Quant à l’alcoolisme, ce terrible mal qui ravage actuellement le monde entier, les vieux pays comme les neufs, voici ce qu’ont fait les prêtres pour l’enrayer au Canada. — D’abord ils ont établi la croix de tempérance. C’est une simple croix de bois noir que l’on suspend dans la maison, au dessus du foyer. Pour avoir la permission de garder chez vous cette croix, il faut solennellement promettre devant Dieu que ni vous, ni vos enfants, ni vos serviteurs ne boiront jamais une goutte d’alcool. Cet engagement solennel est bien rarement oublié.
Plus tard, le clergé créa un fort mouvement de prohibition alcoolique par des conférences, des articles de presse, des vues animées, des soirées récréatives. Actuellement il est interdit dans toute la province de Québec de boire le plus petit verre d’alcool. Seuls les vins très légers et la bière très peu alcoolisée sont autorisés. Les « bars » les comptoirs même, sont totalement supprimés : on ne boit plus « sur le zinc » comme on dit chez nous : il faut s’asseoir et s’attabler pour se rafraîchir avec un verre de bière légère. Cette réforme s’est effectuée au moyen d’un plébiscite. Les autres provinces composées en grande partie d’Anglais, de protestants puritains ont cru devoir supprimer même la bière et le vin. « Légalement » on n’y boit plus que de l’eau ou du thé. La province de Québec seule a su garder la juste mesure avec le bon sens français qui la caractérise. Un verre de bière, un verre de vin, un