Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/197

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confiance, votre grand attachement, nous étonnaient beaucoup. – C’est que Berthier, après tout, n’était pas sans talent, disait à cela l’Empereur ; et je suis loin de renier sa personne et mes sentiments ; mais ses talents, son mérite, étaient spéciaux et techniques, et hors de là sans nul esprit quelconque, et puis si faible !… » Je faisais observer que pourtant il était plein de prétentions et de morgue avec nous. « Et le titre de favori, disait l’Empereur, le comptez-vous pour rien ? » J’ajoutais qu’il était très dur, fort absolu. « – Mais rien de plus impérieux, mon cher, disait alors l’Empereur, que la faiblesse qui se sent étayée de la force : voyez les femmes. »

L’Empereur dans ses campagnes avait Berthier dans sa voiture. C’était pendant sa route et sur les grands chemins que l’Empereur, parcourant les livres d’ordre et les états de situation, prenait ses décisions, arrêtait ses plans et ordonnait les mouvements. Berthier en prenait note,