Comme on le voit, le procédé est insidieux, patient, à longue échéance.
Ce qui est navrant c’est de voir quelques Canadiens-français, (heureusement très rares), les uns de bonne foi, les autres pour ménager l’autorité, en laisser prendre à cette ruse, si innocente d’apparence. Mais la majorité, avec le gros bon sens qu’elle tient de nos aïeux, sait y voir clair. Elle a l’intuition qu’il y a là une question de vie ou de mort pour la race entière et dès qu’il s’agit de l’intérêt de la race, tout le monde est debout, sur le pont, prêt à affronter l’orage. Cette majorité énorme se rend compte que l’instruction obligatoire est un non-sens, attendu qu’il n’existe pas de parents assez sots pour ne pas faire bénéficier leurs enfants de l’instruction.
Pour ma part je n’ai pas vu de paysan, d’ouvrier dont les enfants ne vont pas à l’école. Le nombre d’illettrés chez les Canadiens-français est moins élevé que dans certains pays d’Europe. Je sais bien que les enfants des paysans et des ouvriers, (exception faite pour ceux qui peuvent continuer leurs classes et entrer dans les grands collèges), quittent ordinairement l’école à 13 ou 14 ans. Mais à cet âge, l’enfant sait lire, écrire, compter et parler anglais. Son père en a besoin pour l’aider, il estime que ce menu bagage scientifique est suffisant pour cultiver un champ ou apprendre un métier et, il a raison ! Trop de demi-savants encombrent les grandes villes et refusent le travail manuel.