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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/341

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De cette hauteur, il voyait la droite de l’armée sarde qui faisait des dispositions pour la bataille du lendemain, où il espérait être dégagé. Toutes les troupes de Colli, du camp de Ceva, devaient être arrivées dans la nuit. On sentait donc l’importance de s’emparer, dans la journée, du château de Cosseria ; mais ce poste était fort ; on y échoua. Le lendemain les deux armées en vinrent aux mains. Masséna et Laharpe enlevèrent Dégo après un combat opiniâtre ; Ménars et Joubert, les hauteurs de Biestro. Toutes les attaques de Colli pour dégager Cosseria furent vaines ; il fut battu et poursuivi l’épée dans les reins : alors Provera dut poser les armes. L’ennemi, vivement poursuivi dans les gorges de Spigno, y laissa une partie de son artillerie, beaucoup de drapeaux et de prisonniers. La séparation des deux armées autrichienne et sarde fut dès lors bien marquée. Beaulieu porta son quartier-général à Acqui, route du Milanais, et Colli se porta à Ceva, pour s’opposer à la jonction de Serrurier et couvrir Turin.


VI. Combat de Dégo, 15 août. — Cependant une division de grenadiers autrichiens, qui avait été dirigée de Voltri par Sassello, arriva à trois heures du matin à Dégo. La position n’était plus occupée que par des avant-gardes. Ces grenadiers enlevèrent donc facilement le village, et l’alarme fut grande au quartier-général français, où l’on avait peine à comprendre comment les ennemis pouvaient être à Dégo, lorsque nous avions des avant-postes sur la route d’Acqui. Après deux heures d’un combat très chaud, Dégo fut repris, et la division ennemie presque entièrement prisonnière.

Nous perdîmes dans ces affaires le général Banel à Millésimo, et le général Causse à Dégo. Ces deux officiers étaient de la bravoure la plus brillante ; ils venaient tous les deux de l’armée des Pyrénées-Orientales, et il était à remarquer que les officiers qui arrivaient de cette armée montraient une impétuosité et un courage des plus distingués. C’est dans le village de Dégo que Napoléon distingua, pour la première fois, un chef de bataillon qu’il fit colonel ; c’était Lannes qui, depuis, fut maréchal de l’empire, duc de Montebello, et déploya les plus grands talents. On le verra constamment dans la suite prendre la plus grande part à tous les évènements militaires.

Le général français dirigea alors ses opérations sur Colli et le roi de Sardaigne, et se contenta de tenir les Autrichiens en échec. Laharpe fut placé en observation près de Dégo, pour garantir nos derrières et tenir en respect Beaulieu, qui, très affaibli, ne s’occupait plus qu’à rallier et réorganiser les débris de son armée. La division Laharpe, obligée de demeurer plusieurs jours dans cette position, s’y trouva vivement