Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/425

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rente de celle de mes ministres, était quelque chose de fort doux, et l’avait tout à fait subjugué. »

Masséna, dont les papiers nous annonçaient aussi la proscription, « Masséna, continuait l’Empereur, était une autre personne qu’ils jugeront peut-être comme coupable de trahison. Tout Marseille était contre lui, les apparences l’accablaient, et pourtant il avait rempli son devoir jusqu’au moment où il s’était déclaré ouvertement. » Il avait même été loin, revenu à Paris, de chercher à se faire aucune espèce de mérite auprès de l’Empereur, lorsque Napoléon lui demandait s’il eut dû compter sur lui. Le vrai, continuait l’Empereur, est que tous les chefs avaient fait leur devoir, mais qu’ils n’avaient rien pu contre le torrent de l’opinion, et personne n’avait bien calculé les sentiments de la masse et l’élan de cette nation. Carnot, Fouché, Maret, Cambacérès, m’ont confessé à Paris qu’ils s’étaient fort trompés à cet égard. Et personne, continuait l’Empereur, ne le juge bien encore, etc., etc. — « Si le roi, continuait-il, fût resté plus tard en France, il eût peut-être péri dans quelque soulèvement ; mais s’il fût tombé dans mes mains, je me serais crû assez fort pour pouvoir l’entourer de bons traitements dans quelque demeure à son choix, comme Ferdinand l’avait été à Valencey, etc. »

Précisément avant cette conversation, l’Empereur jouant aux échecs, et son roi étant tombé, il s’était écrié : « Ah ! mon pauvre Louis XVIII, te voilà à bas. » Et comme après l’avoir ramassé on le lui rendait mu-