Pour ma part j’ai lu des affiches qui m’ont fait me demander si elles n’étaient pas une manœuvre pour légitimer la calomnie du “patois” de nos Canadiens.
En voici quelques-unes : Dans une grande gare j’ai lu en grosses lettres : « Ne placez aucun sac dans les allées des wagons, ils peuvent être cause que quelqu’un tomber. » — Une autre fois : « Le réseau des chemins de fer fait de ce temps-ci un vigoureux effort pour réduire sur ses voies le record des accidents personnels. »
Voici un échantillon de réclame. Le début fait présager du reste : « La viande est dommageable pour le rognon. » Je n’ai pas pu comprendre de suite ; cela veut dire : « la viande est nuisible à la santé des reins. » — Les exemples abondent, je m’en tiens là. Heureusement les Canadiens-français savent mieux l’anglais que les Canadiens-anglais ne savent le français.
Pour en finir avec le “patois canadien”, répondez toujours à celui qui vous en parle, que nos Canadiens parlent parfaitement notre langue et vous aiderez ainsi à détruire un bien tenace préjugé. Ne manquez pas de rappeler le mot du général Pau, en mission à Québec ; après les discours, à la fin d’un banquet, un Canadien lui dit : « Mon général, que pensez-vous de notre patois ? » — « C’est celui de nos meilleurs orateurs, » répondit le général.