Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/405

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tique, et depuis une année elle se repose de la guerre : ce double repos lui a rendu un besoin d’activité. Elle veut ou croit vouloir une tribune et des assemblées ; elle ne les a pas toujours voulues. Elle s’est jetée à mes pieds quand je suis arrivé au gouvernement ; vous devez vous en souvenir, vous qui essayâtes de l’opposition. Où était votre appui, votre force ? Nulle part. J’ai pris moins d’autorité que l’on ne m’invitait à en prendre… Aujourd’hui tout est changé : un gouvernement faible, contraire aux intérêts nationaux, a donné à ces intérêts l’habitude d’être en défense et de chicaner l’autorité. Le goût des constitutions, des débats, des harangues ; paraît revenir… Cependant ce n’est que la minorité qui le veut, ne vous y trompez pas. Le peuple, ou, si vous l’aimez mieux, la multitude, ne veut que moi ; ne l’avez-vous pas vue, cette multitude, se pressant sur mes pas, se précipitant du haut des montagnes, m’appelant, me cherchant, me saluant ? À ma rentrée de Cannes ici, je n’ai pas conquis, j’ai administré… Je ne suis pas seulement, comme on l’a dit, l’Empereur des soldats, je suis celui des paysans, des plébéiens de la France… Aussi, malgré tout le passé, vous voyez le peuple revenir à moi : il y a sympathie entre nous. Ce n’est pas comme avec les privilégiés : la noblesse m’a servi, elle s’est