Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/236

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un monarque qu’avaient précédé six cent mille baïonnettes étrangères ; monarque qui n’avait pas accepté la constitution à lui présentée par le Sénat, comme condition formelle et nécessaire de son retour, et qui, déclarant qu’il régnait depuis dix-neuf ans, manifestait par là qu’il regardait tous les gouvernements précédents comme des usurpations. Ney, élevé dans la souveraineté nationale, avait combattu pendant vingt-cinq ans pour soutenir cette cause, et de simple soldat s’était élevé au rang de maréchal. Si sa conduite au 20 mars n’est pas honorable, elle est au moins explicable, et sous quelques rapports excusable ; mais celle de Turenne était véritablement criminelle, parce que la Fronde était un parti allié à l’Espagne, lequel faisait alors la guerre à son roi ; enfin, parce qu’il était poussé par son propre intérêt et celui de sa famille, espérant obtenir une souveraineté aux dépens de la France, et par conséquent au préjudice de sa patrie. »