danger qu’il courait deux ans après lui aurait inspiré l’horreur de son ancien métier. La mystérieuse affaire des poisons se déroulait devant la Chambre ardente. Le 21 novembre 1679, une des accusées, la Voisin, mettait Racine en cause. Elle avançait que Racine, « ayant épousé secrètement Du Parc, étoit jaloux de tout le monde et particulièrement d’elle, Voisin, dont il avoit beaucoup d’ombrage et qu’il s’en étoit défait par poison, à cause de son extrême jalousie, et que, pendant la maladie de Du Parc, Racine ne partoit point du chevet de son lit, qu’il lui tira de son doigt un diamant de prix, et avoit aussi détourné les bijoux et principaux effets de Du Parc, qui en avoit pour beaucoup d’argent ». Il n’y a là, certainement, qu’une abominable invention de femme perdue, une de ces calomnies que la méchanceté, la corruption et l’avidité soulèvent dans l’entourage des femmes galantes. Racine avait dû défendre à sa maîtresse de recevoir la Voisin. De là furieuse colère de celle-ci, qui, au bout de onze ans, essayait de se venger en impliquant le poète dans une formidable accusation. De preuves, elle n’en donnait aucune, et la procédure de l’affaire, publiée dans les Archives de la Bastille, n’en contient pas trace. Cependant, une lettre écrite le 11 janvier 1680 par Louvois au conseiller d’État Bazin de Bezons se termine ainsi : « Les ordres du Roi nécessaires pour l’arrêt du sieur Racine vous seront envoyés aussitôt que vous le demanderez. » Il est difficile de douter qu’il soit ici question du poète. Mais il n’y eut pas d’arrestation : Racine avait pu se justifier auprès du roi et de Louvois.
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Apparence
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VIE DE FAMILLE ET DE COUR.