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Les arbres fruitiers en plein air, qui sont soumis à la taille, principalement ceux en espalier, demandent une surveillance constante de la part du cultivateur. On doit surtout s’attacher à établir l’équilibre dans la végétation. On continue, au fur et à mesure des besoins, les travaux du pincement et de la taille en vert. Pendant les grandes chaleurs, il est bon de bassiner légèrement, surtout le soir, les feuilles du pêcher, afin de leur rendre un peu de fraîcheur ; mais on doit s’abstenir d’arroser abondamment le pied des arbres pour ne pas déterminer le blanc des racines, qu’une pratique contraire ne manquerait pas d’amener. Il vaut mieux, dans le cas où il serait nécessaire de protéger l’arbre contre l’excès de la chaleur, se contenter d’étendre un paillis sur la terre qui couvre les racines. Quelquefois, vers la fin de juillet, il est utile d’effeuiller les pêchers en enlevant les feuilles qui ombragent le plus les fruits, afin de faire prendre à ces derniers de la couleur et de la saveur. Mais cette opération doit se faire avec une grande prudence, par un temps couvert et a des intervalles plus ou moins longs ; car, exposés trop brusquement et trop complètement aux rayons solaires, tes fruits seraient entravés dans leur développement et durciraient. Vers la fin du mois, quelques personnes commencent à pratiquer sur la vigne, au-dessous des grappes, l’incision annulaire, dans le but d’avancer la maturité. À la même époque, on use d’un procédé assez singulier pour avancer d’une dizaine de jours la maturité des figues. Pour cela, on met, au moyen d’une plume, une très-petite goutte d’huile d’olive sur l’œil de chacun de ces fruits, en ayant soin de saisir pour cette opération l’instant où les figues perdent leur teinte verte pour passer à la couleur jaune. On écussonne à œil dormant, en juillet, l’abricotier, le prunier, le poirier, le pommier et, plus tard, l’amandier, le cerisier. Les fruits abondent sur les marchés ; voici d’abord les cerises et les groseilles, suivies bientôt par les prunes, les abricots, les figues blanquettes. À la fin du mois, les fruits à pépin apparaissent déjà en nombre considérable ; ce sont les poires citron des carmes, doyenne de juillet, beurré Giffard, épargne, grosse blanquette. On a aussi, à la même époque, la pêche mignonne hâtive et quelques pommes ; mais ces dernières n’ont de remarquable que leur précocité.

Dans les jardins d’agrément, la plantation des arbres et arbustes doit être entièrement suspendue. On bine le pied des arbres pour détruire les plantes adventices, et on donne des arrosements, soit à l’eau, soit avec des mélanges d’engrais, pour activer la végétation des sujets qui manquent de vigueur.

Pour la floriculture en pleine terre, les principaux travaux à exécuter consistent en arrosements, en ratissages, en soins d’entretien de tout genre. On donne des tuteurs aux plantes qui en ont besoin. On tond les bordures et les haies. On retire de terre toutes les griffes, tous les oignons qui ont les feuilles déjà sèches ; après quoi on les place dans un endroit sec où on les conserve jusqu’au moment de les replanter en automne. Toutes les boutures faites en cette saison veulent être bassinées et arrosées en proportion de la chaleur. Les bassinages et les arrosements doivent être faits autant que possible le soir. À la fin de juillet, on sème les pensées ; le semis doit être tenu constamment humide et recouvert d’un paillis. Dans le même temps, on marcotte les œillets.

Vers la fin du mois, on pince l’extrémité des rameaux de rosiers sur lesquels on veut prendre des écussons pour la greffe à œil dormant ; on obtient ainsi des yeux mieux constitués. Dans les serres et les orangeries, on continue les travaux du mois précédent, parmi lesquels il faut mettre en première ligne les bassinages et les arrosements. Quelques plantes de serre, parmi les plus rustiques, peuvent être exposées à l’air libre, en prenant la précaution de les abriter contre les grands vents et le soleil. Il faut avoir soin de tenir bien garnies de mousse les orchidées cultivées sur bois ou dans des paniers suspendus. C’est le seul moyen de maintenir autour des racines l’humidité qui leur est indispensable. Il ne faut pas négliger de tenir les serres abritées pendant la grande chaleur du jour. Si le temps est couvert, surtout dans les journées chaudes et humides, on fera bien de donner de l’air autant que cela sera possible.


Juillet 1561 (édit de). Cédant aux instances des chefs catholiques, Catherine de Médicis convoqua, le 23 juin 1561, une assemblée du parlement, à laquelle se joignirent les princes, les grands officiers de la couronne et le conseil privé, dans le but de fixer la jurisprudence à l’égard des protestants et des dissidents, accusés d’hérésie. Malgré le chancelier de l’Hospital, qui se prononça pour des mesures de tolérance, l’assemblée décida que les évêques auraient seuls la connaissance des affaires d’hérésie, que l’individu condamné par les juges ecclésiastiques pourrait être puni du bannissement et que la tenue d’une assemblée religieuse dissidente entraînerait la confiscation des biens des assistants (11 juillet). L’Hospital ayant adouci l’arrêt de la majorité par des dispositions qui protégeaient la vie privée et prescrivaient beaucoup de réserve aux magistrats, le parlement n’enregistra qu’à grand’peine l’édit amendé.

Juillet 1789 (journée du 14). V. Bastille.

Juillet 1791 (journée du 17). Ce fut dans cette journée, célèbre dans les fastes de la Révolution, que La Fayette, après avoir proclamé la loi martiale, fit dissiper par la force les citoyens qui s’étaient rendus au champ de Mars pour signer des pétitions demandant la déchéance de Louis XVI. V. champ de Mars et massacres du Champ de Mars.

Juillet 1830 (ordonnances de). Elles furent la cause déterminante de la révolution. Dans sa lutte insensée contre le pays, Charles X était depuis longtemps résolu à pousser la résistance jusqu’aux dernières extrémités, c’est-à-dire jusqu’à un acte royal, autrement dit jusqu’à un coup d’État. La dissolution de la Chambre, la constitution du ministère Polignac éclairaient assez l’opinion sur les projets de la faction. Dès le mois de mai, l’hypothèse de la réélection d’une Chambre hostile (c’est-à-dire libérale) avait été l’objet des délibérations du conseil des ministres, et il avait été décidé que, dans ce cas, « le roi aviserait, » et qu’il ferait usage du pouvoir que lui donnait l’article 14 de la charte. Cet article portait : « Le roi est chef suprême de l’État… Il fait les règlements et ordonnances nécessaires pour l’exécution des lois et à la sûreté de l’État. »

C’est sur ce texte élastique que le roi et ses ministres comptaient s’appuyer pour justifier leurs coups de force et résister à la nation.

On connaît le résultat des élections : l’opposition, quoique dynastique, revenait plus forte et plus décidée. Le gouvernement n’hésita plus. Dans le conseil, deux ministres, MM. de Peyronnet et de Guernon-Ranville, firent bien quelques objections contre l’opportunité des mesures projetées, mais finirent par se laisser convaincre. M. de Peyronnet se chargea même de préparer l’ordonnance sur le nouveau système électoral qu’on avait imaginé ; M. de Chantelauze accepta la tâche de rédiger l’ordonnance contre la presse, ainsi que le rapport qui devait précéder et justifier cette double violation du pacte constitutionnel.

Ceci se passait dans les premiers jours de juillet.

Malgré les précautions prises pour que le secret fût gardé, il transpira cependant quelque chose dans le public des projets gouvernementaux. L’inquiétude était extrême, et les spéculations de bourse, comme à la veille de toutes les crises, dénotaient par leurs fluctuations précipitées l’incertitude et l’anxiété des esprits.

Jusqu’à la fin, le roi et ses ministres dissimulèrent avec le plus grand soin. Les Chambres devaient se réunir le 3 août ; on affectait de poursuivre les préparatifs de cette solennité, on fixait à l’avance l’ordre des travaux ; enfin, le 24 juillet, on envoya aux pairs et aux députés les lettres closes habituelles pour assister à la séance d’ouverture.

Ces manœuvres n’avaient pour but que de tromper le public et de couvrir les dispositions secrètement prises dans l’hypothèse d’une résistance et d’un conflit.

Le lundi, 26 juillet, les ordonnances parurent au Moniteur, précédées d’un Rapport au roi, pièce grossièrement sophistique qui contenait l’exposé de la situation politique intérieure, signalait la presse comme la source de tous les maux, comme un dissolvant auquel nulle force, nulle institution, nul gouvernement ne pouvaient résister ; comme une école de scandale, de licence et de mensonge qui altérait les mœurs et le caractère de la nation ; comme un objet d’alarmé pour les hommes honnêtes et paisibles, etc. La charte, d’ailleurs, n’a pas concédé formellement la liberté des journaux et des écrits périodiques ; c’est là une spéculation qui doit être soumise à la surveillance de l’autorité publique… Une démocratie turbulente tend à se substituer au pouvoir légitime ; elle dispose de la majorité des élections par le moyen des journaux et par le concours d’affiliations nombreuses… Bref, la constitution était ébranlée, et le roi seul avait le droit et la force de la raffermir sur ses bases. Le moment était donc venu de recourir à des mesures en dehors de l’ordre légal, afin de rentrer dans l’esprit de la charte.

Cette violation de la charte, présentée comme un retour à la charte, était d’une effronterie familière à tous les fauteurs de coups d’État. On sait qu’en brumaire Bonaparte ne détruisit la République que pour la raffermir, et que le dictateur du 2 décembre déclarait ne sortir de la légalité que pour rentrer dans le droit.

Les ordonnances étaient au nombre de cinq. Nous n’en donnerons pas ici le texte, non plus que celui du Rapport. Ces pièces, qu’on trouve d’ailleurs dans toutes les histoires de la Révolution de 1830, nous prendraient un grand espace sans beaucoup d’intérêt pour nos lecteurs. Nous croyons donc suffisant d’en présenter une analyse succincte.

La première ordonnance supprimait la liberté de la presse périodique, et soumettait tous les journaux ou recueils, sans distinction, à une autorisation préalable qui devait être renouvelée tous les trois mois et qui serait toujours révocable. Tout écrit au-dessous de 320 pages ne pouvait non plus paraître sans autorisation du ministre ou des préfets.

Ces dispositions amenaient nécessairement la suppression de tous les journaux opposants ; elles équivalaient à la confiscation, ou du moins à la destruction de propriétés particulières.

La deuxième ordonnance prononçait la dissolution de la Chambre des députés, avant même qu’elle eût été réunie, c’est-à-dire qu’elle cassait des élections qui avaient été faites régulièrement.

La troisième et la quatrième établissaient un système électoral qui réduisait la Chambre de près de moitié, lui enlevait le droit d’amendement direct, excluait la masse des patentés des listes électorales, où ne figuraient plus que les hauts propriétaires, les plus imposés de chaque département, les seuls qui conservassent le vote direct, où tout enfin était calculé pour anéantir la liberté et la sincérité du vote, et faire de la représentation nationale une espèce de commission asservie au gouvernement et à l’aristocratie.

Enfin, la cinquième ordonnance appelait au conseil d’État les ultra-royalistes les plus décriés : un Delavau, encore couvert du sang versé dans la rue Saint-Denis ; un Dudon, regardé comme le plus grand déprédateur de l’époque ; un Forbin des Essarts, fameux par ses fureurs dans les Chambres ; un Vaublanc, un Cornet d’Incourt, et d’autres encore, instruments des jésuites, orateurs serviles ou complaisants de la faction.

La publication des ordonnances causa une profonde stupeur dans Paris, bien qu’on s’attendît à quelque chose de semblable. À l’article consacré ci-après à la révolution de Juillet, on trouvera le résumé des événements qui suivirent, la protestation des journalistes, l’agitation, puis le soulèvement du peuple ; enfin, le renversement de Charles X, qui, à la dernière heure du grand drame, quand des flots de sang avaient coulé, essaya de sauver sa couronne en consentant à retirer les ordonnances. Mais on sait avec quel méprisant dédain fut accueillie cette concession in extremis ; on connaît la réponse des événements ; ce fut le mot terrible et décisif des révolutions triomphantes : Il est trop tard !

Juillet 1830 (révolution de). Les causes déterminantes de la révolution de Juillet, personne ne l’ignore, furent la nomination d’un ministère ultra-rétrograde, la dissolution de la Chambre et la publication des fameuses ordonnances. Mais, depuis longtemps, le régime restauré en 1814 et 1815 était condamné dans l’esprit public. L’âme de la révolution s’était réveillée avec une puissance irrésistible, et la nation vivait dans l’attente de cette convulsion qui devait emporter ce dernier vestige de la vieille monarchie, ces pâles survivants des Bourbons, que les baïonnettes étrangères avaient ramenés du fond de l’émigration. Depuis la mort de Louis XVIII surtout, l’issue n’était plus douteuse ; en voyant monter sur le trône le comte d’Artois, le libertin converti, l’instrument aveugle des congrégations, l’ennemi déclaré des gouvernements constitutionnels, le prototype de l’émigré, la France tressaillit et se prépara. Le duel, d’ailleurs, était commencé depuis longtemps, et la victoire probable de l’idée révolutionnaire apparaissait aux yeux de tous. Charles X était pour ainsi dire le seul homme en France qui crût encore sérieusement à la monarchie de droit divin, qui persistât dans la tradition d’un principe éteint et dans l’espoir d’un retour à l’ancien régime. Du moins n’avait-il pour appui qu’une poignée d’insensés qui vivaient de l’espoir de réactions chimériques. Mais on trouvera ailleurs (v. Charles X, Restauration, etc.) l’esquisse de ce régime ; ici, nous n’avons à nous occuper que du fait même de son anéantissement.

La dissolution de la Chambre n’avait paru et n’était en effet que le prélude d’un coup d’État, dont la proposition formelle avait été faite au conseil des ministres par M. de Chantelauze dès les premiers jours de juillet. De nouvelles élections avaient donné encore une fois la majorité aux libéraux ; mais le gouvernement était résolu à ne pas laisser la Chambre s’assembler. Le 25 juillet, les ministres réunis à Saint-Cloud, en présence du roi et du dauphin, signèrent enfin les ordonnances, que depuis quelque temps on préparait en silence ; le 26, elles parurent au Moniteur, présentées comme d’indispensables réformes, et précédées d’un rapport un roi émaillé de tous les sophismes accoutumés, à savoir, qu’on ne sortait de la charte que pour rentrer dans la charte, dont l’interprétation appartenait au roi, etc. En résumé, les ordonnances détruisaient en réalité la liberté de la presse, établissaient un nouveau système électoral calculé pour anéantir la liberté du vote, et dissolvaient l’assemblée nouvelle avant même qu’elle eût été réunie.

Les hommes qui jetaient ainsi le défi à la nation et qui prétendaient la ramener au pouvoir absolu, les insensés qui jouaient cette partie terrible, instruments et conseillers d’un prince abêti, étaient suffisamment connus par leur esprit rétrograde et leur incapacité ; c’étaient un Polignac, un Chantelauze, un Peyronnet, un d’Haussez, un Guernon-Ranville, un Vaublanc, etc.

À Paris, l’impression fut profonde, bien qu’on s’attendît à tous les excès du pouvoir. Cependant la journée du 26 fut relativement calme. Au Palais-Royal, seulement, on vit quelques jeunes gens monter sur des chaises, comme autrefois Camille Desmoulins, et semer l’agitation par des discours enflammés. Les étudiants commencèrent à se remuer. Les journalistes s’assemblèrent dans les bureaux du National, et, après d’orageuses discussions, rédigèrent cette protestation célèbre, acte de patriotisme et d’énergie qui pouvait conduire les signataires sur l’échafaud. Les uns, comme les ardents rédacteurs de la Tribune, voulaient qu’on dépliât le drapeau tricolore et qu’on appelât le peuple aux armes ; d’autres plus prudents, comme MM. Thiers et Mignet, voulaient se maintenir sur le terrain légal et organiser la résistance par le refus de l’impôt. En principe, il fut admis que ce serait au nom de la charte violée qu’on protesterait contre le coup d’État.

Quelques députés, réunis chez M. Delaborde, étaient livrés aux mêmes débats. Parmi les plus résolus figuraient Bavoux, Daunou, Villemain, de Schonen. Casimir Périer, malgré sa véhémence naturelle, ne cherchait qu’à contenir les esprits.

La bourgeoisie se montrait fort irritée ; de toutes parts, les industriels fermaient leurs ateliers, avec l’intention non dissimulée de pousser les ouvriers sur la place publique. Mis dans l’impossibilité matérielle de paraître, les journaux s’adressaient à l’autorité judiciaire. Le Courrier français, le Journal du commerce et le Journal de Paris obtinrent de M. Debelleyme, président du tribunal de première instance, une ordonnance qui prescrivait aux imprimeurs de prêter leurs presses aux journaux non autorisés.

Le 27, la National, le Temps, le Globe parurent, malgré les ordonnances, et furent répandus à profusion. Des troupes d’étudiants et d’ouvriers parcouraient Paris au cri de Vive la charte ! Le pouvoir chargea le duc de Raguse du commandement de la capitale ; choix tout à fait malheureux, car il n’y avait pas de nom plus impopulaire et plus détesté. Bientôt les épisodes révolutionnaires commencèrent à se multiplier. La réunion des électeurs et d’autres assemblées improvisées agitaient la question d’une prise d’armes générale. Casimir Périer, Sébastiani, Dupin, Thiers continuaient à faire tous leurs efforts pour qu’on se bornât à la résistance légale. Cependant les députés signèrent une protestation, du moins une partie de ceux qui étaient arrivés à Paris.

La police fait irruption dans les bureaux des journaux qui ont osé paraître ; mais il se passe là des scènes significatives : des serruriers appelés refusent de forcer les portes, et les commissaires sont obligés de recourir à celui qui rivait les fers des forçats.

Le sang coula sur quelques points, mais à sept heures il n’y avait pas encore eu d’engagement sérieux. Enfin, le premier coup de fusil fut tiré et une barricade construite à quelques pas du Théâtre-Français. La cavalerie balayait les rues par des charges multipliées ; Paris frémissait comme à l’approche des grandes luttes ; la bourgeoisie se mêlait ouvertement au mouvement ; il était visible qu’un choc formidable allait avoir lieu. Le drapeau tricolore parut sur quelques points, excitant une émotion générale ; l’École polytechnique, agitée par Charras, envoyait des délégués à La Fayette, à Laffitte, etc., pour offrir son concours actif. Enfin, dans la soirée, au milieu d’une foule de petites luttes partielles, Paris se hérissait çà et là de barricades. Malgré les temporiseurs prudents et pusillanimes, la révolution commençait.

Dès le matin du 28, toute la population était debout, les citoyens s’armaient comme ils le pouvaient ; le libraire Joubert, au passage Dauphine, le député Audry de Puyraveau, dans sa maison, Étienne Arago, sur la place de la Bourse, Charles Teste, etc., distribuaient des armes au peuple. Les élèves de l’École polytechnique, licenciés, se jetaient sur la place en uniforme, aux cris de Vive la liberté ! Vive la charte ! À bas les Bourbons ! et prenaient le commandement de troupes de citoyens. Une foule d’anciens gardes nationaux (la garde nationale avait été licenciée en 1827) se joignaient également aux combattants. La bataille s’engagea de tous les côtés. La garde royale et les Suisses montraient un grand acharnement ; mais les troupes de ligne ne paraissaient généralement combattre qu’à regret. Le tocsin sonnait à Notre-Dame et dans une foule d’autres églises. L’Hôtel de ville fut pris et repris plusieurs fois, pendant une fusillade et une canonnade de douze heures. À l’attaque du pont de la Grève, où commandait Charras, un de ces enfants de Paris, comme on en rencontre tant dans les fastes révolutionnaires, s’illustrait par son héroïsme sur ce pont qui reçut son cadavre et qui a gardé son nom (Darcole).

Si des hommes politiques, comme M. Thiers et autres, s’étaient enfuis prudemment ou cherchaient à entraver l’action, une foule de citoyens courageux qui avaient tout à risquer s’étaient précipités dans l’action, corps et biens. Il suffira de rappeler les noms des Arago, de David (d’Angers), d’Audry de Puyraveau, de Mauguin, de La Fayette, de Laffitte, de Dupont (de l’Eure), etc.

Marmont avait établi son quartier général