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Page:Larroumet - Racine, 1922.djvu/96

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RACINE.

désormais rangé, sous l’habit blanc de Saint-Jean des Vignes. Quant à Boileau, « M. Nicolas, Sr des Préaux », il assistait au mariage, comme témoin, avec « Nicolas Vitart, seigneur de Passy ».

Ainsi, Racine entrait dans la vie sérieuse avec les honneurs et la fortune. S’il renonçait au théâtre pour mener une existence chrétienne, il ne renonçait pas au monde. Admis à la cour depuis longtemps, il va pénétrer fort avant dans la faveur royale et recevoir un titre qui fera de lui un personnage autrement considérable en ce temps-là qu’un poète applaudi. Au mois d’octobre 1677, probablement par la protection de Mme de Montespan, il était nommé, en même temps que Boileau, historiographe du roi. Si, malgré ses sentiments religieux et son mariage, il avait conservé quelque intention de revenir un jour au théâtre, ces fonctions, — qu’il se proposait de remplir en conscience, en s’y préparant par des études absorbantes et en suivant les fréquentes campagnes du roi, — ne lui auraient guère laissé le loisir de travailler pour la scène. Il est peu probable que Louis XIV lui ait imposé une renonciation formelle à la poésie, mais il n’entendait pas confier une sinécure aux deux poètes. Mme de Sévigné écrivait que le roi leur avait commandé « de tout quitter pour travailler à son histoire ». Boileau parle lui-même dans une préface du « glorieux emploi qui l’a tiré du métier de la poésie ». Ainsi, scrupules religieux, vie nouvelle, faveur du roi, tout se réunissait pour couper à Racine tout retour vers le théâtre profane.

Si ces causes n’avaient pas suffi, un effrayant