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n’est prophète en son pays. » Qu’ils n’imitent pas ce jeune homme qui me confiait : « Si cela continue, je quitte le Canada. Tout le temps il faut défendre nos libertés une par une ; constamment l’on nous menace de nous ravir nos droits, notre langue, notre foi : c’est une lutte perpétuelle. Ce n’est pas une vie. J’en ai assez. » Je vous laisse à penser si j’ai vertement reproché à ce jeune Canadien-Français dont je n’ai pas rencontré le pareil, son peu de courage, son manque d’espoir : « Si les autres pensaient comme vous, lui ai-je dit, ce serait l’abdication complète, la reddition sans honneur, une honte pour toute la race. Ce n’est pas quand on entrevoit la Victoire qu’il faut parler de désertion. »

Un autre défaut des Canadiens-Français (et celui-là est bien de chez nous) c’est d’être trop souvent divisés entre eux. Ils ont, comme en France, la manie de se séparer en petits clans, en petites chapelles et de se combattre. Ces querelles ne peuvent que nuire à la vitalité de la Race.

Le clergé, lui-même, n’est pas exempt de ce défaut. Pourtant il faut ajouter, comme je l’ai déjà dit, que lorsqu’il s’agit d’une attaque venant du dehors et visant l’existence même de la race, tout le monde se lève et se retrouve sur le terrain de la défense.

Quand le Canadien-Français monte une entreprise, une grosse affaire comme une usine, une industrie quelcon-