Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/377

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merce, la facilité de leurs relations avec les Chinois, les mœurs de ceux-ci, etc., etc… Ces bâtiments de la Chine sont de quatorze ou quinze cents tonneaux, à peu près égaux aux vaisseaux de soixante-quatre ; ils tirent vingt-deux ou vingt-trois pieds ; ils sont chargés presque en totalité de thé ; l’un d’eux en avait près de quinze cents tonneaux à bord. Les six bâtiments qui sont entrés hier sont estimés environ soixante millions ; et comme ils seront frappés en arrivant d’un droit de cent pour cent, ils jetteront dans la circulation de l’Europe une valeur de cent vingt millions.

Les Européens ont très peu de liberté à Canton : ils ne peuvent guère circuler que dans les faubourgs ; ils sont traités avec le plus grand mépris par les Chinois, qui exercent sur eux une grande supériorité et beaucoup d’arbitraire. Ceux-ci sont très intelligents et fort perspicaces, industrieux, alertes, voleurs et de mauvaise foi. Toutes les affaires se traitent en langue européenne, qu’ils parlent avec facilité.

L’arrivée des flottes ici fait le bonheur de l’île et celui des passagers ; les habitants vendent leurs denrées et achètent leurs provisions ; les passagers respirent l’air de terre et se rafraîchissent. Ce mouvement dure ordinairement quinze jours ou trois semaines ; mais dans cette circonstance l’amiral, au grand chagrin de tous, a réduit la relâche à deux jours seulement pour les deux premiers bâtiments venus, obligeant le reste à demeurer sous voile au-dehors, pour n’entrer successivement de la sorte que deux à deux. Il faut qu’il ait reçu des ordres bien sévères, ou qu’il conçoive de vives inquiétudes, dont nous ne nous doutons pas.

L’Empereur s’est promené pendant quelque temps dans le jardin, avant de monter en calèche. Au travers des arbres, dans le voisinage, on voyait rôder plusieurs des officiers nouvellement venus, qui cherchaient à apercevoir l’Empereur ; ils y attachaient un prix infini.


Cour de l’Empereur, étiquette, etc. – Anecdote de Tarare – Grands officiers – Chambellans – Splendeurs sans égale de la cour des Tuileries – Belle administration du Palais – Intention de l’Empereur à ses levers – Grand couvert – De la cour et de la ville.


Mardi 5.

Aujourd’hui la conversation de l’Empereur est tombée sur sa cour et sur son étiquette ; il s’y est arrêté fort longtemps. Voici ce que j’en ai recueilli.

Au moment de la révolution, disait-il, la cour d’Espagne, celle de