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Je sais bien que la guerre a rapproché les continents, que nos relations avec le Canada se sont renouées. Malheureusement, là encore, quand on vient à parler des soldats canadiens et de leur admirable conduite c’est du soldat canadien-anglais qu’il est question. Hâtons-nous d’ajouter qu’il y a cependant des noms qui semblent sacrés et qui évoquent de suite et sans confusion possible, l’héroïsme sublime du Canadien-français. Ces deux noms sont vimy et courcelette. Le 22ième régiment les a immortalisés. Mais ce n’est qu’un régiment. On n’a formé que ce seul régiment de Canadiens-français. Les soldats canadiens d’origine française furent mélangés avec les soldats canadiens-anglais. On en fit un tout, on les confondit. Ce qui fait que lorsqu’un gros fonctionnaire, un visiteur de marque s’avisait de faire une tournée sur le front, il se trouvait en présence de soldats canadiens, portant l’uniforme khaki, parlant tous anglais. Il ne pouvait pas déviner qu’il y avait là beaucoup de Canadiens-français (ceux-ci parlent les deux langues) et il revenait de sa visite ignorant comme devant. C’était du reste ce qu’on voulait.

Mais revenons à notre expérience : tout à l’heure nous nous sommes adressés à un ouvrier, à une fille du peuple pour leur demander ce qu’ils savent du Canada. Adressons-nous maintenant à un bourgeois, à un commerçant, un avocat, un médecin. Hélas ! le résultat ne sera pas beaucoup plus brillant. La chose est difficilement croyable. Essayez