Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/330

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on le renvoya vers les quatre heures. La nuit approchait, il n’était pas douteux qu’elle ne dût être favorable aux sectionnaires, vu le grand nombre. Ils pouvaient se faufiler de maison en maison, dans toutes les avenues des Tuileries, déjà étroitement bloquées. À peu près à la même heure, on apporta dans la salle de la Convention sept cents fusils, des gibernes et des cartouches pour armer les conventionnels eux-mêmes comme corps de réserve ; ce qui en alarma plusieurs qui ne comprirent qu’alors la grandeur du danger où ils étaient.

Enfin, à quatre heures un quart, des coups de fusils furent tirés de l’hôtel de Noailles, où s’étaient introduits les sectionnaires, les balles arrivaient jusqu’au perron des Tuileries. Au même moment la colonne Lafond déboucha par le quai Voltaire, marchant sur le pont Royal. Alors on donna l’ordre aux batteries de tirer. Une pièce de huit, au cul-de-sac Dauphin, commença le feu, et servit de signal pour tous les postes. Après plusieurs décharges, Saint-Roch fut enlevé. La colonne Lafond, prise en tête et en écharpe par l’artillerie placée sur le quai, à la hauteur du guichet du Louvre, et à la tête du pont Royal, fut mise en déroute. La rue Saint-Honoré, la rue Saint-Florentin et les lieux adjacents furent balayés.