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demi arrachés ou détruits. Récemment, Wittaker a recomplété des exemplaires défectueux au moyen d’une imitation parfaite des types, de l’encre et de la couleur du papier. Grande fut la joie des bibliomanes… non, des bibliophiles. C’est aussi ce que Firmin Didot avait fait pour quelques exemplaires des incunables de sa belle bibliothèque, auxquels il manquait quelques feuilles. À cet effet, il avait gravé et fondu, avec une parfaite identité, les caractères de la Bible de Mayence, ceux de Jenson et de Vendelin de Spire.

V. Maittaire, Annales typographici (La Haye, 1719) ; Meermann, Origines typographies (La Haye, 1765, 2 vol. in-4o) ; Panzer, Annales typographici (Nuremberg, 1793-1830, 11 vol. in-4o) ; Audiffredi, Catalogus éditiomtm seculi xv (Rome, 1783, in-4o) ; Hain, Repertorium bibliographicum (Stuttgard, 1826-1838, 8 vol, in-4o) ; Amb.-Firmin Didot, Encycl. moderne, art. Typographie ; Chevillier, Origines de l’imprimerie de Paris (1694).

INCURABILITÉ s. f. (ain-ku-ra-bi-li-té rad. incurable). État de ce qui est incurable : Incurabilité d’une maladie, d’un malade,

INCURABLE adj. (ain-ku-ra-ble — du préf. in, et de curable). Qui ne peut être guéri, en parlant d’un mal ou d’un malade : mal incurable. Maladie, plaie incurable. Malade incurable. Il n’appartient qu’à un charlatan de promettre la guérison d’une maladie incurable. (Gardanne.)

— Fig. Qui ne peut être guéri, corrigé, détruit, en parlant d’un mal, d’un vice, d’un défaut ; qui ne peut être corrigé de ses vices, en parlant d’une personne : Orgueil incurable. Ignorance incurable. Ivrogne incurable. La lâcheté est une faiblesse organique et incurable. (Latena.)

Chez tout sot bel esprit la vice est incurable.

Voltaire.

— Substantiv. Personne atteinte d’une maladie ou d’infirmités incurables. C’est la débauche qui peuple les rues de mendiants, et les hôpitaux d’incurables. (J. Simon.)

— s. m. pl. Hôpital d’incurables : Aller aux incurables. Entrer aux incurables. Arrivée à Paris, Mme de Maintenon se rendit seule aux incurables, chez la marquise de La Sablière. (Mme de Genlis.)

— Syn. Incurable, inguérissable. Incurable marque l’inutilité des secours de la médecine, l’impossibilité d’être guéri par les moyens ordinaires. Inguérissable marque une impossibilité absolue. Ainsi la folie est un mal incurable, parce que les médecins n’ont pas encore trouvé le moyen de la guérir ; mais elle n’est pas inguérissable, puisqu’on en guérit quelquefois par l’effort seul de la nature. Au reste, incurable est d’un emploi beaucoup plus fréquent que son synonyme, parce que nous tenons tellement à la vie que nous conservons encore quelque espoir de vivre, même quand les médecins reconnaissent leur impuissance et abandonnent le malade.

Incurables (hospices des). On a désigné sous ce nom, à Paris, deux établissements destinés à recevoir les indigents que l’âge ou des infirmités déterminées ont mis dans l’impossibilité de gagner leur vie. Voici, dans un court aperçu historique, l’origine et la situation première de ces établissements aujourd’hui évacués et remplacés par le grand hospice d’Ivry-sur-Seine.

Les incurables n’avaient aucun asile qui leur fût affecté, lorsque, en 1632, la dame Le Bret fit don à l’Hôtel-Dieu de deux maisons sises à Chaillot, avec leurs dépendances et 622 livres, pour fonder et entretenir un hospice destiné à ces infortunés. Peu de temps après, un prêtre nommé François Soulet légua une partie de ses biens pour le même usage. Enfin, le cardinal de La Rochefoucauld s’associa à cette œuvre charitable, obtint qu’on vendit les maisons de Chaillot et qu’on en employât le prix, ainsi que le legs de Soulet, à l’achat de terrains situés dans le quartier Saint-Germain-des-Prés, où fut construit le premier hospice des Incurables. Par un traité que le cardinal passa avec les administrateurs de l’Hôtel-Dieu (1634). le nouvel hôpital, bien qu’administré par le bureau de l’Hôtel-Dieu, formait cependant un établissement tout à fait spécial, ayant ses revenus, ses règlements particuliers, en un mot son existence tout à fait distincte de celle des établissements qui relevaient à Bdtte époque de l’administration de l’Hôtel-Dieu. En outre, en vertu de ce même contint, le cardinal de La Rochefoucauld faisait don à l’hôpital dont il assurait la fondation de « deux mil huit cent-soixante-dix livres, treize sols, quatre deniers de rente. » Des lettres patentes, datées d’avril 1637, conférèrent à cet établissement une existence légale et les privilèges dont jouissaient a cette époque les maisons hospitalières. L’hospice, construit rue de Sèvres par l’architecte Gamard, était destiné à recevoir des hommes et des femmes. Pour y être admis, il fallait être atteint des maladies suivantes :

La paralysie ancienne et formée ; l’agitation ou tremblement continuel de tout le corps ou des membres ; les cancers ; les luxations des vertèbres et le rachitisme ; les hernies ; la goutte sciatique ; la goutte proprement prise : les rhumatismes goutteux ; les hydropisies, les pulmonies, les asthmes ;


le flux perpétuel de pituite, les vieux ulcères aux jambes, la faiblesse universelle de tout le corps.

Après avoir été visités, les malades étaient admis à l’hospice, où ils étaient astreints à un grand nombre d’exercices religieux, et perdaient à peu près complètement leur liberté. Les sorties étaient excessivement rares, et ne pouvaient s’obtenir que sur une permission écrite du bureau. Quant aux infirmes qui avaient l’usage de leurs mains, ils devaient travailler et recevaient pour leur travail une faible rémunération. L’hospice des incurables de la rue de Sèvres fut régi par les mêmes règlements jusqu’à la Révolution. En l’an X, il subit une modification importante. Par un règlement du 10 vendémiaire, la maison de la rue de Sèvres fut spécialement affectée aux femmes, tandis qu’on transférait les hommes dans l’ancien couvent des Récollets, rue du Faubourg-Saint-Martin.

Pour que cette étude soit complète, il reste à dire un mot de ce dernier établissement.

L’hospice de la rue de Sèvres, s’il fut le plus considérable, ne fut pas à Paris le seul refuge que la charité privée ouvrit aux malades incurables. Peu d’années après l’achèvement des constructions de cet établissement, en 1653, saint Vincent de Paul ouvrait dans la rue du Faubourg-Saint-Martin, près du couvent des Récollets, une maison de retraite pour 20 hommes et 20 femmes incurables. Cette maison ne relevait pas de l’administration de l’Hôtel-Dieu. Administrée par les frères de la Mission et desservie par les sœurs de la Charité, elle fut d’abord et resta un véritable couvent où 40 malades incurables étaient admis sans règles fixes, et entretenus au moyen des libéralités versées directement entre les mains des religieux. Lorsque la Convention eut supprimé toutes les communautés religieuses, la maison du faubourg Saint-Martin fut mise au nombre des établissements que la commission des hôpitaux alors formée eut mission d’administrer. Le personnel de la maison devint exclusivement laïque, et le nombre des lits fut porté de 40 à 60. Mais comme cet établissement ne répondait pas aux besoins d’une population nécessiteuse, la Convention ordonna qu’il serait transféré dans l’ancien couvent des Récollets, alors disponible, et huit ans plus tard, en l’an X, le couvent des Récollets fut spécialement affecté aux incurables hommes. Il en fut ainsi jusqu’en 1861, époque à laquelle l’administration de la guerre acquit ce couvent pour le transformer en caserne, et les incurables hommes furent transférés provisoirement rue Popincourt. Depuis lors, l’administration de l’assistance publique a fait construire dans la plaine d’Ivry un vaste édifice destiné à recevoir les incurables hommes et femmes, en maintenant toutefois le principe de la séparation des deux sexes. Le nouvel hospice contient 2,000 lits, 1,000 pour les hommes, 1,000 pour les femmes. Les bâtiments affectés aux hommes ont été mis en service en 1869, et l’établissement provisoire de la rue Popincourt a été complètement évacué à cette époque. La translation des femmes a eu lieu dans les premiers mois de 1870.

INCURABLEMENT adv. (ain-ku-ra-bleman — rad. incurable). D’une manière incurable : Être incurablement malade.

INCURIE s. f. (ain-ku-rl — lat. incuria ; du préf. in, et de cura, soin). Défaut de soin ou d’application : L’âge et la réflexion donnent du penchant pour /’incurie et le quiétisme. (Alibert.)

INCURIEUX, EUSE adj. (ain-ku-ri-eu, euze — du préf. in, et de curieux). Qui n’est pas curieux, qui est insouciant d’apprendre, de savoir : Un esprit incurieux. Combien se trouvent plus dociles et aisés à mener les esprits simples et incurieux, que les esprits surveillants et pédagogues ! (Montaigne.)

INCURIOSITÉ s. f. (ain-ku-ri-o zi-té — du préf. in, et de curiosité). Défaut de curiosité, indifférence à apprendre : L’incuriosité des Orientaux empêche leurs progrès dans les sciences et dans les arts. (Acad.) C’est un doux et mol chevet que l’insouciance et l’incuriosité, à reposer une tête bien faite. (Montaigne.) L’ignorance et l’incuriosité sont deux oreillers fort doux ; mais, pour les trouver tels, il faut avoir la tête aussi bien faite que Montaigne. (Dider.)

INCURSION s. f. (ain-kur-si-on — lat. jh- cursio ; de in, dans et currere, courir). Invasion de gens de guerre ou de maraudeurs sur un terrain ennemi ou étranger : Les Neroiens, dit César, ont l’habitude, pour se garantir contre les incursions de la cavalerie et des maraudeurs voisins, de tailler et de courber de jeunes arbres, dont les branches entrelacées de ronces et d’épines forment une espèce de mur impénétrable à l’œil même. (L. Renier.)

— Par ext. Course, voyage de curiosité ou d’exploration : Incursions scientifiques. Incursions de savants, de navigateurs.

— Fig. Travaux que l’on fait par exception, en dehors des études auxquelles on se livre habituellement : Ce savant ne s’est pas toujours borné aux études philologiques, il a fait quelques incursions dans le domaine de la poésie. (Acad.)

— Syn. Incursion, Invasion, Irruption.


L' incursion est essentiellement passagère : c’est l’entrée subite d’une troupe sur un territoire ennemi, en vue du pillage ou pour opérer quelque diversion, mais sans aucun dessein d’occuper le pays ou d’y faire un long séjour. L’irruption est aussi une action subite, impétueuse, qui rompt tous les obstacles ; mais la troupe qui a fait irruption reste dans le pays, ou bien elle marche en avant pour pousser plus loin ses ravages. L’invasion est moins subite, mais elle s’étend sur une plus vaste étendue de territoire et elle est plus durable. Il faut une armée entière ou au moins un corps de troupes considérable pour envahir le pays ennemi.

INCURVABLE adj. (ain-kur-va-ble — rad. incurver). Qui peut se courber : Tige incurvable.

INCURVATION s. f. (ain-kur-va-si-onlat. incurvatio, de incurvare, courber). Action d’incurver, d’être courbé. || État de ce qui est courbé, Courbure.

INCURVÉ, ÉE (ain-kur-vé). Part, passé du v. Incurver. Courbé de dehors en dedans : Ligne incurvée. Tige incurvée.

INCURVER v. a. ou tr. (ain-kur-vé — lat. incurvare- du préf. t’n, et de curvare, courber). Courber de dehors en dedans ; courber en général.

INCUSE adj. f. (ain-ku-ze — lat. incusus, frappé, de in, sur et cudere, frapper, qui se rapporte à la racine ku, restéeavec le sens de frapper dans le latin, le persan, le slave et le germanique (v. percussion). Numism. Se dit de certaines monnaies antiques, qui présentent le même type des deux côtés, mais en relief sur l’un et en creux sur l’autre.

— Substantiv. : Les incuses.

— Encycl. Les incuses sont de deux sortes : les unes proviennent de la négligence des ouvriers monnayeurs, qui les ont frappées avant de retirer celles qui les avaient précédées sous le marteau ; les monnaies romaines consulaires en offrent de nombreux exemples ; les autres ont été fabriquées à dessein. Aussi, pour les distinguer des précédentes, plusieurs numismates ont proposé de les désigner sous le nom de pièces de fabrique incuse. On rencontre des monnaies de cette seconde espèce dans la numismatique de l’antiquité et dans celle du moyen âge. Celles de l’antiquité sont toutes en argent, et appartiennent en général à la Grande-Grèce ; leur fabrication remonte aux premiers temps du monnayage. Celles du moyen âge sont presque toutes d’origine allemande ; il y en a quelques-unes d’or, mais, le plus souvent, elles sont d’argent. V. Bractéate.

INDALSELV, fleuve de la Suède septentrionale, qui s’écoule du grand lac du Jemtland. Il prend divers noms suivant les localités qu’il traverse ; puis, après avoir reçu plusieurs cours d’eau et formé deux petits lacs, il présente, aux frontières de Medelpar, une magnifique chute de 246 pieds de haut, appelée Edfossen ou Edfors. Enfin, il arrose sous son propre nom toute la partie N.-E. de cette dernière province, où il se jette dans le golfe de Bothnie.

INDAR s. m. (ain-dar). Agric. Houe à couper les bruyères.

INDARTE (José-Rivera), poëte et publiciste argentin, né à Cordova en 1810, mort en 1845. Il commença par être un partisan déclaré de Rosas, gouverneur de Buenos-Ayres, à qui à avait été recommandé, se fit connaître, vers 1835, par la publication d’un écrit intitulé : Vœu de l’Amérique, dans lequel il demandait qu’on renouât des rapports diplomatiques et commerciaux avec l’Espagne, et répondit aux vives attaques dont cette brochure avait été l’objet par une Défense très-vive (1835). Quelque temps après, Indarte se rendit dans l’Amérique du Nord, où il étudia l’économie politique, l’anglais, l’italien, publia des articles dans les journaux, et devint membre de la Société abolitionniste des États-Unis. De retour à Montevideo, en 1839, au moment où la guerre civile venait d’éclater, il prit la direction du National, publia en même temps un journal hebdomadaire, le Tirteo, dans lequel il combattit avec autant de talent que de vigueur le dictateur Rosas, et fit paraître, en 1843, un pamphlet intitulé Rosas et ses adversaires, acte d’accusation d’une incroyable violence, qu’il terminait par la liste nécrologique des victimes du despote. Indarte publia en outre : Démonstration de la légitimité de l’indépendance de la république du Paraguay ; l’Intervention anglo-française au Itio de la Plata, etc. Epuisé par le travail et par la surexcitation d’une lutte incessante, il se rendit, en 1845, à Desterro, ville du Brésil, pour y chercher le repos qui lui était ordonné ; mais il succomba quelques mois après.

INDE, s. m. (ain-de — de Inde, nom de pays). Ancien nom de l’indigo, | Couleur bleue tirée de la guède ou de l’indigo : Les blanchisseuses emploient l’inde pour passer le linge au bleu. (V. de Bomare.)

— s. f. Ornith. Coq d’Inde, poule d’Inde. V. dindon.

— Bot. Canne d’Inde ou canne de Congo, Espèce de balisier, V. Œillet d’Inde. V. œillet. || Dois d’Inde, Un des noms du bois de campêche.


INDE ou INDES ORIENTALES, nom donné à deux grandes presqu’îles de l’Asie méridionale, séparées par le Gange, et appelées, l’une Inde en deçà du Gange, Inde Cisgangétique ou Indous’tan, et l’autre Inde au delà du Gange, Inde Transgangétique ou IndoChine. La grande contrée asiatique que nous appelons Inde ne porta pas primitivement ce nom, réservé auparavant à la contrée baignée par l’Indus. Le pays désigné actuellement sous ce nom ne forme pas une circonscription géographique définie, et les deux contrées qu’il comprend seront étudiées à part. Nous ne retenons ici cette dénomination qu’à cause de certaines notions qui sont communes aux deux pays, et qui ne pourraient trouver leur place ailleurs.

Mais d’abord d’où vient le nom de l’Inde ? La philologie moderne croit l’avoir découvert. On s’accorde à le dériver de l’Indus, en sanscrit Sindhu. « Ce nom, dit Max Muller, n’est pas un nom indigène ; il nous vient des Romains, qui le tenaient des Grecs, lesquels à leur tour l’avaient reçu des Perses en Grèce, parce que c’est dans l’ancien perse seulement qu’un s initial se change en A ; les Grecs ont laissé tomber cet A, selon leur habitude. C’est seulement dans le vieil idiome de l’iran que le pays du Sindhu (sindhu est le mot sanscrit pour rivière), ou des sept sindhus, a pu être appelé Hindia ou India au lieu de Sindia. »

Histoire. L’histoire antique de l’Inde est fort obscure et mêlée de fables. C’est, dit-on, dans le cours du xve siècle avant l’ère chrétienne que les Aryas vinrent s’établir dans l’Inde, au pied de l’Himalaya, dans la province de Delhi, d’où ils s’étendirent successivement au point d’occuper tout l’Indoustan, Nous ne savons rien sur la manière dont s’accomplit cette conquête. Les Aryas, de race caucasienne, apportèrent, dit-on, dans le pays une civilisation avancée. Dans cette première période, fort incertaine, l’Inde était divisée en un grand nombre d’États indépendants, tels que ceux d’Ayod’hya (Aoude), de Mitbyla, dans l’Inde supérieure, et de Maghada, dans l’Inde centrale. Des rois étaient placés à la tête de ces États, dont plusieurs reconnaissaient souvent l’autorité suprême d’un maharadjah, c’est-à-dire d’un grand roi. Les brahmanes exerçaient une grande influence sur la direction des affaires publiques, et ils élevèrent des constructions prodigieuses, notamment des temples taillés dans le roc vif.

Dans les temps primitifs apparaît Ruma, roi d’Ayod’hya, que l’épopée du Ramayana représente comme ayant conquis l’Inde entière. Une autre épopée, le Mahabharata, montre l’Inde partagée de nouveau en plusieurs États indépendants et déchirée par les discordes de deux puissantes familles, les Pandavas et les Kauravas, Divers empires existèrent simultanément ou l’un après l’autre. C’est durant cette période qu’auraient eu lieu les prétendues expéditions de Bacchus, d’Hercule, de Sémiramis, et plus tard de Sésostris. L’histoire de l’Inde commence à acquérir quelque certitude au vie siècle avant Jésus-Christ. Darius Ier, roi des Perses, forma, du pays situé entre le Paropamise et l’Indus, la 20e satrapie de l’empire des Perses.

L’expédition d’Alexandre, qui pénétra jusqu’à l’Hyphasis (aujourd’hui Setlege), ouvrit, pour ainsi dire, la route de l’Inde aux Occidentaux. Les Macédoniens trouvèrent sur le cours supérieur de l’Indus un grand nombre de princes indépendants, Taxile, Abyssure, les deux Porus ; la partie méridionale était partagée en républiques aristocratiques, les Nyséens, les Malliens, les Oxydraques. À partir de l’expédition d’Alexandre, l’Europe entretint des relations commerciales non interrompues avec l’Inde, soit par mer, soit par terre, au moyen de caravanes ; beaucoup de Grecs allèrent trafiquer dans ces contrées lointaines, où ils finirent même par s’établir. Après la mort d’Alexandre, un Indien du nom de Sandrocottus (le Tcbandragoupta des histoires indiennes) poussa les habitants de l’Inde à la révolte, tua le gouverneur macédonien et s’empara de l’empire de Prusias, dont Patna était la capitale. Seleucus Nicator, roi de Syrie, conclut la paix avec Sandrocottus, moyennant des présents, et lui donna même sa fille en mariage. Le roi grécobactrien Eucràtidas conquit, peu de temps après l’expédition d’Antiochus le Grand contre le roi indien Sophragasenius, une partie de l’Inde en deçà du Gange, qui fut perdue, il est vrai, peu de temps après la décadence de l’empire gréco-bactrien. Plus tard, vers 100 avant Jésus-Christ, les Saces (Indo-Scythes), poussés vers le sud par un grand mouvement dans les peuples de l’Asie centrale, devinrent puissants dans l’Inde ; mais l’empire des Saces ne fut pas de longue durée, car les Yve-Tchi, autre peuplade scythique, leur enlevèrent les provinces situées a l’ouest de l’Indus.

Malgré tous ces changements de domination dans l’Inde, les Occidentaux continuaient à entretenir des relations avec ce pays, et il est fait mention de diverses ambassades envoyées de l’Inde aux empereurs romains.

Ptolémée divise déjà l’Inde en Inde en deçà du Gange et Inde au delà du Gange. Dans la presqu’île cisgangétique, l’empire des Prasiens paraît resserré au temps de Ptolémée, et semble avoir cédé le premier rang à celui des Cuspiræei (Cachemire). À partir de Ptolé-