Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/290

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promenades à cheval. La reprise qu’il voulut en faire le 12 ne fut pas propre à lui en redonner le goût ni l’habitude : nous avions franchi notre vallée ordinaire, nous la remontions sur le revers opposé à Longwood, lorsque, d’une des crêtes où jusque-là il n’y avait eu aucun poste, un soldat nous fit beaucoup de cris et de gestes. Comme nous étions dans le bassin de notre enceinte, nous n’en tînmes aucun compte ; alors cet homme descendit hors d’haleine, chargeant son arme en courant. Le général Gourgaud resta de l’arrière pour voir ce qu’il voulait, tandis que nous continuâmes notre route. Je pus le voir, à l’aide de plusieurs tournants, colleter le soldat et le contenir ; puis il le fit suivre de force jusqu’au poste voisin du grand maréchal, où le général Gourgaud voulait le faire entrer ; mais il lui échappa. Il se trouva que c’était un caporal ivre qui avait mal entendu sa consigne ; il nous avait plusieurs fois couchés en joue. Cette circonstance, qui pouvait se répéter si facilement, nous fit frémir pour l’existence de l’Empereur ; lui n’y vit qu’un affront moral, un nouvel obstacle à son exercice du cheval.

L’Empereur avait interrompu ses invitations à dîner ; l’heure, la distance, la toilette étaient pénibles pour les convives ; quant à nous,