Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 9, part. 3, J-K.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vingtième couplet.
Sur le mont du Calvaire,
Jésus portait sa croix :
Il me dit, débonnaire,
Passant devant chez moi :
Veux-tu bien, mon ami,
Que je repose ici ?

vingt et unième couplet.
Moi, brutal et rebelle,
Je lui dis, sans raison,
Ote-toi, criminelle,
De devant ma maison !
Avance et marche donc,
Car tu me fais affront !

vingt-deuxième couplet.
Jésus, la bonté même.
Ma dit en soupirant :
Tu marcheras, toi-même
Pendant plus de mille ans.
Le dernier jugement
Finira ton tourment !

vingt-troisième couplet.
De chez moi, à l’heure même,
Je sortis bien chagrin.
Avec douleur extrême.
Je me mis en chemin.
Dès ce jour-la, je suis
En marche jour et nuit !

vingt-quatrième couplet.
Messieus, le temps me presse !
Adieu la compagnie ;
Grâce à vos politesses ;
Je vous en remercie !
Je suis trop tourmenté
Quand je suis arrêté !

Juif errant (la légende du), série d’illustrations de Gustave Doré (1856). Pierre Dupont a rimé un prologue et un épilogue pour accompagner les dessins ; cette ballade ou ce cantique manque de naïveté, et les illustrations n’ont pas non plus cette simplicité et cette correction qui font les belles œuvres. Le tout est accompagné d’une préface, écrite sur le ton dithyrambique par le bibliophile Jacob. « Après avoir considéré attentivement, dit M. H. Babou, les douze compositions et dessins chantés par le prologue et glorifiés par la préface, il nous serait très-difficile de nous élever au degré d’enthousiasme où se maintiennent d’un vol égal les deux panégyristes de M. Doré. Le prétendu rival de Callot, de Cranach, de Rembrandt, d’Albert Dürer et de Rubens est tout simplement un dessinateur fort alerte, plein d’expédients et de réminiscences, et qui, grâce à la surprenante agilité de son crayon, se sent aussi bien doué pour illustrer Rabelais, Balzac, etc., que pour semer d’images et de vignettes le plus méchant livre du jour. C’est un Tony Johannot à la vapeur, et encore ne faudrait-il pas lui demander les touches délicates et fines que rencontrait quelquefois son spirituel devancier. Le crayon de M. Doré va vite : c’est sa grande qualité ; il travaille vite sans être jamais guidé par une idée nette ou un sentiment vrai. Il cherche l’à peu prés par le chemin le plus rapide, et il ne lui arrive pas toujours de le rencontrer. » Entre cette appréciation consciencieuse et l’hymne du bibliophile Jacob ou le cantique de M. Dupont, il y a sans doute une notable différence. La Légende du Juif errant redescend au rôle d’album littéraire, artistique et musical.

Juif de Carrion (Rabbi don Santo, connu sous le nom de), un des plus remarquables poëtes espagnols du xive siècle. On ne connaît la date précise, ni de sa naissance, ni de sa mort ; on sait seulement qu’il vivait au temps du roi don Pèdre. Ce nom de Rabbi don Santo n’est, du reste, qu’une corruption de son nom véritable, Rab sem Tom, que les Espagnols ont adopté en y ajoutant le don (Rab don sem Tom). Dès le xve siècle, le marquis de Santillane le nommait parmi les premiers poëtes espagnols antérieurs à son temps. Dans la Lettre qu’il écrivit au roi de Portugal sur les Origines de la poésie, il dit, parlant du siècle antérieur : « En ce temps vivait un Juif appelé Rabbi Santo ; il écrivit de très-bonnes choses, entre autres des Proverbes moraux renfermant, en vérité, des maximes recommandables. Il passe, aux yeux des nobles personnes, pour un grand troubadour, et il a pris soin de dire lui même :

Non vale el azor menos
Por nascer en vil nio,
Nín los exemplos menos
Por los decir Judio. »

(Le faucon n’a pas une moindre valeur pour naître dans un vil nid ; les exemples ne valent pas moins pour être dits par un Juif). Santillane était au-dessus des préjugés de son temps. Le Juif de Carrion n’abjura sa foi que fort tard ; on en trouve la preuve dans ses œuvres mêmes, et, cependant, elles semblent si profondément pénétrées du sentiment chrétien, que Sanehez et, d’après lui, Moratin, dans leurs savantes études sur la vieille poésie espagnole, ont cru devoir partir de là pour douter qu’il pût être l’auteur de quelques-unes. Ils ont cru à des interpolations, plusieurs œuvres du même temps se trouvant réunies dans le même manuscrit. Le plus récent historien des Juifs d’Espagne, don José Amador de los Rios, a fait justice de ces hypothèses singulières et rendu au Juif de Carrion ce qui lui appartenait légitimement. Las trois œuvres qui l’ont fait parvenir à la postérité sont les Conseils et enseignements, ces proverbes moraux dont parle Santillane, la Doctrine chrétienne et la Danse générale des morts. Ces deux derniers ouvrages ont été seuls écrits après sa conversion. Le Grand Dictionnaire a donné un article bibliographique sur la Danse générale, la plus importante, la plus originale de ces compositions, quoique probablement Rabbi Santo l’ait imitée du vieux troubadour limousin Carbonel ; il y a ajouté des traits piquants sur la corruption particulière à la société espagnole. Les Conseils et enseignements, dédiés au roi don Pèdre, sont un recueil de proverbes en petits vers ; on ne peut douter de leur authenticité, car, dès les premières strophes, le poëte s’exprime ainsi :

Senor rey, noble, alto,
Oid este sermon
Que vos dice don Santon
Judio de Carrion.

(Monseigneur le roi, noble, élevé, écoutez ce discours que vous fait don Santo, Juif de Carrion.) Il avait pris ce surnom de Juif de Carrion de la petite ville de Carrion de los Condes, en Vieille-Castille, où il était né sans doute. Ce recueil, plein d’idées chrétiennes, inspiré, ce semble, par la Bible, est plein de préceptes sur la vanité des choses humaines, le néant des plaisirs, des richesses, de l’ambition, de l’avarice. Il lui manque d’être coordonné et de faire un tout complet. La Doctrine chrétienne est plus originale comme forme ; ce poëme, écrit en strophes d’une vigueur singulière, dans cette langue à peine formée, est le résumé d’un catéchisme chrétien ; la première partie traite du Credo ; divers interlocuteurs, saint Pierre, saint Jean, saint Jacques, saint André, en récitent tour à tour une strophe ; puis viennent les Dix commandements, les Vertus théologales, les Péchés capitaux, les Œuvres de miséricorde, les Sacrements, les Cinq sens, et le poëte termine par des conseils sur les Travaux mondains. C’est un ensemble assez vaste. Comme les Conseils et enseignements, ce poëme est dédié au roi don Pèdre. Les érudits espagnols se sont fatigués à l’étudier et à le commenter, ainsi, du reste, que toutes les œuvres du Juif de Carrion, si précieuses au point de vue de la langue et de la versification espagnoles. On conjecture qu’il fut écrit vers 1360.

JUIGNÉ-SUR-SARTHE, village et commune de France (Sarthe), canton de Sablé, arrond. et à 29 kilom. N.-O. de La Flèche, sur une éminence dominant à pic le cours de la Sarthe ; 1,521 hab. Fabrication de toiles ; fours à chaux ; extraction de marbre. Ce village possède un beau château, érigé en baronnie en 1674. C’est un vaste bâtiment du xviie siècle, flanqué de quatre pavillons et entouré de bois magnifiques ; il renferme une riche galerie de portraits de famille. Le château de Verdelle, qui s’élève dans les environs du village, est une jolie construction de la Renaissance, terminée, d’une part, par un pavillon carré, et de l’autre pur une tourelle à huit pans. On remarque à l’intérieur une belle cheminée délicatement sculptée. L’église renferme une chaire ornée de jolies sculptures.

JUIGNÉ (Antoine-Eléonore-Léon Leclerc de), archevêque de Paris et constituant, né à Paris en 1728, mort dans la même ville en 1811. Il fut d’abord grand vicaire de l’évêque de Carcassonne, agent du clergé de France, obtint l’évêché de Châlons-sur-Marne (1764), secourut avec un zèle tout évangélique les victimes de l’incendie de Saint-Dizier en 1776, et fut appelé à succéder à Christophe de Beaumont sur le siège archiépiscopal de Paris (1781). Ses actes nombreux de bienfaisance, notamment pendant l’hiver rigoureux de 1788, où il vendit sa vaisselle et engagea ses revenus personnels pour venir au secours des indigents, le rendirent très-populaire dans la capitale. Élu député aux états généraux, il perdit la faveur publique par la résistance qu’il opposa d’abord à la réunion des trois ordres. Il finit par céder à l’entraînement général, proposa même, dans la nuit du 4 août 1789, de célébrer l’abolition des privilèges par un Te Deum, mais émigra presque aussitôt. Rentré en France en 1802, après s’être démis de ses fonctions épiscopales, il vécut retiré, au milieu de sa famille. Ce prélat s’était montré l’adversaire persévérant des jansénistes. On a de lui : Rituel (Châlons, 1776, in-4º), réimprimé sous le titre de Pastoral de Paris (1786, 3 vol. in-8º).

JUIGNÉ-BROISSINIÈRE (D. de), sieur de Molière, compilateur français, né dans l’Anjou. Il vivait au xviie siècle, et était avocat au parlement de Paris. Juigné est l’auteur d’un Dictionnaire théologique, historique, poétique, cosmographique et chronologique (Paris, 1644, in-4º), dont la plupart des articles ont été traduits du Dictionarium historico-poeticum de Ch. Etienne, ou tirés des ouvrages de Magin et de S. Munster. Bien que cet ouvrage soit plein d’erreurs, d’anachronismes, d’incorrections, et écrit en mauvais style, il n’en eut pas moins une dizaine d’éditions en moins de trente ans, succès qui s’explique par ce fait que c’était le premier livre de ce genre qu’on possédât en français.

JUILLAC, bourg de France (Corrèze), ch.-l. de cant., arrond. et à 30 kilom. N.-O. de Brive ; pop. aggl, 1,170 hab. — pop. tot., 2,834 hab. Commerce de bestiaux et de vins. Ruines d’un ancien château.

JUILLARD (Laurent), abbé du Jarry, poëte et prédicateur français, né à Jarry, près de Saintes, vers 1658, mort en 1730. Il entra dans les ordres, s’adonna avec un certain succès à la prédication, et cultiva en même temps la poésie. Bien qu’en somme il ne fût qu’un poète médiocre, il remporta plusieurs prix aux concours de l’Académie, notamment en 1714, où, parmi ses concurrents, se trouvait Voltaire. Nous citerons de lui : Recueil de divers ouvrages de piété (Paris, 1688) ; Sentiments sur le ministère évangélique (Paris, 1639) ; Panégyriques choisis (Paris, 1700) ; Panégyriques et oraisons funèbres (Paris, 1709) ; Poésies chrétiennes héroïques et morales (Paris, 1715, in-12), etc.

JUILLERAT (Chasseur), pasteur protestant, né au Locle, canton de Neufchâtel, en 1781, mort à Paris en 1867. Il étudia la théologie à Lausanne et se fit consacrer, en 1805, au ministère évangélique. Après avoir desservi la paroisse de Pignan (Hérault), il fut appelé, comme pasteur, à Nîmes en 1808. Il se trouvait dans cette ville au moment de la réaction catholique qui prit le nom de Terreur blanche. Louis XVIII envoya dans le Midi le duc d’Angoulême, qui, le 9 novembre 1815, prescrivit l’ouverture d’un temple à Nîmes. Juillerat monta en chaire. Une populace fanatique accourut autour de l’édifice religieux en poussant des cris de mort contre les réformés. Bientôt les portes furent enfoncées et une horde furieuse envahit le temple. Pendant ce tumulte effrayant, Juillerat fit preuve d’une rare présence d’esprit. Il poursuivit ses prières et ses exhortations chrétiennes au milieu des vociférations d’une foule en démence. L’année suivante, il était appelé à desservir l’église réformée de Paris, dont il est resté pasteur jusqu’à sa mort. Il y devint président du conseil presbytéral, président du consistoire, et fut appelé à faire partie du conseil supérieur de l’instruction publique. Juillerat appartenait au parti de l’orthodoxie. Dans la dernière période de sa carrière, il s’associa aux mesures d’exclusion dirigées contre ses collègues, MM. Ath. Coquerel fils et Martin-Paschoud. Il n’a laissé aucun ouvrage, mais il prit part, en 1817, à la fondation du premier journal religieux protestant en langue française, les Archives du christianisme.

JUILLERAT (Paul), littérateur et poëte, fils du précédent, né à Paris en 1815. Il débuta dans la carrière des lettres, en 1837, par un recueil de vers intitulé Lueurs matinales, et obtint, quelque temps après, un emploi au ministère de l’intérieur. Chef du bureau de la librairie en 1860, il a été nommé depuis chef de la division de l’imprimerie et de la librairie et officier de la Légion d’honneur (1863). Outre l’ouvrage précité, cet écrivain de talent a donné : les Solitudes, poésies (1840, in-8º) ; Nouvelles (1853) ; la Reine de Lesbos, drame antique en un acte et en vers, représenté en 1854 sur la scène du Théâtre-Français ; le Lièvre et la Tortue, comédie en un acte et en vers, jouée avec succès à l’Odéon en 1855 ; les Manteaux blancs (1857) ; les Deux balcons (1858) ; Soirées d’octobre, recueil de poésies 1862), etc.

JUILLERAT (Clotilde Gérard, dame), artiste peintre, femme du précédent, née à Lyon vers 1810. Élève de Paul Delaroche, elle a exposé ses premières œuvres au Salon de 1833, a épousé, en 1840, M. Paul Juillerat, et a obtenu, l’année suivante, une première médaille. Mme Juillerat s’est surtout fait connaître par des portraits, dont plusieurs ont été très-remarqués et attestent un mérite réel. Parmi ses œuvres, nous mentionnerons : le Duc de La Rochefoucauld (1833) ; la Comtesse d’Osmond, Jacques Herz, M. Goyet, Mme Goyet (1834) ; le Mendiant et son enfant endormi (1836) ; Sainte Élisabeth de Hongrie ramenant un petit mendiant (1845) ; Toilette d’Anne d’Autriche, pastel (1837) ; l’Enfant rêveur, pastel (1846) ; des dessins, des Têtes d’étude, etc.

JUILLET s. m. (jui-llè ou ju-llè ; ll mll. ― du lat. Julius Jules, en l’honneur de Jules César, réformateur du calendrier). Chronol. Septième mois de l’année : Le onze juillet. À la mi-juillet. Les castors emploient les mois de juillet et d’août à construire leurs digues et leurs cabanes. (Buff.)

— Prov. À juillet, faucille au poignet, C’est en juillet qu’il faut faire la moisson.

— Hist. Journées de juillet, 27,28, 29 juillet 1830. || Révolution de Juillet, Révolution qui s’est accomplie pendant les trois journées de juillet 1830. (V. ci-après.) || Dynastie de Juillet, gouvernement de Juillet, Dynastie formée parla branche cadette des Bourbons, gouvernement issu de la révolution de juillet 1830 : Le principe du gouvernement de Juillet, fondé par et pour la classe moyenne, était la propriété, le capital. (Proudh.)

Encycl. Chronol. Ce mois était le cinquième de l’année instituée par Romulus, et s’appelait Quirinalis. Marc-Antoine rendit une ordonnance qui changea ce nom contre celui de Julius, en l’honneur de Jules César, le réformateur du calendrier romain, né le douzième jour de ce mois.

Pendant le mois de juillet, la moyenne de la température, à Paris, est de 18°,94 ; celle de la pression barométrique est de 750mm,02.

Dans la concordance avec le calendrier républicain, le mois de juillet s’étend, à peu près du 13 messidor au 13 thermidor.

— Agric. Juillet est le mois de la moisson dans la plus grande partie de la France. Le court espace de temps qui sépare la fenaison de la moisson peut être utilement employé à donner un deuxième ou troisième labour aux jachères en terres fortes. Les terres destinées à recevoir une semaille de colza ou de navette seront mises en état par des hersages et des roulages successifs destinés à pulvériser la terre et à détruire les mauvaises herbes ; mais elles ne recevront le dernier labour qu’immédiatement avant la semaille, car on a remarqué qu’en ce cas la graine lève mieux. On continue à biner les betteraves, les carottes et les autres récoltes sarclées, si ces binages n’ont pu être faits plus tôt. On achève également de butter les pommes de terre et le maïs. On éclaircit en même temps cette dernière récolte, en ayant soin particulièrement de ne laisser sur chaque pied que le maître brin, On herse et on bine énergiquement les carottes semées en récolte dérobée, après l’enlèvement de la récolte principale. On fait subir le même traitement aux navets semés le mois précédent. Dans les anciennes topinambourières, on met les plantes en lignes régulières, au moyen d’un fort buttage. Les navets, le sarrasin, le millet, le maïs quarantain, la moutarde blanche, la spergule se sèment en récoltes dérobées dans le mois de juillet. Mais, il faut le dire, cette méthode, qui n’est, d’ailleurs, en usage que dans le nord de la France, nous paraît plus préjudiciable qu’utile. La seule circonstance où l’emploi des récoltes dérobées pourrait présenter certains avantages serait celle où ces récoltes devraient être enfouies en vert pour servir d’engrais ; encore faudrait-il avoir à sa disposition un sol riche, plutôt léger que compacte, et un climat doux, à pluies d’été.

Au nord de la Loire, les blés ne sont généralement récoltés qu’en août ; mais, au sud de ce fleuve, juillet est par excellence l’époque de la moisson. Le colza et la navette sont même ordinairement coupés et battus dès la fin juin. Dans le Nord, ces deux récoltes, ainsi que celles du seigle et de l’escourgeon, se font en juillet. Dans les environs de Paris, le mois de juillet est employé à faucher les prairies naturelles, les vesces semées pour fourrage en mars et avril, et le premier regain de luzerne. S’il survient des jours de pluie, on en profite pour introduire l’eau dans les prairies débarrassées de leurs foins, ou pour conduire des engrais liquides sur les terres qui en ont besoin.

Là où l’on emploie des chevaux aux travaux de la ferme, on fera sagement, pendant ce mois où les travaux sont très-fatigants et où la chaleur est accablante, d’ajouter à leur ration quelques aliments rafraîchissants, la luzerne verte ou des vesces, par exemple. On s’est bien trouvé maintes fois de remplacer une partie de l’avoine par du son et d’arroser le foin avec de l’eau salée. On doit faire baigner les chevaux tous les jours, le soir ou le matin, suivant les convenances. On ne doit plus faire saillir les juments à partir de ce mois. Après l’enlèvement des récoltes, on envoie les moutons pâturer dans les chaumes. Nous remarquerons à ce sujet que les épis restés à terre, surtout ceux de blé et de seigle, sont nuisibles aux bêtes à laine et les prédisposent à la pourriture. C’est en juillet qu’a lieu la monte des brebis pour l’agnelage précoce. La volaille exige peu de soins. On plume les oies pour la seconde fois ; on chaponne les jeunes coqs dès qu’ils commencent à chanter On donne aux vignes une nouvelle façon pour détruire les mauvaises herbes avant qu’elles arrivent à graine, et, s’il y a lieu, on soufre pour la deuxième fois.

En forêt, tous les travaux nécessités par les coupes de printemps doivent être terminés. On doit cesser la carbonisation au plus tard vers la fin de la première quinzaine. Quand la terre est trop sèche, on tire beaucoup moins de charbon d’un même cube de bois. À la fin du mois, on peut commencer à abattre les perches de bouleau et de merisier restées sur pied pour le sabotage et pour faire de grands cercles à cuve. Si l’on a des bois d’industrie à façonner, il ne faut pas perdre de temps.

Dans la culture maraîchère, on peut, jusqu’au 20 de ce mois, semer les brocolis, les chicorées de Meaux, les escaroles vertes, les épinards, les radis, le cerfeuil, les choux de Milan ou frisés, et les raiponces pour l’hiver. On sème également des navets, des radis noirs, des carottes, des pe-tsai, des pak-choï et des scorsonères qui seront bonnes l’année suivante, à l’automne. On plante des choux-fleurs durs et demi-durs pour l’arrière saison, sur l’emplacement des vieilles couches. Vers la fin du mois, on met en place des romaines, des laitues et des poireaux pour l’hiver. On commence à empailler le céleri plein et on continue à tailler les melons, les concombres, les tomates, les aubergines. Il est temps de récolter les graines d’oseille, d’épinard, de pois hâtifs, etc. Les jeunes plants de fraisiers, destinés à être chauffés, doivent être repiqués dans un endroit abrité. Les ananas demandent des arrosements plus copieux et plus d’air dans les serres.