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Page:Larrieu - Une poignée de vérités, 1920.djvu/116

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me de V… m’avait un jour gracieusement invité à passer la soirée chez elle. C’est une personne charmante, très connue à New York et de la meilleure société. Elle possède une très intéressante collection de bibelots d’arts, rangés dans une vitrine. Quand elle donne une soirée, cette vitrine est transportée dans sa chambre à coucher « pour ne pas, dit-elle, tenter le diable ». Le diable ce sont les invités, les amis. On lui a déjà volé un soir, une statuette de Tanagra à laquelle elle tenait beaucoup.

Voilà où l’on en est rendu !

Tout le monde veut posséder à n’importe quel prix, tout le monde veut aller en auto, tout le monde veut être un « monsieur » depuis les perruquiers jusqu’aux chauffeurs de taxis.

À l’un de ceux-ci je dis un jour : « Conduisez-moi à la salle des bagages, nous y prendrons ma malle en passant. » Il me conduisit. Contre mon reçu, on lui remit ma malle, une toute petite malle de rien du tout qu’un enfant eût portée. Pour transporter cette malle du bureau jusqu’à la porte où stationnait son taxi, c’est-à-dire l’espace de dix mètres, Monsieur mon chauffeur s’en alla réquisitionner un porteur, ce qui lui prit trois fois plus de temps. Il fallut naturellement que je paye ce porteur. Cette petite histoire n’est-elle pas symbolique ?