Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/396

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maître ; il m’écrivait : Je viens de recevoir une lettre de l’empereur d’Autriche qui me demande ma fille en mariage ; je vous envoie cette lettre pour que vous me disiez la réponse que je dois faire. – Je serai sous peu de jours à Dresde, » fut la réponse de l’Empereur, et à son arrivée il condamna ce mariage et l’empêcha. « J’ai eu grand tort, répétait-il, je craignais que l’empereur François ne m’enlevât le roi de Saxe ; mais au contraire, c’est la princesse Auguste qui m’eût amené l’empereur François, et je ne serais pas ici. »

Napoléon, à Dresde, travaillait beaucoup, et Marie-Louise, jalouse de profiter des plus petits loisirs de son époux, sortait à peine pour ne pas les perdre. L’empereur François, qui ne faisait rien et s’ennuyait tout le jour à courir la ville, ne comprenait rien à cette réclusion du ménage ; il s’imaginait que c’était pour se donner de la tenue et de l’importance. L’impératrice d’Autriche cherchait beaucoup à faire courir Marie-Louise : elle lui peignait son assiduité comme ridicule. Elle eût volontiers pris des tons de belle-mère avec Marie-Louise, qui n’était pas disposée à le souffrir, leur âge étant à peu près le même. Elle venait souvent le matin à la toilette de Marie-Louise fureter dans son luxe et