Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/149

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pale, nous trouvâmes un sentier bordé d’une haie de raquettes, et longeant des précipices, lequel nous conduisit, au bout de deux cents pas, à un petit jardin dont la porte se trouvait ouverte. Ce jardin est tout en longueur, et d’un terrain très inégal ; une allée assez pleinière en parcourt l’étendue ; à l’entrée, une espèce de berceau forme l’une des extrémités ; à l’autre bout sont deux cahutes où logent les nègres chargés du soin du jardin. Il s’y trouvait des arbres fruitiers et quelques fleurs. À peine y étions-nous entrés que nous y fûmes joints par les deux filles du maître de la maison, âgées de quatorze à quinze ans : l’une, vive, étourdie, ne respectant rien ; l’autre, plus posée, mais d’une grande naïveté ; toutes deux parlant un peu le français. Elles eurent bientôt parcouru le jardin, et mis tout à contribution pour l’offrir à l’Empereur, qu’elles accablèrent de questions les plus bizarres et les plus ridicules. L’Empereur s’amusa beaucoup de cette familiarité si nouvelle pour lui. « Nous sortons du bal masqué, » me dit-il quand nous les eûmes quittées.


Sur la jeunesse française – L’Empereur visite la maison voisine – Naïvetés.


Jeudi 19, vendredi 20.

L’Empereur fait appeler mon fils pour déjeuner ; qu’on juge de toute sa joie à une telle faveur ! C’était la première fois qu’il allait le voir