Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/340

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À Dégo, les Autrichiens occupaient la position qui défend le chemin d’Acqui, route directe du Milanais ; ils furent successivement rejoints par tout ce que Beaulieu put ramener de Voltri : ils se trouvaient là en position de recevoir tous les renforts que pourrait leur fournir la Lombardie. Ainsi les deux grands débouchés du Piémont et du Milanais étaient couverts : l’ennemi se flattait d’avoir le temps de s’y établir et de s’y retrancher.

Quelque avantageuse que nous ait été la bataille de Montenotte, l’ennemi avait trouvé dans la supériorité du nombre de quoi réparer ses pertes ; mais, le surlendemain 14, la bataille de Millésimo nous ouvrit les deux routes de Turin et de Milan.

Augereau, formant la gauche de l’armée française, marcha sur Millésimo ; Masséna, avec le centre, se porta sur Dégo, et Laharpe, commandant la droite, cheminait sur les hauteurs de Cairo. L’ennemi avait appuyé sa droite, en faisant occuper le mamelon de Cosseria qui domine les deux branches de la Bormida ; mais dès le 13 le général Augereau, qui n’avait pas donné à la bataille de Montenotte, poussa la droite de l’ennemi avec tant d’impétuosité qu’il lui enleva les gorges de Millésimo, et cerna le mamelon de Cosseria. Provera, avec son arrière-garde, forte de deux mille hommes, fut coupé. Dans une position aussi désespérée, il paya d’audace ; ce général se réfugia dans un vieux castel ruiné et s’y barricada.