Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/168

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vos camarades vous jugeront. Votre faute est grande, Monsieur ! Une conspiration matérielle est arrêtée dès qu’on saisit le bras qui tient le poignard, mais une conspiration morale n’a point de terme ; c’est une traînée de poudre. Peut-être qu’à l’heure qu’il est des villes entières s’égorgent par votre faute. » L’accusé, confus, ne répondait rien ; dès la première interpellation il était convenu du fait. La presque totalité du Conseil, pour laquelle cet évènement était inattendu, gardait, dans son étonnement, le silence le plus profond, « Pourquoi, continuait l’Empereur, dans l’obligation de votre serment, n’êtes-vous pas venu me découvrir le coupable et sa machination ? Ne suis-je pas abordable à chaque instant pour chacun de vous ? – Sire, se hasarda de répondre l’interpellé, c’était mon cousin. – Votre faute n’en est que plus grande, Monsieur, répliqua vivement l’Empereur. Votre parent n’a pu être placé qu’à votre sollicitation ; dès lors vous avez pris toute la responsabilité. Quand je regarde que quelqu’un est tout à fait à moi,