Il faudrait que les Français qui visitent nos Canadiens leur crient une bonne fois : « Mais pas du tout, chers amis, pas du tout, vous ne parlez pas patois. Vous parlez aussi bien que nous. Vos articles du Devoir, de l’Action Catholique, de l’Action Française, du Droit, du Canada, de la Presse, de la Patrie, de toute votre presse en un mot sont d’une tenue littéraire parfaite. Et c’est par la presse qu’on peut juger de la langue d’un peuple. Naturellement il ne saurait être question ici des timides essais d’un reporter occasionnel ou des articles abracadabrants de la publicité. Tel et tel de vos « leaders » ferait bonne figure à la Rédaction du Figaro, du Journal ou des Annales. Soyez donc plus sûrs de vous-même. Vos docteurs, vos avocats, vos notaires, vos curés, vos commis, vos employés de commerce parlent le même français qu’en France. Ayez donc plus d’assurance, même pour les autres questions que les questions de langue. »
Nos Canadiens ne risqueront jamais d’imiter les Anglais qui eux, non seulement sont profondément persuadés de leur supériorité, mais croient, avec une candeur stupéfiante, que le monde entier en est persuadé. Pendant mon dernier séjour à Québec j’étais descendu dans une pension anglaise ; les autres étaient au complet. Mrs X. ; ma propriétaire anglaise, m’a pendant tout ce séjour, surabondamment démontré par son attitude, sa manière de me parler, sa morgue, ses silences même, qu’elle était d’une lignée de