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Page:Larrieu - Une poignée de vérités, 1920.djvu/21

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Que d’héroïsmes ignorés ces terribles épreuves ont faire surgir ! Et pourtant, dès cette époque nos colons se donnent le nom « d’habitants » qui leur est resté depuis. Habitant, cela veut dire que tout espoir de retour est abandonné, qu’on habite définitivement cette terre conquise à coups de hache, qu’on a pétrie, qu’on a créée et où l’on veut rester attaché.

Dans le blason du Canada devrait figurer une hache, ce serait d’un beau symbolisme. (Le mot « habitant » servait aussi à distinguer les colons français des aventuriers venus des pays d’Europe dans le but de vivre sans entraves, sans lois, en se livrant à la rapine et à l’ivrognerie.)

Oserait-on prétendre après cela que le Canadien-français n’est pas chez lui au Canada ? Quand Louis XV céda le pays aux Anglais, ceux-ci auraient bien voulu que les « habitants » s’en retournassent en France et leur fissent place nette. Encore maintenant, si les Canadiens-français s’avisaient d’aller vivre sous d’autres cieux, les Canadiens-anglais en seraient ravis. Enfin seuls ! diraient-ils en poussant un soupir de soulagement comme jamais n’en entendit le globe et en esquissant le plus joyeux des pas de gigue.

Malheureusement les Canadiens-français, depuis trois cents ans, affirment toujours « mordicus » qu’ils sont venus les premiers, qu’ils ont rendu le pays habitable, qu’ils l’ont enrichi, qu’ils sont chez eux, qu’ils entendent non seu-