répandues sur la race, notamment au sujet de la langue. Les autres laissent dire, laissent faire.
Combien de fois des Canadiens-Français parfaitement instruits et parlant notre langue d’une façon irréprochable ne m’ont-ils pas dit : « Ah ! vous avez de la chance d’être Français ! vous connaissez bien notre langue, nous ne parlons pas si bien que vous ! » On leur a tellement dit sur tous les tons qu’ils parlaient mal, qu’ils ont fini, dirait-on, par le croire. Témoin ce rédacteur d’un grand journal de Montréal qui, dans une conférence disait à ses auditeurs : « Que nous parlions moins parfaitement que nos cousins de France, nous l’admettons. Mais que ce ne soit pas la même langue, la seule et l’unique, cela, nous nous y refusons de toutes nos forces. Nous l’avons trop longuement, trop énergiquement défendue, nous l’avons portée comme un drapeau vivant : c’est le plus noble et le plus pur trésor de notre héritage national. » Voilà donc un rédacteur de la grande presse imbu lui-même de cette idée qu’il parle moins bien que les Français. Cela fait honneur à sa modestie mais ne peut qu’encourager la calomnie.
« Mon cher rédacteur, quand on parle le français comme vous (et comme vous, au Canada, ils sont légion,) il ne faut pas croire qu’on le parle imparfaitement. Car ou je ne m’y connais pas ou le passage cité est d’une parfaite correction, je dirai même d’une parfaite élégance. »