roulé, réduit à rien par un boulet, à Eylau, sous les yeux de l’Empereur, comme il achevait de lui donner des ordres.
L’Empereur citait aussi les derniers moments du maréchal Lannes, ce valeureux duc de Montebello, si justement appelé le Roland de l’armée, qui, visité par l’Empereur sur son lit de mort, semblait oublier sa situation pour ne s’occuper que de celui qu’il aimait par-dessus tout. L’Empereur en faisait le plus grand cas. « Il n’avait été longtemps qu’un sabreur, disait-il, mais il était devenu du premier talent. » Quelqu’un a dit alors qu’il serait curieux de connaître quelle conduite il eût tenue dans ces derniers temps. « Nous avons appris à ne jurer de rien, disait l’Empereur. Toutefois je ne pense pas qu’il eût été possible de le voir manquer à l’honneur et au devoir. D’ailleurs il est à croire qu’il n’aurait pas existé ; brave comme il l’était, il est indubitable qu’il se fût fait tuer dans les derniers temps, ou du moins qu’il eût été assez blessé pour se trouver à l’écart, hors du centre et de l’influence des affaires. Enfin, s’il eût été disponible, il était de ces hommes à changer la face des affaires par son propre poids et sa propre influence. »
L’Empereur vint ensuite à Duroc, sur le caractère et la vie privée duquel il s’arrêta longtemps. « Duroc, concluait-il, avait des passions vives, tendres et secrètes qui répondaient peu à sa froideur extérieure. J’ai été longtemps avant de le savoir, tant son service était exact et régulier ; ce n’était que quand ma journée était entièrement close et finie, quand je