ticuliers : « Non, Monsieur, point d’humeur ; rarement on fait bien dans cette situation : il faut toujours laisser s’écouler la nuit sur l’injure de la veille. »
Aujourd’hui, après nos travaux ordinaires, l’Empereur, prenant une direction nouvelle, est allé sur la route de la ville jusqu’au point d’où l’on aperçoit la rade et les vaisseaux. Au retour il a été rencontré dans le chemin par madame Balcombe, la maîtresse de notre maison, et une madame Stuart, jeune femme de vingt ans, fort jolie, retournant de Bombay en Angleterre. L’Empereur a causé avec elle des mœurs, des usages de l’Inde, des désagréments de la mer, surtout pour les femmes ; de l’Écosse, patrie de madame Stuart ; beaucoup d’Ossian, et l’a félicitée de ce que le climat de l’Inde avait respecté son teint d’Écosse.
Des esclaves, chargés de lourdes caisses, ont croisé notre route ; madame Balcombe leur ayant dit fort rudement de s’éloigner, l’Empereur s’y est opposé, disant : « Respect au fardeau, Madame ! » À ces mots, madame Stuart, qui n’avait cessé de chercher avidement à la dérobée les traits et la physionomie de l’Empereur, laissa échapper tout bas à sa voisine : « Mon Dieu, que voilà une figure et un caractère bien différents de ce qu’on m’avait dit ! »