ne cessa pendant toute sa vie de se livrer aux travaux rustiques et reçut l’instruction la plus élémentaire ; mais, doué de puissantes facultés oratoires, il acquit une grande influence dans sa province, fut membre de toutes les diètes qui se réunirent de 1731 à 1709 et devint, à huit reprises, président de l’ordre des paysans. « Hokanson, dit Catteau-Calleville, conserva toujours la simplicité de mœurs qu’il avait héritée de ses pères, et, après avoir discuté dans les assemblées nationales les objets les plus importants, après avoir paru dans les cercles de la cour et des grands du royaume, il retournait dans son village pour reprendre les travaux des champs. » Le roi Frédéric ayant fait, en 1745, un voyage dans le midi de la Suède, alla rendre visite à Hokanson, qui avait été un constant défenseur de l’autorité royale.

— Son fils, Anders de Hokanson, né en 1749, mort en 1813, reçut le titre de binon en 1S09 et devint président du collège de commerce en 1812. — Un savant polyglotte suédois du même nom, Pierre Hokanson, né à Bexeda, dans la province de Joenkœping, en 1792, mort en 1829, connaissait, outre la plupart des langues qui se parlent en Europe, l’arabe, le persan, etc.

HOL ou HOLO (gr. kolos, tout entier, très-probablement du même radical que le gothique ails et le sanscrit alis, excessif, alan, beaucoup ; de la racine ai, occuper, remplir, grec oulâ, latin alo, oleo, gothique œliun). Préfixe qui veut dire entier.

HOLÀ interj. (o-là ; A asp. — de Ao et de là). On s’en sert pour appeler, pour attirer l’attention ; HOLÀ I n’y a-t-il personne ici ? (Mol.) Holà I monsieur Hobinet, monsieur Robinet, upprochez-vous du monde. (Mol.) Oh ! oh ! quelle caresse et quelle mélodie I Dit le maître aussitôt ; koldt Martin-Baton.

La Fontaine.

Il Sert aussi pour arrêter, pour dire C’est assez :

HOLA

Après l’Agésilas,

J.élas !

Mais après V Attila,

Bulà !

BOILBAU.

— s. m. Mettre le holà, Faire cesser des gens qui se querellent, qui se battent : Vous serez obligé de venir mettre le holà.

HOLACANTHE s. m. (o-la-kan-to — du préf. kol, et du gr. akantha, épine). Ichthyol. Genre de poissons, de la famille des chèlodons : Les holacanthes parviennent à une taille assez grande. (Valenciennes.) Z, ’holaCaNthe ciliaire est assez répandu dans les Antilles. (A. Guichenot.)

— Encycl. Les holacanthes sont caractérisés par la forme ovale régulière de leur corps ; par leur nageoire dorsale à rayons peu élevés et presque tous égaux ; leur bouche étroite garnie de dents mobiles et flexibles et terminée par un museau plus ou moins allongé ; enfin, et surtout, par leur préopercule, dentelé sur les bords et muni d une longue épine horizontale, dirigée en arrière pendant le repos, mais pouvant s’écarter a volonté et devenir ainsi une armo puissante. Ce genre comprend au moins vingt-cinq espèces, répandues dans les mers tropicales. Ce sont, en général, de très-beaux poissons, de taille moyenne, à couleurs distribuées patraies, par bandelettes, par cercles, souvent aussi par larges écharpes ; on les appelle vulgairement demoiselles ou veuves coquettes. Ils atteignent, quelquefois de grandes dimensions (orn.40) et sont, en générnl, très-recherchés comme aliment. ■ Le plus célèbre des holacanthes, dit A. Guichenot, pour la singularité de son vêtement et la beauté de ses couleurs, est celui que les Hollandais des Moluques ont appelé empereur du Japon, quoiqu’il ne soit pas connu au Japon, et qu’il appartienne à toutes les parties chaudes de la mer des Indes ; et Commerson, qui l’a dessiné à l’Ile de France, nous apprend que les habitants lui donnent le nom plus modeste de guingam, emprunté des fines étoffes de coton de l’Inde, rayées comme ce poisson. Il est, en général, d une forme un peu plus élevée que la plupart des espèces du genre. Son museau est un peu retroussé, sa mâchoire supérieure avance plus que l’autre ; tout son corps est d’un bleu noirâtre ; trente ou trente-deux raies longitudinales d’un jaune orangé en parcourent l’étendue depuis le bord de la dorsale. C’est, dit-on, de tous les poissons que l’on mango communément aux Indes, le plus estimé ; sa chair est souvent plus grasse que celle de nos saumons ; son goût est très-agréable. • h’holacanthe de Lamarck est d’une teinte orangée ; on lui donne le nom hollandais de quicltsteert, qui signifie lavandière ou hochaqueue, parce que sa nageoire caudale se remue vivement. Sa chair est blanche et d’un goût agréable. Renard assure que les deux sexes ne s’abandonnent jamais, et que, si l’un est pris, l’autre suit le pécheur, et se jette même dans les filets ou sur le rivage. L’Aolacanlhe due ou duchesse, appelé aussi toitepeinte, a été trouvé dans les parages do la Nouvelle - Guinée. Ses couleurs sont très-agréables ; le corps est divisé par bandes alternativement jaunes et bleues ; la tète, la

gorge et la poitrine sont d’un gris violacé. L’holacanthe géométrique ou de Nicobar présente de chaque côté jusqu’à huit cercles concentriques, dont les quatre intérieurs sont entiers ; c’est la plus petite espèce du genre ; elle dépasse rarement om, lo de longueur.

HOLAGOU, prince des Mongols de Perse. V. Houlagou.

HOLAN s. m. (o-lan ; A asp.) Comm. Espèce de batiste de Flandre.

HOLANDA (Francisco de), peintre portugais, né en 1518, mort en 1584. Il était fils d’un habile peintre miniaturiste, qui lui apprit son art et l’envoya compléter ses études a Rome. Le jeune artiste entra dans cette ville en relation avec Michel-Ange et avec Giulio Clovio, surnommé le Raphaël de la miniature, profita des leçons et des conseils de ces maîtres, puis visita les principales villes d’Italie. Holanda fit plusieurs portraits pour Charles-Quint et exécuta pour Jean III de Portugal des peintures à l’huile destinées à la décoration des palais et des églises de Lisbonne. Il excella surtout dans la miniature et dans l’ornementation des livres. « Passionné pour le mouvement artistique qui se manifesta lors de la Renaissance, dit M. F. Denis, il voulut enrichir son pays de ce qu’il trouva de plus rare. Ce fut dans ce but qu’il écrivit et dessina, vers 1548, un beau volume, resté manuscrit et intitulé : Dos livras da peintura antiga. Selon divers auteurs, cet incomparable album, qui est aussi un savant

traité, se trouvait encore naguère à Madrid. » Lo comte Raczynski a inséré dans son ouvrage intitulé : les Arts en Portugal, la partie littéraire, moins le premier livre, do ce travail intéressant. Holanda cultivait la poésie et a laissé quelques ouvrages manuscrits.

HOLARRHÉNE s. m. (o-la-rè-ne — du préf. hot, et du gr. arrên, mâle, vigoureux). Bot. Genre de plantes, de la famille des upocynées, tribu des échitées, comprenant plusieurs arbrisseaux, qui croissent dans l’Inde.

HOLASTÉE s. m. (o-la-sté — du préf. hol, et du gr. asteios, poli). Ichthyol. Espèce de coffre.

HOLB

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HOLBACH (Paul-Henri Thiry, baron d’), philosophe et littérateur français, né à Heidelsheim (Palatinat) en 1723, mort à Paris en 1789. « C’était, dit J.-J. Rousseau, un fils de parvenu, qui jouissait d’une assez grande fortune. Il fut élevé à Paris, où il reçut une éducation distinguée, et y passa la plus grande partie de sa vie. Riche, bienfaisant jusqu’à la prodigalité, bienveillant jusqu’à la faiblesse, instruit, animé de cet amour poulles lettres et pour les spéculations delà per.sée, de cette passion pour le progrès, qji sont les traits caractéristiques de l’époque, il fit de sa maison une sorte d’institut des libres penseurs. Ses dîners sont restés célèbres : il y réunissait les esprits les plus brillants et les plus hautes intelligences du temps, Rousseau, Buffon, d’Alembert, Diderot, Helvétius, Raynal, Grimm, Marmontel, Condillac, Turgot, etc. Mais il ne fut pas seulement le maître d’hôtel de la philosophie, comme l’avait surnommé le spirituel abbé Galiani ; il n’était pas déplacé au milieu de ce cénacle philosophique ; ses vastes connaissances, son esprit audacieux, ses idées aventureuses et hardies lui ont assuré une place, et non point la dernière, dans ce groupe de lutteurs qui battaient en ruine tes institutions du passé. Nul d’entre eux, peut-être, si ce n’est La Mettrie, no poussa à des conséquences plus extrêmes’les théories sensualistes et matérialistes. Passionné pour la liberté, il lui semblait voir des instruments de tyrannie dans les dogmes de la Providence et de l’immortalité da l’âme, et, pour mieux émanciper le genre humain, il lui ôlait Dieu et l’âme, et lui laissait, en manière de compensation, la matière et le mouvement, ce qu’il appelait la nature. En politique, d’Holbach se prononce contre la démocratie, à cause des incurables superstitions de la multitude ; malgré ses véhémentes apostrophes contre le despotisme, il parait incliner, comme la plupart des philosophes de son temps, vers une monarchie tempérée par des institutions libérales. Son style est clair et parfois éloquent, mais le plus souvent prolixe, déclamatoire et paradoxal. « La passion qui anime d’Holbach, dit Damiron, c’est celle de la liberté, de la liberté en toute chose, mais surtout en matière de politique et de religion, et plus encore de religion. Elle y éclate à chaque page, Se mêle a. toutes ses théories, pénètre tous ses raisonnements. Si elle était plus élevée, plus généreuse, mieux inspirée, elle le rendrait plus éloquent ; car le cœur fait l’orateur, quand il est noblement ému. Mais, chez lui, quoique non sans énergie, ou, du moins, sans intensité, elle a quelque chose de vulgaire, d’étroit, d’exclusif et d’intolérant qui la fait se répandre le plus souvent en déclamations communes et sans variété. »

Dans sa vie privée, d’Holbach était un parfait honnête homme, • un homme simplement simple, i selon l’expression de Mme Geoffrin. « 11 mit constamment en pratique, dit Naigeon, toutes les vertus qui font le plus d’honneur à la nature humaine. > Il était bienfaisant et ne se flattait point d’obtenir la reconnaissance de ceux qu’il obligeait : • Je me contente, disait-il, du rôle sec de bienfaiteur, quand on m’y réduit ; je ne cours pas après mon argent ; mais un peu de reconnaissance me fait plaisir, quand ce ne serait que pour trouver les autres tels que je les désire. » Il n’avait ni morgue ni hauteur et sa conversation était aussi instructive qu’agréable, car il possédait une vaste instruction.

D’Holbach est un des hommes du xvme siècle qui ont le plus contribué à la destruction de 1 ancien régime. Il débuta dans la littérature par une Lettre sur l’Opéra et une traduction de3P/« isi>j de l’imagination d’Akenside. Mais ses goûts n’étaient pas dans cette direction et il la quitta bientôt pour se vouer entièrement à la propagation des sciences physiques, auxquelles il accusait la France d’être indifférente. Cette période de sa vie, qui dura quatorze ans t de l’année 1758 à 1766, est peut-être la plus féconde de sa carrière de publiciste. D’origine allemande, il possédait à fond la langue de son pays natal. Il borna d’abord son ambition a traduire en français les livres de quelque importance publiés en Allemagne et qui avaient trait aux sciences naturelles. C’étaient l’Art de la verrerie do Neri, Merret et Kunckel, la Minéralogie de Wallerius, l’Introduction à la minéralogie de Henkel, la Chimie métallurgique de Gellert, l’Essai d’une histoire des couches de ta terre pai Lehmann, l’Art des mines par le même, les Œuvres métallurgiques de Christian Orschall, le l’raité du soufre de Stahl. Outre une série de mémoires sur la chimie et l’histoire naturelle, extraits des recueils publiés par les Académies d’Upsal et de Stockholm, la plupart des articles qu’on trouve dans l’Encyclopédie de Diderot, sur la chimie, la pharmacie, la physio’ugie et la médecine, sont également de lui. Il acquit ainsi une érudition spéciale très-étendue, qui le mit à même de pouvoir

juger des théories scientifiques exposées dans les livres saints, les Pères de l’Église et les écrivains qui avaient vécu sous l’influence

de ces données. Des connaissances de ce genre avaient, au xvmo siècle, une puissance énorme dans l’œuvre poursuivie par l’école encyclopédique, et d’Holbach résolut d’en user. Le premier fruit de cette résolutiou fut le Christianisme dévoilé ou Examen des principes et des effets de la religion chrétienne (Londres, 1767, 1 vol in-12 ;, qui parut voua