Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/264

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ou de Wagram, je ne saurais plus dire laquelle, un autre coup de feu lui avait déchiré la botte, le bas et la peau de la jambe gauche ; en 1814 il avait perdu un cheval et son chapeau à Arcis-sur-Aube, ou dans son voisinage ; et après le combat de Brienne, en rentrant le soir à son quartier-général, triste et méditatif, il se trouva chargé inopinément par des Cosaques qui avaient passé sur les derrières de l’armée ; il en repoussa un de la main, et se vit contraint de tirer son épée pour sa défense personnelle ; plusieurs de ces Cosaques furent tués à ses côtés. « Mais ce qui donne un prix bien extraordinaire à cette circonstance, disait-il, c’est qu’elle se passa auprès d’un arbre que je considérais en cet instant, et que je reconnaissais pour être celui au pied duquel, durant nos récréations, à l’âge de douze ans, je venais lire la Jérusalem délivrée. » C’était donc là que Napoléon avait éprouvé sans doute les premières émotions de la gloire !

L’Empereur répétait qu’il avait été très souvent exposé dans ses batailles ; mais on le taisait toujours avec le plus grand soin. Il avait recommandé, une fois pour toutes, le silence le plus absolu sur toutes